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mais il réserve une plus douce familiarité aux justes qui sont ses anciens et perpétuels amis; puiss'il dit, parlant du prodigue, « Qu'on lui rende << sa premiere robe» (1); il ne lui dit pas toutefois, Vous êtes toujours avec moi», ou, comme S. Jean le répete dans l'Apocalypse: «Ils sont tou"jours avec l'Agneau, et paroissent sans tache de«vant son trône »; sine macula sunt ante thronum Dei. (2)

Comment se conserve cette pureté dans ce lieu de tentations, et parmi les illusions des grandeurs du monde, vous l'apprendrez de la reine : elle est de ceux dont le Fils de Dieu a prononcé dans l'Apocalypse: « Celui qui sera victorieux, je le ferai comme « une colonne dans le temple de mon Dieu »;, faciam illum columnam in templo Dei mei (3): il en sera l'ornement, il en sera le soutien par son exemple; il sera haut, il sera ferme. Voilà déja queique image de la reine. « Il ne sortira jamais du « temple »; fɔras non egredietur amplius (4). Immobile comme une colonne, il aura sa demeure fixe dans la maison du Seigneur, et n'en sera jamais séparé par aucun crime. « Je le ferai», dit JésusChrist, et c'est l'ouvrage de ma grace. Mais com

(1) Dixit pater ad servos suos: Citò proferte stolam primam, et induite illum. Luc. c. 15, v. 22. (2) Sine macula sunt ante thronum Dei. Aroc. c. 14, v. 4, 5.

(3) Qui vicerit, faciam illum columnam in templo Dei mei. IBID. c. 3, v. 12.

(4) Foras non egredietur amplius. IBID. c. 3, v. 12,

ment affermira-t-il cette colonne ? Écoutez, voici le mystere; « et j'écrirai dessus » (1), poursuit le Sauveur, j'éleverai la colonne; mais en même temps je mettrai dessus une inscription mémorable. Eh! qu'écrirez-vous, ô Seigneur? Trois noms seulement, afin que l'inscription soit aussi courte que magnifique: «J'y écrirai, dit-il, le nom de mon Dieu, et le nom de la cité de mon Dieu, la nou« velle Jérusalem, et mon nouveau nom » (2). Ces noms, comme la suite le fera paroître, signifient une foi vive dans l'intérieur, les pratiques extérieures de la piété dans les saintes observances de l'église, et la fréquentation des saints sacrements; trois moyens de conserver l'innocence, et l'abrégé de la vie de notre sainte princesse. C'est ce que vous verrez écrit sur la colonne; et vous lirez dans son inscription les causes de sa fermeté, et d'abord: « J'y écrirai, dit-il, le nom de mon Dieu », en lui inspirant une foi vive. C'est, messieurs, par une telle foi que le nom de Dieu est gravé profondément dans nos cœurs. Une foi vive est le fondement de la stabilité que nous admirons; car d'où viennent nos inconstances, si ce n'est de notre foi chancelante? parceque ce fondement est mal affermi, nous craignons de bâtir dessus, et nous mar chons d'un pas douteux dans le chemin de la vertu.

APOC. c. 3, v. 12.

Scribam super eum nomen Dei mei, et nomen civitatis Dei mei, novæ Jerusalem... et nomen meum novum. IBIDY

La foi seule a de quoi fixer l'esprit vacillant; car écoutez les qualités que S. Paul lui donne: Fides sperandarum substantia rerum ; « La foi, dit«il, est une substance » (1), un solide fondement, un ferme soutien. Mais de quoi? de ce qui se voit dans le monde? Comment donner une consistance, ou, pour parler avec S. Paul, « une substance » et un corps à cette ombre fugitive? La foi est donc un soutien, mais des choses « qu'on doit espérer ». Et quoi encore? Argumentum non apparentium: «< c'est une pleine conviction de ce qui ne paroît << pas». La foi doit avoir en elle la conviction. Vous ne l'avez pas, direz-vous: j'en sais la cause; c'est que vous craignez de l'avoir, au lieu de la demander à Dieu qui la donne; c'est pourquoi tout tombe en ruine dans vos mœurs, et vos sens trop décisifs emportent si facilement votre raison incertaine et irrésolue. Et que vent dire cette conviction dont parle l'apôtre, si ce n'est, comme il dit ailleurs, une soumission de « l'intelligence entièrement cap«< tivée » (2) sous l'autorité d'un Dieu qui parle? Considérez la pieuse reine devant les autels, voyez comme elle est saisie de la présence de Dieu : ce n'est pas par sa suite qu'on la connoît, c'est par son attention et par cette respectueuse immobilité qui ne lui permet pas même de lever les yeux. Lé

(1) Fides sperandarum substantia rerum, argumentum non apparentium. HEB. C. II, V. Í.

(2) In captivitatem redigentes omnem intellectum in obsequium Christi, 2 Cor. c. 10, v.5.

sacrement adorable approche: ah! la foi du centurion, admirée par le Sauveur même, ne fut pas plus vive, et il ne dit pas plus humblement: «Je ne,

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suis pas digne » (1). Voyez comme elle frappe cette poitrine innocente, comme elle se reproche les moindres péchés, comme elle abaisse cette tête auguste devant laquelle s'incline l'univers: la terre, son origine et sa sépulture, n'est pas encore assez basse pour la recevoir; elle voudroit disparoître tout entiere devant la majesté du roi des rois. Dieu lui grave par une foi vive dans le fond du cœur ce que disoit Isaïe : « Cherchez des antres profonds, cachez-vous dans les ouvertures de la terre << devant la face du Seigneur et devant la gloire. « d'une si haute majesté », (2)

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Ne vous étonnez donc pas si elle est si humble sur le trône. O spectacle merveilleux et qui ravit en admiration le ciel et la terre! vous allez voir une reine qui, à l'exemple de David, attaque de tous côtés sa propre grandeur et tout l'orgueil qu'elle inspire; vous verrez dans les paroles de ce grand roi la vive peinture de la reine, et vous en reconnoîtrez tous les sentiments. Domine, non est exaltatum cor meum! «O Seigneur, mon cœur ne «s'est point haussé » (3)! voilà l'orgueil attaqué dans sa source. Neque elati sunt oculi mei; «mes re

(1) MATT. c. 8, v. 8.

(2) Ingredere in petram, et abscondere in fossa humo a facie timoris Domini, et a gloriâ majestatis ejus. Isa.

c. 2, v. 10.

(3) PSAL. 130, V. I.

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«gards ne se sont pas élevés » : voilà l'ostentation et le faste réprimés. Ah! Seigneur, je n'ai pas eu ce dédain qui empêche de jeter les yeux sur les mortels trop rampants, et qui fait dire à l'ame arrogante : « Il n'y a que moi sur la terre» (1). Combien étoit ennemie la pieuse reine de ces regards dédaigneux! et, dans une si haute élévation, qui vit jamais paroître en cette princesse ou le moindre sentiment d'orgueil, ou le moindre air de mépris? David poursuit: Neque ambulavi in magnis, neque in mirabilibus super me: «Je ne marche point dans de « vastes pensées, ni dans des merveilles qui me pas< sent ». Il combat ici les excès où tombent naturellement les grandes puissances. « L'orgueil, qui << monte toujours » (2), après avoir porté ses prétentions à ce que la grandeur humaine a de plus solide ou plutôt de moins ruineux, pousse ses desseins jusqu'à l'extravagance, et donne témérairement dans des projets insensés, comme faisoit ce roi superbe (digne figure de l'ange rebelle) « lorsqu'il « disoit en son cœur: Je m'éleverai au-dessus des «nues, je poserai mon trône sur les astres, et je serai semblable au Très-Haut » (3). « Je ne me perds

(1) Dicis in corde tuo: Ego sum, et non est præter me amplius. ISA. c. 18, v. 8.

(2) Superbia eorum qui te oderunt ascendit semper. PSAL.73, v. 23.

(3) Qui dicebas in corde tuo: In cœlum conscendam ; super astra Dei exaltabo solium meum.... Ascendam super altitudinem nubium: similis ero Altissimo. Isa. e. 14, v. 13, 14.

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