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didissimum sidus eluxit, divini ingenii vir, græcæ et latinæ linguæ primus Florentiæ instaurator (1). »

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Boccace (1380) eut également pour maître le moine Barlaam. Il apprit de lui les premiers éléments de la langue grecque. Il continua ses études sous la direction de Léonce Pilate qu'il mena à Florence. Pendant trois ans, à peu près, il le garda auprès de lui, et se fit expliquer l'Iliade. Non-content de ces leçons particulières, Boccace suivait les leçons publiques que Pilate faisait à Florence sur Homère. Il acquit ainsi une instruction assez honnête en grec. C'est ce qu'il dit luimême (*). « Ipse ego fui qui primus ex latinis a Leontio Pilato in privato Iliadem audivi. Ipse insuper fui, qui ut legerentur publice libri Homeri operatus sum. Et esto, non satis plene perceperim; percepi tamen quantum potui; nec dubium si permansisset homo ille vagus diutius penes nos, quin melius percepissem. Sed quantulacumque ex multis didicerim; nonnullos tamen præceptoris demonstratione crebra integre intellexi, eosque prout opportune visum est, huic operi miscui (3). » Gianotto Manetti, qui vécut quelques années après Boccace répète ce témoignage et y ajoute encore(*). Au chapitre 6 du liv. V de la Généalogie des Dieux, Boccace fait un long éloge de son maître.

XXX.

Il n'avait pas échappé au studieux Girolamo Gradenigo que, sous les princes Normands on parlait quatre

(1) P. 135.

(3) Lib. XV, c. 7 delle Genealogie degli Dei.

(3) P. 138.

(1) «Tantum tamen exinde hoc suo disciplinæ tempore reportavit, ut inter cætera Iliadem, atque Odysseam præclara Homeri poemata intellexerit, verum etiam non nullos alios poetas ab exponente magistro percipiens, multa suo egregio genealogiarum operi opportune admodum inseruerit. >

langues en Sicile, et, principalement à Palerme; le grec, l'arabe, le latin et le normand. Il signalait à la curiosité des investigateurs une foule d'actes et de priviléges écrits en grec. Ces pièces ont été récemment l'objet de savantes recherches de la part des Muller, des Michlosich, des Pitra, des Theiner, des Tafel, des Thomasau au point de vue de l'histoire générale. Elles viennent enfin d'être étudiées au point de vue des relations privées par M. Salvatore Cusa, professeur de Paléographie et de langue arabe à l'Université de Palerme, qui en a publié un volume in-folio en 1868 (1).

(1) I Diplomi Greci ed Arabi di Sicilia, publicati nel testo originale, tradotti ed illustrati da Salvatore Cusa, professore di Paleografia e di lingua araba nell' Università di Palermo. Vol. 1. part. 1. Palermo 1868. Ma un periodo è stato sempre, ed a preferenza studiato dagli storici nostri. Esso è quello di cui si è detto, il normanno-svevo, quello a cui ha fissato in ogni tempo lo sguardo il Siciliano, come a un punto bianco nel nero orizzonte.... I nomi di Fazello, Antonino Amico, Mongitore, Testa, Gregorio, Di Blasi, Palmeri etc... Come di coloro che a quest'opera si sono applicati, suonano sempre cari per noi. p. VII... Pure, in mezzo a tanto lavoro, un vuoto s'é sentito da tutti, e in ogni tempo lamentato; un elemento essenziale è mancato alla progredita Conoscenza delle carte nostre tutte e de' diplomi in ispecie, quella, cioè, delle membrane scritte in greco ed in arabo, p. IX.

La Sicilia in quel tempo per ragion di commercio o di guerra, frequentata ne' suoi porti, quasi città franche, da genti d'ogni paese e di ogni lingua, Pisani, Veneziani, Genovesi, Schiavoni, Provenzali etc, molti dei quali vi aveano stanza e quartiere, annoverava a preferenza fra i suoi abitanti, oltre agl' indigeni ed agli Ebrei, Greci et Saraceni; i quali, in gran numero dal primo Normanno stremati ed alla morte dell'ultimo Svevo quasi totalmente scomparsi, in proporzione sempre decrescente vi duraron pel corso delle due dinastie; abitando i primi più le coste e l'Oriente dell' isola, ed i secondi l'interno e l'Occidente. Parlavan essi, quantunque naturalizzati, la lingua propria, ed in quella scriveano; gli atti da' proprî notai venivan nelle diverse loro lingue redatti; e le autorità istesse negli affari che quelli concerneano, bene spesso ne usavano l'idioma, tal fiata solo, tal'altra insieme al latino. E nel principio della Conquista, gli atti publici e privati scritti in greco ed in Arabo, dovean essere in gran numero; avvegnachè queste lingue eran allora molto diffuse, e le sole forse che si scrivissero in tutti i paesi dell'isola. Rivissuto poscia il latino, ed innalzato al grado di lingua ufficiale e letterata pe' naturali, quegli idiomi restarono tuttavia alle transazioni private di Greci e Saraceni; e ne' contratti che gli uni egli altri co' naturali si ebbero, furon essi pure, unitamente al latino, adoprati. La cultura era tutta greca, come anche la chiesa, cui erano assoggettati vil. lagi e paesi non pochi; ed i Normanni duraron tempo e fatica, finchè non ottennero, che la cultura e chiesa latina si avessero il disopra... p. X.

M. Cusa a reconnu, outre la valeur de ces documents pour l'histoire générale de la Sicile l'intérêt qu'ils offrent aux érudits et aux philologues pour l'étude de la littérature grecque pendant le moyen âge. C'est un champ tout nouveau qui s'ouvre à peine à l'activité des hommes laborieux. Tandis que certains savants cherchent dans ces contrats, témoins de la vie privée, des renseignements sur la condition des peuples qui jadis habitaient la Sicile, d'autres y suivent le développement de la langue, et dans sa corruption même, jusque dans les solécismes dus à l'ignorance, ils saisissent le germe de l'idiome vulgaire qui se parle aujourd'hui dans la Grèce. Ainsi le philosophe et le philologue y recueillent des détails dignes de toute leur attention (1).

Dans le riche trésor des Grandes Archives de Palerme, fondées en 1864 par un décret du roi d'Italie, M. Cusa a choisi, pour en faire spécialement l'objet de ses études des diplômes arabes et grecs. Reprenant ainsi un travail qu'avait commencé Lascaris au XVe siècle, alors qu'il enseignait la littérature grecque à Messine, que Montfaucon, trois siècles plus tard (1708) avait illustré, par ses heureuses découvertes, que Tardia, Salvatore Morso et d'autres encore avaient poursuivi avec des chances et des succès divers, M. Cusa nous permet de voir de quel usage était la langue grecque dans la Sicile, comment elle se conservait encore au XIe siècle assez pure dans les écrits de quelques moines, tandis que le plus souvent elle se défigurait dans les mains de ceux mêmes qui auraient dû la préserver des mutilations de l'ignorance.

(1) P. XII. Documenti e raconti d'ogni genere, Carte logore et consunte scritte in greco barbaro, si traggon fuori ogni giorno in esame al filosofo ed al filologo e mentre il primo si afferra alle piccole notizie, che in sua mano bastino a spiegar lo svolgimento della vita de' popoli; l'altro vi sa leggere un altro svolgimento, quello della lingua, e nella stessa corruzione, sin nei solecismi, trova il germe del volgare greco odierno.

XXXI.

Jusqu'à l'époque des Croisades, nous n'avons pu signaler que des rapports souvent interrompus entre l'Occident et Constantinople; à partir de ces expéditions célèbres ils deviennent plus suivis, et les deux mondes un instant semblent se confondre. Ce fut surtout à partir du XIII° siècle que l'Empire grec se vit, pour son malheur, devenir un objet de trop vif intérêt pour les princes croisés. La prise de Constantinople en 1204, la conquête, qui s'en suivit, des îles grecques et de la Morée, sont des faits aussi curieux qu'inattendus. On vit des aventuriers venus de la Flandre, de la Bourgogne et de la Champagne se partager un vaste et riche pays comme un navire désemparé battu par les vagues de la mer καθάπερ ὁλκάδα μεγάλην ἀνέμοις ἀγρίοις καὶ κύμασι θαλαττίοις συνειλημμένην (4).

A peine établis dans leurs nouveaux domaines, ces maîtres s'appliquèrent à faire régner partout les usages de leur pays. Ils ne se piquèrent point d'apprendre la langue des vaincus, ni de se conformer à leurs habitudes, au contraire ils leur imposèrent les leurs. Faire une France nouvelle dans l'ancien Empire grec, telle fut leur volonté, et ils purent croire y avoir réussi. Nous avons raconté ailleurs (2) comment l'empire grec, régi par les Assises du royaume de Jérusalem, devint une terre féodale. Les dignités de Connétable, de Maréchal, de grund-queux, de grand-échanson, de grand

(1) Nicéphore Gregoras, liv. I. c. 2.

(2) Voir nos études sur la littérature grecque moderne, 1 vol. Paris 1866.

panetier remplacèrent les titres Byzantins de protovesliaire, de grand-duc et de grand-domestique (').

Les lois de la chevalerie, ses jeux, ses principes et ses traditions devinrent bientôt familiers à la nation

grecque. Les romans de la France devinrent l'objet de l'imitation des écrivains de la Grèce. Le Vieux Chevalier, les Amours de Lybistros et de Rhodamné, de Bertrand et de Chrysantza, de Flore et de Blanchefleur, de Pierre de Provence et de Margarona, le récit des Malheurs de Bélisaire, celui des Aventures d'Alexandre-le-Grand, les Noces de Thésée et d'Emilie, sont là pour attester cette influence de notre littérature sur l'esprit des Grecs dans la Morée et dans les îles de l'Archipel. Le français se parlait partout dans le Péloponnèse. Raymond Muntaner y retrouvait la pureté parisienne. De jeunes grecs étaient envoyés en France, à Paris, dans un college constantinopolitain, établi dans cette ville, à l'effet de les instruire aux belles manières et au beau langage des conquérants français. Le pape Honoré III pouvait donc écrire en toute vérité à la reine de France, en parlant de ces pays conquis : « Ibique noviter quasi Nova-Francia est creata (3). "

Il put se flatter aussi un moment que l'Eglise latine avait vaincu et remplacé l'Eglise grecque dans sa propre patrie. Le pape Innocent III ne tarda pas à comprendre de quelle utilité la conquête de Constantinople pouvait être pour le triomphe de la foi romaine, il ne négligea rien pour en tirer profit. Bien convaincu que les malheurs de la Grèce étaient la peine méritée de son hérésie,

(') Imperiales magistratus et magisteria, sive palatii officia, ut Græci, vetere Græcorum Augustorum more, constituta vocant, et dignitate nominis latini, innovavit, imperiumque Constantinopolitanum aulæ francicæ instar. etiam informavit et descripsit Paulus Rhamnusius, de bello Constant. T. III, p. 142. Note de M. Jean Romanos dans l'étude dont il a fait précéder le travail de Charles Koph sur Gratianos Zorzès, év Kɛpxúpa 1870, p. 24.

(2) Buchon, Eclaircissements, etc, p. 19.

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