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férence de la langue latine; ce sont des synonymes latins, par exemple, temperantia, temperatio et temperies; percussus et perculsus; l'auteur appuie, sur des exemples tirés des meilleurs écrivains, Cicéron, Horace, Térence, Tite-Live, etc., les distinctions qu'il établit. 2o Urbicus, aussi professeur à Bordeaux, célèbre surtout par sa profonde connaissance de la langue et de la littérature grecque. 3° Ursulus et Harmonius, professeurs à Trèves; Harmonius a recueilli les poésies d'Homère, en y ajoutant des notes sur les mauvaises leçons, les interpolations, etc.

A côté des grammairiens se placent les rhéteurs, chargés non-seulement d'enseigner l'éloquence, mais de faire des discours, des panegyriques, dans toutes les grandes circonstances de la vie, les fêtes, les solennités civiles, la mort ou l'avènement d'un empereur, etc. Douze de ces airs de bravoure d'une éloquence vaine ont été spécialement conservés et recueillis. Les quatre principaux panégyristes sont : 1o Claude Mamertin, auteur de l'éloge de l'empereur Maximien, prononcé à Trèves, le 20 avril 292, jour où l'on célébrait la fondation de Rome. 2° Eumène, professeur d'éloquence à Autun, auteur de quatre discours prononcés de 297 à 311, en présence et à l'honneur de Constance Chlore et de Cons

tantin. 3° Nazarius, professeur à Bordeaux, auteur d'un panégyrique de Constantin. 4° Claude Mamertin, peut-être fils du premier, auteur d'un discours prononcé en 362 devant Julien.

Parmi les chroniqueurs gaulois et païens de cette époque, le plus distingué est Eutrope qui écrivit, vers l'an 370, son abrégé de l'histoire romaine.

Je pourrais étendre à mon gré la liste des poètes, mais vous ne vous plaindrez pas que je n'en nomme que trois. Le plus fécond, le plus célèbre, et sans contredit le plus spirituel et le plus élégant, est Ausone, né à Bordeaux vers 309 et mort dans une de ses terres en 394, après avoir occupé les plus hautes charges publiques, et composé : 1° cent quarante épigrammes; 2°trentehuit épitaphes; 3° vingt idylles; 4° vingt-quatre épîtres; 5° dix-sept descriptions de villes, et une multitude de petits poèmes semblables, sur les professeurs de Bordeaux, les personnes ou les incidens de sa famille, les Douze Césars, les sept Sages de la Grèce, etc., etc.

Un oncle d'Ausone, nommé Arborius, de Toulouse, a laissé un petit poëme adressé à une jeune fille trop bien parée, ad virginem nimis

cultam.

Un poète de Poitiers, Rutilius Numatianus,

qui avait vécu à Rome, et qui revint dans sa patrie vers l'an 416, a écrit sur son retour un poëme intitulé: Itinerarium ou de reditu, ouvrage assez curieux par quelques détails de lieux, de moeurs, et par l'humeur du poète contre l'invasion de la société par les Juifs et les moines. Il était évidemment païen.

Je

passe

à la littérature chrétienne gauloise de la même époque.

Le premier nom que je rencontre est celui de saint Ambroise; quoiqu'il ait passé sa vie en Italie, je le prends comme gaulois parce qu'il était né à Trèves, vers l'an 340. Ses œuvres ont été recueillies en deux volumes in-folio. Ils contiennent trente-six ouvrages différens, traités religieux, commentaires sur les livres saints, discours, lettres, hymnes, etc. Le plus étendu et aussi le plus curieux est intitulé de officiis Ministrorum (des devoirs des ministres de l'Église). J'y reviendrai peut-être plus tard et avec détail; je ne veux aujourd'hui que vous en faire remarquer le caractère; vous seriez tentés de croire, d'après le titre, que c'est un traité des devoirs particuliers des prêtres, et de la manière dont ils doivent s'acquitter de leurs fonctions. Vous vous tromperiez; c'est un traité complet de morale, où l'auteur, à propos des prêtres, passe en revue

tous les devoirs humains, et pose et résout une multitude de questions de philosophie pratique.

A côté de saint Ambroise, je placerai saint Paulin, né, comme lui, en Gaule, ( à Bordeaux, vers l'an 353), mort, comme lui, évêque en Italie, (à Nole, en 431). Plusieurs de ses ouvrages, entre autres son livre contre les Païens, se sont perdus; il ne reste guère de lui que des lettres et des poésies; mais les lettres avaient, à cette époque, une bien autre importance que dans les temps modernes ; la littérature proprement dite tenait, dans le monde chrétien, assez peu de place; on n'écrivait guère pour écrire, pour le seul plaisir de manifester ses idées; quelque événement éclatait, une question s'élevait, quelque nécessité pressait le monde chrétien; on faisait un livre, et le livre se produisait souvent sous la forme d'une lettre à un fidèle, à un ami, à une église. Politique, religion, controverse, intérêts spirituels et temporels, conseils généraux et particuliers, tout se rencontre donc dans les lettres de ce temps, et elles sont au nombre de ses plus

curieux monumens.

J'ai déjà nommé saint Sulpice-Sévère, de Tou louse' (ou de quelque autre ville d'Aquitaine,

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car son origine n'est pas connue avec certitude), et sa Vie de Saint Martin, de Tours. Il a écrit de plus une Histoire sacrée, l'un des premiers essais d'histoire ecclésiastique tentés en Occident; elle va du commencement du monde jusqu'à l'an 400, et contient quelques faits importans qui ne se trouvent point ailleurs.

Presqu'en même temps, un peu plus tard cependant, le moine Cassien, provençal d'origine ', à ce qu'il paraît, quoiqu'il eût vécu long-temps en Orient, publiait à Marseille, sur la demande de saint Castor, évêque d'Apt, ses Institutions et ses Conférences, ouvrages destinés à faire connaître aux occidentaux l'origine, le régime, les pratiques et les idées des moines d'Orient. C'était alors même, vous venez de le voir, que se fondaient, dans la Gaule méridionale, et par le concours de Cassien lui-même, la plupart des monastères; ses livres répondaient donc à un besoin actuel et pratique.

Je m'aperçois qu'avant Cassien, j'aurais dû vous parler de saint Hilaire, évêque de Poitiers', l'un des chefs les plus actifs et les plus honorables de l'église gauloise; il a écrit un grand

Né vers 360, mort vers 440.

2 Mort vers 368.

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