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pour s'exalter, que d'entendre de belles choses, soit que le goût du public, généralement pris, soit refroidi pour les beautés simples, comme on l'observe à tous nos théâtres, il est certain qu'on obtient plus de grands succès par ce moyen; et ce que disoit Voltaire, d'après une longue expérience, que, pour être applaudi de la multitude, il valoit mieux frapper fort que de frapper juste, se trouve plus vrai que jamais, tant à l'égard des spectateurs assis, qu'à l'égard de ceux qui sont debout: ce qui rend encore indécis le problême des deux parterres..

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PARTISAN.

On peut définir les partisans, des hommes qui bátissent

N

si vîte leur fortune aux dépens du public, qu'on en voit le faîte aussitôt que les fondemens. Ce sont ces pâtres qui habitent les sables voisins de Palmyre, et qui, devenus riches par des traités avec l'état, achètent, du plus pur sang des peuples, des maisons royales pour les embellir encore et les rendre plus superbes. Ces gens-là, dit un écrivain célèbre, exigeroient des droits de tous ceux qui boivent de l'eau de la rivière ou qui marchent sur la terre ferme. Ils trafiqueroient des arts et des sciences, et mettroient en ferme jusqu'à l'harmonie.

La ressource, utile pour un temps très-court, mais dangereuse pour toujours, j'entends celle de vendre les revenus de l'etat à des partisans qui avancent de l'argent, est une invention que Catherine de Médicis apporta d'Italie, et qui peut contribuer plus qu'aucune autre cause aux malheurs de la France. Les gros gains que font les partisans, en achetant du prince les subsides qu'il impose, sont nuisibles au monarque et au peuple ces gens-là sont également prêteurs et cautions, en sorte qu'ils fournissent toujours la majeure partie des fonds, et le profit de leurs avances sert encore à grossir la masse de leurs biens; l'argent cherche l'argent, et chacun conçoit que les partisans, possédant des capitaux immenses, gagnés dans le cours d'un petit nombre d'années, sont en état d'acquérir les papiers les plus avantageux, d'en faire un monopole, enfin d'ajouter chaque jour quelque nouveau degré à leur, fortune et à leurs dépenses.

(M. DE JAUCOURT.)

C'EST

PASQUI N.

'EST le nom d'une statue mutilée qu'on voit à Rome dans une encoignure du palais des Ursins; elle tire son nom d'un savetier de cette ville, fameux par ses railleries et ses lardons, dont la boutique étoit le réceptacle d'un grand nombre de fainéans qui se divertissoient à railler les passans.

:

Après la mort de Pasquin, en creusant devant sa boutique, on trouva une statue d'un ancien gladiateur, bien taillée, mais mutilée de la moitié de ses membres on l'exposa à la même place où on l'avoit trouvée, au coin de la boutique de Pasquin, et, d'un commun consentement, on lui donna le nom du mort.

Depuis ce temps-là, on attribue à sa statue toutes les satyres et les brocards; on les lui met dans la bouche, ou on les affiche sur lui, comme si tout cela venoit de Pasquin ressuscité. Pasquin s'adresse ordinairement à Marforio, autre statue dans Rome, ou Marforio à Pasquin, à qui on fait faire la réplique.

Les réponses sont ordinairement courtes, piquantes et malignes. Quand on attaque Marforio, Pasquin vient à son secours; et, quand on l'attaque, Marforio le défend à son tour; c'est-à-dire que les satyriques font parler ces statues comme il leur plaît.

Cette licence, qui dégénère quelquefois en libelles diffamatoires, n'épargne personne, pas même les papes, et cependant elle est tolérée. On dit qu'Adrien VI, indigné de se voir souvent en butte aux satyres de Pasquin, résolut de faire enlever la statue pour la précipiter dans le Tibre, ou la réduire en cendres, mais qu'un de ses courtisans lui remontra ingénieusement que si l'on noyoit Pasquin, il ne deviendroit pas muet pour cela, mais qu'il se feroit entendre plus hautement que les grenouilles du fond de leur marais, et que, si on le brûloit, les poètes, nation naturellement mordante, s'assembleroient tous les ans au lieu de son supplice, pour y célébrer ses obsèques, en déchirant la mémoire de celui qui l'auroit condamné.

Le pape goûta ces sages avis, et la statue ne fut point détruite. Le même motif peut la conserver long-temps.

A Rome, on appelle pasquinades les épigrammes, les bons mots et les satyres que l'on fait, soit contre les personnes en place, soit contre les particuliers qui y donnent lieu par quelques vices ou par quelques ridicules.

(ANONYME.)

PASSANT.

f

O
N dit un lieu passant, une rue passante, lorsqu'on
y passe beaucoup; un passant, de celui qui passe ou dans
une rue, ou sur une route, ou dans une ville. Passant
se prend aussi substantivement. M. Piron a employé ce
mot, dans son épitaphe, et comme participe et comme
substantif.

Ami passant, qui desirez connoître
Ce que je fus, je ne voulus rien être :
Je vécus nul, et certes je fis bien;
Car, après tout, bien, fou qui se propose,
De rien venu, s,en retournant à rien,
D'ètre, en passant, ier bas quelque chose.

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Les penchans, les inclinations, les desirs et les aver

sions, poussés à un certain degré de vivacité, joints à une sensation confuse de plaisir ou de douleur, occasionnés ou accompagnés de quelque mouvement irrégu¬ lier du sang et des esprits animaux, c'est que nous nommons passions. Elles vont jusqu'à ôier tout usage de la liberté, état où l'ame est, en quelque manière, rendue passive; de là, le nom de passions.

Le plaisir et la peine sont les pivots sur lesquels roulent toutes nos affections, connues sous le nom d'inclinations et de passions. La bonté divine a attaché un sentiment agréable à l'exercice modéré de nos facultés corporelles, Tout ce qui satisfait nos besoins, sans aller au-delà, donne le sentiment du plaisir. La vue d'une lumière douce, des couleurs gaies sans être éblouissantes, des objets à notre portée, des sons nets, éclatans, qui n'étourdissent pas, des odeurs qui n'ont ni fadeur, ni trop de force, des goûts qui ont une pointe sans être trop aiguë, une chaleur tempérée, l'attouchement d'un corps uni; tout cela plaît, parce que cela exerce nos facultés sans les fatiguer. Le contraire ou l'excès, produit un effet tout opposé.

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De toutes les beautés, il en est peu qui nous touche plus que celle de la vertu qui constitue notre perfection; et de toutes les laideurs, il n'en est point à laquelle nous soyons ou nous devions être plus, sensibles qu'à celle du vice, L'amour de nous-mêmes, cette passion si naturelle et si universelle, et qui est, on peut le dire, la base de toutes nos affections, nous fait chercher sans cesse en nous et hors de nous des preuves de ce que nous sommes à l'égard de la perfection. Celui-là qui, regardant en luimême, n'y voit qu'imperfection ou un abus continuel des talens dont Dieu l'a doué, a beau s'applaudir tout haut d'être parvenu, par ses désordres, au comble de la fortune; son ame est en secret déchirée par de cuisans remords, qui lui mettent sans cesse devant les yeux sa honte, et qui lui rendent son existence haïssable. En vain, pour étouffer ce sentiment douloureux, ou pour en détourner

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