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la Grèce, Platon, Aristote, Proclus et Porphyre. Il est bien probable qu'il parlait grec. Le mème historien fait remarquer qu'il n'avait pu attrapper la vraie prononciation, et qu'en écrivant le grec il lui échappait souvent des solécismes et des barbarismes. Il y a en outre dans les manuscrits de la Bibliothèque de Vienne un livre grec de Jean l'italien sous ce titre : Μέθοδος ρητορικῆς κατὰ σύνοψιν (1).

Lami fait observer (*) que le grand nombre de manuscrits grecs conservés à Florence, et qui datent du X° et du XI° siècle, attestent combien l'érudition grecque fut alors répandue dans cette cité que Marcello Adriani appelle la mère et la nourrice des belles connaissances et en particulier des lettres grecques, « madre e nutrice delle belle cognizioni, e in particolare delle lettere grecche. » Angelo Maria Bandini (3), confirme ce témoignage (*).

Un autre érudit nommé Manni, tire les mêmes inductions des peintures et des inscriptions qui remontent aux mêmes siècles (5).

(1) V. Lambecius liv. 7, p. 149, des Commentaires sur la Bibliothèque impériale. Vienne 1665. p. 48.

(2) Part. 1. Odopericon p. 229, Florentiæ.

(3) P. XXVI de la Préface. Specimen litteraturæ Florenting seculi XV. Florentiæ 1748.

(4) P. 49. «Seculo X et XI nonnullos latinis non modo sed et græcis lit. teris incubuisse crediderim, et quod insignia veterum codicum per ea tempora conscriptorum exemplaria græca et latina in bibliotheca monachorum Casinensium Florentiæ, ea tempestate constructa adserventur. »

(5) Dalle pitture, mercechè io conservo cinque pitture, alcune delle quali sono assolutamente del secolo XI, se piuttosto non vogliamo dire del X..., che hanno inscrizioni grecche, e non solo nomi, ma inscrizioni di più righe o linee con varie abbreviature condotte, che mostrano la perizia in esse de gli Artefici...

XXVII.

La liste des Italiens hellénisants au XIIe siècle s'ouvre par le nom de Grossolano, archevêque de Milan, mort en l'an 1117. Le pape Pascal II l'envoya à Constantinople pour combattre les restes de la secte de Michel Cérulaire. Trithème (1) le désigne ainsi :

Grisolanus, ecclesiæ mediolanensis archiepiscopus, vir in divinis scripturis eruditissimus et in sæcularibus litteris mirabiliter doctus græca et latina eloquentia insignis." Baronius ajoute à ces détails ceux que voici: «Illud satis perspectum Grisolanum ipsum Constantinopolim cum pervenisset adversus Græcos de spiritu sancto disputationem instituisse coram ipso Alexio imperatore, quam quidem ipsi græce scriptam reliquit (2). A l'archevêque de Milan succède sur la liste des hellénistes italiens, un moine bénédictin du mont Cassin, nommé Pierre Diacre. Cave lui attribue la traduction en latin de quelques livres grecs, entre autres celui d'Eva ou Evax, roi d'Arabie sur les pierres précieuses (3).

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S'il fallait en croire Lebeuf, Gaddi, Launoi, Antoine Favre, Jean Nicolai, et le Père Touron, on ne devrait pas inscrire Saint Thomas d'Aquin parmi les hommes de son temps qui ont connu la langue grecque. En considérant les grands ouvrages de l'ange de l'Ecole, les citations fréquentes qu'il fait d'Aristote et des Pères grecs, le profit qu'il tire des livres grecs, en considé

(1) De scriptoribus Ecclesiasticis n. 397.

(2) P. 54.

(3) P. 55. « Librum Hevæ regis Arabiæ de pretiosis lapidibus ad Neronem imperatorem... de græco in romanam linguam transtulit. Ce livre d'Evax était écrit en Arabe.

rant de plus que beaucoup de Dominicains s'adonnèrent dès lors à l'étude de cette langue, Gradenigo croit qu'il est impossible de refuser à l'auteur de la Somme la connaissance du grec; cependant il demeure dans l'impuissance de réfuter avec autorité cette assertion d'Oudin qui le blesse : « Nesciebat linguas quas appellant exoticas; græca nec tantisper intelligebat (1).

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En rendant compte au pape Eugène III de la mission dont il avait été chargé près de l'empereur Manuel Comnène, par l'empereur Lothaire II, Anselme, archevêque de Ravenne, mort en l'année 1159, cite un Italien, Moïse de Bergame, comme un homme fort instruit dans la connaissance du grec: « Tertius inter alios præcipuus græcarum et latinarum litterarum apud utramque gentem clarissimus Moyses nomine, italus natione, ex civitate Bergamo: iste ab universis electus est, ut utrinque fidus esset interpres. » Quoique ce témoignage soit le seul que Gradenigo ait pu recueillir sur ce Moïse, rien ne nous empèche de l'admettre parmi les Italiens grécisants du XIIe siècle (2).

Le même Anselme fait aussi mention d'un Italien nommé Jacques, issu de Venise, célèbre par sa science du grec aderant quoque non pauci latini, inter quos fuere tres viri sapientes in utraque lingua periti, litteratura doctissimi, Jacobus nomine, Veneticus natione (3). »

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On ne peut refuser l'honneur de figurer sur cette liste à Albéric de Bologne (1150) qui a traduit du grec les Aphorismes d'Hippocrate ('); à Hugues et Léon, deux frères nés en Toscane. Tous les deux ils se signalèrent par leurs discussions avec les Grecs de Constantinople. Voici ce que Thrithême dit de Hugues (5): « Hugo Hete

(1) P. 62. (2) P. 62.

(3) P. 68.

(4) P. 70.

(5) De Script. Eccles. no 398.

rianus, græco et latino sermone ad perfectum instructus, quem tota Græcia mirabatur... scripsit multa præclara volumina tam græce quam latine. » Au numéro 400, il parle ainsi de Léon : « Leo, natione tuscus, imperialium epistolarum sub Emmanuele Græcorum principe magno interpres græco et latino sermone peritus, cujus officium erat epistolas missas imperatori vel aliis mittendas de lingua transferre in linguam. » On lui doit aussi la traduction de la messe attribuée à Saint Jean-Chrysostome, et celle des Oneirocritiques grecs, ouvrage qui contient les diverses opinions des Egyptiens, des Indiens et des Persans sur l'interprétation des Songes (1).

Godefroi de Viterbe a eu de tout temps la réputation dun helléniste instruit. On lui attribuait la gloire d'avoir su un grand nombre de langues, c'était l'opinion de Jean-Baptiste Thiers (), celle aussi de Basile Hérold qui en 1584, dans son Panthéon (3), imprimé à Francfort, écrivait qu'il savait le latin, le grec, l'hébreu, le chaldaïque, et beaucoup d'autres langues étrangères. Muratori, qui a imprimé la plus grande partie de l'histoire de Godefroi de Viterbe, depuis Adam jusqu'à l'année 1186, ne croyait pas qu'il fût aussi savant qu'on le disait. Les Journglistes de Florence n'ont pu malgré leur autorité empêcher Gradenigo de le maintenir parmi les italiens distingués par la connaissance du grec (*).

Huguccio et Burgundio, tous les deux de Pise (1190) ferment la liste du XIIe siècle. Le premier avait composé un dictionnaire étymologique où plusieurs expressions grecques servaient à donner le sens précis et l'étymologie des termes latins; Gradenigo n'a pu se procurer cet

(1) P. 74.

(2) Paris, 1662.

(3) P. 593.

(4) P. 82.

ouvrage. Il a cité le témoignage qu'en a rendu Du Cange dans la préface de son glossaire media et infimæ latinitatis: « Hic parvulus delectabitur suavius... hic didascali quadriviales.... Si quærit quod operis hujus fuerit instrumentum, respondendum est, quod patria pisanus, nomine Hugutio, quasi Vigitio, id est virens terra non solum sibi sed etiam aliis ('). "

Le second, Burgundio, fut chargé d'une ambassade par Frédéric Barberousse auprès de l'empereur Manuel. Nous n'avons pas besoin d'apporter d'autre attestation de son hellénisme que ce qu'il dit lui-même dans le prologue de l'un de ses ouvrages: «Omnibus in Christo fidelibus Burgundio judex et civis pisanus in Domino salutem. Cum Constantinopolim pro negotiis publicis patriæ meæ a civibus meis ad imperatorem Emma-nuelem missus essem... cum beati Joannis Chrysostomi super evangelium S. Mathæi duæ expositiones imperfectæ ab eo conditæ proferantur... prædictum opus integrum de græco in latinum transtuli. » Burgundio traduisit en outre l'Evangile de Saint Jean; il reconnaissait aussi avoir traduit une partie du livre de la Genèse, et l'ouvrage de Saint Jean-Damascène sur la foi orthodoxe. Pignoria, dans sa lettre trente-deuxième nous apprend qu'il avait traduit un traité de Grégoire de Nysse sur l'âme, et le livre de la Vendange tiré de l'ouvrage grec intitulé Γεωπονικά (3).

(1) P. 84.

(2) P. 91, 94. Ce passage important mérite d'être rapporté ici tout entier: « Huic sunt qui adscribant versiones eorum, quæ in Pandectis græce leguntur, licet Accursius bulgarum interpretem esse velit. Porro hic noster tunc tempcris græca lingua inclaruit, et memini me vidisse olim apud nobilissi mum virum et ab eruditionis laude clarissimum, Vincentium Pinellum, Codicem, MS. hoc titulo: Incipit liber Vindemiæ a Domino Burgundio Pisano de græço in latinum translatus, quæ erant Schedia Geoponicon. Incidit etiam in manus meas versio libelli nescio cujus Gregorii Nisseni ita inscripta; liber Beati Gregorii Nisseni incipit : Dominatori Friderico invictissimo Romanorum imperatori, et Cæsari semper Augusto, a Burgundione judice, natione Pisano, translatus anno Incarnationis 1106 indict. XIII.>

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