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à votre trahison ne tend qu'à creuser le tombeau des traîtres; il a réveillé dans nos cœurs républicains cette mâle énergie d'un peuple qui veut sa liberté. Fuyez de cette enceinte sacrée, que vous avez souillée tant de fois de votre souffle impur; laissez aux seuls amis du peuple le soin de faire son bonheur. Sections, corps administratifs, assemblée populaire, toute la côte de Marseille enfin vous déclare que vous avez perdu sa confiance et qu'elle vous dénie pour ses représentans; elle ne peut faire un plus salutaire usage de son droit partiel de souveraineté que de vous ordonner de vous retirer; nous ne connaissons de Convention nationale que cette Montagne tutélaire, qui doit avec nous sauver la patrie. Fuyez, lâches et parjures mandataires, ou craignez de ressentir les premiers le glaive vengeur d'un peuple républicain qui se lève pour la troisième fois, et qui jure de vivre ou de mourir pour la défense de ses droits. (Quelques applaudissemens se font entendre dans l'extrémité gauche et dans les tribunes. L'improbation de la partie opposée se manifeste par de violens murmures.)

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Babey demande la convocation des assemblées primaires. Grande agitation. Barrère s'élance à la tribune, attaque à la fois et l'adresse et la motion comme désorganisatrices, tendant à diviser et à perdre la révolution. « La Convention, dit l'orateur, n'est ni dans le côté droit ni dans le côté gauche de l'assemblée; elle est dans tous ses membres. Il s'élève avec indignation contre les principes de l'adresse, et conjure ses collègues d'abjurer leurs divisions. Je vous somme, s'écrie-t-il, au nom du salut public, de vous réunir pour vous sauver vous-mêmes en sauvant la patrie. (Applaudissemens prolongés.) Barrère considère ensuite les dangers de la convocation des assemblées primaires dans le moment où l'étranger attaque nos frontières, et où les royalistes de l'intérieur sont aux portes de Saumur ; il conclut à ce que les arrêtés des administrations du département des Bouchesdu-Rhône soient cassés, l'adresse de la Société populaire et les adhésions des sections improuvées, et que l'on passe à l'ordre du jour sur le surplus. Guadet vote le décret d'accusation contre

les signataires. Barbaroux insiste sur la convocation des assemblées primaires. Charlier appuie l'improbation de l'adresse. Lasource rappelle l'exemple de l'Angleterre, qui, après avoir été quelques années dans l'anarchie, finit par retomber sous le despotisme monarchique; il appuie les propositions de Barrère. Elles sont décrétées.

Séance du 22. Camus, de retour de la Belgique, rend compte de la situation de l'armée; il annonce que de nombreux renforts couvrent les routes, et qu'elle reprendra bientôt l'offensive; la conduite de quelques individus a indisposé les Belges, mais avec quelques ménagemens on en fera facilement des Français. Albitte et Bentabole demandent l'établissement d'une commission pour l'examen de la conduite des généraux. Quinette propose la création d'un comité permanent, chargé de veiller aux mesures de sûreté générale. Isnard appuie cette demande et vote un comité de salut public. Bancal y consent; mais il veut que ce comité ne fasse que surveiller le pouvoir exécutif, que ses membres soient réélus de quinze en quinze jours, et qu'il n'ait qu'un mois de durée. L'assemblée charge le comité de défense générale de lui présenter l'organisation d'un comité de salut public. - Gohier accepte le ministère de la justice.

Séance du 25.- Sur la proposition d'Albitte, les émigrés pris en pays étranger, armés ou non armés, seront traités de la même manière. Une députation des départemens de l'Ouest annonce les progrès des rebelles royalistes dans ces départemens, et demande le changement du général Marcé, dans lequel les soldats n'ont de confiance. pas Barrère fait rendre un décret sur les mesures à opposer aux rebelles de l'Ouest : un des articles porte que le général Marcé sera jugé à La Rochelle par une cour martiale.

Séance du 24. — Dumont dénonce et lit une adresse de la société populaire d'Amiens, qui demande : 1° un décret de bannissement contre toute la famille des Bourbons; 2o une loi contre les provocateurs au meurtre et à l'anarchie; 5o une force départementale auprès de la Convention; 4° un décret d'accusation

contre Marat, Robespierre, Danton et leurs affidés; 5° la poursuite des assassins du 2 septembre; 6o la destitution de la Commune de Paris; 7o le rappel de l'ex-ministre Roland; 8° l'abolition du tribunal révolutionnaire; 9° l'alternat des séances du corps législatif dans les principales villes du centre, etc., etc. On invoque l'ordre du jour ; il est décrété avec improbation de l'adresse.

Séance du 25.-Lettre de Sévestre et Billaud-Varennes, commissaires de la Convention, annonçant la position difficile du département d'Ille-et-Vilaine. - Autre des autorité du département de Mayenne-et-Loire, annonçant que, tandis que les brigands, au nombre de vingt-cinq à trente mille, ravagent ce département, leurs partisans sont parvenus à faire sauter le magasin à poudre du château de Saumur.

Décret sur l'organisation du Comité de défense générale et de salut public.

[ ART. 1. Le comité de défense générale sera composé de vingtcinq membres; il sera chargé de préparer et de proposer toutes les lois et les mesures nécessaires pour la défense extérieure et intérieure de la République.

2. Le comité appellera à ses séances les ministres composant le conseil exécutif provisoire, au moins deux fois par semaine.

3. Le conseil exécutif, et chacun des ministres en particulier, donneront au comité tous les éclaircissemens qu'il demandera; ils lui rendront compte dans la huitaine de tous leurs arrêtés généraux.

4. Le comité rendra compte tous les huits jours à la Convention de l'état de la République et de ses opérations qui seront susceptibles de publicité.

5. Le comité désignera chaque jour deux de ses membres pour donner à la Convention les éclaircissemens qui lui seront demandés sur l'état de la République.

6. Le comité aura extraordinairement la parole toutes les fois qu'il s'agira d'un rapport arrêté par le comité.

7. Le comité fera imprimer, autant que le temps le permettra, les projets de décret qu'il devra présenter à la Convention. ]

Séance du 26.-[Le président soumet à la délibération la liste des membres désignés par le bureau pour former, sous le nom de Commission de salut public, le nouveau comité de défense générale. - Quelques murmures s'élèvent dans l'extrémité gauche. On remarque que cette partie ne prend point de part à la délibération.

La liste est décrétée ainsi qu'il suit:

Dubois-Crancé, Pétion, Gensonné, Guyton-Morveau, Robespierre l'aîné, Barbaroux, Rhul, Vergniaud, Fabre-d'Églantine, Buzot, Delmas, Guadet, Condorcet, Bréard, Camus, Prieur (de la Marne), Camille Desmoulins, Barrère, Quinette, Danton, Sieyes, Lasource, Isnard, Cambacérès, Jean Debry.

Suppléans. Treilhard, Aubry, Garnier (de Saintes), Lindet, Lefèvre (de Nantes), Réveillère-Lépaux, Ducos, Sillery, Lamarque, Boyer-Fonfrède.

Une députation de la section de la Réunion, admise à la barre, demande la ratification de la Convention pour un arrêté pris par cette section à l'effet de désarmer tous les ci-devant nobles, cidevant prêtres, et tous les hommes suspects qui se trouvent dans l'étendue de la section.

Plusieurs membres convertissent l'arrêté en motion.

Génissieux. Je demande que la mesure soit généralisée pour toute la République. (On applaudit.)

La proposition est unanimement décrétée avec l'amendement. Duquesnoy. Je demande que ce décret soit envoyé aux départemens par des courriers extraordinaires.

Cette proposition est décrétée.

Plusieurs rédactions sont proposées. - Après de légères discussions, la suivante passe à une grande majorité:

ART. 1. La Convention nationale décrète que les ci-devant nobles, les ci-devant seigneurs autres que ceux qui sont employés dans les armées de la République, ou comme fonctionnaires publics, civils ou militaires, les prêtres autres que les évêques, curés,

vicaires, ou autres que ceux qui servent dans les armées, seront désarmés, ainsi que les domestiques, agens desdits ci-devant nobles, ci-devant seigneurs et prêtres.

2. Les conseils généraux des communes pourront faire désarmer les autres personnes reconnues suspectes; à défaut des conseils généraux de communes, les directoires de district ou de département pourront ordonner ce désarmement.

3. Les conseils généraux des communes, ou à leur défaut les autres corps administratifs, prendront, selon les localités, toutes les mesures pour que ce désarmement ait lieu sans troubler la tranquillité publique, et pour que les personnes et les propriétés soient respectées. Le désarmement ne pourra avoir lieu de nuit.

4. Il sera fait des états des armes: elles seront provisoirement déposées, dans chaque commune, dans des lieux sûrs indiqués par le corps administratif qui aura fait procéder au désarmement, et il en sera disposé suivant les besoins de la République.

5. Les personnes désignées par la présente loi, et reconnues comme suspectes, qui, après avoir été désarmées, seront trouvées saisies de nouvelles armes, seront de nouveau désarmées et punies de six mois de détention.

6. Ceux qui seront convaincus d'avoir recelé des armes appartenantes aux personnes dont le désarmement à été décrété par l'article 1 seront punis de trois mois de détention.

Montaut. Je demande que l'adresse qui vient de vous être lue au nom de la section de la Réunion soit envoyée à tous les départemens.

Boyer-Fonfrède. J'ai voté pour que les conclusions de cette adresse fussent converties en décret; mais l'adresse elle-même contient des inculpations indirectes contre une partie de vos membres, des erreurs de fait. Je crois qu'au moment où la Convention vient de consacrer une réunion qui, j'espère, durera toujours; au moment où elle vient de nommer un comité qui sauvera la République; au moment où elle a prouvé, par la composition de ce comité, qu'elle ne voulait plus connaître de parti; au moment où tous les bons citoyens de la Convention, et j'aime à croire

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