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nunc finis super te: tout va finir pour vous en « ce moment. Tranchez, concluez; fac conclusio« nem » (1). « Frappez l'arbre infructueux qui n'est « plus bon que pour le feu: Coupez l'arbre, arra<< chez ses branches, secouez ses feuilles, abattez ses fruits» (2): périsse par un seul coup tout ce qu'il avoit avec lui-même ! Alors s'éleveront des frayeurs mortelles et des grincements de dents, préludes de ceux de l'enfer. Ah! mes freres, n'attendons pas ce coup terrible! le glaive qui a tranché les jours de la reine est encore levé sur nos têtes; nos péchés en ont affilé le tranchant fatal. « Le glaive que « je tiens en main, dit le Seigneur notre Dieu, est ‹ aiguisé et poli: il est aiguisé, afin qu'il perce; il « est poli et limé, afin qu'il brille » (3). Tout l'uni vers en voit le brillant éclat. Glaive du Seigneur, quel coup vous venez de faire! Toute la terre en est étonnée. Mais que nous sert ce brillant qui nous étonne, si nous ne prévenons le coup qui tranche? Prévenons-le, chrétiens, par la pénitence. Qui pourroit n'être pas ému à ce spectacle! Mais ces émotions d'un jour, qu'operent-elles? un dernier endurcissement, parcequ'à force d'être touché inutilement, on ne se laisse plus toucher d'aucun objet.

«

(1) EZECH.C.7, v. 23.

Clamavit fortiter, et sic ait: Succidite arborem . et præcidite ramos ejus; excutite folia ejus, et dispergite fructus ejus. DAN. c. 4, V. II.

(3) Hæc dicit Dominus Deus, Loquere: Gladius, gladius exacutus est et limatus. Ut cædat victimas exacutus est; ut splendeat limatus est. EZECH. C. 21, V. 9, 10.

Le sommes-nous des maux de la Hongrie et de l'Autriche ravagées? Leurs habitants passés au fil de l'épée, et ce sont encore les plus heureux; la captivité entraîne bien d'autres maux et pour le corps et pour l'ame: ces habitants désolés, ne sont-ce pas des chrétiens et des catholiques, nos freres, nos propres membres, enfants de la même église, et nourris à la même table du pain de vie? Dieu accomplit sa parole: « Le jugement commence << par sa maison » (1), et le reste de la maison 'ne tremble pas! Chrétiens, laissez-vous fléchir, faites pénitence; appaisez Dieu par vos larmes. Ecoutez la pieuse reine qui parle plus haut que tous les prédicateurs: écoutez-la, princes; écoutez-la, peuples; écoutez-la, monseigneur, plus que tous les autres. Elle vous dit par ma bouche, et par une voix qui vous est connue, que la grandeur est un songe, la joie une erreur, la jeunesse une fleur qui tombe, et la santé un nom trompeur. Amassez donc les biens qu'on ne peut perdre; prêtez l'oreille aux graves discours que S. Grégoire de Nazianze adressoit aux princes et à la maison régnante: « Respectez, « leur disoit-il, votre pourpre, respectez votre puis<< sance qui vient de Dieu, et ne l'employez que pour « le bien. Connoissez ce qui vous a été confié, et le grand mystere que Dieu accomplit en vous: il se réserve à lui seul les choses d'en-haut; il partage << avec vous celles d'en-bas: montrez-vous dieux aux

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(1) Tempus est ut incipiat judicium a domo Dei.

I Pet. c. 4. v. 17.

peuples soumis, en imitant la bonté et la magnifi« cence divines »(1). C'est, monseigneur, ce que vous demandent ces empressements de tous les peuples, ces perpétuels applaudissements, et tous ces regards qui vous suivent. Demandez à Dieu, avec Salomon, la sagesse (2), qui vous rendra digne de l'amour des peuples et du trône de vos ancêtres ;, et quand vous songerez à vos devoirs, ne manquez pas de considérer à quoi vous obligent les immortelles actions de Louis le Grand, et l'incomparable piété de Marie-Thérese.

(1) Imperatores, purpuram vereamini.... Cognoscite quantum id sit, quod vestræ fidei commissum est, quan-, tumque circa vos mysterium.... Supera solius Dei sunt; infera autem vestra etiam sunt. Subditis vestris deos vos præbete. ORAT. 27, p.471. B.

(2) Sap. c. 9.

FIN DE L'ORAISON FUNEBRE DE MARIE-TH. d'autriche.

D'ANNE DE GONZAGUE DE CLEVES,

PRINCESSE PALATINE,

prononcée en présence de monseigneur le Duc, de madame la Duchesse, et de monseigneur le duc de Bourbon, dans l'église des carmélites du faubourg Saint-Jacques, le neuvieme jour d'août 1685.

APPREHENDI te ab extremis terræ, et a longinquis ejus vocavi te: elegi te, et non abjeci te: ne timeas, quia ego

tecum sum.

Je t'ai pris par la main pour te ramener des extrémités de la terre: je t'ai appelé des lieux les plus éloignés je t'ai choisi, et je ne t'ai pas rejeté: ne crains point, parceque je suis avec toi (1). « C'est Dieu même qui parle ainsi. »

«

MONSEIGNEUR,

Je voudrois que toutes les ames éloignées de Dieu, que tous ceux qui se persuadent qu'on ne peut se vaincre soi-même ni soutenir sa constance parmi les combats et les douleurs, tous ceux enfin

(1) ISA. c. 41, v. 9, 10.

qui désesperent de leur conversion ou de leur persévérance, fussent présents à cette assemblée; ces discours leur feroient connoître qu'une ame fidele à la grace, malgré les obstacles les plus invincibles, s'éleve à la perfection la plus éminente. La princesse à qui nous rendons les derniers devoirs, en récitant selon sa coutume l'office divin, lisoit les paroles d'Isaïe que j'ai rapportées. Qu'il est beau de méditer l'écriture sainte! et que Dieu y sait bien parler non seulement à toute l'église, mais encore à chaque fidele selon ses besoins! Pendant qu'elle méditoit ces paroles (c'est elle-même qui le raconte dans une lettre admirable), Dieu lui imprima dans le cœur que c'étoit à elle qu'il les adressoit. Elle crut entendre une voix douce et paternelle qui lai disoit: « Je t'ai ramenée des extrémités de la « terre, des lieux les plus éloignés » ( 1-), des voies détournées où tu te perdois, abandonnée à ton prosi loin de la céleste patrie et de la véri.table voie qui est Jésus-Christ; pendant que tu disois en ton cœur rebelle, Je ne puis me captiver, j'ai mis sur toi ma puissante main, et j'ai dit: Ta seras ma servante, je t'ai choisie dès l'éternité, et je n'ai pas rejeté ton ame superbe et dédaigneuse. Vous voyez par quelles paroles Dieu lui fait sentir l'état d'où il l'a tirée: mais écoutez comme il l'encourage parmi les dures épreuves où il met sa patience : « Ne crains point » au milieu des maux dont tu te sens acccabée, « parceque je suis

pre sens,

(1) ISA. c. 41, v. 9, 10.

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