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rianus, græco et latino sermone ad perfectum instructus, quem tota Græcia mirabatur... scripsit multa præclara volumina tam græce quam latine. » Au numéro 400, il parle ainsi de Léon : « Leo, natione tuscus, imperialium epistolarum sub Emmanuele Græcorum principe magno interpres græco et latino sermone peritus, cujus officium erat epistolas missas imperatori vel aliis mittendas de lingua transferre in linguam. » On lui doit aussi la traduction de la messe attribuée à Saint Jean-Chrysostome, et celle des Oneirocritiques grecs, ouvrage qui contient les diverses opinions des Egyptiens, des Indiens et des Persans sur l'interprétation des Songes (').

Godefroi de Viterbe a eu de tout temps la réputation dun helléniste instruit. On lui attribuait la gloire d'avoir su un grand nombre de langues, c'était l'opinion de Jean-Baptiste Thiers (3), celle aussi de Basile Hérold qui en 1581, dans son Panthéon (3), imprimé à Francfort, écrivait qu'il savait le latin, le grec, l'hébreu, le chaldaïque, et beaucoup d'autres langues étrangères. Muratori, qui a imprimé la plus grande partie de l'histoire de Godefroi de Viterbe, depuis Adam jusqu'à l'année 1186, ne croyait pas qu'il fùt aussi savant qu'on le disait. Les Journalistes de Florence n'ont pu malgré leur autorité empêcher Gradenigo de le maintenir parmi les italiens distingués par la connaissance du grec (*).

Huguccio et Burgundio, tous les deux de Pise (1190) ferment la liste du XIIe siècle. Le premier avait composé un dictionnaire étymologique où plusieurs expressions grecques servaient à donner le sens précis et l'étymologie des termes latins; Gradenigo n'a pu se procurer cet

(1) P. 74.

(2) Paris, 1662.

(3) P. 593.

(4) P. 82.

ouvrage. Il a cité le témoignage qu'en a rendu Du Cange dans la préface de son glossaire mediæ et infimæ latinitatis: «Hic parvulus delectabitur suavius... hic didascali quadriviales.... Si quærit quod operis hujus fuerit instrumentum, respondendum est, quod patria pisanus, nomine Hugutio, quasi Vigitio, id est virens terra non solum sibi sed etiam aliis (1).

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Le second, Burgundio, fut chargé d'une ambassade par Frédéric Barberousse auprès de l'empereur Manuel. Nous n'avons pas besoin d'apporter d'autre attestation de son hellénisme que ce qu'il dit lui-même dans le prologue de l'un de ses ouvrages: «Omnibus in Christo fidelibus Burgundio judex et civis pisanus in Domino salutem. Cum Constantinopolim pro negotiis publicis patriæ meæ a civibus meis ad imperatorem Emmanuelem missus essem... cum beati Joannis Chrysostomi super evangelium S. Mathæi duæ expositiones imperfectæ ab eo conditæ proferantur... prædictum opus integrum de græco in latinum transtuli. » Burgundio traduisit en outre l'Evangile de Saint Jean; il reconnaissait aussi avoir traduit une partie du livre de la Genèse, et l'ouvrage de Saint Jean-Damascène sur la foi orthodoxe. Pignoria, dans sa lettre trente-deuxième nous apprend qu'il avait traduit un traité de Grégoire de Nysse sur l'âme, et le livre de la Vendange tiré de l'ouvrage grec intitulé Γεωπονικά (3).

(1) P. 84.

(2) P. 91,94. Ce passage important mérite d'être rapporté ici tout entier: « Huic sunt qui adscribant versiones eorum, quæ in Pandectis græce leguntur, licet Accursius bulgarum interpretem esse velit. Porro hic noster tunc tempcris græca lingua inclaruit, et memini me vidisse olim apud nobilissimum virum et ab eruditionis laude clarissimum, Vincentium Pinellum, Codicem, MS. hoc titulo: Incipit liber Vindemiæ a Domino Burgundio Pisano de græco in latinum translatus, quæ erant Schedia Geoponicon. Incidit etiam in manus meas versio libelli nescio cujus Gregorii Nisseni ita inscripta; liber Beati Gregorii Nisseni incipit : Dominatori Friderico invictissimo Romanorum imperatori, et Cæsari semper Augusto, a Burgundione judice, natione Pisano, translatus anno Incarnationis 1106 indict. XIII»

XXVIII.

Le XIIIe siècle ne fut pas plus que le XII privé, en Italie, de la connaissance du grec. En tête de ces hellénisants il faut placer le célèbre jurisconsulte de Florence, Accurse (1229). On lui a longtemps attribué, et on lui attribue encore ce dicton Græcum est non legitur. S'il était vrai qu'il fût de lui, ou qu'il vint d'une ignorance absolue du grec, Accurse ne pourrait prétendre à l'honneur que lui fait Gradenigo de l'inscrire au rang des hellénistes. Alberico Gentili n'hésite pas au contraire à lui accorder cette science. Il remarque en effet que dans sa traduction des Pandectes il a expliqué avec beaucoup de justesse un grand nombre de mots grecs qui se rencontrent dans le texte. Il en tire le jugement que voici: «Si græcam linguam non calluisset Accursius, nulla verba græca procul dubio esset interpretatus, et tamen interpretatus est recte multa. » Il déclare en outre que dans toutes les gloses d'Accurse qu'il a lues, il n'a jamais trouvé la mention græcum est non legitur. Ego, Accursii glossemata omnia non legi, at ea verba, græcum est ullibi sint, ignoro; credo tamen non esse uspiam. » Dans sa Vie de Papinien ('), Evrard Ottone confirme l'opinion de Gentilli en s'appuyant sur la justesse heureuse avec laquelle Accurse a traduit tous les mots grecs de son texte. Gradenigo ne veut pas accepter l'opinion de Burton (2) qui attribue au jurisconsulte Accurse le dicton græcum est, non, dit celui-ci, qu'il ignorât le grec, mais parce qu'il redoutait les mauvaises interprétations de l'Eglise de Rome où la langue grecque était suspecte et la science de l'hébreu passait presque pour héré

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(1) Brême 1743, p. 67.

(2) Histoire de la langue grecque.

tique. Burton dit en effet : « Notum est illud Francisci Accursii quoties ad Homeri versus a Justiniano citatos pervenit græcum est, inquit, non potest legi. De iisdem temporibus intelligendus Claudius Espencæus.... cum ait Græcum aliquid nosse fuisse suspectum, Ebraice autem prope Hæreticum. » Voilà donc encore un de ces mots historiques qu'il faut se résigner à oublier (').

Pendant que le jurisconsulte Accurse de Florence enseignait à Bologne, cette cité avait l'honneur de posséder parmi ses enfants le dominicain Bonaccurse. Il s'était de bonne heure appliqué à l'étude et surtout à celle du grec. Il fut donc, vers l'année 1230, envoyé en Orient afin d'y éteindre le schisme de Photius. En prêchant la parole de Dieu soit à Candie, soit à Négrepont, ou même dans Constantinople, il se rendit la langue grecque si familière qu'il composa en grec et en latin plusieurs ouvrages utiles aux missionnaires. Entre ces ouvrages, il faut citer le Thesaurus veritatis fidei.

L'an 1320 un dominicain du nom d'André Dotto trouva ce traité dans les manuscrits du couvent de l'île de Négrepont. C'est probablement le même ouvrage qui est cité par Lequien dans la préface de son édition de Saint Jean-Damascène. Il dit qu'en feuilletant les manuscrits de la Bibliothèque de Colbert, il mit la main sur un ou deux qui contenaient une collection de morceaux extraits des écrivains ecclésiastiques et surtout des ouvrages des Pères grecs que Bonaccurse avait traduits du latin en grec (3).

Crémone revendique la gloire d'avoir eu dans ce siècle quatre hellénistes. Ferdinand Bresciani qui vivait en

(1) P. 98.

(3) P. 100. « Qui collectionem latino-græcam continet variarum Laciniarum et Patrum Scriptorum, et Ecclesiasticorum, ac præsertim Græcorum operibus congestarum, quos Bon-Accursius ord. præd. alumnus sæculo XIII, medio ex idiomate latino in græcum transtulerat ut nostris usui essent adversus schismaticos. >>

l'an 1226, Girolamo Salinerto, médecin fort célèbre vers l'an 1230, Valère Stradiverto à peu près à la même époque, et Rodolfino Cavalliero à la fin du XIIIe siècle. Le savant Arisi, dans sa Cremona Letteraria (1), cite deux volumes de lettres rédigées en grec qui appartiennent au premier; il dit du second qu'il fut au courant du grec«litterarum et vocum græcarum non expers; » du troisième qu'il se distingua non-seulement par la finesse de ses pensées et la force de ses raisonnements, mais encore par la connaissance des langues latine, grecque et hébraïque; sur le quatrième enfin il rapporte cette inscription qui se lit, dit-il, dans l'Église du SaintSépulcre : Rudolfinus Cavallerius Phys. clariss. Philos. et astronomus eruditissimus, Græcæ et hebraicæ linguæ doctissimus in hoc tumulo jacet, qui obiit IX. Kal. octobris anno ab incarnatione Domini MCCLXXXXVII (2). »

Jean Babbi vers l'an 1286 a illustré Gênes, sa patrie, et l'Ordre des Frères Prècheurs par son profond savoir. On peut lire dans Bayle les éloges qu'il lui donne. Il n'était pas étranger à la langue grecque, on peut le conclure de ce qu'il dit au début de son Theologicon, qui se conserve en manuscrit à la bibliothèque du Vatican: hoc difficile est scire et maxime mihi non bene scienti linguam græcam (3).» Son Catholicon ou Lexicon prouve qu'il savait plus de grec qu'il ne le dit par un sentiment de modestie. On a prétendu qu'il n'avait fait que copier les lexiques de Papia et d'Huguccione; quoi qu'il en soit de cette allégation, on ne peut pas croire qu'il ait été totalement étranger à la connaissance du grec. Ce lexique a mérité de Fabricius () l'éloge que

(1) T. I. p. 106 etc. Parme 1702.

(2) P. 103.

(3) Echard, T. I, Scriptor. Ord. Prædic. p. 462.

(1) T. I, p. 162. Bibl. Mediæ et infimæ latinit, edit. Patavina.

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