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tages sur les Autrichiens, et c'est un miracle que notre armée ait survécu aux trahisons de Dumourier. Si cette trahison était arrivée à son terme, nos places fortes auraient été livrées à l'ennemi, et c'en était fait de la liberté.

› Pour assurer le salut de la République, il faut que tous les officiers suspects, placés par Beurnonville et ses complices, soient chassés; il faut ensuite, pour purger l'intérieur, chasser tous les agens du pouvoir exécutif; il faut renouveler le directoire des postes; il faut chasser Clavière, l'artisan de tous nos maux, le protecteur de l'agiotage. Toute la France le proscrit, et le comité de salut public ne tardera pas à le chasser.

› Un fléau non moins redoutable, ce sont les papiers publics soudoyés par nos ennemis étrangers. Il est bien singulier qu'ils soient les défenseurs de Dumourier, les interprè es de Cobourg, et qu'ils s'unissent à nos ennemis pour égarer l'opinion publique et étouffer la liberté.

> Une mesure révolutionnaire et indispensable, c'est de créer des papiers patriotes et de proscrire tous ceux que l'aristocratie enfante et protége.

› C'est sur la Convention nationale que nous devons fixer nos regards. Daus son sein il existe un parti qui veut la perte de la République; ce parti a été déconcerté par la découverte de la trahison de Dumourier; mais il conserve encore une grande force, et il la puise dans son système de calomnie, et dans les journaux qui lui sont dévoués et qui corrompent l'esprit public. Je vous ai dit que les ennemis que la République a au sein de la Convention veulent favoriser la contre-révolution par la convocation des assemblées primaires. Cette vérité est sensible. Plusieurs départemens sont déjà, en quelque sorte, en état de contre-révolution. Les choix seraient influencés par les riches, par les égoïstes: le plan de nos ennemis est de ressusciter l'aristocratie. Les assemblées primaires seraient un instrument de guerre civile: parce que le peuple est égaré, il faut s'attacher à l'instruire.

› Les chefs de la faction profitent de l'indignation qu'ils ailu

ment dans le cœur des citoyens, pour les forcer à convoquer les assemblées primaires; il faut éviter ce piége. Notre objet doit être de déconcerter la manoeuvre de nos ennemis, qui ont voulu profiter de la pétition pour calomnier les patriotes. Ils ont ima. giné des moyens pris dans la source même du patriotisme. On vous a parlé d'un courrier arrêté à Bordeaux. J'ignore de quelles dépêches était porteur ce courrier. Le projet de nos ennemis est de dénoncer encore une fois les Jacobins, de remplir la République de calomnies, d'horreurs et d'intrigues, pour opérer un mouvement favorable aux armées étrangères. Je suis instruit qu'il est faux que six mille Marseillais soient en marche pour se rendre à Paris. Si vous avez ordonné l'impression et l'affiche de la lettre de Marseille, c'est un arrêté sur lequel vous pouvez revenir, parce qu'il pourrait fournir à nos ennemis un nouveau prétexte de renouer leurs intrigues.

› Je propose donc à la société : 1° de rapporter l'arrêté par lequel elle a ordonné la publicité et l'affiche de la lettre de Marseilie, et d'attendre de nouveaux renseignemens à ce sujet; 2o de prendre connaissance du contenu des dépêches du courrier arrêté à Bordeaux. ›

Desfieux appuie ces propositions, et assure au surplus que la lettre de Marseille est vraie et que les six mille hommes sont réellement partis.

Je vais, a ajouté Desfieux, donner à Robespierre des explications sur les dépêches du courrier arrêté. La société a jugé qu'il était indispensable de ranimer l'opinion publique. Le moyen d'éclairer les départemens était de leur dévoiler toutes les trames des généraux et de leurs complices. En conséquence votre comité a fait un historique de tout ce qu'il savait, et tous les membres de la société ont été appelés, et ont concouru à cet historique qui a servi de base à cette adresse pour laquelle Marat est persicuté; et si Marat est compromis pour avoir signé cette adresse, tous -les députés de la Montagne, tous les membres de cette société, qui ont signé cette adresse, seront compromis ainsi que tous les patriotes qui la signeront.

› L'arrestation de notre courrier dépose contre nos ennemis; c'est un acte arbitraire qui prouve qu'ils craignent la lumière. Tout le monde sait que toutes les lettres sont ouvertes à Bordeaux. Tant que les administrateurs violeront le secret des postes, les patriotes de Bordeaux, qui sont de vrais sans-culottes, ignoreront toujours les complots de la faction liberticide. >

La société, consultée, rappor e l'arrêté qui ordonnait l'impression et l'affiche de la lettre de Marseille.

Le citoyen Robespierre propose d'imprimer et afficher l'arrêté qui révoque le premier, afin d'opposer cette pièce aux calomnies de nos ennemis.

Un membre combat cette proposition.

N.....‹ La mesure que les Marseillais ont prise est grande, est belle, est révolutionnaire; mais elle serait dangereuse, si elle n'était secondée par la simultanéité de toutes les sociétés populaires. >

Payre. Il s'est élevé un doute sur la véracité de la lettre de Marseille; il importe de dissiper ce doute. >

Robespierre. Il n'est pas question de la mesure, il est question de savoir s'il n'y a pas d'inconvéniens à rendre publique cette lettre. Tous ceux qui connaissent la perfidie de nos ennemis, doivent sentir que cet arrêté leur fournirait le prétexte de faire croire à ceux qu'ils égarent, que leur tête ne tient pas sur leurs épaules, quoique les Marseillais n'aient pas l'intention de toucher à cette race moutonnière, qui suit aveuglement l'impulsion qu'on lui donne. Ne vous mettez pas en butte à la rage, au désespoir d'une faction capable de tous les crimes.

La société arrête la proposition du citoyen Robespierre.

Une députation de militaires est admise et justifie le citoyen Royer, colonel du 7e régiment des hussards de la liberté, que la calomnie accusait d'avoir émigré.

Une députation de la section des Quinze-Vingt est admise, et fait part de l'arrêté qu'elle a pris de nommer des commissaires pour être les organes de ses sentimens, et annoncer à la société des Jacobins le serment qu'elle a solennellement prêté, de défen4

T. XXVI.

dre jusqu'à la mort la personne de Marat, qui a toujours été fidèle aux principes de la liberté et de l'égalité. (Applaudi.)

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Le président. Les applaudissemens que vous venez d'entendre vous témoignent assez que la société partage tous les sentimens généreux que vous avez marqués avec tant de vérité. Elle vous invite aux honneurs de la séance. ›

Le ministre de la guerre envoie des tableaux de tout ce qui compose les états-majors de la République. (Applaudi.)

. Ces états, observe Desfieux, seront déposés aux archives, et tous les citoyens sont invités à en prendre communication pour nous donner tous les renseignemens qui dépendront d'eux. Ce même ministre vous promet la liste de tous les commissaires des guerres et celle de tous les employés par Beurnonville. Il se propose, en outre, de faire imprimer ces listes, et de les envoyer dans toute la République, afin qu'il ne reste dans notre armée que de vrais sans-culottes. (Applaudi.)

La société de Beaune, département du Var, vous écrit : « Nous reconnaissons la nécessité de nous lever une troisième fois. Nous sommes prêts; donnez-nous le signal. Que notre réveil soit terrible; ne déposons les armes que quand nous aurons exterminé tous nos ennemis. C'est le seul moyen de sauver la République. › (Applaudi.)

La société d'Auxerre s'exprime en ces termes: Le décret d'accusation lancé contre Marat, est aux yeux des patriotes une calamité publique. Frères et amis, nous allons voler à votre secours pour exterminer les parricides, et faire avec vous triompher la cause du peuple. (Applaudi.)

› Mais, en attendant, nous mettons sous la responsabilité des sans-culottes des quarante-huit sections de Paris, la vie du plus vigoureux défenseur de la liberté. Tel est le vœu de quarante mille Auxerrois, qui ont invité toutes les sociétés à suivre leur exemple..

TRIBUNAL RÉVOLUTIONNAIRE.

Audience du 17.

Thomas-Pierre Petit, chiffonnier, âgé de quarante-trois ans, natif de Paris, accusé d'avoir tenté d'embaucher des soldats de la République pour les armées enĥemies, a été acquitté.

Étienne-Emmanuel Prieur, âgé de vingt-six ans, frotteur de la citoyenne Dupin, né à Fontenay-le-Saint-Père, département de Seine-et-Oise, demeurant à Paris, rue Neuve-Saint-Nicolas, n° 12, section de Bondy, acquitté de l'accusation portée contre lui comme prévenu d'avoir tenu des propos tendant au rétablissement de la royauté en France, a été mis sur-le-champ en liberté.

Martin Desaubaz, prêtre, âgé de quarante-trois ans, né à Paris, demeurant rue de Sèvres, n° 1060, prévenu d'être réfrac taire, a fourni la preuve de son innocence, et a été mis en liberté de la maison d'arrêt de la Conciergerie par jugement rendu dans la chambre du conseil.

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Pénières fait décréter qu'il n'y a pas lieu à inculpation contre Ailhaud, ex-commissaire civil à Saint-Domingue. Marat adresse une lettre au président; mais la Convention décrète qu'aucune lettre de lui ne sera ouverte qu'après sa soumission au décret d'arrestation. Une députation du département de la Gironde paraît à la barre. Grangeneuve jeune, orateur, dénonce une adresse dans laquelle on propose le massacre d'une partie des membres de la Convention. Le président, Thuriot, applaudit au zèle civique des habitans de la Gironde. Renvoi aux comités. - Le département de Paris vient demander la fixation du maximum.

Le président du département, orateur de la députation. Nous venons, au nom des citoyens de tout le département de Paris, vous instruire de nos maux, et vous présenter les moyens d'y remédier. Depuis quatre ans, il n'est pas de sacrifices que le peuple n'ait faits à la patrie; pour prix il vous demande du pain,

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