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l'Hermione de Racine la Didiame de Heudon. Celle-ci, en apprenant la mort de Pyrrhus, s'écrie:

Ah! je sens que c'est fait, je suis morte, autant vaut.
Hélas! je n'en puis plus ; le pauvre cœur me faut.

Dans ce temps-là, voici comment on annonçoit à une reine la mort tragique de son fils :

Votre fils s'est jeté du haut d'une fenestre,
La tête contre bas. Envoyez-le quérir.

Hélas! madame, il est en danger de mourir..

Aujourd'hui l'on riroit aux éclats si sur la scène on entendoit pareille chose; et ce qui seroit si ridicule pour nous étoit touchant pour nos aïeux: tant il est vrai que, dans une langue vivante, rien n'est assuré de plaire et de réussir d'un siècle à l'autre, qu'autant que les idées de bienséance et de noblesse ont été fixées des écrits dignes d'en être les modèles. Aujourd'hui même, pour être naturel avec noblesse, il faut un goût délicat et sûr.

par

Il aura donc pour moi combattu par pitié ?

dit Aménaïde en parlant de Tancrède : cela est noble.

Il ne s'est donc pour moi battu que par pitié?

eût été du style comique..

(M. MARMON TEL.)

ANS quelques provinces, les jeunes gens vont aux portes des nouveaux mariés faire du bruit avec des poiles et des chaudrons; ce qu'on appelle charivari.

La canaille et les gens de peu d'importance, dit M. de Thiers dans son Traité des Jeux et Divertissemens, se font quelquefois un grand divertissement de ce qu'ils appellent charivari, afin de tirer quelqu'argent des nouveaux mariés, ou de les charger de confusion.

Il y a des lieux où cela ne se fait guère qu'à de secondes noces disproportionnées en effet ou en apparence; mais il y en a d'autres où il se fait presque à toutes les noces sur-tout à celles où l'un des mariés est d'un âge fort inégal à l'autre.

Cet abus s'étoit autrefois étendu si loin, que même qui se remarioient n'étoient pas épargnées.

les reines

à

J'apprends de M. Neuré qu'à Aix en Provence, le prince des amoureux, ou l'abbé des marchands et artisans, ces deux ridicules personnages, qui tiennent un grand rang la procession de la fête-dieu, tirent un tribut des nouveaux mariés, ou qu'autrement ils rassemblent tous leurs officiers et toute leur séquelle le lendemain des noces, vers le soir, et font le charivari, pendant la nuit, par toutes les rues de la ville; ce qu'ils continuent ensuite avec tant de violence et un si épouvantable tintamarre, que, si on ne leur donne ce qu'ils demandent, ils menacent de mettre le feu à la maison, et ils murent la porte, sans que personne puisse sortir jusqu'à ce qu'ils soient payés.

Ce n'est pas seulement la canaille et les gens de nulle importance qui s'amusent à faire des charivaris, c'est bien souvent un divertissement des jeunes gens de famille ; et le motif qui les y conduit est le plus souvent une pétulance toute pure, ou une joie folâtre et portée à la malice, chose fort ordinaire aux noces. Non seulement on fait le charivari aux secondes noces et à celles qui sont disproportionnées par l'âge ou l'inégalité des conditions, mais aussi à celles des maris qui épousent des femmes coquettes ou méchantes, ou dont les mariés refusent de donner le

bal, etc. Quoi qu'il en soit, on trouve des exemples du charivari dans l'antiquité, et cela n'a rien de surprenant.

M. Thiers prétend trouver dans le charivari une đérision du mariage, et cite, à cette occasion 3 plusieurs décrets des synodes et conciles, anciens et modernes, qui non seulement défendent le charivari, sous peine d'excommunication, mais ajoutent encore l'amende pécuniaire, après avoir traité ce divertissement de honteux, de préjudiciable aux bonnes mœurs, de contraire à la société. La discipline des églises réformées en France défendoit aussi les charivaris, rançonnemens de mariages, etc. Cependant ce désordre est encore toléré dans quelques villes, où l'on continue le charivari aux secondes noces, jusqu'à ce que les nouveaux remariés aient donné un bal aux voisins, et du vin au peuple. Il y a environ soixante ans qu'on n'en souffre plus à Paris. Plusieurs particuliers, étant contrevenus aux réglemens faits à ce sujet, furent condamnés par sentence de police du 13 mai 1735.

(M. BEQUILLET.)

PARES ARESSE, négligence, indolence, mollesse, foiblesse d'organisation, ou mépris des choses, qui laisse l'homme en repos dans les momens où les autres se meuvent, s'agilent et se tourmentent. On devient paresseux, mais on naît nonchalant. La nonchalance ne se corrige point, sur-tout à un certain age. Dans les enfans, l'accrois sement, fortifiant le corps, peut diminuer la nonchalance. La nonchalance, qui introduit peu à peu le désordre dans les affaires, a des suites les plus fâcheuses. La nonchalance est aussi accompagnée de la volupté, Elle ne répond guère au plaisir, mais elle l'accepte facilement. Les dieux d'Epit cure sont des nonchalans, qui laissent aller le monde comme il peut. Il s'échappe des ouvrages de Montagne une nonchalance que le lecteur gagne sans s'en apercevoir, et qui le tranquillise sur beaucoup de choses importantes, ou terribles au premier coup-d'œil. Il règne dans les poésies de Chaulieu, de Pavillon, de Lafare, une certaine nonchalance qui plaît à celui qui a quelque délicatesse d'esprit. On diroit que les choses les plus charmantes ne leur ont rien coûté, qu'ils n'y mettent aucun prix, et qu'ils souhaitent d'être lus avec la même nonchalance qu'ils écrivoient. Il faudroit prêcher aux turbulens la nonchalance, et la diligence aux nonchalans. C'est par un coup frappé en sens contraire qu'on modère la chûte d'un corps en mouvement, ou frappé dans la direction qu'il suit lentement, qu'on accélère sa vitesse: pour peu qu'on hatât les uns ou qu'on arrêtât les autres, ils auroient la vitesse qui convient aux choses de la vie.

(ANONYME.)

NOVATEUR.

CELUI qui introduit quelques nouveautés. Ce terme sø

prend presque toujours en mauvaise part, tant les hommes ont d'attachement pour les choses établies. Il y a des novateurs en littérature, en religion, en politique. Les novateurs en littérature peuvent corrompre ou perfectionner le goût; en religion, exciter ou calmer des troubles; en politique, sauver ou perdre une nation. C'est le temps qui juge les innovations; et si l'innovation est vraiment utile le mépris retombe sur les mauvais critiques qui l'ont blâmée on les appelle des sots, et on restitue au novateur le titre d'homme de génie qu'il a mérité.

(Voyez Innovation.)

(ANONYME.)

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