Éloge de Montaigne, discours qui a remporté le prix d'éloquence, décerné par la Classe de la langue et de la littérature françaises de l'Institut, dans sa séance du 23 mars 1812

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Chez Firmin Didot, 1812 - 48 pages

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Page 5 - C'est le naturel et la vérité. Voilà le charme qui ne peut vieillir. Qui pourrait se lasser d'un livre de bonne foi, écrit par un homme de génie? Ces épanchements familiers de l'auteur, ces révélations inattendues sur de grands objets et sur des bagatelles, en donnant à ses écrits la forme d'une longue confidence, font disparaître la peine légère que l'on éprouve à lire un ouvrage de morale. On croit converser; et comme la conversation est piquante et variée, que souvent nous y venons...
Page 29 - Les abeilles pillotent deçà delà les fleurs ; mais elles en font après le miel, qui est tout leur; ce n'est plus thym, ni marjolaine...
Page 14 - Pour moi donc, j'aime la vie et la cultive telle qu'il a plu à Dieu nous l'octroyer. Je ne vais pas désirant qu'elle eût à dire [...] la nécessité de boire et de manger [...] J'accepte de bon cœur, et reconnaissant ce que Nature a fait pour moi, et m'en agrée et m'en loue.
Page 9 - ... il vient à décider ne consulte plus que lui seul, et donne son avis, non comme bon, mais comme sien. Une telle marche est longue, mais elle est agréable, elle est instructive, elle apprend à douter; et ce commencement de la sagesse en est quelquefois le dernier terme.
Page 33 - Avec quelle grandeur ne vous peint-il pas l'homme de cœur qui « tombe obstiné en son courage; qui, pour quelque danger de la mort voisine, ne relâche aucun point de son assurance...
Page 25 - Amyot, dans le cardinal d'Ossat, dans les ouvrages les plus enjoués, et dans les plus sérieux : il avoit je ne sais quoi de court, de naïf, de hardi, de vif et de passionné.
Page 41 - ... nuit obscure et ennuyeuse. Depuis le jour que je le perdis, je ne fais que traîner languissant ; et les plaisirs mêmes qui s'offrent à moi, au lieu de me consoler, me redoublent le regret de sa perte : nous étions à moitié de tout ; il me semble que je lui dérobe sa, part : j'étais déjà si fait et accoutumé à être deuxième partout, qu'il me semble n'être plus qu'à demi.
Page 3 - Penseur pro-l fond , sous le règne du pédantisme , auteur! brillant et ingénieux dans une langue informe' et grossière , il écrit avec le secours de sa raison et des anciens : son ouvrage reste, et fait seul toute la gloire littéraire d'une nation; et lorsque , après...
Page 28 - Quand je vois, dit Montaigne, ces braves formes de s'expliquer, si vives, si profondes, je ne dis pas que c'est bien dire, je dis que c'est bien penser.
Page 9 - L'ouvrage de Montaigne est un vaste répertoire de souvenirs et de réflexions nées de ces souvenirs. Son inépuisable mémoire met à sa disposition tout ce que les hommes ont pensé. Son jugement, son goût, son instinct, son caprice même lui fournissent aisément des pensées nouvelles. Sur chaque sujet, il commence par dire tout ce qu'il sait, et, ce qui vaut mieux, il finit par dire ce qu'il croit. Cet homme qui, dans la discussion, cite toutes les autorités, écoute tous les partis, accueille...

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