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entièrement guider par les conseils de Tricherie, qui entraîne aussi le Pauvre malgré les avertissements de Charité.

Celle-ci a recours à un religieux qui débite un long sermon dont voici le début :

Beati qui audiunt verbum Dei,

Benoist soyent tous ceulx qui orront
Et qui de bon cueur entendront
Les parolles que je veulx dire.
En l'homme de Dieu, nostre sire,
Devot peuple, veuillez ouyr

Les parolles et retenir.....

Le Pauvre écoute attentivement, mais le Monde, Jeunesse et le Riche avare méprisent ces conseils. Enfin Jeunesse monte à cheval et s'élance au galop, mais la Mort se présente sur son passage, l'attaque et le frappe d'un dard funeste, malgré ses prières. La Mort va ensuite frapper l'avare qui, à ses derniers moments, voit son domestique qui le vole. Le Monde a peur en voyant tomber tous ses amis; il implore Charité qui lui donne des consolations. Le Riche vertueux, avant de mourir, se confesse au religieux qui prononce sur lui, en latin, la formule de l'absolution. Le Fol termine la pièce en disant : Or allons trestous, s'il vous plaist, Remercier le roy des cieulx

En Jui priant qu'il nous doint paix
Chantant le Te Deum laudamus.

Farce nouvelle du frère Guillebert, à 4 personnages.

Foullando in calibistris (1).

Tel est le commencement d'un sermon en vers, mêlé de latin macaronique, que débite ce frère, sermon très singulier et

. (1) Nos lecteurs se rappellent sans doute que Rabelais emploie ce mot dans l'exposé que fait Panurge d'une manière bien nouvelle de bâtir les murailles de Paris. Un écrivain aussi fécond que bizarre, Rétif de la Bretonne a fait usage du verbe kalibistrer, Monsieur Nicolas, T. VII, page 3669.

beaucoup trop libre, mais qui sert dignement de prologue à une intrigue, dont un mari crédule se trouve la victime.

La Vie et Hystoire du maulvais riche, à 13 personnages (1).

Un sermon sert de prologue; le prêcheur y développe le sujet du mauvais riche d'après l'Évangile de saint Luc: Homo quidam erat dives.

Mes chères gens, ceste parolle,
Que nul ne doibt tenir pour folle,
Que j'ay cy devant proposée,
Dessus l'Évangile est trouvée.
Ainsi que saint Luc le tesmoigne,
Qui fut présent à la besongne
Quant Jésus-Christ nous enseigna
Ceste parole....

Et tout cela verrez vous faire,
Mais qu'il vous plaise de vous taire
Sans faire noise, ne content
Affin que cest esbattement
Se puisse parfaire et accomplir
Ainsi que nous avons desir;
Priez pour moi, je vous en prie,

Dieu vous gard tous de villenie,

Commence qui doibt commencer.

Lå dessus Trotte-Menu entre en scène et se plaint de ce qu'il doit se lever si tôt pour aller recevoir les ordres de son maître. Le Mauvais riche lui dit qu'il veut vivre plantureusement et se vêtir de drap de pourpre et de soie; il enjoint à son

(1) Cette pièce offre quelques différences avec la Moralité du maulvais riche e du ladre sans date, in-4° de 8 feuillets, dont le seul exemplaire connu, après avoir fait partie de la bibliothèque du duc de la Vallière, fut acheté en 1834, à la vente Revoil, au prix énorme de 1860 fr. par M. de Soleinne, et revendu 600 fr. en 1844. Cette moralité est analysée dans la Bibliothèque du Théâtre François, 1768, I. 18, et dans l'ouvrage des frères Parfaict, III, 94.

valet d'aller, à la cuisine, s'enquérir si le dîner est prêt. Trotte-Menu part et revient annoncer que son maître est servi. Le Mauvais riche et sa femme se mettent à table. On frappe à la porte et Trotte-Menu dit que c'est un pauvre :

Qui vient tous les jours à disner.

Le maître ordonne qu'on le chasse. Le ladre insiste et de mande quelques miettes seulement. On lâche les chiens contre lui, mais ils ne font que lui lécher les mains et les jambes. Le riche s'irrite; le pauvre invoque Dieu et lui demande de le prendre dans le paradis où l'orgueil et la dureté de cœur sont inconnues. Dieu a pitié de lui; il ordonne à Abraham de l'exaucer, mais auparavant il envoie Raphaël pour conforter le ladre. Satan aperçoit le messager céleste et il craint que l'âme de Lazare ne lui échappe. Il court réclamer sa proie, mais Raphaël le chasse. Alors Satan et son collègue Rahouart vont trouver le Mauvais riche, certains que celui-ci leur reviendra. Dans l'intervalle, Lucifer commande que Satan et Rahouart paroissent devant lui; il leur reproche d'avoir, par leur négligence, laissé échapper l'âme du ladre, et, pour les punir, il les fait battre rudement.

Raphaël amène cette âme à Dieu, qui ordonne qu'elle soit placée dans le sein d'Abraham. Cependant le Mauvais riche se sent malade, il demande qu'on le porte sur son lit. Il croit que c'est le ladre qui lui a apporté cette maladie. Sa femme ordonne qu'on aille voir s'il est parti, et Trotte-Menu vient annoncer qu'il est mort et que son cadavre est étendu sur les degrés de la porte. Le Mauvais riche se trouve de plus en plus souffrant :

Pas ne vivray jusqu'à demain

La douleur me tient en la teste.

Lucifer ordonne à Satan d'aller s'emparer de lui. Satan se met en route avec Rahouart :

De ce crocq l'iray accrochant,
Puis sera mis en ceste hotte,

Et affin qu'on ne le nous oste

Nous le lierons estroictement.

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Le Mauvais riche expire; les deux démons apportent son âme à Lucifer, qui dit :

Or ça, va tost sans faire demaine
Mettre cette âme en la chauldière,
Où il n'a clarté ne lumière
Peniez de le bien tourmenter,

De ce ne vous veuillez lasser.

Le Mauvais riche se lamente et implore Abraham qui lui explique que son repentir est inutile et qu'il auroit dû mieux observer les préceptes de Moise et des prophètes lorsqu'il étoit sur la terre. Abraham termine son allocution et la pièce par ces vers :

Car par eulx pourront conquester,
La joye qui ne peult finer,

Laquelle joye vous octroit

Par qui tout scait et par tout voyt,
Qui vit et règne, règnera,

In seculorum secula. Amen.

Peut-être reviendrons-nous plus tard sur le volume qui nous fournit ces extraits; aujourd'hui nous nous en tiendrons aux détails qu'on vient de lire.

***

NOUVELLES.

- M. le baron de Stassart vient de lire à l'Académie royale de Bruxelles une notice sur les descendants du grand Corneille. Cette brochure établit d'une manière certaine que Mademoiselle Corneille, présentée à Voltaire par le poète Lebrun comme dernier rejeton de cette famille, n'étoit pas une fille directe de l'auteur de Cinna. Qu'adoptée, dotée et mariée à M. Du Puits, officier de dragons, qui devint par la suite maréchal de camp, elle descendoit simplement d'un oncle du grand Corneille et que « c'est tout au plus même si le nom de Corneille étoit le sien. » L'honorable académicien belge appuie ensuite son opinion par la généalogie positive de Charlotte Corday qui seroit petite-fille de N. de Corday et de Françoise de Farcy, dont la mère étoit Marie Corneille, fille aînée de Pierre Corneille lui-même.

- Course en Italie.... voilà encore une nouvelle petite brochure de M. F. Grille. C'est une épître en vers adressée à M. Leclerc-Laroche par l'ermite de l'étang.

- La Papinéide en inscriptions et en épigrammes, ou dix ans de guerre intestine à Blois, pour y placer la statue de Papin. Tel est le titre d'une petite pièce en vers due à la plume de M. Eloi Johanneau. 4 pages.

Nous parlerons dans notre prochaine revue des ventes," de celles 1o de M: Destouches, l'architecte du Panthéon; 2o de M.Legay, réunion théâtrale; 3o de M. Moret, livres modernes bien conditionnés; ventes qui ont eu lieu durant le cours du mois de février. On annonce pour le mois de mars, les ventes de M. T. S. présidée par M. Potier, et qui contient une foule de jolis livres ; celle de M. d'A***, livres de théologie; la collection des autographes de M. de C., dont le catalogue est en distribution et quelques autres petites notices.

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