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seillers au conseil de Brabant. Pierre Dufief soutenait l'accusation. Notre auteur anglais croit aussi que Tindale, dans sa prison, s'occupa d'une édition de la Bible où il employa les expressions usitées parmi les laboureurs et les artisans, pour mieux propager la foi nouvelle dans cette classe de la société. Il convertit, dit-on, le geôlier et toute sa famille. Cependant le terme de sa vie et de ses malheurs approchait. Il fut jugé et condamné en vertu des ordonnances rendues contre l'hérésie. Il subit sa peine à Vilvorde, au mois de septembre 15362. Il montra dans ce moment suprême la plus grande fermeté et le plus grand calme. On dit que ses dernières paroles furent : O Dieu, dessille les yeux du roi d'Angleterre. Après avoir prononcé ces mots, il fut étranglé, puis brûlé. Il déclare dans un passage de ses œuvres qu'il s'attendait à périr ainsi, et qu'il y était résigné. M. Offor prétend avoir trouvé le lieu de l'exécution et désigne un tertre près de la prison actuelle. Plusieurs de ses compatriotes habitant la Belgique ont fait ériger, dit-on, un monument à la mémoire du martyr, à Vilvorde.

1 Il est certain que le procès et les papiers de William Tindale ont dû exister dans les archives du conseil de Brabant. Nous les y avons cherchés, mais en vain. Ces documents auront probablement été égarés. C'est là une perte très-regrettable, pour les Anglais surtout. Cependant nous sommes parvenu à découvrir une lettre autographe de Tindale, rédigée en latin. Elle est sans date et sans adresse, mais écrite du château de Vilvorde, lieu de sa captivité. Elle paraît être adressée au procureur général et montre, sans contredit, que le malheureux Tindale languissait dans les douleurs et les privations.

Le martyrologe des réformés des Pays-Bas contient plusieurs détails sur l'arrestation, la captivité et la mort de Tindale. Nous y renvoyons le lecteur.

2 C'est par erreur qu'on donne pour compagnon de supplice à Tindale un individu nommé Martin Vyer. Cette erreur provient d'un passage mal interprété du registre no 19662 des archives de la Chambre des compte, faisant partie des Archives générales du royaume. Martin Vyer n'a jamais existé. (Voy. A. Wauters, Histoire des environs de Bruxelles, t. II, p. 483, et A. Henne, Histoire du règne de Charles-Quint, t. IX, p. 11.)

1

Tindale paraît avoir été un homme d'un caractère trèsdoux et doué de grandes vertus. Le procureur général lui-même lui rendit la justice de dire qu'il était un fort honnête homme et très-instruit. D'après son portrait, dont la légende placée au-dessous reproduit cette assertion, portrait popularisé par la gravure et qui se voit à l'Université d'Oxford, où un membre de sa famille est encore aujourd'hui professeur, Tindale était de taille moyenne; il avait une belle et grave physionomie. Le front et les yeux sont très-beaux, la bouche est sagace, le nez aquilin, un péu grand, une longue barbe ajoute à la dignité de sa figure.

Voici la liste de ses ouvrages. (Pour les détails bibliographiques, voir les mémoires cités de M. George Offor :) Le Nouveau Testament (près de 40 éditions en ont été publiées). Une grande partie de l'Ancien Testament. — Les Epitres de saint Jean avec commentaires. - Les Corinthiennes. (Tous ces ouvrages sont des traductions.) Livre sur l'Église.

Dispute d'un savetier chrétien contre un prêtre papiste. (Espèce de libelle comme on en vit tant à cette époque.) L'homme pêcheur.

Mariage de Tindale. (mystique; il ne fut jamais marié). Préface pour une édition d'un livre de Wikklefe. Traité pour démontrer la nécessité d'une traduction des Écritures.

Prière et complainte d'un laboureur à Jésus-Christ.
Requéte pour les pauvres.

Traité des Sacrements.

Explication du Testament de William Tracy.
Trois épîtres à Frith.

Traité sur la résurrection et l'état des âmes après la

mort.

Parabole de Mammon.

L'Obéissance du chrétien, réponse aux dialogues de Thomas Morus.

Sentier des Saintes Écritures.

La Pratique des prélats.
De Coena Domini.

De Eclesia adversus Morum.
De Purgatorii parocho.

Quædam opuscula Lutheri.

Enchiridion militis christiani.

Isocratis orationes. (Les trois derniers ouvrages sont des traductions.)

A. GALESLOOT.

ANNEXE.

Lettre autographe de William Tindale.

Credo non latere te, vir prestantissime, quid de me statutum sit. Quam ob rem, tuam dominationem rogatam habeo, idque per Dominum Jesum, ut si mihi per hyemem hic manendum sit, sollicites apud dominum commissarium, si forte dignari velit, de rebus meis quas habet, mittere calidiorem birretum, frigus enim patior in capite nimium, oppressus perpetuo catarro qui sub testitudine nonnihil augetur. Calidiorem quoque tunicam, nam hæc quam habeo admodum tenuis est. Item panum ad caligas reficiendas; duplois detrita est; camisee detrite sunt etiam. Camiseam laneam habet, si mittere velit. Habeo quoque apud eum caligas ex crassiori panno ad superius induendum; nocturna birreta calidiora habet etiam. Utque vesperi lucernam habere liceat. Tediosum quidem est per tenebras solitarie sedere. Maxime autem omnium tuam clementiam rogo atque obsecro ut ex animo agere velit apud dominum commissarium quatenus dignari velit mihi concedere Bibleam hebreicam, grammaticam hebreicam et vocabularum hebreicum, ut eo studio tempus conteram. Sic tibi obtingat quod maxime optas, modo cum anime tue salute fiat. Verum si aliud consilium de me ceptum est, aut hyemem parficiendum patiens ero. Dei expectans voluntatem ad gloriam gratie Domini mei JesuChristi, cujus spiritus tuum semper regat pectus. Amen.

Signé W. TINDALUS.

(D'après l'original trouvé aux Archives du conseil de Brabant.)

UN MOIS EN ANGLETERRE.

Digression.

SIXIÈME LETTRE 1.

Le parc Saint-James.

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La garde montante. - Le vieux drapeau des grenadier-guards. —Les horseguards: beauté; uniforme; chevaux. Réflexions. Le palais de Buckingham. Les environs. Le palais de Saint-James. La colonne d'York. Les clubs d'officiers. Le British Muséum : la salle de lecture; le musée. - Les policemen.

30 avril.

Mon cher Guillaume,

Vous craignez que je ne retranche de mes plaisirs le temps que je passe à vous écrire? Mais, mon ami, c'est pour moi un bonheur, lorsque après une journée de courses, confortablement assis, les pieds dans mes pantoufles, je me mets à noter tout ce que j'ai pu voir et observer. D'ailleurs je me promets une récompense: si je fais, pour compléter mon travail, de longues et minutieuses recherches, parfois infructueuses, mais plus souvent couronnées de succès, je me persuade que vous me relirez avec quel

1 Voir les cinq premières Lettres au précédent volume de la Revue trimestrielle.

que intérêt lorsque vous visiterez cette grande merveille, ce musée universel qu'on nomme la ville de Londres. Si, l'histoire en main, vous observez froidement, consciencieusement, dans tous leurs détails, les innombrables monuments, les gigantesques créations qui surgissent çà et là autour de vous, provoquant chaque fois un nouvel étonnement, vous vous direz avec conviction que la capitale de l'Angleterre est sans rivale au monde; vous serez pardessus tout franchement admirateur de la nation anglaise et de ses institutions. Mais, comme les choses les plus sérieuses ont parfois leur côté comique, vous vous divertirez aussi en écoutant les étranges appréciations, les ridicules jugements, les omnipotentes observations de gens certes très-honnêtes, qui croient être de bonne foi, mais dont l'ignorance sur tout ce qui concerne ce grand peuple, s'étaye de suffisance ou de sottise. Vous vous demanderez si c'est du Kamtchatka ou du pays des Hurons qu'ils entendent parler, et si, réprimant un premier mouvement nerveux, vous vous contentez, comme moi, de dire bien doucereusement, bien traîtreusement: Avez-vous été en Angleterre?... Avez-vous vu Londres?... Vous obtiendrez peut-être une superbe réponse dans le genre de celle que je reçus il y a quelque temps d'un vieillard à cheveux blancs, qui, de l'air le plus solennel, me jeta victorieusement « Non, monsieur, mais... on a fait ses études. >> Cette petite digression m'a détourné de mon sujet; je reprends donc l'itinéraire que je me suis tracé.

Après Westminster Abbey, j'arrive au parc Saint-James (Saint James's Park). J'aperçois d'abord sur la place de la parade, une très-grosse pièce d'artillerie; une inscription m'apprend que ce mortier monstre (pour l'époque) fut trouvé à Salamanque, le 22 juillet 1812, après la retraite des Français, et offert comme témoignage de gratitude par les Espagnols au gouvernement anglais; de l'autre côté de la place, en face, une autre pièce d'artillerie, sorte de longue coulevrine indienne ou chinoise, tout ornée d'arabesques et de dessins capricieux, ne porte aucune inscrip

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