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Le président aux canonniers. La Convention applaudit à votre généreux dévoûment; elle a renouvelé avec vous le serment de maintenir la liberté, l'égalité; c'est assez vous dire que la Constitution qu'elle présentera aux Français leur donnera une république vraiment démocratique.

La Convention ordonne l'impression et l'envoi aux départemens et aux armées.

Plusieurs compagnies armées au nombre desquelles, un corps franc de huit cents hommes, défilent dans la salle.

Carnot, au nom du comité de défense générale. La liberté qui s'assoupit dans les succès, se réveille à la voix du danger, et son réveil est son triomphe. Les nouveaux exploits de nos armées seseront dus au léger échec qui nous rend notre énergie. Brunswick serait-il aujourd'hui le plus vil et le plus méprisé des despotes, s'il n'avait osé marcher sur Paris? O vous! qui l'en fites repentir, vainqueurs de l'Argonne, l'heure du combat a sonné: l'ennemi s'approche, approchez à votre tour; votre poste est à Liége, aux frontières. Le sort du despotisme est décidé, il doit périr, avancez son supplice; ne faites la paix qu'avec des peuples libres et sans rois, et hâtez le jour de la paix universelle.]

— Le rapporteur propose, et l'assemblée décrète que quatrevingt-deux de ses membres iront réchauffer le patriotisme dans les départemens, et pousser la nation sur les frontières. Plusieurs députés, chargés de visiter les sections, rendent compte du dévouement qu'ils ont rencontré partout. Bentabolle et SaintAndré ajoutent que celles de l'Observatoire et du Louvre se plaignent de la mauvaise volonté des riches qui ne veulent ni marcher, ni contribuer aux frais de la guerre ; des dégoûts dont les officiers abreuvent les volontaires, ainsi que de l'impunité dans laquelle vivent les traîtres et les conspirateurs. En conséquence, elles demandent l'établissement d'un tribunal révolutionnaire qui sévisse contre ces divers ennemis du bien public.

[Carrier. Je convertis en motion la pétition qui vous est faite par les sections, et je demande que la Convention décrète le principe, c'est-à-dire l'établissement d'un tribunal révolution

naire, et renvoie au comité de législation, pour présenter demain le mode d'organisation de ce tribunal.

On demande à aller aux voix.

Biroteau. Je demande que le principe soit discuté.

Bourdon-Lacronière. Je demande le rétablissement du tribunal du 17 août, avec le même mode d'organisation.

Thureau. Si le ministre Roland avait comparu devant ce tribunal, il n'aurait pas échappé au glaive de la loi.

Guadet. Je demande la parole. (On murmure.) Je déclare qu'il y a ici des hommes dont les vociférations.... (Les murmures recommencent.)

Lacroix. Nos armées manquent de tout. Je demande qu'on aille aux voix sur-le-champ.

Lanjuinais. Je propose un amendement à ce décret, affreux par les circonstances qui nous environnent, affreux par la violation de tous les principes des droits de l'homme, affreux par l'abominable irrégularité de la suppression d'appel en matière criminelle. Je demande que ce soit au seul département de Paris que s'étende cette calamité.

Levasseur. Je propose la rédaction suivante :

La Convention décrète l'établissement d'un tribunal criminel extraordinaire, sans appel et sans recours au tribunal de cassation, pour le jugement de tous les traîtres, conspirateurs et contre-révolutionnaires. »

Cette rédaction est adoptée.

Danton. Non, sans doute, citoyens, l'espoir de vos commissaires ne sera point déçu. Oui, vos ennemis, les ennemis de la liberté seront exterminés, parce que vos efforts ne vont point se ralentir. Vous serez dignes d'être les régulateurs de l'énergie nationale? Vos commissaires, en se disséminant sur toutes les parties de la République, vont répéter aux Français que la grande querelle qui s'est élevée entre le despotisme et la liberté va enfin être terminée. Le peuple français sera vengé : c'est à nous qu'il appartient de mettre le monde politique en harmonie, de créer des lois concordantes avec cette harmonie. Mais avant de

vous entretenir de ces grands objets, je viens vous demander la déclaration d'un principe trop long-temps méconnu, l'abolition d'une erreur funeste, la destruction de la tyrannie de la richesse sur la misère. Si la mesure que je propose est adoptée, bientôt ce Pitt, ce Breteuil de la diplomatie anglaise ; et ce Burke, l'abbé Maury du parlement britannique, qui donnent aujourd'hui au peuple anglais une impulsion si contraire à la liberté, seront anéantis.

Que demandez-vous? Vous voulez que tous les Français s'arment pour la défense commune. Eh bien ! il est une classe d'hommes qu'aucun crime n'a souillés, qui a des bras, mais qui n'a pas la liberté, c'est celle des malheureux détenus pour dettes; c'est une honte pour l'humanité, pour la philosophie, qu'un homme, en recevant de l'argent, puisse hypothéquer et sa personne et sa sûreté.

Je pourrais démontrer que la déclaration du principe que je réclame est favorable à la cupidité même, car l'expérience prouve que celui qui prêtait ne prenait aucune garantie pécuniaire, parce qu'il pouvait disposer de la personne de son débiteur; mais qu'importent ces considérations mercantiles? elles ne doivent pas influer sur une grande nation. Les principes sont éternels, et tout Français ne peut être privé de sa liberté que pour avoir forfait à la société.

Que les propriétaires ne s'alarment point. Sans doute quelques individus se sont portés à des excès; mais la nation, toujours juste, respectera les propriétés. Respectez la misère, et la misère respectera l'opulence. (Vifs applaudissemens.) Ne soyons jamais coupables envers les malheureux, et le malheureux, qui a plus d'âme que le riche, ne sera jamais coupable. (Nouveaux applaudissemens.)

Je demande que la Convention nationale déclare que tout citoyen Français, emprisonné pour dettes, sera mis en liberté, parce qu'un tel emprisonnement est contraire à la saine morale, aux droits de l'homme, aux vrais principes de la liberté.

Cette proposition est décrétée par acclamation et à l'unanimité.

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Saint-André. La proposition de Danton n'est pas assez étendue; je demande que la contrainte par corps pour dettes soit abolie.

Cette proposition est adoptée. Une loi réglera les exceptions. Baudouin instruit l'assemblée que tous ses imprimeurs se sont rendus à leurs sections; il demande si ces citoyens doivent aller à l'ennemi, où si, comme le décret du 2 septembre le portait, leur poste est à l'imprimerie nationale.

Maure. Que Baudouin n'imprime pas les diatribes de Louvet, et il aura assez d'ouvriers.

Montaut. J'observe que quoique Baudouin soit logé par la Convention, il ne se borne pas à imprimer ses travaux; mais qu'il imprime plusieurs feuilles infectées d'aristocratie. Je demande l'ordre du jour.

Duhem. Je demande que l'assemblée décrète que l'imprimeur de la Convention ne pourra imprimer que les pièces dont l'assemblée a ordonné l'impression. (Murmures du côté droit de la tribune.)

Plusieurs voix à droite : Vous attaquez la liberté de la presse.

Thuriot. J'appuie la proposition de Duhem: Baudouin a contracté des engagemens avec l'assemblée constituante et avec l'assemblée législative, qu'il n'a pas remplis. Pourquoi l'imprimeur qui est si bien soldé ne fait-il pas ce qu'il devrait faire? C'est parce qu'un intérêt sordide le dirige: c'est parce qu'il fait des engagemens particuliers qui déterminent un gain sur lequel il ne devrait pas combiner. Il est temps que vous rappeliez cet homme à la lettre de son contrat ; il faut que Baudouin se décide à n'ètre plus l'imprimeur de l'assemblée, ou bien à faire son devoir. Il faut proscrire des écrits qui répandent dans les départemens le fanatisme, et des journaux qui loin d'être utiles portent la peste dans l'Empire français.

Je demande que l'assemblée décrète que l'imprimeur qui sera chargé d'imprimer ses travaux, ne pourra livrer à ses presses aucun autre ouvrage.

Après quelques debats, la proposition de Thuriot est décrétée.]

SÉANCE DU 9 MARS AU SOIR.

Un grand nombre de sections viennent offrir leur contingent. Nous remarquons que Victor Broglie est orateur de la section des Invalides.

[N..... Vous avez décrété ce matin que des commissaires pris dans votre sein iraient dans les départemens pour y accélérer le recrutement; je demande que le bureau vous présente la liste de ces commissaires.

Julien, de Toulouse, En restant ici, il nous est impossible de faire cette liste. Je demande que quatre d'entre nous soient autorisés à se retirer dans une salle voisine pour faire le choix des commissaires.

Collot-d'Herbois. Je ne m'oppose point à ce que le bureau nomme les commissaires; mais je demande que ces commissaires ne puissent être pris parmi ceux qui ont voté pour l'appe! au peuple.

La partie droite de l'assemblée est dans une violente agitation. -Dussaulx, Biroteau, s'avançant dans le milieu de la salle, parlent avec menaces à Collot-d'Herbois. Le tumulte se prolonge.

Un long espace de temps se passe en altercations particulières. Enfin le calme se rétablit.

Une députation de la section de la Halle-aux-Draps est introduite.

L'orateur. Représentans, lorsque vos collègues sont venus au milieu de nous, déjà nous avions arrêté que tous les citoyens de la section en état de porter les armes étaient en réquisition permanente; ils s'organisent en ce moment, et si tous les Français ont une égale ardeur, comme nous n'en pouvons douter, comptez qu'il n'y aura bientôt plus de despotes. Mais, citoyens, souffrez qu'avant de partir nous nous donnions des chefs. Les succès dépendent de la confiance dans les chefs, croyez que nous en aurons davantage dans ceux que nous aurons choisis nous-mêmes. Neus demandons aussi: 1° que vous rappeliez de nos armées

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