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» qu'elles soient nous y mettrons jusqu'à la dernière » goutte de notre sang. » Le comte de Tendre et Charny répondirent à ceux qui leur apportoient les mêmes ordres qu'ils respectoient trop le roi pour croire que ces ordres inhumains pussent venir de lui. Quel est l'homme vertueux, quel est le chrétien qui puisse blâmer ces sujets généreux d'avoir désobéi?

Obéir, c'est se soumettre à la volonté d'un autre. Celui qui commande est censé supérieur, et celui qui obéit subalterne. On obéit à Dieu en suivant ses lois; aux rois, en se soumettant à leurs lois. On obéit à la nécessité, aux passions, etc.

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(ANONYME)

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ON

N peut définir l'obligation, considérée en général, une restriction de la liberté naturelle produite par la raison, dont les conseils sont autant de motifs qui déterminent l'homme à une certaine manière d'agir préférablement à toute autre.

Telle est la nature de l'obligation primitive, qui peut être plus ou moins forte, selon que les raisons qui l'établissent ont plus ou moins de poids sur notre volonté ; car il est manifeste que plus les motifs seront puissans, et plus aussi la nécessité d'y conformer nos actions sera forte et indispensable.

M. Barbeyrac établit pour principe de l'obligation, proprement ainsi nommée, la volonté d'un être supérieur duquel on se reconnoît dépendant. Il pense qu'il n'y a que cette volonté, ou les ordres d'un tel être, qui puissent mettre un frein à la liberté, et nous assujétir à régler nos actions d'une certaine manière. Il ajoute que ni les rapports de proportion et de convenance, que nous reconnoissons dans les choses même, ni l'approbation que la raison nous donne, ne nous mettent point dans une nécessité indispensable d'en suivre les idées comme des règles de conduite; que notre raison n'étant au fond autre chose que nous-mêmes, personne ne peut, à proprement parler, s'imposer à soi-même une obligation: enfin il conclut que les maximes de la raison, considérées en elles-mêmes et indépendamment de la volonté d'un supérieur qui les autorise, n'ont rien d'obligatoire.

Il nous paroît cependant que cette manière d'expliquer la nature de l'obligation, et d'en poser le fondement, ne remonte pas jusqu'à la source primitive. Il est vrai que la volonté d'un supérieur oblige ceux qui sont dans sa dépendance; mais cette volonté ne peut produire cet effet qu'autant qu'elle se trouve approuvée par notre raison, et qu'elle tend à notre bonheur. Sans cela, on ne sauroit concevoir que l'homme se puisse soumettre volontairement aux ordres d'un supérieur, ni se déterminer de bon gré à l'obéissance. J'avoue que, suivant le langage

des jurisconsultes, l'idée d'un supérieur qui commande intervient pour établir l'obligation telle qu'on l'envisage ordinairement; mais, si l'on ne fonde l'autorité même de ce supérieur sur l'approbation que la raison lui donne, elle ne produira jamais qu'une contrainte extérieure, bien différente d'une obligation morale, qui, par elle-même, a la force de pénétrer la volonté et de la fléchir par un sentiment intérieur; en sorte que l'homme est porté à obéir de son propre mouvement, de son bon gré et sans aucune violence.

Il convient donc de distinguer deux sortes d'obligations, l'une interne et l'autre externe. J'entends par obligation interne celle qui émane de notre propre raison, considérée pour la règle primitive de notre conduite, et en conséquence de ce qu'une action a en elle-même de bon ou de mauvais. L'obligation externe sera celle qui vient de la volonté de quelqu'être dont on se reconnoît dépendant, et qui commande ou défend certaines choses sous la menace de quelque peine: ces deux obligations ne sont point opposées entre elles; car comme l'obligation externe peut donner une nouvelle force à l'obligation interne, aussi toute la force de l'obligation externe dépend, en dernier ressort, de l'obligation interne; et c'est de l'accord et du concours de ces deux obligations que résulte le plus haut degré de nécessité morale, le lien le plus fort ou le motif le plus propre à faire impression sur l'homme pour le déterminer à suivre constamment certaines règles de conduite, et à ne s'en écarter jamais.

On pourroit donc regarder l'obligation morale comme un acte du législateur, par lequel il donne à connoître que les actions conformes à sa loi sont nécessaires pour ceux à qui il les prescrit. Une action est regardée comme nécessaire, lorsqu'il est certain qu'elle fait partie des causes absolument indispensables pour parvenir à la félicité que l'homme recherche naturellement, et par conséquent nécessairement. Ainsi nous sommes obligés à rechercher toujours et en toute occasion le bien commun, parce que la nature même des choses nous montre que cette recherche est absolument nécessaire pour la perfection de notre bonheur qui dépend naturellement de l'attachement que

nous mettons à procurer le bien de tous les êtres raisonnables.

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L'obligation d'avancer le bien commun comme une fin nécessaire, étant une fois établie, il s'ensuit que l'obligation commune de tous les hommes à suivre les maximes de la raison sur les moyens nécessaires pour le bonheur de tous est suffisamment connue. Or toutes ces maximes sont renfermées dans la proportion générale sur la bienveillance de chaque être raisonnable envers tous les autres; d'où il paroît clairement qu'une guerre de tous contre tous, ou la volonté que chacun auroit de nuire à tout autre, tendant à la ruine de tout, ne pourroit être un moyen propre à rendre les hommes heureux, ni s'accorder avec les moyens nécessaires pour cette fin, et par conséquent ne peut être ni ordonné ni permis par la droite raison,

(M. de JAUCOURT.)

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OBSCENE.

CE terme signifie tout ce qui est contraire à la pudeur,

Un discours obscène, une peinture obscène, un livre obscène. L'obscénité du discours marque la corruption du cœur. Il y a peu d'auteurs anciens entièrement exempts d'obscénités. La présence d'une honnête femme chasse l'obscénité de la compagnie des hommes. L'obscénité dans la conversation est la ressource des ignorans, des sots et des libertins. Il y a des esprits mal faits qui entendent à tout de l'obscénité, On évite l'obscénité en se servant des expressions consacrées par l'art ou la science de la chose.

(ANONYME,)

VOLONTÉ

OLONTÉ permanente de faire quelque chose de déraisonnable, ou de soutenir un sentiment, une opinion dont l'amour propre nous empêche de reconnoître la fausseté. L'obstination est un vice qui tient au caractère naturel et au défaut de connoissances. Si on se donnoit le temps d'entendre, de regarder et de voir, on se départiroit d'un projet insensé ; on ne formeroit pas ce projet si l'on étoit plus éclairé. Si l'on avoit moins d'amour propre, on ne tiendroit pas avec obstination à son sentiment. Il y a des hommes qui voient moins d'inconvénient à faire une chose qu'ils reconnoissent mauvaise qu'à revenir sur leurs pas. On dit que la fortune s'obstine à poursuivre un homme; qu'il ne faut pas obstiner les enfans: en ce sens obstiner signifie s'opposer à leurs volontés, sans aucun motif raisonnable. (Voyeż Opiniâtreté.)

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(ANONYME.)

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