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Mauny devant et durant son émigration ; il a été en correspondance avec lui, a fait passer des fonds aux personnes émigrées et parentes de Mauny que ce dernier lui indiquait; il à enfin avoué l'absence de Mauny; tant de motifs me le font regarder comme son complice, et je déclare que, conjointement avec Mauny, il a fait passer des secours à des émigrés.

› 6° Qu'il est constant que Louis-Alexandre Beaulieu, négociant de cette ville, ait, de concert avec ledit Rivier-Mauny, entretenu avec les émigrés une correspondance suivie en 1792 et au commencement de 1793; qu'il leur ait même envoyé les sommes précédemment énoncées ?

,7° Louis-Alexandre Beaulieu l'a-t-il fait avec des intentions criminelles et contre-révolutionnaires?

› Le citoyen Dumont a ainsi motivé son opinion sur cette question :

Je ne crois pas que la sensibilité qui porte à donner des secours à des parens émigrés puisse former une exception aux dispositions prohibitives des lois, qui interdisent indéfiniment la faculté de faire parvenir de l'argent aux émigrés. Je suis convaincu que Beaulieu, parent de Mauny, avait connaissance de l'émigration des deux frères et du beau-frère de ce dernier. Il était dans la confidence de la véritable destination des sommes par lui envoyées, et je ne peux que lui attribuer des intentions criminelles, puisqu'elles sont contraires à la loi. La déclaration des autres jurés a été la même.

Le citoyen Duplain, autre juré, l'a motivée ainsi :

Tout homme qui, dans un temps de révolution, où chaque individu doit l'usage de tous ses moyens à la chose publique, s'isole et préfère son intérêt particulier à l'intérêt général, spécule sur les fonds publics dans la vue de s'enrichir aux dépens de cette même chose publique, doit être regardé comme un mauvais citoyen et traité comme un contre-révolutionnaire.

› Le président ordonne à la gendarmerie de faire entrer les accusés. Mauny entre le premier, tenant à la main un papier

ployé qu'il remet au citoyen président; celui-ci en ordonne la lecture.

› Le greffier y procède ainsi qu'il suit :

Décret de la Convention nationale du 9 mai 1795.

• La Convention nationale décrète le renvoi pur et simple pardevant le tribunal extraordinaire de la demande qui lui est faite par une jeune personne d'accorder un délai de suspension à l'instruction du procès que son père subit en ce moment pardevant ledit tribunal; la pétitionnaire motive sa demande sur ce qu'un pareil délai a été accordé aux généraux, etc.

› Après cette lecture, le président observe à l'accusé Mauny que le tribunal ne connaît de pièces officielles que celles qui lui sont transmises par le ministre de la justice, que néanmoins le tribunal va en délibérer. On fait retirer les accusés.

› Sur le réquisitoire de l'accusateur public, le tribunal déclare qu'il ne peut accorder de délai.

« Le tribunal, d'après la déclaration du jury, faisant droit sur › les conclusions de l'accusateur public, condamne Jacques› François Rivier-Mauny et Louis-Alexandre Beaulieu à la peine » de mort; et ce conformément à la loi des 25 octobre et 26 no› vembre 1792, et à l'article IV du titre premier de la seconde > partie du Code pénal, dont il a été donné lecture; ordonne › que leurs biens, si aucuns ils ont, seront acquis et confisqués > au profit de la République, suivant l'article..... de la loi du > 10 mars dernier ; que le présent jugement sera, à la requête et › diligence de l'accusateur public, exécuté sur la place de la Ré› union de cette ville, imprimé, publié et affiché partout où be› soin sera, jusqu'à la concurrence de douze cents exemplaires › dans l'étendue de la République. ›

Après l'application de la loi, Mauny a dit : « Citoyens, je dois > mourir demain ; j'atteste devant Dieu et le peuple, qui est mon › souverain, queje meurs innocent des faits pour lesquels je suis › condamné. ›

Le Patriote français, n. MCCCLXIX, raconte ainsi l'exécution de Mauny et de Beaulieu Le tribunal révolutionnaire, dans son audience du 9 mai, a condamné à mort..... ( Ici les noms, prénoms et qualités des condamnés, et les crimes que la sentence leur reproche.) Mauny cependant avait un certificat de résidence; Beaulieu était son parent et son ami. Ils ont subi, le 10, leur supplice, entre dix et onze heures. Avant de monter sur l'échafaud, ils se sont étroitement embrassés; ils ont embrassé aussi leur confesseur, l'ont embrassé encore après être montés sur le terrible théâtre, et se sont livrés à la mort. ›

Presse du 9 mai.

:

Le journal de Marat du 9 mai renferme deux renseignemens de biographie révolutionnaire d'un grand intérêt l'un est une dénonciation de Marat contre Fournier dit l'Américain; l'autre est une lettre signée Legros, où Gorsas est positivement accusé d'avoir été du nombre des massacreurs du 2 septembre; l'accusation est formelle. Nous rappellerons ici que nous avons, en écrivant l'histoire des journées de septembre, extrait l'apologie de ces journées de la feuille de Gorsas; depuis il changea d'opinion et de langage.

Voici les deux pièces que nous annonçons :

‹ Avis important à tous les patriotes des sections de Paris.

› Mes chers concitoyens, les meneurs de la faction des hommes d'état et les aristocrates qui sont dans nos murs, sentant trop aujourd'hui combien ils ont à redouter du civisme de Santerre, s'agitent en tout sens pour empêcher qu'il soit envoyé contre les rebelles de la Vendée avec les douze mille hommes qui doivent partir de Paris. Comme ces scélérats fondent toutes leurs espérances sur la guerre civile de ces révoltés, et qu'ils ont tout mis en œuvre pour en favoriser les horreurs, bien convaincus que pour réussir dans leurs exécrables projets ils devaient mettre quelques scélérats de leur trempe à la tête de cette armée, ils redoublent d'efforts pour y placer le sieur Fournier dit l'Améri

cain, intrigant de la Gironde, vendu à la clique, et long-temps leur agent clandestin. Cet individu, sans mœurs et sans ame, mis en œuvre pour souffler le feu de toutes les crises orageuses, a trouvé le secret de n'être jamais enveloppé dans les diverses persécutions suscitées contre les patriotes, au nombre desquels il se comptait et qu'il affichait de mener,

› Un seul fait fera juger de ses talens. A l'époque du 10 août, réduit à la plus affreuse misère, il avait été recueilli par un bon citoyen qui l'hébergeait et le nourrissait. Cela dura jusqu'à la fin du mois. Je ne sais par quel événement il se mit à la tête des volontaires qui allèrent chercher les conspirateurs d'Orléans. Quoi qu'il en soit, il passe pour constant qu'il fut le dépositaire de leurs effets les plus précieux, dont il n'a point rendu compte ; telle est la source impure de la fortune dont il jouit actuellement; car il mène grand train ; on assure même qu'il a fait l'acquisition (conjointement avec Garin, autre intrigant) d'une belle maison de campagne aux environs de Paris. J'ai trop haute idée du civisme du comité de salut public et du ministre de la guerre pour ne pas être sûr qu'ils repousseront Fournier de tout emploi de confiance, surtout de tout emploi militaire. Les bons citoyens de Paris et de la République entière sont trop sages et trop jaloux de leur liberté pour faire choix d'un misérable qui ne manquerait pas de les trahir. — MARAT. >

• Dénonciation contre Gorsas, l'un des massacreurs du

2 septembre.

› Ami du peuple, je ne conçois pas comment le nommé Gorsas, infâme libelliste de la faction des hommes d'état, vendu à Pétion, Gensonné, Vergniaud et Guadet, qui se sont si long-temps déchaînés contre les massacres du 2 septembre, a l'impudence de déclamer avec ces tartufes, lui qui était l'un des massacreurs de ces journées terribles, l'un des juges populaires à la Conciergerie.

>Le dimanche 2 septembre, à onze heures du matin, il était au Palais-Royal avec des valets d'ex-nobles à prêcher le massacre au

milieu de groupes; et, dans la nuit du même jour, sur les deux heures du matin, il était à l'œuvre, prêchant et égorgeant les victimes.

› Je défie ce scélérat d'oser nier ces faits; je peux lui en donSigné LEGROS, de la section du

ner des preuves juridiques.

Roule. >

CONVENTION.

Séance du 10 mai.

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L'ex-ministre Roland demande la permission de quitter Paris. Ajourné jusqu'après l'examen de son compte. - Piorry rend compte des progrès des rebelles, secondés par les prêtres réfractaires et les aristocrates qui soulèvent les communes. Les représentans Lequinio et Cochon mandent, de Valenciennes, la mort du général Dampierre, dont la cuisse a été emportée par un boulet à l'attaque des bois de Ruisme et de Saint-Amand; il est remplacé provisoirement par le général Lamarche. On demande les honneurs du Panthéon pour Dampierre. Décret, sur la motion de Bréard, qui passe à l'ordre du jour, motivé sur ce que tout Français qui meurt pour son pays vit dans la mémoire de ses concitoyens. Bassal fait décréter que le président écrira une lettre de consolation à sa veuve. Décret qui nomme pour commissaires dans les départemens des Deux-Sèvres, Mayenneet-Loire, la Vienne et Indre-et-Loire, les représentans JardPanvilliers, Lecointre-Puyraveau, Delaunay jeune, Dandenac, Creuzé-Pascal et Thibaudeau. Isnard propose de décréter un pacte social avant la Constitution. Marat : « Je propose que la › Convention décrète la liberté illimitée des opinions, afin que › je puisse envoyer à l'échafaud la faction des hommes d'état, qui > m'a décrété d'accusation. Buzot appuie la proposition d'Isnard. Lasource pense qu'on doit s'occuper des bases constitutionnelles, qui sont la garantie des droits, la proscription de la royauté, de la noblesse et des priviléges; il demande le renvoi de toute pétition à un comité, et que celui qui proférera une injure contre un de ses collègues soit puni de mort et exécuté séance tenante. Roux dit qu'après la déclaration des droits, il n'y a de

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