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τὴν ψυχὴν τοῦ πατρός μου τοῦ Χοδοβηδικιάρε, ὅτι ἀπὸ τὰ πράγματά σας, καὶ ἀπὸ τὰ κεφάλιά σας καὶ ἀπὸ πᾶσα σας πρᾶγμα τίποτας νὰ μὴν σᾶς ἐγγίζω, ἀμὲ νὰ σᾶς ἀναπαύσω νὰ ἦσθε κάλλιον παροῦ πρώην· καὶ διὰ τὸ ἀξιόπιστον ἐδόθη ὁ αὐτός μου όρισ μὸς καὶ ἐπεραιώθη, καθὼς ἄνωθεν εἴρηται, μηνὶ Δεκεμβρίου κς' ἔνδον Κωνσταντινουπόλεως. » Cette lettre rapportée par M. Sathas, qui la tire du III volume de l'Histoire de l'empire Ottoman, par Hammer, nous offre, il nous semble, la corruption à son premier degré.

Chez Koronaios de Zante, le chantre de Buas, on peut suivre le progrès de la décadence. Nous avons dans son style un échantillon de cet idiome gréco-vénitien qu'on a pris longtemps pour le véritable grec moderne, tandis qu'il n'en est qu'un des nombreux dialectes. Nous voyons là, faire irruption, quantité de mots qui n'ont fait que changer de figure sans changer de forme. Nous en donnons ici quelques-uns : Βιτζορήγας, Κομμάτια ἀρτιλαρία, παντιέραις, καρδιναλιών, αρμάδαν, ταὶς λουμπάρδαις, λουμπαρδάροι, τὸ στεντάρδο, πρίτζιπε, γρὰν μαϊστρον, ἡ τέντα, ὁφιτζίο, καντζελαρία, μπαϊλος, κονσέγιο . κάμασι, ἀβάδια τοὺ χαρίσασι, τὸ χαρτί, λάντζαισ, μα, κάμπον, δημησκιὰ μαχαίρια, γρὰν μπασταρδον, ἄλλο νόβο, μπαρό νους, νὰ τριομφάρης, ῥεάμε, λίγαν, σινίορ, Μονσινίορ.

Dans le récit d'Angelo Soumakis, c'est encore bien pis. Le flot des mots italiens monte sans relâche et engloutit presque tout. Le titre même peut faire juger des progrès de cette invasion. Διήγησις τοῦ Ρεμπελίου τῶν ποπολάρων, ce n'est plus du grec. Καπετάνιος, τὸν κάμβο, τὸ ἀβίζο, τοῦ κουβερναδούρου, τοῦ σιρόκκου, κουριεριδεσ, ἕνα μίλι, αλάργου, (al'largo) κουρσάρον, ἐρδινία, τὸν φόρο, ἀρκουμ πουσίαις, ἐμουρμουριζότουνα, τὸ πόρτος, κουμέρκι, μακελίο, ἀβοκάτος, τὴν σάλα, κουστόδια, ῥεσπέτο, σόλταδοι, πίκα, σιγουράρετε, φουρκίσῃ, ρεπάρους, ἐτρούπωσαν, τὸ κανόνι, τζιταδίνοι, ἀβανία, ρόλο, μὲ πᾶσα τρόπο καὶ μόδο, κομεσάριος, δατζίο τῆς δουάνας, τὴν βάρκα, φαμελία, τὸ σπίτι, toutes ces expres

sions et d'autres semblables sont purement italiennes. La chronique de Matésès atteste la même influence. Il suffira d'en extraire ces mots pour le prouver : xxπετὰν γκενεράλες, καπετὰν δε λὰ νάβε, ἴζολα, μπούλμπερι, μπάλαις, φελουκᾶις, γενναριός, φεβρουάρη.

Cependant, comme nous le voyons dans le poëme de la guerre de Crète, le souvenir de l'ancienne langue n'avait pas tout-à-fait disparu, mais c'était moins à Constantinople et dans la Grèce même, qu'en Italie et en Allemagne qu'il fallait aller chercher cette science qui donnait la clef des œuvres d'Homère et de Platon. Tous les détails qu'on peut recueillir sur cette époque dans Martin Crusius attestent que s'il se conservait encore quelques restes d'études dans la Grèce, ils étaient bien faibles et bien languissants; sans doute il y avait une école à côté de l'Eglise de chaque grande ville, mais il n'y était établi aucune distinction de classes et de leçons, un seul maître formait les enfants à la lecture du psautier, des heures et des autres livres rituels. Théodose Zygomalas écrivait en 1581 à Martin Crusius que son père, nommé Jean, avait été appelé à Constantinople, par le patriarche qui s'appelait Jaosaph, pour y enseigner les belles-lettres, dont il était presque seul capable de donner des leçons; qu'il y enseigna en effet la langue grecque et les arts libéraux à environ quinze écoliers.

L'Eglise semblait devoir être l'arche où se conserverait pure la tradition ancienne. En effet, on voit dans les lettres adressées à Crusius qu'il y avait quelques prêtres qui savaient fort bien l'ancienne langue, quelques-uns par tradition de père en fils, d'autres comme les habitants du Péloponèse, de la Crête et de Chio pour avoir étudié dans les Universités d'Italie. On y voit aussi qu'alors le pape faisait venir de la Grèce des enfants et les maîtres qu'il pouvait y trouver pour

les instruire. Mais la langue ecclésiastique usitée dans les sermons et dans les lettres des patriarches, était loin d'être pure. Toutefois les prédicateurs, à ce que rapporte d'Ansse de Villoison, la préféraient au grec moderne, parce qu'il leur était plus facile, disaient-ils, de composer plusieurs discours en grec ecclésiastique, qu'un seul en grec vulgaire. Ils disaient aussi qu'il leur suffisait d'être entendus de deux ou trois personnes. «Si le peuple veut suivre nos sermons, ajoutaient-ils, il n'a qu'à s'adresser au patriarche pour faire prêcher en une autre langue. » Seulement, ajoute le même savant, «ils y mêlent de temps en temps plusieurs mots de grec barbare. » C'est dans cette langue qu'ont été écrites les légendes des saints, ce sont d'énormes volumes remplis de fables qu'on lit au peuple dans les Eglises. C'était aussi dans ce grec ecclésiastique qu'étaient composés les sermons d'Alexis Rartouros dont Crusius faisait le plus grand cas.

L'Eglise, elle-même, ne protégeait donc qu'à demi l'intégrité des souvenirs et de la littérature classiques. Il faudrait même croire qu'elle nuisait à la perpétuité de la tradition, s'il était vrai que, par crainte des censures et de l'excommunication, les moines se refusassent à copier d'autres livres grecs que des livres de théologie. Le voyageur Pierre Belon (1553) remarque qu'au Mont-Athos il n'y avait plus au temps de son voyage autant de savants que par le passé. Il parle, lui aussi, de peines ecclésiastiques portées contre ceux qui copieraient d'autres ouvrages que des œuvres de théologie. Il est juste toutefois d'opposer à ce témoignage celui du médecin J. Commène qui, ayant demeuré longtemps dans les bibliothèques du Mont-Athos, assure qu'on y trouvait un grand nombre d'ouvrages anciens sur toutes sortes de sciences. Le père de Montfaucon, qui rapporte cette autorité, prouve

encore par les suscriptions des calligraphes que les prêtres et les moines avaient souvent écrit des livres de philosophie, d'astronomie, de poétique et d'histoire; il dit que, au temps du voyage de Belon, le moine Mathusalas copiait les ouvrages d'Aristote pour

son usage.

Pourtant, il est bien vrai que les livres mêmes ont disparu de cette malheureuse ville de Constantinople. Nicolas V, Laurent de Médicis, les rois de France y ont envoyé des savants pour acheter à grands frais les manuscrits des anciennes bibliothèques. La Grêce, dit Jean Argyropoulos a passé les Alpes. Comme autrefois, le rhodien Molon, en présence de Cicéron qui dissertait en grec, Argyropoulos admire avec douleur Reuchlin interprétant, en sa présence, sans commettre une seule faute, un passage de Thucydide. C'est désormais en Allemagne, en Italie, en France, à Venise, à Padoue, à Paris, à Tubingue, que les Grecs modernes, jusqu'au jour de leur délivrance, viendront s'instruire, comme Scléros, le poëte de la guerre de Crète. Nous, leur rendrons ce qu'ils nous ont eux-mêmes donné, c'est ainsi que les peuples se transmettent de main en main ce flambeau impérissable de la science.

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