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sition en avant de la ville. Les chefs vendéens envoyèrent au conventionnel Gaudin, qui partageait le commandement avec le général Foucault, un parlementaire portant sommation de se rendre à Louis XVII. Ceux-ci, pour toute réponse, donnent le signal du combat, qui reste indecis. Le conventionnel Nion, en mission à La Rochelle, instruit de la situation des Sables, envoie un renfort qui porte la garnison à quinze cents hommes. Joly, qui s'était encore éloigné momentanément pour chercher à grossir sa troupe, reparaît le 28, accompagné de Savin, qui se trouvait lui-même à la tête d'un rassemblement assez nombreux. Ces troupes réunies attaquent le soir même les républicains, et repoussent leurs avant-postes. Joly établit aussitôt des batteries à l'embranchement des deux routes de Nantes et de Beauvoir. Le lendemain 29, il fait tirer sur la ville à boulets rouges. Les assiégés redoublent d'efforts et leurs canonniers servent leurs pièces avec tant d'adresse, qu'ils parviennent à démonter celles des royalistes. La garnison fait une troisième sortie, fond sur les Vendéens, les charge la baïonnette en avant, leur tue trois cents hommes, les disperse, et s'empare de tout le matériel du camp. Joly et La Sécherie sont obligés d'abandonner leur entreprise.

La Convention nationale n'opposa d'abord à l'insurrection que des mesures législatives. Elle en reçut le premier avis officiel à la séance du 18 mars, par une lettre du commissaire Nion. Cette dépêche annonçait que Gaston et Verneuil étaient chefs des rebelles. Ce prétendu Gaston, perruquier, à qui Toulongeon et d'autres historiens de notre temps attribuent le gain d'une bataille et la prise de Chantonnay, est si peu connu dans la Vendée, qu'on l'a regardé depuis comme un personnage imaginaire. (A. Beauchamps, t. I, p. 114.) En outre des gardes nationales de Nantes et d'Angers, qui déployèrent un grand courage, la République n'avait dans ce pays d'autres troupes régulières que six mille hommes sous les ordres du général Labourdonnaye, et douze cents hommes sous ceux du général Marcé. Nous verrons, dans le mois prochain, quel système de répression armée la Con

vention ajouta à son fameux décret du 19 mars, par lequel elle mettait hors la loi tout individu prévenu d'avoir pris part aux révoltes contre-révolutionnaires.

ARMÉE DU RHIN.

Nous allons compléter notre bulletin des opérations relatives à la guerre étrangère. Notre tableau de la campagne de Belgique placé en tête du mois nous dispense de rien ajouter sur l'armée du Nord. Nous reprenons ici l'histoire de l'armée du Rhin à l'endroit où nous l'avons arrêtée en février.

Nous avons laissé le général Custine à Paris, où il était venu, sous prétexte d'affaires personnelles, pour se concerter avec le pouvoir exécutif sur la défense de Mayence et du Rhin. Il se tint un conseil chez Lebrun, ministre des affaires étrangères. On y agita la question de savoir si Mayence serait évacuée. Le général Grimoard, qui avait été appelé à cette conférence, fit adopter l'avis de non-évacuation, et Custine retourna à son armée.

Outre le corps de troupes qui couvrait, en avant de Mayence, les travaux de Cassel, souvent inquiétés par l'ennemi, les Français occupaient la rive gauche du Rhin jusqu'au-delà du confluent de la Nahe. Les Allemands étaient maîtres des deux rives du fleuve au-dessus de ce point, et communiquaient par des ponts construits à Bacharach, entre Bingen, Rhinfels et Coblentz. Le général Houchard commandait cette gauche des Français. Le général prussien Seckeli l'attaqua le 17 mars, et le força d'abord à se replier sur la Nahe; les Français furent renforcés, retournèrent à la charge, et repoussèrent les Prussiens.

Le 20, les généraux Custine, Neuwinger et Houchard s'avancèrent vers Stromberg, entre Creutznach et Bacharach, avec un renfort de dix bataillons, huit escadrons et un train d'artillerie. A l'aide d'une position dominante et bien choisie, le général Seckeli repoussa d'abord l'avant-garde, qui avait déjà pris poste sur une hauteur; cependant l'adjoint aux adjudans-généraux,

Barthélemi, qui commandait cette avant-garde, après l'avoir ralliée, la fit avancer en gravissant la montagne, chargea vigoureusement l'ennemi, et, malgré un feu très-vif, le força de se retirer dans les bois. Le général Custine se préparait à suivre cet avantage; mais, sur la nouvelle de la sortie de Trèves d'un corps considérable pour soutenir le général Seckeli, il appuya sa droite à Bingen, sa gauche à Creutznach, et poussa en avant de la Nahe des détachemens pour observer l'ennemi.

Les Prussiens, après avoir repassé le Rhin à Rhinfels et sur plusieurs points entre Bacharach et Coblentz, s'étaient réunis, le 23, dans le Hundsdruck, à une division de leurs troupes commandée par le général Kaickreuth, envoyé par le prince de Hohenlohe-Kirchberg. Kalckreuth marcha contre le général Custine, qui n'avait fait aucune des dispositions nécessaires pour défendre le passage de la Nahe, et avait même négligé de garnir des hauteurs et des gorges qui avoisinent cette rivière.

Le 26, les Prussiens se présentèrent sur deux colonnes devant Woldelgesheim, entre Bingen et Stromberg, défendu par un seul bataillon qui, atiaqué par une colonne à droite et tourné par une autre à gauche, repoussa d'abord vigoureusement l'ennemi ; mais vers trois heures après midi, les Prussiens, considérablement renforcés, étant revenus à la charge, malgré le renfort envoyé par le général Custine, le poste fut cerné et forcé ; quelques bataillons prirent la fuite, et le général Neuwinger fut fait prisonnier. Cet échec força le centre des Français de repasser la Nahe, pour se porter sur Alsei, entre Bingen et Worms; leur droite se replia en même temps sur Mayence.

Le 28, le général Custine réunit ses forces à Alsei, tandis que les Prussiens entraient dans Bingen, d'où ils marchèrent le lendemain à Creutznach. Persuadé de l'impossibilité d'arrêter les ennemis, le général français crut devoir prendre le parti d'abandonner Mayence à ses propres forces, avec une garnison de quinze mille hommes, sous les ordres des généraux Doiré et Meunier. Le surplus des troupes eut ordre de se rendre à Worms, où Custine arriva le 29, couvert par une arrière-garde comman

dée par le général Houchard, qui s'arrêta à Ober-Flesheins, entre Alsei et Worms. Cette arrière-garde fut attaquée le 30, et contint pendant long-temps, par la vigueur de sa résistance, les Prussiens, qui étaient parvenus cependant à tourner le flanc droit de l'infanterie française, au moment où le général Custine parut à la tête de deux bataillons, et repoussa l'ennemi. Au moment où les Français arrivaient sur la hauteur, ils trouvèrent dix escadrons prussiens qui débouchaient par le côté opposé; l'artillerie légère fit rétrograder cette cavalerie; mais plusieurs colonnes ennemies s'étant présentées avec trente pièces de canon pour les soutenir, alors la charge fut ordonnée et exécutée; l'ennemi plía, cependant il continua són feu. Dans cet instant la cavalerie française tomba sur les Prussiens, tandis que l'infanterie faisait un feu très-vif qui jonchait la terre de morts, ce qui ¿lécida enfin l'ennemi à se retirer, et laissa aux Français la facilité d'effectuer leur retraite de Worms sur Franckenthal, où ils arrivèrent la nuit du 50 au 31, et où l'on fut obligé de détruire des magasins immenses qui s'y trouvaient formés, ainsi qu'à Worms. Tous les effets de campement et la grosse artillerie étant restés à Mayence, l'armée bivouaqua à Neustadt le 31, et arriva le 1er avril sous les murs de Landau.

Le Tableau historique des guerres de la révolution, dont nous suivons ici la narration, dit que, parmi les fautes assez nombreuses qu'eut à se reprocher le général Custine, avant et après le passage de la Nahe, il en a commis une surtout qui eut des suites fâcheuses. Grace à son imprévoyance de retirer à propos de Mayence les troupes, les effets de campement, l'artillerie et les attirails de campagne qu'il ne voulait pas y laisser, et qui lui étaient indispensables pour opérer, le corps de sept mille hommes chargé d'escorter ces différens objets trouva le chemin coupé par les Prussiens, et n'étant pas assez fort pour se faire jour, fut obligé de rentrer dans Mayence, où il ne tarda pas à être bloqué et bientôt après assiégé.

AVRIL 1793.

Pendant quelques jours on craignit à Paris que Dumourier ne marchât avec son armée sur cette ville. Toutes les mesures prises par les sections et par les sociétés populaires annoncent cette crainte. Le mot d'ordre des Jacobins, depuis la trahison du général en chef, était : Sauvons Paris! Là, en effet, et là seulement la question révolutionnaire était bien connue; là, les hommes appelés à résoudre cette question étaient sainement appréciés; là, une volonté indomptable de faire triompher les principes nouveaux animait la majorité des citoyens. La nouvelle que Dumourier réuni au prince de Cobourg envahissait le territoire français, et qu'il serait bientôt sous les murs de la capitale, produisit un mouvement analogue à celui du 10 mars. Il fut à la vérité moins tumultueux et moins désordonné; cependant les mêmes hommes que nous avons vus par leur conduite faire croire alors à une conspiration, viennent encore tenter une entreprise, et réussissent un moment. Varlet et quelques autres, alléguant un arrêté de la section des Droits-de-l'Homme (les Cordeliers), arrêté qui fut démenti par la section, comme l'avait été celui dont le même individu s'était autorisé dans la nuit du 9 au 10 mars, surprirent l'adhésion de quelques sections, et s'installèrent à l'évêché en qualité de Comité central du salut public, correspondant avec les départemens, sous la sauvegarde du peuple. Le 1er avril, le conseil-général de la Commune reconnut ce comité, et lui ouvrit un crédit pour les frais de bureau. Mais le 2, sur la dénonciation de l'assemblée électorale, et sur des plaintes nombreuses des sections, le même conseil rapporta son arrêté de la veille. Parmi les membres de ce comité, en outre de Varlet, figuraient un nommé Truchon, Grenier, clerc de procureur, mis aussitôt en état d'arrestation, et Naudrin, de la section du Panthéon. (Journal

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