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thèques publiques, ne peut en aucune façon devenir populaire; il est de ceux que les savants connaissent, que les critiques et les historiens de l'art consultent; mais, par son prix et ses dimensions, il appartient à la catégorie de ces œuvres qui acquièrent une réputation et dont le public ne parle que parouï-dire.

M. Bürger a pensé avec raison que son travail ne devait pas rester enfoui, qu'une édition plus modeste, à la portée de toutes les bourses, était nécessaire à ces nouvelles études artistiques. Le même éditeur Muquardt vient donc de publier le Musée d'Anvers dans le format in-18, pour faire suite aux Musées de la Hollande, à la Galerie d'Arenberg, etc.

Ce nouvel ouvrage de M. Bürger ne nous apprend rien que nous ne sachions déjà sur son érudition et sur son sentiment artistiques. C'est la même clarté d'analyse dans un style concis quelquefois jusqu'à la dureté. Ces travaux consciencieux, du reste, faits pour les savants et les artistes, peuvent se passer de grâce. Leur principale qualité, c'est l'appréciation juste des œuvres et des maîtres, et la phrase est d'autant meilleure qu'elle est plus courte et plus lumineuse. Le talent de M. Bürger n'est plus à discuter; il a la science de l'homme tenace et intelligent qui consacre sa vie à des recherches sur le même objet, et ne se laisse détourner de ses études ni par les colères des uns, ni par les acclamations des autres. L'esprit de ces livres sur les Trésors d'Art d'Angleterre, sur les Musées de la Hollande et sur plusieurs galeries particulières, est une sérénité convaincue, que troublent à peine certains sphinx de l'art que M. Bürger s'acharne à vouloir mettre en lumière. Bien qu'un principe absolu soit au fond de la conscience du critique, il sait se plier à toutes les formes, à toutes les manifestations de l'art de tous. les temps; et, tout en affirmant ses sympathies, rendre justice aux génies qui lui sont antipathiques. Quelques-uns lui ont reproché l'énergie de sa passion et la force de sa polémique;. c'est comme si on faisait un crime à l'homme de se bien porter. Pour nous, nous croyons qu'on rencontrera la sincéritéplutôt dans la passion que dans la timidité et la bienveillance; et nous affirmons qu'on doit se fier plutôt à l'esprit rude qu'à l'esprit gracieux, car, pour obtenir la grâce, l'écrivain doit envelopper sa pensée dans une forme qui en amoindrit les con

tours et la fait musicale et harmonieuse au détriment de la clarté et de la concision.

Le livre de M. Bürger sur le musée d'Anvers est à la fois une étude historique et critique et un catalogue. Avis aux touristes qui aiment l'art et que l'école flamande attire sur les bords de l'Escaut.

E. L.

L'Album historique de la ville d'Anvers, gravé par M. J. Linnig, et dont nous avons parlé il y a un an, dans notre volume de juillet 1861, en est aujourd'hui à sa 4e livraison et à sa 20o planche. C'est une œuvre consciencieuse, intéressante, pleine de goût, et l'éloge que nous en avons fait tout d'abord a été confirmé pleinement, Deux vues de l'antique quai du Werf, d'après de vieilles images, sont des souvenirs précieux qu'il importe de conserver. La planche 15 représentant les façades en bois de la place Sainte-Walburge, en partie détruites depuis quelques mois seulement, est l'une des plus belles de l'œuvre de M. J. Linnig. Elle a aussi, par son exactitude, une grande importance pour l'archéologie. Trois gravures sont ensuite consacrées aux vestiges de l'église Sainte-Walburge, la plus ancienne église d'Anvers. Enfin la Vierschare et la maison des chevaliers de l'ordre Teutonique, forment les planches 19 et 20, et cette dernière est encore une fois l'une des meilleures et des plus intéressantes.

Nous avons dit, dans notre premier compte rendu, que M. J. Linnig, travaillait depuis de longues années à conserver par le dessin les spécimens, de jour en jour plus rares, du vieil Anvers. Ses cartons lui fournissent aujourd'hui pour l'album historique qu'il publie, un choix d'un prix inestimable, car on sait avec quelle hâte et quel peu de scrupule la hache des démolisseurs se promène dans nos vieilles cités.

Les notices de M. H. Mertens, qui accompagnent les gravures, sont précises et complètes on ne pourrait en faire de plus bel éloge.

:

Nous avons annoncé la publication des Chefs-d'œuvre du Musée de Bruxelles, par M. Émile Leclercq, ouvrage illustré de 25 photographies faites d'abord par M. Joseph Maes et ensuite par M. G. Neyt, et publié par M. l'éditeur Parent à Bruxelles. Des 25 livraisons, 9 ont paru maintenant et peuvent faire apprécier l'importance de l'entreprise. Ces 9 livraisons sont consacrées, la 1re à Van Eyck, la 2e et la 3e à Stuerbout, la 4e et la 5o à Mabuse, la 6e et la 7e à Van Orley, la 8o à Patenier et la 9e à Pourbus. Puis viendra Rubens, étude que nos lecteurs ont pu lire déjà dans le dernier volume de la Revue trimestrielle.

De telles publications ne sont pas sans doute à la portée de toutes les bourses. 25 livraisons à 7 francs font 175 francs. Mais il s'agit ici de nos gloires les plus précieuses, de nos plus beaux monuments, des chefs-d'œuvre de la peinture, que la tâche de notre siècle est de faire resplendir, comme un stimulant, aux yeux de la génération actuelle. Et quel bienfait, à ce point de vue, que le procédé de la photographie, lorsque l'on compare la valeur vénale de ses produits à celle des gravures! Et quel avantage pour tous, que ce travail d'érudition, d'analyse, de critique respectueuse et réfléchie, poursuivi de toutes parts par les écrivains modernes, et qui fait de jour en jour mieux comprendre et plus généralement apprécier les ouvrages des maîtres, les créations du génie!

L'Amérique, vers laquelle se sont tournés durant de si longues années, toutes les aspirations, tous les rêves des amis de l'humanité, des amis du progrès politique et social, et qui est devenue, depuis tantôt dix-huit mois, l'objet des préoccupations, anxieuses ou perfides, de tout le vieux monde européen, cette Amérique la connaît-on? croit-on la connaître d'après les articles des journaux anglais et français ou les dépêches télégraphiques de l'Agence Havas? Les plus habiles. mêmes s'y fourvoient; les plus enthousiastes et les plus dévoués perdent courage; la réaction universelle triomphe, et les politiques à courte vue s'unissent aux Machiavels-mouches

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pour accabler de leurs dédains le principe sublime de la confédération démocratique.

C'est en ce moment surtout qu'il importe de s'instruire, de recourir aux renseignements sûrs, aux témoignages sincères, afin de s'armer contre le préjugé, la passion, ou l'intérêt plus odieux encore. La Revue trimestrielle a eu le précieux avantage d'offrir à ses lecteurs des études consciencieuses et fortes sur cet important sujet. Voici maintenant une publication qui s'annonce, au moment même où le besoin s'en faisait sentir : il s'agit de la relation d'un long séjour aux États-Unis, écrite par un Belge qui a conquis depuis longtemps de vives sympathies chez ses compatriotes, et dont la véracité ne saurait être mise en doute. Le livre est intitulé: Indiana et Mississipi. Souvenirs d'Amérique; il est édité par Mme Ve Parent, et l'auteur est M. Dulieu, chef de bureau au ministère de l'intérieur.

M. Dulieu a passé huit années dans les États du Sud, et il est de ces hommes qui savent voir, qui savent réfléchir à ce qu'ils ont vu et l'exprimer avec la chaleur contagieuse de l'homme de cœur, avec le charme entraînant de l'homme d'esprit. Ce n'est pas une lecture que l'on fera dans ce livre, c'est un voyage, et un voyage plein d'intérêt, d'émotions, d'enchantements de tout genre.

Le prix spécial fondé par un généreux anonyme pour la recherche de la patrie de Charlemagne et des Carolingiens, a été enfin remporté par deux auteurs, deux historiens, dont le talent déjà reconnu et consacré depuis longtemps, jouit en Belgique des plus vives sympathies. Ce sont MM. Warnkoenig et P.-A.-F. Gérard. Nous attendons impatiemment, avec tout le public intelligent de notre pays, l'apparition de cet immense et consciencieux travail, qui sera, nous ne pouvons en douter, le dernier mot de la science sur une époque obscure et trop peu connue. L'ouvrage sera intitulé: Histoire des Carolingiens dans ses rapports avec l'histoire de Belgique; il formera 2 volumes in-8°.

Nous nous empressons de souhaiter la bienvenue à la Revue flamande, Nederduitsche Maandschrift, qui vient heureusement de combler en Belgique une lacune depuis longtemps regrettable. Nous sommes d'autant plus charmé de cette entreprise que la nouvelle Revue marche avec nous vers un but commun, moral et patriotique, le développement de nos véritables éléments et de nos véritables tendances littéraires. Comme pour mieux nous donner la main, elle publie dans sa première livraison, en flamand, un article que nous publions nous-même, en français, dans le présent volume. C'est M. P.-A.-F. Gérard, l'un de nos plus anciens et de nos plus constants collaborateurs, qui eu cette excellente idée, et qui a écrit dans les deux langues belges, pour être publiée dans les deux Revues sa nouvelle lettre sur l'histoire de Belgique, intitulée : Chlovis, son mariage et sa conversion.

Outre ce travail historique, la première livraison contient une nouvelle de M. Sleeckx, Thekla, de ravissantes poésies de M. Dautzenberg, et une critique littéraire de l'Histoire de Wetteren, de M. J. Broeckaert, par M. Frans de Potter. La variété et la qualité, on le voit, recommandent en même temps ce spécimen de la nouvelle publication.

Les fondateurs de la Revue nous inspirent d'ailleurs toute confiance, et le public trouvera dans leurs noms une véritable garantie de succès. Ce sont MM. Dautzenberg, Frans de Cort, Delcroix, Dodd et Hiel.

ERRATUM.

M. Ch. Potvin nous prie de signaler, dans son article publié dans notre précédent volume sur le Théâtre en Belgique, historique et statistique, une erreur dont l'auteur ne s'est aperçu qu'en faisant la révision de la partie statistique, où il l'a réparée aussitôt (t. p. XXXIV 207), mais qui n'a pu être rectifiée dans la partie historique déjà imprimée.

C'est à la page 168, on y lit :

« Agneessens avait été écrit pour le théâtre de l'Odéon; ce

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