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ses fils. L'ouvrage manuscrit a été vu à Turin par Gradenigo. Partout où il se présente quelque mot grec, Papia en donne la signification en latin; il interprète les mots grecs avec assez de compétence. L'exemple suivant avait déjà frappé le marquis Maffei au mot Charitė, Papia cite cinq vers d'Hésiode, tirés de l'original grec. Voici comment il les donne et la traduction dont il les fait suivre :

Τρίς δὲ οἱ εὐρυνομυ χαρίτας τεκε καλλιπάρηους
Ωλεανοῦ κουρη πολυήρατον είδος εδοσα
Αγλαϊην χαι ευφροσυνεν θαλίηντ ερατεινσω
Των κι απο Βλεφαρων έρος ειδεται δερχομενων
Λυσιμελεσ χαλον δήποφρυο δάχρυονται.

Trisque Jovi charitas præstanti corpore nata
Oceano tulit Eurinone. Si nomina quæris,
Aglaje prima: Euphrosine Thalieque sequuntur.
Ex oculis pulchrum aspiciunt intentius harum.
Sidereis irrorat amor lascivus ocellis (').

Cette citation se trouve à la page 26 du dictionnaire de Papia. Il adressait son ouvrage à ses fils.

Dominico Marengo, Patriarche de Venise, fut beaucoup plus versé que Papia dans la connaissance de la langue grecque. En l'année 1073 il fut envoyé par Grégoire VII vers l'empereur Michel, à Constantinople, pour rétablir l'unité entre les deux églises. Il écrivit à Pierre, évêque d'Antioche, une lettre en grec, que Cotelier a publiée dans le tome second des Monuments de l'Eglise grecque. Ducange fait mention de cet écri

() Voici les vers d'Hésiode si cruellement défigurés :

Τρεῖς δὲ οἱ Εὐρυνόμη Χάριτας τέκε καλλιπαρήους
Ὠκεανοῦ κούρη, πολυήρατον εἶδος ἔχουσα,
Αγλαίην τε καὶ Εὐφροσύνην, Θαλίην τ' ἐρατεινήν·
Τῶν καὶ ἀπὸ βλεφάρων ἔρος εἴβετο δερκομενάων
Λυσιμελής · καλὸν δὲ θ ̓ ὑπ ̓ ὀφρύσι δερκιόωνται.

Θεογονία, 907.

vain à la page

XLIV du tome II de son glossaire Medic et infimæ græcitatis (1).

André de Milan, Ambroise de Bergame sont désignés par Landolfo, au tome quatrième des Historiens de l'Italie, comme ayant été versés tous les deux dans la connaissance du grec. On y lit en effet les mentions suivantes : «De decumanis (dignité spéciale de l'Eglise de Saint-Ambroise) autem Andreas Sacerdos in divinis et humanis, græcis et latinis sermonibus virilis, seu decorus. » Au chapitre 23o du même ouvrage, on lit: «Sermo Ambrosii in latinis litteris et græcis eruditi; ideo biffarius dictus (2).

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Sur la fin du XIe siècle, l'an 1086, un italien du nom de Jean passa à Constantinople et s'y fit remarquer par les doctrines étranges qu'il y répandit. Muratori, au tome III' des Antiquités d'Italie pendant le moyen âge, cite le jugement que porte sur lui Anne Comnène au livre V de l'Histoire d'Alexis. Cotelier (3) déclare qu'il est connu des gens même d'une instruction médiocre. Il y a lieu de s'étonner que Fabricius n'en ait rien dit dans sa Bibliothèque, mediæ et infimæ ætatis (*).

Quoiqu'il faille bien se garder d'attribuer à Jean l'italien les éloges qu'Anne Comnène fait de Michel Psellus, erreur qu'avait commise Muratori, il n'en est pas moins vrai, qu'au témoignage de la princesse Anne, Jean interprétait dans des leçons publiques, à Constantinople, les philosophes les plus renommés de

(1) P. 44.

(2) P. 44.

(3) T. 1, p. 375. dans les notes de ses Monumenta Ecclesiæ Græcæ. Paris, 1677.

(4) Edit. de Paris 1651. p. 144, de Venise 1720, p. 115. Voici le passage d'Anne Comnene : Παιδείας τοίνυν λογικῆς ἐξ ἐκείνων μετασχῶν καὶ Μιχαὴλ ἐκείνῳ τῷ Ψελλῷ ἐν ὑστέρῳ προσωμίλησεν, ὃς οὐ πάνυ τοι παρὰ διδασκάλοις σου φοῖς ἐφοίτησε. Διὰ φύσεως δὲ δεξιότητα, καὶ ὀξύτητα... εἰς ἄκρον σοφίας ἁπάσης ἐληλακώς, καὶ τὰ Ἑλλήνων, καὶ τὰ Χαλδαίων ἀκριβωσάμενος, γέγονε τοῖς τότε χρόνοις περιβοήτος ἐν σοφίᾳ. Τούτω γοῦν ὁ Ἰταλὸς προσομιλήσας...

la Grèce, Platon, Aristote, Proclus et Porphyre. Il est bien probable qu'il parlait grec. Le même historien fait remarquer qu'il n'avait pu attrapper la vraie prononciation, et qu'en écrivant le grec il lui échappait souvent des solécismes et des barbarismes. Il y a en outre dans les manuscrits de la Bibliothèque de Vienne un livre grec de Jean l'italien sous ce titre : Μέθοδος ρητορικῆς κατὰ σύνοψιν (1).

Lami fait observer (2) que le grand nombre de manuscrits grecs conservés à Florence, et qui datent du X® et du XI° siècle, attestent combien l'érudition grecque fut alors répandue dans cette cité que Marcello Adriani appelle la mère et la nourrice des belles connaissances et en particulier des lettres grecques, « madre e nutrice delle belle cognizioni, e in particolare delle lettere grecche. » Angelo Maria Bandini (3), confirme ce témoignage (*).

Un autre érudit nommé Manni, tire les mêmes inductions des peintures et des inscriptions qui remontent aux mêmes siècles (5).

() V. Lambecius liv. 7, p. 149, des Commentaires sur la Bibliothèque impériale. Vienne 1665. p. 48.

(2) Part. 1. Odopericon p. 229, Florentiæ.

(3) P. XXVI de la Préface. Specimen litteraturæ Florentine seculi XV. Florentiæ 1748.

(4) P. 49. Seculo X et XI nonnullos latinis non modo sed et græcis litteris incubuisse crediderim, et quod insignia veterum codicum per ea tempora conscriptorum exemplaria græca et latina in bibliotheca monachorum Casinensium Florentiæ, ea tempestate constructa adserventur. »

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(3) Dalle pitture, mercechè io conservo cinque pitture, alcune delle quali sono assolutamente del secolo XI, se piuttosto non vogliamo dire del X..., che hanno inscrizioni grecche, e non solo nomi, ma inscrizioni di più righe o linee con varie abbreviature condotte, che mostrano la perizia in esse de gli Artefici... *

XXVII.

La liste des Italiens hellénisants au XIIe siècle s'ouvre par le nom de Grossolano, archevêque de Milan, mort en l'an 1117. Le pape Pascal II l'envoya à Constantinople pour combattre les restes de la secte de Michel Cérulaire. Trithème (1) le désigne ainsi : « Grisolanus, ecclesiæ mediolanensis archiepiscopus, vir in divinis scripturis eruditissimus et in sæcularibus litteris mirabiliter doctus græca et latina eloquentia insignis." Baronius ajoute à ces détails ceux que voici : « Illud satis perspectum Grisolanum ipsum Constantinopolim cum pervenisset adversus Græcos de spiritu sancto disputationem instituisse coram ipso Alexio imperatore, quam quidem ipsi græce scriptam reliquit (2). » A l'archevêque de Milan succède sur la liste des hellénistes italiens, un moine bénédictin du mont Cassin, nommé Pierre Diacre. Cave lui attribue la traduction en latin de quelques livres grecs, entre autres celui d'Eva ou Evax, roi d'Arabie sur les pierres précieuses (3).

S'il fallait en croire Lebeuf, Gaddi, Launoi, Antoine Favre, Jean Nicolai, et le Père Touron, on ne devrait pas inscrire Saint Thomas d'Aquin parmi les hommes de son temps qui ont connu la langue grecque. En considérant les grands ouvrages de l'ange de l'Ecole, les citations fréquentes qu'il fait d'Aristote et des Pères grecs, le profit qu'il tire des livres grecs, en considé

(1) De scriptoribus Ecclesiasticis n. 397.

(2) P. 54.

(3) P. 55. « Librum Hevæ regis Arabiæ de pretiosis lapidibus ad Neronem imperatorem... de græco in romanam linguam transtulit. » Ce livre d'Evax était écrit en Arabe.

rant de plus que beaucoup de Dominicains s'adonnèrent dès lors à l'étude de cette langue, Gradenigo croit qu'il est impossible de refuser à l'auteur de la Somme la connaissance du grec; cependant il demeure dans l'impuissance de réfuter avec autorité cette assertion d'Oudin qui le blesse : « Nesciebat linguas quas appellant exoticas; græca nec tantisper intelligebat (1).,

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En rendant compte au pape Eugène III de la mission. dont il avait été chargé près de l'empereur Manuel Comnène, par l'empereur Lothaire II, Anselme, archevêque de Ravenne, mort en l'année 1159, cite un Italien, Moïse de Bergame, comme un homme fort instruit dans la connaissance du grec: « Tertius inter alios præcipuus græcarum et latinarum litterarum apud utramque gentem clarissimus Moyses nomine, italus natione, ex civitate Bergamo: iste ab universis electus est, ut utrinque fidus esset interpres. Quoique ce témoignage soit le seul que Gradenigo ait pu recueillir sur ce Moïse, rien ne nous empêche de l'admettre parmi les Italiens grécisants du XIIe siècle (2).

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Le même Anselme fait aussi mention d'un Italien nommé Jacques, issu de Venise, célèbre par sa science du grec : « aderant quoque non pauci latini, inter quos fuere tres viri sapientes in utraque lingua periti, litteratura doctissimi, Jacobus nomine, Veneticus natione (3).»

On ne peut refuser l'honneur de figurer sur cette liste à Albéric de Bologne (1150) qui a traduit du grec les Aphorismes d'Hippocrate ('); à Hugues et Léon, deux frères nés en Toscane. Tous les deux ils se signalèrent par leurs discussions avec les Grecs de Constantinople. Voici ce que Thrithême dit de Hugues (5): « Hugo Hete

(1) P. 62.

(2) P. 62.

(3) P. 68.

(1) P. 70.

(5) De Script. Eccles. no 398.

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