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donner est l'homme dont je vais rappeler la vie en peu de mots.

Simplicius, béni de Dieu, répond aux vœux des deux ordres, et par sa conduite et par sa profession; la république pourra trouver en lui de quoi admirer, l'Église de quoi chérir. Si nous devons porter respect à la naissance (et l'évangéliste nous a prouvé lui-même qu'il ne faut pas négliger cette considération, car Luc en commençant l'éloge de Jean, estimait très avantageux qu'il descendît d'une race sacerdotale) les parens de Simplicius ont présidé dans les églises et dans les tribunaux; sa famille a été illustrée par des évêques et des prélats; ainsi ses ancêtres ont toujours été en possession de dicter des lois, soit divines, soit humaines.... Si nous regardons à son âge, il a à la fois toute l'activité de la jeunesse et la prudence de la vieillesse.......... Si l'on veut de la charité, il en a montré avec profusion au citoyen, au clerc, au pélerin, aux petits comme aux grands; et son pain a été plus souvent et plutôt goûté par celui qui ne devait pas le rendre. S'il a fallu sé charger d'une mission, plus d'une fois Simplicius s'est présenté, pour votre ville, devant les rois couverts de fourures, et devant les princes ornés de la pourpre.... J'allais presqu'oublier de parler d'une chose qu'il ne faut cependant pas omettre. Jadis, dans ces temps antiques de Moïse, ainsi que le dít le psalmiste, lorsqu'il fallut élever le tabernacle d'alliance, tout Israel dans le désert entassa aux pieds de Béseleel le produit de ses offrandes. Dans la suite Salomon, pour construire le temple de Jérusalem, mit en mouvement toutes les forces du peuple, quoiqu'il eût réuni les dons de la reine de la contrée méridionale de Saba aux richesses de la Palestine et aux tributs des rois voisins. Simplicius,

jeune, soldat, faible, seul, encore fils de famille et déjà père, vous a fait aussi construire une église; il n'a été arrêté dans son pieux dessein, ni par l'attachement des vieillards à leurs biens, ni par la considération de ses petits enfans; et cependant sa modestie a été telle qu'il a gardé le silence à ce sujet. Et en effet c'est, si je ne me trompe, un homme étranger à toute ambition de popularité; il ne recherche point la faveur de tous, mais celle des gens de bien; il ne s'abaisse point à une imprudente familiarité, mais il attache un grand prix à de solides amitiés.... Enfin, il doit surtout être désiré pour évêque, parce qu'il ne le désire nullement, et ne travaille point à obtenir le sacerdoce, mais seulement à le mériter.

Quelqu'un me dira peut-être : Mais comment, en si peu de temps, en avez-vous tant appris sur cet homme ? Je lui répondrai: Je connaissais les habitans de Bourges avant de connaître la ville. J'en ai connu beaucoup en route, dans le service militaire, dans des rapports d'argent et d'affaires, dans leurs voyages, dans les miens. On apprend aussi beaucoup de choses par l'opinion publique, car la nature n'impose pas à la renommée les bornes étroites de la patrie....

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La femme de Simplicius descend de la famille des Palladius, qui ont occupé les chaires des lettres et des autels avec l'approbation de leur ordre; et comme le caractère d'une matrone ne veut être rappelé qu'avec modestie et succinctement, je me contenterai d'affirmer que cette femme répond dignement au mérite et aux honneurs des deux familles, soit de celle où elle est née et a grandi, soit de celle où elle a passé par un honorable choix. Tous deux élèvent leurs fils dignement et en toute sagesse; et le père,

en les comparant à lui, trouve un nouveau sujet de bonheur en ce que déjà ses enfans le surpassent.

Et puisque vous avez juré de reconnaître et d'accepter la déclaration de mon infirmité au sujet de cette élection, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, Simplicius est celui que je déclare devoir être fait métropolitain de notre province et souverain pontife de votre ville; quant à vous, si vous adoptez ma dernière décision au sujet de l'homme dont je viens de parler, approuvez-la conformément à vos premiers engagemens.

Je n'ai besoin de rien ajouter, Messieurs; ces trois exemples vous ont, j'en suis sûr, très-bien expliqué ce qu'était au V° siècle, l'élection des évêques; sans doute elle n'avait point les caractères d'une institution véritable; dénuée derègles, de formes permanentes et légales, livrée aux hasards des circonstances et des passions, ce n'était pas là une de ces libertés fortes devant lesquelles s'ouvre un long avenir; mais dans le présent, celle-là était très-réelle; elle amenait un grand mouvement dans l'intérieur des cités; c'était une garantie efficace.

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ly en avait une seconde, la tenue fréquente des conciles. Le gouvernement général de l'Église était complètement, à cette époque, entre les mains des conciles; conciles généraux, nationaux, provinciaux. On y portait les questions de foi et de

discipline, les procès des évêques, toutes les grandes ou difficiles affaires de l'Église. Dans le cours du IV siècle, on trouve quinze conciles, et vingt-cinq dans le V, et ce ne sont là que

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les principaux conciles, ceux dont il est resté des traces écrites; il y en a eu, à coup sûr, un grand

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