Images de page
PDF
ePub

les marchands ont habitude d'acheter se trouve maintenant ravagée et dévastée par les brigands et les fanatiques. Dernièrement encore, ceux de la Vendée, non contens de s'être emparés d'un convoi de quatre à cinq cents bœufs, ont massacré la force armée qui l'escortait et vingt-un garçons bouchers. Les communications ont été interceptées entre Paris et quelques départemens qui envoient à Paris. La ville de Chollet, qui nous fournit ordinairement dans cette saison six à sept cents boeufs par marché, n'en fournit plus actuellement que soixante ou quatre-vingts.

Telles sont les principales causes de la rareté et de la cherté de la viande. Sans doute la libre circulation renaîtra, quand la tranquillité sera rétablie dans ces malheureuses contrées.

Dans la séance du conseil-général, on lit une lettre par laquelle le ministre de la guerre demande quatre compagnies de canonniers pour l'armée des Pyrénées-Orientales. Le commandant-général est invité à se rendre sur-le-champ au conseil.

Deux commissaires sont envoyés au comité de salut public, à l'effet de s'entendre avec lui sur les mesures à prendre pour empêcher de sortir de Paris ceux dont les bras peuvent être utiles dans les circonstances actuelles.

Le commandant-général, interpellé par le citoyen maire de donner ses vues sur le mode de recrutement passager pour faire marcher des troupes contre les rebelles de la Vendée, propose de prendre un nombre déterminé d'hommes par chaque compagnie. Le conseil arrête que cette mesure sera proposée ce soir aux quarante-huit sections.

La discussion s'étant ouverte sur le mode d'habillement et d'équipement, deux commissaires sont nommés pour s'entendre à ce sujet avec le commandant-général.

Le conseil arrête que trois de ses membres marcheront à la tête de l'armée destinée à disperser les rebelles. L'élection de ces trois membres est ajournée.

Des commissaires sont chargés de se rendre à l'instant chez le ministre de la guerre, et partout où besoin sera, pour prendre connaissance de l'état des armes qui se trouvent actuellement

à Paris et qui peuvent être mises à la disposition des volontaires, pour s'informer du lieu où ces armes sont déposées, et pour faire du tout vérification exacte, et de suite leur rapport au conseil.

D'après un rapport des commissaires envoyés au comité de sûreté publique, le conseil arrête que les citoyens qui se trouvent en état de réquisition ne pourront obtenir de passe-ports qu'après que les troubles de la Vendée seront terminés.

Le comité de correspondance est chargé d'écrire aux cinq dé partemens qui avoisinent Paris, pour les inviter à adhérer à l'arrêté du département de l'Hérault, et à concourir avec Paris à la formation d'une armée destinée à exterminer les rebelles.

Les membres du conseil se distribuent ensuite dans les divers quartiers de Paris pour y faire la proclamation arrêtée hier au soir.

Dans la séance du soir, le conseil arrête qu'il sera fait une circulaire aux quarante-huit sections, pour les instruire des exceptions dont est susceptible son dernier arrêté sur les passe-ports.

Les commissaires chargés de se transporter dans les quarantehuit sections les informeront que le conseil est en mesure pour la fourniture de tout ce qui a rapport à l'habillement des volontaires qui partiront pour la Vendée.

Un membre annonce que la proclamation qui a eu lieu ce matin a produit les plus grands effets dans le faubourg Saint-Antoine, et que tous les braves sans-culottes ont promis de partir, pourvu qu'ils soient armés et équipés.

Le conseil arrête qu'il sera proposé aux sections de déterminer leur contingent à tant par cent hommes et non par compagnie, comme l'avait proposé le commandant-général. Dans cette hypothèse, le minimum sera de dix par cent.

Sur la proposition du citoyen maire, le conseil arrête qu'il sera nommé un commissaire pour surveiller l'exécution de la loi relative aux chevaux de luxe. La nomination de ce commissaire est ajournée à demain.

Plusieurs sections envoient leur adhésion à l'arrêté du dépar

tement de l'Hérault. Le conseil arrête que ces adhésions seront envoyées au commandant-général pour être publiées par la voie de l'ordre.

Dans l'ordre général de ce jour, Santerre annonce que les réserves des sections sont supprimées. Le conseil arrête que les réserves des sections continueront d'avoir lieu comme par le passé.

Après un réquisitoire du procureur de la Commune, le conseil arrête qu'il sera organisé un bureau de surveillance pour correspondre avec les comités de surveillance des sections.

L'on admet les députations des sections.

Celle de la maison commune demande que les bureaux des administrations publiques soient purgés des aristocrates qui y occupent des places.

Celle des Tuileries demande que les ci-devant nobles, prêtres réfractaires et gens sans aveu soient enfermés jusqu'à la fin de l'expédition de la Vendée.

Celle de Beaurepaire annonce que le recrutement se fera dans son arrondissement par la voie du sort.

Celle du Faubourg Poissonnière propose des moyens de secourir les femmes des citoyens qui partent pour l'armée.

Presque toutes les sections notifient au conseil leurs adhésions à l'arrêté du département de l'Hérault. Tous les arrêtés pris à ce sujet par les sections seront imprimés et envoyés au département de l'Hérault.

DÉPARTEMENS.

LYON.-Pendant le mois d'avril, il ne se passa à Lyon aucun événement digne de remarque. Les commissaires, Barrère, Rovère et Legendre étaient de retour à Paris le 21 avril, car ce jourlà ils parlèrent tous les trois aux Jacobins ; ils y avaient été dé. noncés à la séance du 15, principalement par Robespierre jeune et par Desfieux. «Il est trop vrai, s'était écrié Robespierre jeune, que trois hommes que nous avons vus attachés aux vrais princi

pes se sont écartés de la ligne. Quarante mille sans-culottes de Lyon sont actuellement abattus. Quel parti prendre relativement à nos commissaires? Faut-il les rappeler? faut-il leur écrire pour les ramener aux principes? Ils ne fréquentent que les aristocra tes, ils ne voient que les jolies femmes, et c'est ce qui les a perdus. Il est bien douloureux que des hommes qui ont siégé si longtemps à la Montagne aient abusé de notre confiance pour nous faire beaucoup de mal. - Desfieux avait dit : « Votre comité de correspondance a eu soin d'écrire à vos commissaires pour entretenir chez eux le feu sacré du patriotisme; il leur a écrit par des courriers ordinaires et par des courriers extraordinaires, et ces commissaires n'ont daigné faire aucune réponse.» (Journal des Débats du club, n. CCCXCV.)

[ocr errors]

Le reproche de faire de bons dîners et de passer le temps avec de jolies femmes était adressé aux commissaires de la Convention, et par les sans-culottes et par les Girondins. Le journal de Lyon, interrompu du 5 au 50 avril à cause de la détention du rédacteur J. L. Fain, reproduit ces mêmes accusations. Legendre, Rovère et Barrère s'efforcèrent de se disculper auprès des Jacobins, à la séance du 21 avril et à celle du 22. Le premier se plaignit que Robespierre jeune les eût dénoncés avec beaucoup de légèreté. « Si l'on peut prouver, dit-il, que nous ayons diné une seule fois chez un négociant, je passe condamnation sur toutes les inculpations dirigées contre nous. › Le second parla des services qu'ils avaient rendus. Il dénonça Kellermann, et essaya de prouver sa complicité avec Dumourier par l'analyse de plusieurs lettres que les commissaires avaient déposées au comité de sûreté générale. La plus significative de ces pièces était une lettre de Boutidoux, annonçant que Kellermann envoyait six mille hommes sur Paris. Barrère succéda à ses deux collègues et ne fit qu'insister sur la dénonciation de Kellermann par Rovère. (Jour nal des Débats du club, n. CCCXCIX.)

Ce fut là tout le panégyrique que les commissaires à Lyon opposèrent à ceux qui attaquaient leur conduite dans cette ville. A des griefs précis, ils ne répondirent que par de vagues protesta

1

tions, de sorté que le tort de s'être tenus entre les deux partis sans décisions ni opérations franches, et celui d'avoir affiché de mauvaises mœurs, restèrent attachés à l'histoire de leur mission. Avant de quitter le département de Rhône-et-Loire, ils laissèrent à des individus, que le document où nous prenons ce détail désigne seulement par les mots de « mains vides et scélérates, des pouvoirs dont voici la formule. Cette pièce est cotée n. LXIII, dans la brochure de M. Guerre, sur laquelle nous avons fait une notice dans notre mois de février 1793.

Les commissaires de la Convention nationale, pour le rétablissement de l'ordre dans le département de Rhône-et-Loire, requièrent les officiers municipaux composant l'administration de la police de la commune de faire arrêter et conduire à la maison commune tous les citoyens qui seront indiqués par le porteur du présent, et de la manière qu'il le proposera, pour être lesdits citoyens saisis, détenus purement et simplement sur bonne ét sûre garde, jusqu'à ce qu'il en ait été autrement ordonné. Lyon, le 8 avril 1793, l'an 2o de la République.—Signé, C. Barrère, J. S. Rovère, commissaires.

[ocr errors]

» Les détenus doivent être au secret de la manière la plus sévère. C. B. ›

A défaut d'actes matériels semblables à ceux que nous avons vus, en février et en mars, témoigner de l'esprit public à Lyon, nous avons à recueillir certaines pièces qui constatent l'état des partis, et servent de lien moral entre les émeutes, déjà connues du lecteur, et l'insurrection définitive qui éclatera à la fin de mai 1795.

La première de ces pièces est une lettre de Challier à Marat, insérée dans le journal de ce dernier, numéro CLXXIII. (20 avril.) « Lyon, ce 7 avril, l'an second de la république française.

› Ami et frère, je ne te connais que parce que j'ai été affligé, l'année dernière, des persécutions que tu as éprouvées de la part de la faction brissotine, et par ton journal, le sauveur de la liberté du peuple... Je suis en ce moment persécuté comme toi ; il

« PrécédentContinuer »