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voici « Catholicon vel Lexicon, minime est pro illa ætate contemnendum. » La première édition est de 1450 (Mayence). Il a été très-souvent réimprimé, et traduit en français; il servait encore en 1759 dans les écoles de Paris (1).

Pierre Appone ou d'Abano, nommé encore Petrus Paduanus, avait étudié la philosophie, la médecine et l'astrologie (1298). On peut croire que, suivant le dicton populaire en France, il s'était persuadé que « médecin sans grec est prestre sans latin. » La médecine, en effet, tirait un si grand profit des livres grecs, ou des livres arabes traduits en grec qu'il semble probable que Pierre d'Abano ne dut point ignorer cette langue. Ces conjectures sont confirmées par le témoignage de Jacques Philippe de Bergame, contemporain et presque compatriote du savant qui nous occupe. Il dit de lui qu'il ajouta beaucoup aux problèmes d'Aristote et qu'il traduisit plusieurs ouvrages de Galien (2). On a dit que Pierre d'Abano avait été ou à Constantinople ou à Athènes ou dans quelque île grecque. Il est difficile de le prouver; mais on ne saurait lui refuser l'honneur de terminer cette liste des neuf italiens hellénistes au XIIIe siècle (3).

(1) P. 105.

(2) Bibliotheca Latina, D. Marci, p. 213. «Patria Patavinus... eruditissimus vir imprimis ad Aristotelis problemata multa addidit..... librum quoque Galeni de Collera nigra de regimine sanitatis... cum aliis multis ipse transtulit. » A la bibliothèque Saint-Marc de Venise parmi les restes des manuscrits que Pétrarque avait donnés à l'Eglise du même nom on lit : « explicit liber G. Galeni Terapeutice methodi, et per consequens explicit, quam deficiebat hic prius de translatione Ugotionis VIII. Libri Terapeutice facultatis completa translatus per Magistrum Petrum Paduanum. » P. 107. (3) P. 108

XXIX.

En 1311, au début du XIVe siècle, un concile général était assemblé à Vienne, en France; le principal objet de ses délibérations était la réunion des deux Eglises de l'Orient et de l'Occident. Il parut aux évêques qui composaient cette assemblée qu'on ne pouvait espérer d'obtenir la réunion des deux Eglises, et de la maintenir, si une fois elle était opérée, qu'à la condition d'une connaissance suffisante de la langue grecque de la part des théologiens de l'Occident. Il fut donc décrété qu'on ouvrirait des écoles publiques destinées à l'enseignement des langues orientales dans un grand nombre de cités importantes de l'Italie, comme à Bologne, à Rome et partout où la Curie romaine pourrait résider. Il devait y avoir dans chacune de ces villes deux maîtres chargés d'enseigner la langue grecque, et de travailler à traduire en latin les livres écrits dans la langue de Constantinople. S'il est vrai de dire que le texte imprimé des décrétales ne fait mention que des langues hébraïque, chaldaïque et arabe, il faut savoir que la langue grecque est désignée dans le texte manuscrit du décret (Rome 1751). C'est ce qu'affirme Joseph Caraffa, dans un ouvrage intitulé de Professoribus Gymnasii Romani (1).

Au Concile général de Lyon, rassemblé pour le même objet que celui de Vienne, Humbert de Romans, cin

(1) P. 117. « In antiquioribus codicibus Græca lingua additur Hebraicæ, Chaldaicæque, et quidem congruenter ad optimum pontificis consilium de hisce studiis instituendis. Duó enim Clementem (V) patresque Viennenses ad hanc orientalium linguarum notitiam commendandam potissimum impulere. Quorum unum est, ut divinæ litteræ, quæ Hebræo, Græcove scriptæ fuerunt sermone, et in Arabicum, Syriacum, Chaldaicum translatæ, melius faciliusque intelligerentur, ac explanarentur; alterum ut Orientales a Catholicis dissidentes facilius commodiusque ad unitatem perducerentur. >

quième maître général de l'ordre des prédicateurs croyait que la connaissance du grec était la plus nécessaire des choses pour procurer la réunion des deux Eglises. Il regrettait que dans la Cour Romaine il y eût si peu d'hommes au courant de la langue grecque, et qu'on fût obligé d'avoir recours à des interprètes toujours suspects « de quibus nescitur utrum intelligant aut decipiantur (1) ».

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Pour répondre aux voeux du Concile de Vienne, Clément V ouvrit à Rome une école de grec. Burton reconnaît que cette institution eut les plus heureux effets. Ils ne restèrent pas enfermés dans l'Italie, ils se firent sentir même à l'Angleterre, car cet historien attribue à l'institution de cette école les progrès qu'on vit se produire en grec dans la Grande-Bretagne (2).

On peut dire à la gloire des Dominicains en général qu'ils ont été pleins de zèle à répandre le grec, et parmi eux on signale Dominique Cavalca qui traduisit en latin beaucoup de livres grecs (3).

L'Ordre de Saint-François produisit dans ce siècle quelques Frères instruits dans les langues de l'Orient. Un d'eux, contemporain de Cavalca, fut le frère Angelo Del Cingolo. On vantait en lui le savoir et l'éloquence; on l'admirait surtout pour ses connaissances en grec. Il traduisit l'ouvrage de Jean Climaque, le Dialogue de Macaire, et un traité de Saint Jean-Chrysostome. C'est ce qui résulte d'une notice écrite par le Jésuite Rader (Radero) dans la première édition de Paris. de Jean Climaque. Après cela, il n'y a pas à s'arrêter au

(1) P. 118.

(2) P. 118. « Maxime vero floruerunt apud nos ista doctarum linguarum studia ex quo Clementis quinti constitutione in Concilio Viennensi apud nos cum paucis aliis Academiis instituta sunt atque commendata. Hinc tanquam ex equo trojano provenerunt viri præstantissimi atque harum litterarum studiis longe celebres. »

(*) P. 121.

sentiment d'Ambroise le Camaldule qui refuse au frère Angelo Del Cingolo la connaissance du grec (*).

Crémone qui, au siècle précédent, avait déjà compté des hellénistes parmi ses enfants, ajoute à cette liste quelques autres grécisants, Valentin Emarson, médecin mort en 1310; Denis Plasonio, mort en 1360, « Græcæ, latinæ, Hebraïcæ linguæ ornatisimus,liberalium artium peritissimus. » Renaud Persichello, mort en 1370, était un maître distingué de belles-lettres et surtout de grec, au point de traduire en vers latins les odes de Pindare. Thomas de Zacharie et Hortensius Panerinio sont loués par l'historien de Crémone, François Arisi, (Cremona Letteraria) pour leur savoir grec.

Tartarotti dans sa Storia imperiale ed Ecclesiastica, cite Jean de Vérone comme helléniste. Il dit de lui : « Dando anche più indizj di non essere stato del tuto privo della lingua greca (*). »

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Pierre de Bracco, de Plaisance, qui vécut après Pétrarque et Boccace, était assez au courant de la langue grecque pour traduire deux discours de Démosthène et quelques dialogues de Lucien. Gradenigo,déclare n'avoir vu nulle part ces traductions (3).

François Pétrarque (1304-1374) ne peut certainement pas passer pour un helléniste, il est vrai pourtant qu'il reçut des leçons de grec du moine Barlaam. En remerciant Sigier Precori de l'Homère qu'il lui envoyait, il écrit ceci au livre IX de ses lettres familières, dans la deuxième : « Barlaamum nostrum mihi mors abstulit, et ut verum fatear, illum ego mihi prius abstuleram. Jacturam meam, dum honori ejus consulerem, non

()...Nam et Joannis Climaci piissimum, opus, et Macarii Dialogum, et libellum quemdam D. Joannis Chrysostomi polito, elegantissimoque stylo ex græco in latinum transtulit. » P. 123.

(2) P. 127.

(3) P. 127.

aspexi; itaque dum ad Episcopium scandentem sublevo, magistrum perdidi, sub quo militare coeperam magna cum spe. » Pétrarque reconnaît lui-même qu'il avait fait peu de progrès dans la langue d'Homère, il regrettait que Precori ne fût pas auprès de lui pour lui expliquer le grand poète, il ne désespérait pas pourtant d'arriver un jour à comprendre Homère : « Summum utique et si verum rei pretium exquiritur, inestimabile munus habeo, cuique nil possit accedere, si cum Homero tui quoque præsentiam largieris, qua duce peregrinæ linguæ introgressus angustias lætus, et voti compos dono tuo fruerer... Neque præterea mihi spes eripitur ætate hac provectus in litteris vestris, in quibus ætate ultima profecisse adeo cernimus Catonem. " Quelques historiens littéraires ont refusé à Pétrarque le mérite d'avoir su le grec. Humphry Hody lui a été plus favorable. Il a pensé que Pétrarque, privé des leçons de Barlaam, avait continué à s'instruire auprès de Léonce Pilate, le maître de Boccace; il va même jusqu'à penser que Pétrarque a bien pu être l'auteur d'une traduction de l'Iliade qui se conserve, dit-il, dans la Bibliothèque royale de Paris : « Sic enim legitur in indice quodam quem vidi Bibliothecæ regiæ: MS. Homerica Iliadis versio lat. Francisci Petrarchæ. » C'est une erreur de la part de Hody. Pétrarque a donné lui-même les moyens de l'éviter quand il a écrit dans ses lettres ('): « habui Homerum, quique græcus ad me venit mea ope et impensa factus est latinus, et nunc inter Latinos volens mecum habitat. » Si Bandini donne à Pétrarque l'éloge d'avoir restauré dans Florence l'étude du grec, il faut l'entendre dans ce sens qu'il a plus agi par ses conseils que par ses travaux en faveur de l'hellénisme. “ Paulo post Franciscus Petrarca Florentinæ litteraturæ splen

(1) Seniles, lib. XV, à Luca Penna.

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