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cinquième degré de latitude-nord, doivent rester au dessous de la stature médicere, par l'impression constante d'un froid rigoureux; et on s'en rapporte sans peine au récit des voyageurs, qui assurent qu'on ne trouve guère parmi ces peuples que des hommes de quatre pieds de haut. On sait en effet que les végétaux y éprouvent la même dégénération; que les bouleaux, les saules et les aulnes, ne font que ramper sur un sol gelé; qu'en un mot, on n'y voit pas un seul végétal de plus de six pieds de hauteur. Le renard y est aussi beaucoup plus petit que celui qui habite sous nos climats tempérés. Mais le phénomène de deux nains, dont les trois autres frères étoient au dessus de la taille moyenne de l'homme, paroît bien difficile à expliquer. Il est d'autant plus étonnant que ces individus, qui sont restés, pour la stature, au dessous du type général de l'espèce humaine, n'aient point été distingués d'ailleurs par une organisation vicieuse et imparfaite, et que toutes leurs facultés, soit physiques, soit morales, aient obtenu leur entier développement. Ces déviations légères de la marche de la nature seront toujours pour nous autant un mystère que le modèle général qu'elle paroît suivre dans tous ses ouvrages.

Au mois d'octobre 1686, Louis XIV étant à Fontainebleau, on lui présenta un petit homme dans un plat d'argent, couvert d'une serviette : ce petit homme se leva et fit son compliment au roi, disant qu'il étoit le plus petit de tous ses serviteurs, mais qu'il étoit aussi le plus humble et le plus obéissant; il avoit de la barbe et seize pouces de hauteur : il étoit alors âgé de trente-six ans.

Il s'est fait, en 1766, près d'Herdford, dans le comté de Galwai, un mariage assez singulier, entre le sieur Jean Ford et la demoiselle Bidd-Carr, personnages remarquables par la petitesse de leur structure. Le sieur Ford, âgé de vingt ans, avoit quarante-deux pouces de haut; et la demoiselle Carr, qui touchoit à sa vingt-troisième année, n'avoit pas plus de trente-neuf pouces.

Je trouve dans l'histoire d'Angleterre l'opposé de ces deux nains. En 1731, un paysan du comté de Berks amena à Londres son fils, âgé de six ans, qui avoit près de cinq

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pieds d'Angleterre de haut, robuste, fort, et à peu près de la grosseur d'un homme fait.

Les nains sont recherchés en Turquie pour les amusemens du grand-seigneur; ils tâchent de le divertir par leurs singeries, et ce prince les honore souvent de quelques coups de pied. Lorsqu'il se trouve un nain qui est né sourd, et par conséquent muet, il est regardé comme le phénix du palais; on l'admire plus qu'on ne feroit le plus bel homme du monde, sur-tout si ce magot est eunuque : cependant ces trois défauts, qui devroient rendre un homme méprisable, forment, à ce que dit M. Tournefort, la plus parfaite de toutes les créatures, aux yeux et au jugement des Turcs. (M. de JAUCOURT.)

NAISSANCE.

RACE, extraction illustre et noble; c'est un heureux

présent de la fortune, qu'on doit considérer et respecter dans les personnes qui en jouissent, non seulement par un principe de reconnoissance envers ceux qui ont rendu de grands services à l'état, mais aussi pour encourager leurs descendans à suivre leurs exemples. On doit prendre les intérêts des gens de naissance, parce qu'il est utile à la république qu'il y ait des hommes dignes de leurs ancêtres. Les droits de la naissance doivent encore être révérés, parce qu'elle est le soutien du trône. Si l'on abat les colonnes, que deviendra l'édifice qu'elles appuyoient? De plus, la naissance paroît être un rempart entre le peuple et le prince, et un rempart qui les défend contre les entreprises mutuelles de l'un sur l'autre; enfin la naissance donne avec raison des priviléges distinctifs et un grand ascendant sur les membres d'un état qui sont d'une extraction moins élevée. Aussi ceux qui jouissent de ce bonheur n'ont qu'à ne rien gâter par leur conduite, pour être sûrs d'obtenir légitimement de justes préférences sur les autres citoyens.

Mais ceux que la naissance démêle heureusemeut d'avec le peuple, et qu'elle expose davantage à la louange ou à la censure, ne sont-ils pas obligés en conséquence de soutenir dignement leur nom? Quand on se pare des armes de ses pères, ne doit-on pas songer à hériter des vertus qu'ils peuvent avoir eues? Autrement, ceux qui vantent leurs ancêtres sans imiter leurs belles actions disposent les autres hommes à faire des comparaisons qui tournent au désavantage de telles personnes, et qui déshonorent leur nom. Le peuple est si porté à respecter les gens de naissance, qu'il ne tient qu'à eux d'entretenir ce favorable préjugé. En voyant le jour, ils entrent en possession des honneurs : les grands emplois, les dignités, le maniement des affaires, le commandement des armées, tombent naturellement dans leurs mains. De quoi peuventils se plaindre que d'eux-mêmes, quand l'envie et la malignité les attaquent ? Sans doute qu'alors ils ne sont pas

faits pour leur place, quoique la place semblât faite pour

eux.

On reprochoit à Cicéron d'être un homme nouveau; sa réponse est toute simple : J'aime mieux, répondit-il, briller par mon propre mérite que par un nom hérité de mes ancêtres; et il est beau de commencer sa noblesse par les exemples de vertu qu'on laisse à sa postérité. A la vérité, on soupçonne les gens qui tiennent ce langage de faire, si l'on peut parler ainsi, de nécessité, vertu. Rien n'est donc si digne de nos éloges que les personnes qui, ayant en partage une grande naissance, en comptent pour rien l'éclat, s'ils ne là soutiennent et ne l'illustrent de tous leurs efforts par de belles actions..

Les gens de naissance doivent être plus attentifs que les autres à donner des exemples de piété et de bonnes mœurs, qui entretiennent parmi le peuple le respect dû à la religion et à la vertu; car rien n'est si propre à détourner le peuple de ses devoirs que lorsqu'il voit y manquer ceux qui sont au dessus de lui,

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دات

NAÎTRE, c'est venir au monde pour y souffrir tous les

maux et éprouver tous les chagrins auxquels l'humanité est sujète, et scuvent l'on n'en sort avec d'autre regret que celui d'y être entré.

Le jour de la naissance étoit particulièrement honoré chez les Romains. Des mouvemens de tendresse et de religion consacroient chez eux une journée où il sembloit qu'ils recevoient leurs enfans des dieux même, et, pour ainsi dire, de la main à la main. On les saluoit avec cérémonie : ils invoquoient le génie comme une divinité qui présidoit à la nativité de tous les hommes.

La solemnité du jour de cette naissance se renouveloit tous les ans, et toujours sous les auspices du génie. On dressoit un autel de gazon, entouré de toutes les herbes sacrées, et sur lequel on immoloit un agneau. On étaloit chez les grands tout ce qu'on avoit de plus magnifique, des tables, des cuvettes, des bassins d'or et d'argent, mais dont la matière étoit encore moins précieuse que le travail. Auguste avoit toute l'histoire de sa famille gravée sur des meubles d'or et d'argent. Le sérieux d'une cérémonie religieuse étoit égayé par ce que les fêtes ont de plus galant toute la maison étoit ornée de fleurs et de couronnes, et la porte étoit ouverte à la compagnie la plus enjouée. Envoyez-moi Philis, dit un berger, dans Virgile, à Iolas; envoyez-moi Philis, car c'est aujourd'huile jour de ma naissance; mais, pour vous, ne venez ici que lorsque j'immolerai une génisse pour les biens de la terre. Les amis ce jour-là, ne manquoient guère d'envoyer des préséns Martial raille finement Clyté, qui, pour en, avoir, faisoit revenir le jour de sa naissance sept ou huit fois l'année.

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Nasceris octies in anno.

178

On célébroit même souvent l'honneur de ces grands hommes, dont la vertu consacre la mémoire, et qui, enlevés aux yeux de leurs contemporains, se réveillent pour la postérité qui en connoît le mérite dans toute son

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