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souffler peu de temps après le coucher du soleil, et dura jusqu'au jour avec une violence inaccoutumée. Je n'avais pas d'abri, la prudence m'interdisait d'allumer du feu. Je me réchauffais avec peine en me serrant contre le flanc de mon cheval, qui, souffrant comme moi de la rigueur des éléments, se tint immobile et sans pâturer durant la nuit entière.

Le lendemain les charrettes arrivèrent l'une après l'autre. Nous terminâmes au milieu du bois les préparatifs de notre exode, et le 16 eut lieu notre départ définitif.

Le train qu'Alejandro Vidal dirigeait se composait de trois charrettes chargées de balles de coton. Crescencio Rodriguez, Félix Casanova et Carlos Uso (orthographié ad libitum) conduisaient les attelages. J'avais six bœufs à manier. Monté sur un cheval docile, qui obéissait au seul mouvement des pieds, je portais des deux mains mon fouet gigantesque, frappant mes bœufs, les excitant au travail, les appelant de leurs noms familiers. Mes compagnons me soulageaient, je dois le dire, de la plupart des travaux matériels. Ils allaient le matin à la recherche des bœufs, ôtaient et mettaient les empiéges, attelaient et dételaient quand nous étions sans témoins. J'avais appris cependant à mettre les animaux sous le joug, et à les manier par les cornes.

Je portais le costume fidèle du roulier mexicain : un feutre lilas à grands bords plats, une lévite (leva) de flanelle jaune, et un pantalon de calicot à raies verticales rouges et blanches.

Nous avions devant nous la prairie vierge, coupée de ses bosquets de grands chênes, alors couverts de feuilles séchées. Nous passâmes, le 17, le Rio-Medina, dont le lit est profondément encaissé dans un banc d'argile, découpé comme à l'emporte-pièce par le courant. Il fallut choisir une route fréquentée pour descendre ces berges, partout ailleurs verticales, de vingt à vingt-cinq mètres d'escarpement. Ailleurs il était convenu de marcher, quand faire se pouvait, par des routes latérales, et de feindre de

s'égarer souvent. On évitait ainsi la plupart des rencontres, et la surveillance qui s'exerçait le long des chemins.

L'herbe était rare et brûlée. Une longue sécheresse, une sécheresse absolue de cinq mois, jointe aux rigueurs du dernier norther, avait détruit les graminées jusqu'à la racine. Nous avions dix paires de boeufs à nourrir. Durant plusieurs jours il fallut abattre de grands arbres, afin que ces animaux se repussent du tillandsia parasite (Tillandsia usneoides), qui étouffe les chênes sous ses masses, et qui pend de leurs branches comme des festons.

Le 21, tandis que nous étions au repos de midi, en deçà de la petite montagne pittoresque de Rocky, nous fûmes rejoints par un transport de troupes en destination de Brownsville. Le train se composait des voitures des officiers, renfermant les femmes et les enfants, de plusieurs chariots de provisions, et d'autres chariots sur lesquels voyageaient les nouvelles recrues. Les officiers, à cheval, s'approchèrent de nous; ils nous firent subir un long interrogatoire, auquel Rodriguez, notre interprète anglais, répondit carrément. Ils tinrent ensuite une courte consultation, et satisfaits apparemment de notre caractère pacifique, ils ne tardèrent pas à s'éloigner. Le retentissement de quelques coups de carabine nous apprit bientôt comment ce détachement en usait avec le bétail des fermiers. Les troupes du Sud ne manquent jamais de viande fraîche elles abattent les jeunes boeufs à coups de fusil, jusque sous les yeux des settlers. C'est, dit-on, un sacrifice que les particuliers doivent à la patrie.

La petite arête du Rocky (en mexicain La Rochetta) fait la séparation des bassins du San Antonio et du Nuecès. Des chênes assez clair-semés couronnent ses cîmes arrondies. Des formations de grès succèdent ensuite à la marne, et le pays change complétement d'aspect. C'est dans le bassin de Nuecès que commence véritablement la zone de la verdure éternelle. Au chêne poteau (Quercus obtusiloba) qui n'a que des feuilles caduques, succèdent

par grandes masses des chênes vifs (Quercus virens) et les caryas aux fruits oblongs (Carya oliviformis). L'herbe toutefois restait très-rare. Les boeufs commençaient à s'abattre de fatigue. Il avait fallu en abandonner plusieurs. Nous espérions trouver de l'eau dans le petit ravin du Wedee (Ouidie), mais il n'y restait que de la boue. Les troupeaux avaient abandonnné d'eux-mêmes ces lieux arides, où nos attelages eurent à passer cinquante-quatre heures sans eau. Le tillandsia aussi avait cessé de garnir les arbres. A chaque étape nous allumions de grands feux, et armés de fourches de bois, coupées dans les buissons du voisinage, nous passions à la flamme les feuilles succulentes du cactus nopal. Le feu ayant détruit les aiguilles dont ces feuilles sont garnies, les bœufs se jetaient avec avidité sur cette nourriture d'une nouvelle espèce, qui avait du moins le mérite de rafraîchir leur palais enflammé.

Il fallait passer le Rio de las Nueces ou Rivière des Noix, dont les rives sont fort escarpées. Il fut décidé que nous traverserions bravement la bourgade d'Oakville. Nous n'ignorions pas que les personnages influents étaient corps et âme pour l'extension de l'esclavage. Dans un meeting récent, les habitants de cette petite ville avaient arrêté qu'ils s'opposeraient à l'exportation du coton par voie de leur commune; mais nous savions aussi que les chefs du parti leur en avaient remontré sévèrement sur ce point. En effet, le coton qui esquive le blocus en prenant le chemin du Mexique, est payé en munitions de guerre, dont le Sud a grand besoin.

C'est le 24 au matin que nous entrâmes dans l'agglomération d'Oakville. Quelques habitants vinrent à nous, sans armes, et dans de dispositions amies. La question du coton les absorbait tout entiers; elle les empêchait de songer aux personnes des charretiers. Tout en s'efforçant de justifier les résolutions de leur meeting, ils nous déclarèrent qu'ils se soumettaient aux vues de leur parti, et qu'ils n'entendaient pas mettre obstacle à notre passage.

<< Votre coton, nous dirent-ils en terminant la conversation, tombera dans les mains des yankees, c'est sûr; mais enfin c'est votre affaire, passez! »

Nous passâmes en effet. Le moindre travail de viabilité rendrait pratiquables aux plus lourdes voitures les bords abrupts de la rivière, qui sont à peine adoucis sur quelques points par le passage répété des chariots. Mes talents de bouvier se trouvèrent en défaut. J'avais attelé à l'arrière une paire de bœufs, qui en se laissant traîner, retiennent la charrette dans les descentes rapides. Je mis du retard à leur donner le signal de la marche, et la chaîne qui les attachait au véhicule se brisa à l'instant du départ. Mes bœufs d'avant, trop faibles pour retenir, sur une pente de douze ou quinze pour cent, la masse qu'ils menaient après eux, accélérèrent le pas, et tout ce que je pus faire pour éviter une catastrophe fut de les diriger à travers les arbres qui bordaient le chemin. La charrette s'y trouva bientôt arrêtée par les chênes; mes compagnons rouliers vinrent à mon aide. Une demi-journée fut nécessaire pour réparer les dommages, remettre le chargement à sa place, et travailler à la hache des jougs de bois vert, destinés à remplacer ceux qui s'étaient brisés.

Le 27, nous fimes étape au bord du ravin de Barbon. Nous étions arrivés après la chute du jour, et l'obscurité ne permettant point de choisir convenablement le lieu du camp, nous avions laissé les chariots parmi les buissons. Vers minuit, Rodriguez, qui était alors en sentinelle, nous réveilla tous, et nous montra les chevaux inquiets, agités, levant la tête, soufflant avec force, se sauvant tour à tour dans différentes directions. Il était évident que ces animaux apercevaient dans les broussailles quelque chose d'étrange, et qu'une attaque se préparait à la fois de plusieurs côtés. Les malheureux Mexicains qui vivent dans ces endroits déserts et sauvages, ne subsistent guère que de la chasse au cheval mustang et du pillage des chariots. Ils se dépouillent de leurs vêtements, se traînent sur le ventre entre les buissons, et lorsqu'ils réussissent à sur

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