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remplie de diatribes et d'horreurs contre Danton et Robespierre. Il faut veiller pour savoir quels sont nos agresseurs. ›

Un membre demande la lecture de cette feuille. On passe à l'ordre du jour.

N...... Une vérité démontrée pour tous les hommes clairvoyans, c'est que la liberté n'a jamais couru de plus grands dangers que dans le moment actuel. Dans la Vendée un noyau contrerévolutionnaire est formé; les ennemis de l'intérieur grossissent le torrent qui doit vous entraîner dans son cours. Vous avez dans le sein de la République des nobles qui trament contre la liberté et qui sont suspects sous tous les rapports. Il faut les mettre en état d'arrestation. Il faut que ces hommes, pour qui la liberté est un supplice, nous servent d'otages.

» Il faut aussi arrêter tous les gens suspects. Quarante mille brigands sont soudoyés ici pour détruire les Jacobins. Si vous ne prenez des mesures promptes la liberté périra. Il faut s'occuper en même temps des moyens de faire aimer la révolution. Le citoyen qui ne vit que de son travail ne doit payer aucun subside. Décrétez que ces citoyens ne paieront aucun subside, vous les attacherez à la cause de la liberté. Ils détestent les cidevant nobles, ils les regardent comme les auteurs de tous nos maux; ils brûlent d'ardeur, mais ils manquent d'armes. Décrétez que des fabriques d'armes seront ouvertes dans toutes les places publiques.

» Je demanderais que les spectacles fussent fermés jusqu'à ce que les troubles de la Vendée soient apaisés. (Applaudi. ) Quand la patrie est en danger, les citoyens ne doivent s'occuper que des moyens de la sauver, il ne faut d'autres spectacles que les sociétés populaires, les sections et les ateliers d'armes. Il faut établir dans chaque département un tribunal; il faut épouvanter, par la terreur des supplices, tous ces hommes qui n'aiment pas la liberté.

Il faut mettre la faux de l'égalité dans la main des tribunaux, ou la remettre entre les mains du peuple : il n'y a pas de milieu. Il faut former dans chaque département des bataillons

révolutionnaires, entretenus aux dépens des riches, qui n'ont pas de courage. Ce sont des mesures indispensables qui doivent être prises dans le plus court délai. Vos ennemis de l'intérieur ne ferment pas l'œil; ils épient le moment de vous écraser, et si vous ne les prévenez, le peuple et la liberté succomberont. >

N..... J'ai été envoyé commissaire dans les départemens pour le recrutement, qui s'est fait avec succès. Je me suis fait représenter par la municipalité la liste des ci-devant nobles, et je les ai fait mettre en arrestation dans leurs municipalités respectives. J'ai pris, en même temps, des mesures pour faire rentrer les contributions de 1791 et 1792.

Un militaire, arrivant de l'armée des Alpes, monte à la tribune et annonce que le recrutement s'est fait de la manière la plus prompte et la plus heureuse; qu'il y a vingt mille hommes au-dessus du contingent, et que les troupes des frontières ne demandent pas mieux que de marcher contre les rebelles.

Hassenfratz demande que le ministre de la guerre fasse marcher en poste les bataillons qui doivent repousser les brigands de la Vendée.

Un jeune membre de la société fraternelle lit une lettre de Talien, datée de Tours. En voici la substance:

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« Je suis ici au milieu des plus grands événemens. Thouars, place importante, a été pris hier par les ennemis. (Cris de douleur.) Le commandant s'est laissé bloquer, quoiqu'il eût six mille hommes sous les armes. Chinon est à la veille d'être pris, et nous avons fait transporter à Tours toutes les munitions de guerre. Je travaille jour et nuit. Dites donc à tous nos frères les Jacobins que le conseil exécutif nous trompe; que le ministre de la guerre est au-dessous de sa besogne. Dites-leur qu'il serait bien important d'envoyer dans les départemens des missionnaires. pour combattre l'esprit rolandin, qui a fait les plus grands progrès.

Nous avons fait justice de tous les chefs de la légion germanique. Des secours sont partis pour Chinon. Le département

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"d'Indre-et-Loire vient d'écrire à la Convention pour que je reste dans son sein. Cette confiance me flatte. >

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N..... C'est comme membre du tribunal révolutionnaire que je demande la parole. Si ce tribunal est unique à Paris, il sera bientôt accablé sous le poids des conspirateurs. La Montagne, qui l'a créé, ne le soutient pas. Nous travaillons jour et nuit; mais nous avons besoin d'aide. Que chacun soit à son poste, et la patrie sera sauvée. Il ne faut pas toujours parler, il faut agir; si vous ne sonnez le tocsin politique, la liberté est perdue. Il faut fermer les spectacles et tous les lieux publics, qui sont les repaires de l'aristocratie. (Grand bruit dans les tribunes.)

› Qu'on saisisse tous les ennemis de la révolution, qu'on les mette en état d'arrestation; qu'on force les insoucians de suivre la marche de la révolution. Quand je vois l'apathie dans laquelle nous sommes plongés, je me demande si la patrie est en danger; et cette apathie même prouve l'excès du danger. Il faut que la Montagne se déclare en insurrection; si elle ne le fait pas, le peuple se lèvera. (Applaudi.) Ce n'est pas par des applaudisse mens qu'on sauve la chose publique; que tous les citoyens soient à leur poste.

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N..... Je ferai le plus grand reproche à la Montagne de n'avoir pas adopté toutes les mesures que le tribunal révolutionnaire lui a proposées. Il faut augmenter le nombre de ses membres et de ses commis. Je demande qu'il n'y ait dans la République que cinq à six tribunaux révolutionnaires; la multiplicité de ces tribunaux ferait échapper la trace de plusieurs conspirations. ›

N..... Le tribunal révolutionnaire fait très-bien son devoir, mais il faudrait qu'il fût secondé par une seconde section. Les prisons sont pleines, et ce tribunal ne peut suffire au travail qui se multiplie à l'infini. »

Robespierre. Vous vous étonnez de l'engourdissement de tous ceux qui devraient veiller à la chose publique. Sachez que Pitt a obtenu du parlement anglais 35 millions, qui sont répandus en France, pour arrêter la marche de la révolution. Sachez que ces

35 millions en valent au moins 50 en assignats. Toutes nos administrations sont corrompues.

› Les états-majors sont composés des créatures de La Fayette. Votre conseil exécutif est composé en partie d'hommes très-suspects; les égoïstes, les indifférens, et tous les riches, font des vœux pour la contre-révolution; il n'y a que les hommes gueux, il n'y a que le peuple qui puisse sauver la patrie, et le peuple a à lutter contre tous les genres de corruption.

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Il faut que l'autorité exécutive soit placée dans des mains populaires et incorruptibles, dans la main de ces hommes purs qui placent leur bonheur dans le bonheur général. Il faut que l'autorité publique soit populaire.

Ne vous arrêtez plus à des détails, ne dénoncez plus la Montagne, car elle est ce qu'il y a de plus pur dans la République. Attachez-vous aux principes. Tarissez la source de la corruption; voilà la chose dont on ne s'est jamais occupé. On a toujours déclamé contre les ministres et les généraux, et on les a toujours laissés en place. L'opinion publique est encore dans la main de nós ennemis, parce qu'ils peuvent soudoyer les écrivains mercenaires.

› L'homme qui aurait les facultés morales les plus étendues ne peut latter seul contre la corruption de son siècle s'il n'est secondé par l'énergie de ses concitoyens; la liberté ne périra pas, mais elle ne sera que le fruit des plus grandes et des plus longues calamités. Des torrens de sang le plus pur couleront, et nos ennemis entraîneront dans leur tombe une partie des défenseurs de la République. Citoyens, que le premier de vos principes soit celui-ci : que la patrie ne peut plus être sauvée que par les plus grands efforts de l'énergie républicaine et de l'héroïsme populaire.

› Je n'ai pas autre chose à vous dire, car si l'esprit public ne se ranime pas, si le génie de la liberté ne fait pas un dernier effort, j'attendrai sur la chaise curule où le peuple m'a élevé, le moment où les assassins viendront m'immoler. › (Applaudi. )

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Bourdon de l'Oise. Vous avez pris le titre de sans-culottes ;

qu'avez-vous fait pour eux? Dans les départemens que j'ai parcourus, un père, une mère me disaient j'ai mes enfans aux frontières, et je meurs de faim. Ce spectacle de la misère publique déchirait mon cœur. On faisait rétrograder la révolution en empoisonnant l'opinion publique. Vous avez établi un tribunal révolutionnaire; créez un tribunal révolutionnaire censorial, qui exerce sa censure sur tous les écrits. Prenez cette grande mesure, et vous triompherez. Occupez-vous du bonheur des sansculottes. On ne peut se dissimuler que les denrées se soient élevées à un point que le peuple ne peut plus exister.

› Au lieu de taxer le grain, faites supporter l'excédant au riche; que le peuple soit nourri aux dépens du riche. Il vous comblera de bénédictions, et la révolution est achevée.

› Citoyens, dans un état républicain les denrées de première nécessité ne doivent pas être considérées comme marchandises, autrement le riche fera toujours la loi au peuple; il accaparera les denrées par spéculation comme par malveillance; il pourra faire brûler les subsistances d'un million d'hommes. Je somme tous les citoyens qui vous proposent des mesures révolutionnaires d'en adopter une comme celle-ci. (En prononçant ces mots, l'orateur fait briller son sabre aux regards des spectateurs, dont une partie applaudit avec transport.)

Desfieux. La Convention est transportée dans le nouveau local. On a passé à l'ordre du jour sur une demande faite par les patriotes de trois cents cartes, et cependant quatre cents personnes sont entrées avec des cartes dans les tribunes privilégiées, et l'on ne peut pas même entrer dans les corridors sans montrer

une carte.

› Voici un autre abus. Dans cette salle, il est impossible de rien entendre. La faction a su ce qu'elle faisait ; elle a rejeté le plan d'un architecte patriote (Boyer), qui voulait faire une salle où tout le monde eût entendu; car c'est pour le peuple qu'elle est faite.

> Je demande qu'on fasse réparer cette salle aux dépens de Roland et de toute sa clique. Faites venir Boyer, pour connaître

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