Sur ce front pâle et froid je le vis déposer Et, les regards levés au ciel comme pour rendre » C'est qu'elle allait mourir si je tardais d'une heure! >> Chacun le regardait dans la pauvre demeure. << Oh! regardez-le bien, vous l'avez tous connu ! Et la rendre à l'amour plus fort que le trépas ! Puis, m'attirant à part et le doigt sur la lèvre : « Vous savez ce que c'est, monsieur, qu'un peu de fièvre, » Et vous me jurerez n'avoir rien entendu. » Mes pleurs avaient pour moi d'avance répondu. Il nous prit par le bras les uns après les autres, Allons, Lise, dit-il, embrasse notre enfant! Et l'honnête garçon, le sourire à la bouche, Lui tendant au-dessus de son étroite couche Je partis, emportant dans mon âme ravie Depuis lors, j'ai laissé la cité maternelle Qui donnait de quoi vivre aux pauvres d'alentour, Ce n'étaient plus ces champs, cette ingrate nature, R. T. Tant le travail conduit avec intelligence Peut tirer de trésors du sein de l'indigence! J'en bénis le Seigneur, dont se sentait la main ADOLPHE MATHIEU. LA DOMINATION DES DEUX DERNIERS DUCS DE BOURGOGNE EN BELGIQUE. Trois époques principales se dessinent dans notre histoire. La première est celle des communes; les deux autres sont la domination de la maison de Bourgogne et la révolution du xvie siècle. Chacune d'elles a son caractère propre, ses effets particuliers; mais bien que diverses dans leurs éléments et dans leurs influences, elle semblent concourir toutes trois à un but funeste, toutes trois s'unissent et s'enchaînent pour mener insensiblement la Belgique à une ruine presque complète. Placée entre deux époques absolument différentes, entre les deux tendances les plus opposées que puisse offrir la vie d'un peuple, la domination de la maison de Bourgogne, comme toutes les périodes de transition, offre matière à de curieuses études, à de profonds enseignements. Deux règnes la caractérisent complétement et réunissent dans le court espace d'une soixantaine d'années, toutes les gloires et toutes les fautes d'une domination d'un siècle. Philippe le Bon et Charles le Téméraire ne sont pas seulement les deux représentants les plus fidèles de l'esprit de cette puissante famille de Bourgogne : c'est à eux qu'on doit faire remonter directement toutes les influences bonnes ou mauvaises qu'elle a exercées sur la Belgique. Cette époque plus qu'aucune autre de notre histoire est difficile à juger. Son peu de durée et son immense importance, la diversité des événements et des caractères qui s'y mêlent sans cesse, et même une certaine auréole de grandeur qui l'entoure, et, par ses reflets brillants, nous en dénature souvent les véritables couleurs, ont contribué à en faire une sorte de problème que l'on n'est pas encore parvenu à résoudre d'une manière satisfaisante. Aussi, plus que nulle autre, elle repousse tout jugement prématuré; plus que nulle autre, elle exige qu'avant de donner aucune louange ou d'infliger aucun blâme, nous nous livrions à une étude impartiale des faits, et surtout de leurs causes et de leurs résultats. I A partir de l'avénement des ducs de Bourgogne au comté de Flandre, on voit disparaître l'extension politique qu'avaient prise nos villes pendant le xive siècle. Née sur le champ de bataille de Courtrai, la puissance communale tomba à Rosebeke frappée d'un coup mortel. Les cités flamandes s'étaient de tout temps signalées par des institutions et des tendances libérales, que n'avait point le reste de l'Europe. Dès leur origine, elles avaient cherché à s'isoler, à s'émanciper. Mais elles n'étaient pas immédiatement entrées en lutte directe avec les comtes et la féodalité. Elles avaient attendu une occasion favorable, qui leur permît d'attaquer avec succès un pouvoir encore trop fort pour elles. Cette occasion se présenta le jour où les comtes en vinrent aux prises avec les rois de France. Impuissants à soutenir le choc de la chevalerie française, les barons de Flandre durent se retirer, et laisser ainsi ouvert aux |