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ne constitue pas une œuvre d'ensemble, un tout complet, un drame tel qu'il nous semble devoir être conçu.

C'est, du reste, la seule critique que nous ayons à faire, et nous nous empressons de conclure avec le rapport << que l'œuvre de M. Sleeckx ne mérite pas seulement d'être comptée parmi les plus belles productions de notre littérature dramatique, mais qu'elle peut entrer en ligne de comparaison avec les œuvres analogues des autres nations. >>

Léonie. Essai d'éducation par le roman, par Mme Eugène Garcin (Euphémie Vauthier). In-12. Bruxelles, Lacroix.

Un essai d'éducation par le roman semblera aux uns chose impossible, aux autres chose niaise et ridicule. Ne nous arrêtons pas au titre, lisons, et non-seulement nous comprendrons l'intention de l'auteur, mais nous comprendrons l'influence bienfaisante que peuvent exercer des ouvrages semblables.

Il y a là une série de lettres : la forme la plus simple, la moins prétentieuse et qui se rapproche le plus de la vie intime. Est-ce un roman? On pourrait le contester; le but de l'auteur, le but moral s'y fait trop sentir dès les premières pages. Mais ce que relève une critique exercée n'est pas de nature à choquer des âmes jeunes dont l'éducation n'est pas faite. Ce n'est point aux autres romans proprement dits qu'il faut comparer ce livre, mais aux autres traités d'éducation, aux autres historiettes que l'on met entre les mains des jeunes personnes et des jeunes gens sous prétexte de leur faire de la morale. Ici la supériorité de Léonie est bien évidente. Pas de sermons, pas de moralité formulée à la suite du récit, rien d'ennuyeux, de guindé, de sévère. Les bons sentiments s'insinuent et ne s'imposent pas; ils ont quelque chose de contagieux; beaucoup de passages font pleurer, et le triomphe d'une telle morale est

certain.

Mieux que ce que nous pourrions affirmer à cet égard, une seule citation le fera comprendre. Nous prenons ce passage presque à la fin du livre.

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Monsieur Desmars, je ne sais, mais je me sens prise

» pour vous d'une immense sympathie. Puis elle ajouta en >> riant tu entends, Léonie, je t'enlève ton mari.

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Oh! je ne crains rien, répondit Léonie en attachant son

>> chapeau.

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>>

Tu ne crains rien? je suis donc peu redoutable?

Ce n'est pas cela, dit en souriant la jeune femme; mais » je suis calme sous ce rapport, vois-tu bien, comme le rocher » au fond de la mer, qui ne tremble pas même au bruit de la » tempête; je suis calme comme l'étoile qui rayonne dans un >> ciel toujours pur, calme comme la fleur attachée au flanc de >> la montagne, et que la main des hommes ne peut atteindre. » Puis elle ajouta, en s'inclinant doucement sur l'épaule de » son mari : lui et moi, vois-tu bien, nous sommes tellement » nécessaires l'un à l'autre, que Dieu seul aura le droit et le » pouvoir de nous séparer. »

Voilà de la morale en action comme il est nécessaire d'en présenter à la jeunesse. Voici maintenant d'excellentes idées sur l'éducation de la première enfance, non moins importantes à tous égards:

«< Je demandai à la jeune femme où elle avait puisé son » mode de première éducation.

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>>

Je l'avais deviné en partie, me répondit-elle. Du jour » où j'ai senti que j'allais être mère, mes pensées n'ont plus eu qu'un but donner à mon enfant, non-seulement la vie du » corps, mais la vie de l'âme. Sur moi retombait toute la responsabilité de son avenir. Le premier pas de l'homme n'im» prime-t-il pas le mouvement à toute son existence? M. Des» mars vint donner une sanction à mes idées. Il avait voyagé » en Allemagne, il avait eu de fréquents entretiens avec une » de ces nobles intelligences qui vivent de l'amour de l'huma»nité. Froebel, le philosophe, le savant, n'avait pas étudié, » lui, l'homme déjà façonné et gâté par nos lois sociales: il » avait étudié l'enfant. Ce qu'on cherche à lui enseigner plus » tard, il voulait qu'on le lui apprît dès ses premiers bégaye>>ments. Il voulait que la lumière morale arrivât à son cœur >> aussi vite que la lumière du jour à ses yeux. Plus tard, il » demanda que ses jeux mêmes l'initiassent à la vie active. En » un mot, il désira en faire à la fois un être de pensée, d'amour, » et un travailleur. Sur cette idée, il combina tout un ingénieux

» système, qui m'a servi pour mes enfants. Que serait-ce, si » l'idée était appliquée dans toute son étendue et sur une vaste » échelle! Oh! comme nous aurions besoin, ajouta en soupi»rant la jeune femme, que le monde se transformât par l'en>> fance! Quand voudra-t-on comprendre enfin ce principe » éternel, que la seule action exercée sur l'enfance peut nous » donner un ordre de choses selon la justice et la vérité? >>

E. V. B.

Éducation de la femme. Revue mensuelle dirigée par Mlle I. Gatti de Gamond. Bruxelles, Ch. Lelong; bureau rue de Londres, 19.

Mile Gatti de Gamond, que son nom seul suffirait à recommander, a eu l'heureuse idée de fonder une Revue qui pût servir de suite et de complément à l'éducation des jeunes filles. Héritière des idées élevées et généreuses de sa mère, M1le de Gamond a compris qu'une belle place était à prendre dans la littérature et dans l'enseignement. Poussée par ce besoin, trop rare, de se rendre utile, de se dévouer, elle a voulu que ses études spéciales et les traditions qu'elle avait reçues de sa mère, pussent profiter au plus grand nombre, et elle convie toutes les jeunes filles, toutes les femmes, toutes les mères à conspirer avec elle pour le bien et le vrai.

« Pourquoi, dit-elle dans l'introduction de son œuvre, les femmes ne s'associeraient-elles pas dans une même pensée de progrès intellectuel et moral? Jusqu'ici elles ont été ennemies entre elles; elles se sont fait la guerre. Ce sont elles qui soutiennent les préjugés les plus nuisibles à notre sexe..... Désormais, unissons-nous; que les lumières de chacune profitent à toutes. Jugeons nous-mêmes avec impartialité quelle est notre condition, comment on peut l'améliorer, et n'attendons pas que l'homme nous prodigue l'encens ou l'insulte, ou bien, sous prétexte de soutenir notre cause, nous fasse souhaiter qu'on ne s'occupe jamais de nous. C'est à la femme qu'il appartient de chercher des garanties à son indépendance morale, sa vertu et son bonheur. >>

L'entreprise est hardie pour une jeune fille, mais elle ne nous est que plus sympathique, et nous lui souhaitons le suc

cès. Mlle de Gamond n'est point seule, du reste, car elle nous promet la publication des œuvres posthumes de sa mère, que le gouvernement belge honora du titre et des fonctions d'inspectrice pour les salles d'asile, les écoles primaires et les établissements destinés à la formation des institutrices. Les livraisons de la Revue que nous avons sous les yeux promettent beaucoup et prédisposeront le public à encourager cette noble entreprise.

E. V. B.

Sommonakodom, codice buddustico siamese (t, haï), manuscrito et dipinto, 1 vol. gr. in-4o, avec un atlas de 70 planches en chromolithographie, publié par B. Biondelli; Milan, éditeurs du Politecnico, G. Daelli et Cie, 1862. Londres, Trubner et Cie. Bruxelles Kiessling.

La religion de Bouddha compte aujourd'hui 400 millions de croyants, presque le tiers du genre humain. Elle réunit dans une foi commune divers peuples, de l'Inde au Japon, du Thibet à la Chine. Elle a sa philosophie et ses superstitions, ses livres saints et ses bibles populaires.

Parmi ces dernières, M. Biondelli a découvert tout récemment une sorte de catéchisme illustré, où ce système religieux est expliqué dans des textes orthodoxes et figuré dans des peintures mystiques. Ce curieux monument consiste en un rouleau d'une seule feuille, très-épaisse, de la longueur de plus de 20 mètres, replié en éventail et se repliant quarante fois.

Une des faces du rouleau contient un exposé du système cosmogonique siamois, des fragments de la vie de Bouddha, et l'épisode de Vesantera Raja. L'autre est composée d'une série de tableaux verticalement disposés, et représentant les divers séjours célestes ou infernaux, de récompense ou de punition, assignés aux âmes des morts, en attendant leur transmigration; la série des peines va depuis le tribunal de Jamaya, dieu de l'enfer, jusqu'au terrible supplice de Tevetat, le frère rebelle de Sommonakodom; la série des récompenses contient les diverses stations de l'âme jusqu'à la plus sublime de toutes, le Nirguani, où s'accomplit l'annihilation du moi, l'absorption de l'âme en Dieu.

Chaque tableau est entouré d'une légende en langue t,haï; et ce monument peut être regardé comme un catéchisme de

la religion de Bouddha, figuré pour le peuple par des peintures allégoriques expliquées dans sa langue natale.

C'est cet ouvrage dont M. Biondelli a commencé la publication à Milan. Il l'a divisé en deux volumes: l'un, composé de cromolithographies, donnera le fac-simile des tableaux avec leurs légendes en siamois; l'autre contiendra une explication du manuscrit, une exposition de la philosophie religieuse. de Bouddha et des légendes relatives à son origine mystérieuse et à ses incarnations, ainsi que la vie de son frère Tevetat. L'auteur y ajoutera en appendice une initiation sommaire à la langue t,haï.

Cette importante publication coûtera 300 francs.

Scientifiquement, elle a une grande valeur; philosophiquement, elle montrera une fois de plus que toutes les superstitions se ressemblent.

L'Italie est loin d'être en arrière dans ces sortes de travaux. Quand on sait que de difficultés présentent ces publications scientifiques, quand on en a vu un si grand nombre échouer même en France, on croit utile de rappeler, à la gloire de l'Itadie, qu'elle en a mené plus d'une à bonne fin. Ainsi le Ramayana de Valmiki n'a pas pu être publié en France; depuis plus de dix ans (1851), M. Parisot a fait paraître le premier volume d'une traduction en prose française sans le texte, dans une édition ordinaire et peu coûteuse, et le second volume se fait attendre encore. M. Goresio, au contraire, en a publié déjà la traduction entière en italien, dans une édition de luxe, et il imprime le texte dont la première partie a déjà paru.

M. Goresio honore son pays, et M. Biondelli marche sur ses

traces.

On a pu voir aux fenêtres de nos libraires la première chromolithographie du manuscrit siamois. L'exécution en est aussi belle que le tableau curieux.

P.

Musée d'Anvers, par W. Bürger.

L'éditeur Muquardt a publié sur le musée d'Anvers un grand ouvrage de luxe, avec texte de M. Bürger, illustré de photographies par M. Fierlants. Cet ouvrage, destiné surtout aux biblio

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