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choses, et qu'ils détourneroient les autres d'un grand nombre de déréglemens.

Il seroit à souhaiter qu'il y eût également parmi nous des lois contre l'oisiveté, et qu'il ne fût permis à personne, de quelque rang qu'il fût, de vivre sans avoir quelque occupation honnête d'esprit ou de corps.

En effet, tout ce que la morale peut dire contre l'oisiveté sera toujours foible, tant qu'on n'en fera pas une affaire capitale. L'imagination humaine, on ne sauroit trop le répéter, a besoin d'être nourrie; lorsqu'on ne lui présente pas des objets véritables, elle s'en forme d'une fantaisie dirigée par le plaisir ou l'utilité du moment. Examinez les scélérats que la justice est obligée de condamner à la mort, ce ne sont pas ordinairement des artisans ou des laboureurs; les travailleurs pensent au travail qui les nourrit; ce sont des gens oisifs que la débauche ou le jeu, enfans de l'oisiveté, ont porté à tous les crimes. C'est à cette première oisiveté que l'on doit attribuer la plupart des troubles, et en partie la chute de la république de Rome. On doit craindre l'oisiveté plus que les ennemis.

Concluons que ce vice est également funeste aux hommes et aux empires, et que multiplier dans un état les genres d'occupations, c'est s'assurer du bonheur, des richesses et de la tranquillité des sujets.

L'oisiveté est encore la source de bien des maladies, indépendamment des maux qu'elle cause dans la société; car, outre qu'elle épaissit les humeurs et relâche les solides, elle énerve le corps et accélère la vieillesse. C'est elle qui produit dans les voluptueux et les gens mous et efféminés toutes les maladies qui dépendent de l'acrimo

comme la goutte, la pierre, le scorbut, la mélancolie, la manie, et enfin le désespoir du temps perdu. L'éducation molle et oisive de la jeunesse, dans notre siècle, nous dispose, dès l'âge le plus tendre, à toutes les maladies qui proviennent de l'oisiveté, telles que la mollesse, la foiblesse dans les fibres, l'acrimonie, etc.; les maladies chroniques, si communes et si variées de nos jours, étoient peu connues des anciens, et ne sont dues qu'à cette même éducation qui, de mâle et vigoureuse qu'elle étoit parmi

les Romains et les Grecs, est devenue languissante et efféminée parmi nous aussi voyons-nous peu de gens qui jouissent d'une santé robuste. Le travail est le remède à tous les maux qu'entraîne avec elle l'oisiveté. De là vient que le célèbre Locke ordonne d'exercer beaucoup la jeunesse et de l'accoutumer de bonne heure au travail; cette méthode seroit plus utile, et il arriveroit que les gens de lettres s'adonneroient aux différens exercices du corps; ce qui les rendroit plus sains et plus robustes. L'amour du travail des mains, et sa continuité, donne aux gens de la campagne cette vigueur qui ne se trouve point dans les villes, et qui résiste à toutes les maladies dont nous avons parlé. Les médecins devroient donc insister sur la nécessité de changer l'éducation journalière; ils contribueroient en cela à la conservation de la santé.

(M. de JAUCOURT.)

OLIGARCHIE.

C'EST ainsi qu'on nomme la puissance usurpée d'un petit nombre de citoyens qui se sont emparés du pouvoir, lequel, suivant la constitution d'un état, devoit résider, soit dans le peuple, soit dans un conseil ou sénat. Il est bien difficile qu'un peuple soit bien gouverné, lorsque son sort est entre les mains d'un petit nombre d'hommes dont les intérêts diffèrent, et dont la puissance est fondée sur l'usurpation. Chez les Romains, le gouvernement a plusieurs fois dégénéré en oligarchie; il étoit tel sous les décemvirs, lorsqu'ils parvinrent à se rendre les seuls maîtres de la république, Cet odieux gouvernement se fit encore sentir d'une façon plus cruelle aux Romains sous les triumvirs, qui, après avoir tyrannisé leurs concitoyens, abattu leur courage et éteint leur amour pour la liberté, préparèrent la voie au gouvernement despotique et arbitraire des

empereurs.

(ANONYME.)

LES

Es plus fameux, les plus solemnels, et peut-être les plus anciens jeux de la Grèce, étoient les jeux olympiques qui se célébroient, tous les quatre ans, à Olympie, ville d'Elide dans le Péloponèse.

Comme l'origine de ces jeux est ensévelie dans la plus profonde antiquité, l'on trouve diverses opinions sur leur établissement. Diodore de Sicile dit que ce fut Hercule de Crète qui les institua, sans nous apprendre ni en quel temps ni à quelle occasion. Le sentiment le plus commun parmi les savans, est que la première célébration s'en fit dans l'Elide l'an du monde 2635, et qu'ils furent alternativement interrompus et renouvelés jusqu'au règne d'Iphitus, roi d'Elide, et contemporain de Lycurgue, qui les rétablit avec beaucoup de lustre l'an 3208. Il ordonna que, pendant la durée des jeux qui se célébroient pendant cinq jours vers le solstice d'été, toutes les affaires cesseroient, afin que chacun eût la liberté de s'y rendre.

Les athlètes combattirent nus dans ces jeux depuis la trente-deuxième olympiade, où il arriva à un nommé Orcipus de perdre la victoire, parce que, dans le fort du combat, son calçon, s'étant dénoué, l'embarrassa de manière à lui ôter la liberté des mouvemens. Ce réglement en exigea un autre ; c'est qu'il fut défendu aux femmes et aux filles, sous peine de la vie, d'assister à ces jeux, et même de passer l'Alphée pendant tout le temps de leur célébration.

Cette défense fut si exactement observée, qu'il n'arriva jamais qu'à une seule femme de violer la loi. Cette femme, étant devenue veuve, s'habilla à la manière des maîtres d'exercices, et conduisit elle-même son fils à Olympie. Le jeune homme ayant été déclaré vainqueur, la mère, transportée de joie, jeta son habit d'homme, sauta par dessus la barrière, et elle fut connue pour ce qu'elle étoit. Cependant on lui pardonna cette infraction à la loi, en considération de son père, de ses frères et de son fils, qui tous avoient été couronnés aux mêmes jeux. Depuis ce temps -là, il fut défendu aux maîtres d'exercices de paroître autrement que nus à ces spectacles. La peine,

imposée par la loi, étoit de précipiter les femmes qui oseroient l'enfreindre d'un rocher fort escarpé qu'on appeloit le mont Typé, et qui étoit au-delà de l'Alphée.

Le concours prodigieux de monde qu'attiroit à Olympie la célébration de ces jeux, avoit enrichi cette ville et toute l'Elide; aussi n'y avoit-il rien, dans toute la Grèce, de comparable au temple et à la statue de Jupiter Olympien. Autour de ce temple étoit un bois sacré nommé l'attis, dans lequel, avec les chapelles, les autels et les autres monumens consacrés aux dieux, étoient les statues, toutes de la main des sculpteurs les plus célèbres, érigées en l'honneur des vainqueurs.

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Les eux olympiques étoient, sans contredit, entre tous les jeux de la Grèce, ceux qui tenoient le premier rang, et cela pour trois raisons ils étoient consacrés à Jupiter, le plus grand des dieux ; ils avoient été institués par Hercule, le plus grand des héros; enfin, on les célébroit avec plus de pompe et de magnificence que tous les autres, et ils attiroient un plus grand nombre de spectateurs qu'on y voyoit accourir de tous les endroits de la terre. Aussi les Grecs ne concevoient-ils rien de comparable à la victoire qu'on y remportoit; ils la regardoient comme le comble de la gloire, et ne croyoient pas qu'il fût permis à un mortel de porter plus loin ses desirs.

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Tout le monde sait que les récompenses des vainqueurs, dans ces jeux, étoient une couronne d'olivier. Il faut avouer que celui qui a dit le premier que l'opinion gouverne le monde, avoit bien raison. En effet, qui pourroit croire, si tant de monumens ne l'attestoient, que, pour une couronne d'olivier, toute une nation se dévouât à des combats si pénibles et si hasardeux ? D'un autre côté, les Grecs, par une sage politique, avoient attaché tant d'honneur à cette couronne, qu'il n'est pas étonnant qu'un peuple, qui n'avoit de passion que pour la gloire en général, crût ne pouvoir trop payer celle-ci, qui, de toutes les espèces de gloire, étoit, à leurs yeux, la plus flatteuse. Car nous ne voyons point que ni Miltiade, ni Cimon, ni Thémistocle, ni Epaminondas, ni Philopomen, ces grands hommes qui ont fait des actions si mémorables, aient été plus distin

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