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18, sur le rapport de Lasource, un décret attribua au tribunal révolutionnaire la connaissance de cette conspiration. Lanjuinais proposa de confisquer les biens des individus tués dans des rassemblemens séditieux. Il est bien remarquable que cette motion fut combattue par la Montagne : Marat et Lamarque demandèrent que les chefs seuls fussent punis de la confiscation de leurs biens. - Barrère proposa, au nom du comité de défense générale, les projets de décrets suivans:

Il demanda la peine de mort contre ceux qui proposeraient des lois agraires; cette motion fut décrétée à l'unanimité. Il fit décréter comme principe l'établissement de l'impôt progressif sur les propriétés territoriales, industrielles et commerciales. Il demanda le partage des biens communaux, et la division des biens des émigrés en petites parties; cette proposition fut ajournée jusqu'après le rapport du comité. Il fit décréter en principe que les châteaux des émigrés seraient démolis, et les matériaux donnés aux malheureux ; et que les étrangers sans aveu seraient chassés de la République. Il fit décréter enfin la permanence de tous les corps administratifs. »>

Sur la proposition de Duhem, la Convention décrète ce qui suit:

⚫ Les émigrés et les prêtres déportés qui, huit jours après la publication du présent décret, seront surpris sur le territoire de la République, seront arrêtés à l'instant et conduits dans les prisoit au district, soit au département. Ceux qui seront convaincus d'émigration, ou qui étaient dans le cas de la déportation, seront punis de mort dans les vingt-quatre heures. >

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Séances de la Commune de Paris.

12 mars. Le commandant-général, par l'ordre de ce jour, prévient que plusieurs particuliers portent à leur chapeau un bouton autour duquel est comme en exergue le mot Uni-vers avec une épée au milieu; que d'autres portent au lieu d'une épée une L au milieu du même mot ; qu'il y a toujours eu, malgré la tranquillité apparente, des agitations auprès de la Convention. Le projet

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de nos eunemis, ajoute Santerre, est certainement de faire arrêter quelques membres de la Convention pour pouvoir réussir d'autant mieux à corrompre les départemens. Rallions-nous, citoyens, détournons un pareil orage; les braves citoyens doivent se réunir et faire tous leurs efforts en cet instant pour sauver la République. Le bruit se répand qu'il se distribue dans Paris des médailles portant d'un côté l'effigie de Louis XVI, de l'autre ces mots : Il est mori mai tyr.

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13 mars. Une lettre des commissaires des huit sections qui composent la commune de Besançon informe les commissaires des quarante-huit sections de Paris que Frédéric Dietrich, cidevant maire de Strasbourg, et en état d'arrestation, vient d'échapper au glaive de la loi : « C'est un monstre, porte la lettre, et un agitateur rendu à la société ; son émigration est constatée et confirmée par le département du Bas-Rhin. Cette lettre est renvoyée au comité dé sûreté générale.

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Le conseil-général arrête que ceux qui occupent à Paris des chambres garnies, ou qui se disent voyageurs, seront assujétis à représenter un certificat de civisme délivré par la commune du lieu de leur résidence habituelle; et à ce défaut, ils seront sur-lechamp arrêtés comme suspects.

15 mars. Santerre rend compte de la garde de Paris. Plusieurs employés dans les bureaux des administrations refusent le service. « La tranquillité se rétablit, ajoute Santerre; il reste néanmoins quelques têtes chaudes qui passent pour des patriotes exaltés, et qui n'ont pas encore retrouvé leur aplomb..... J'oubliais de vous dire que des méchans croient que c'est moi seul qui ai empêché qu'ils ne se livrassent à des excès dans la nuit du 9 au 10. Ils ne savent pas les scélérats, que tous les honnêtes citoyens étaient réunis pour les exterminer. Ils disent que mon faubourg les aurait étranglés..... Le petit Fournier et d'autres crient partout que je l'ai fait exprès..... Je ne les crains pas, je les ferai surveiller, et j'espère que ceux qui aujourd'hui ne nous aiment pas deviendront nos meilleurs amis.

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seurs de la République d'assister, dimanche 27, à la place de la Réunion, où le corps électoral et les sociétés patriotiques doivent se rendre à l'effet de se donner le baiser fraternel, le conseil général, applaudissant aux motifs qui ont inspiré cette démarche amicale, déclare, à l'unanimité, qu'il donne son adhésion à l'arrêté de la société des Défenseurs de la République ; qu'en conséquence le conseil-général se rendra dimanche matin, à dix heures, à la place de la Réunion, pour assister à la cérémonie fraternelle qui doit y avoir lieu; arrête que le corps électoral, les quarantehuit sections et les sociétés patriotiques seront invités à y assister. ›

16 mars. Le commandant-général, par l'ordre de ce jour, prévient qu'une affiche couleur jonquille a été placardée ce matin, par laquelle les bons citoyens sont invités à se soulever contre les Jacobins. Chaumette dit, à l'occasion d'un léger mouvement qui a été apaisé sur-le-champ par le maire et les officiers municipaux, qu'il a été affiché ce matin un placard portant que le maire est un monstre, et qu'il faut massacrer la Convention, le conseilgénéral et la municipalité; il ajoute qu'il a dénoncé ce placard au comité de sûreté générale.

17 mars. Le procureur de la Commune représente au conseil que jamais les rues de Paris n'ont été plus encombrées, ni plus mal éclairées, et par conséquent moins sùres; que dans un moment où les ennemis de la chose publique, les agitateurs de toute espèce, se réunissent à Paris, il est instant de surveiller toutes les branches de l'administration de la police; qu'il serait bon aussi de connaître les employés dont elle s'entoure, ainsi que ceux qu'elle a pu refuser. Le conseil général a arrêté que les adminis trateurs de police feront demain leur rapport sur le nettoiement, l'illumination de Paris, et sur les différentes personnes qu'ils emploient et préfèrent dans les diverses portions de la police. Il a été arrêté en outre que cette administration sera invitée à donner des éclaircissemens sur les moyens d'occuper provisoirement la classe des citoyens indigens.

18 mars. Le conseil a arrété qu'il serait fait un récit exact des

travaux de la Commune du 10 août, et du conseil-général provisoire; qu'on y présentera le tableau de la conduite des habitans de Paris dans cette circonstance. Ce récit sera terminé par le décret de la Convention nationale qui déclare que la Commune de Paris a bien mérité de la patrie.

Chaumette a été chargé de la rédaction de cette adresse, et Dorat-Cubières lui a été adjoint.

Club des Jacobins.

La raison qui fait que les séances des Jacobins ont en ce moment une médiocre importance révolutionnaire, c'est que les débats de la Convention occupent exclusivement les députés qui sont l'ame de ce club. Aujourd'hui la Montagne commence à tenir la majorité, et bientôt elle sera maîtresse absolue. Or, il est remarquable que, dans le passé, les Jacobins ont joué le principal rôle tout le temps que l'opposition, étant en minorité dans les assemblées nationales successives, a cherché au-dehors à s'organiser en majorité. Depuis qu'elle triomphe dans la sphère parlementaire, ce n'est plus qu'à la veille des coups d'état, et lorsqu'elle a besoin de l'assentiment énergique de la nation entière, qu'elle vient émouvoir et passionner le club dont elle a fait le centre moral de la France. Ainsi, il faut s'attendre à ce que les séances de cette société ne présenteront désormais un grand intérêt qu'à l'époque du 31 mai, qu'au temps de la lutte entre Robespierre et Danton, et enfin qu'aux approches du 9 thermidor, lorsque Robespierre s'efforcera d'y exciter le zèle des bonnes moeurs pour l'extermination définitive des hommes immoraux.

Nous avons déjà analysé la séance des Jacobins du 10 mars. Celles qui précèdent n'offrent d'intéressant que le rapport fait le dimanche 3 mars par J.-M. Collot-d'Herbois sur les nombreuses accusations à porter contre l'ex-ministi e Roland. › Voici comment le rapporteur se résume :

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• Mon opinion est qu'il y a lieu à accusation contre l'ex-ministre Roland:

› Pour avoir, contre les intentions de la Convention nationale,

employé des sommes énormes à corrompre l'opinion publique, en faisant circuler les écrits qui se sont trouvés les plus contraires aux principes républicains consacrés par les décrets, et au crédit public, toujours attaqué dans ces écrits; par des terreurs imaginaires, dont le but le plus manifeste était de rompre l'unité de la République, et de modérer la haine forte et prononcée du peuple français contre les tyrans;

Pour avoir affecté un mépris scandaleux pour les lois existantes et les autorités constituées en refusant de s'y conformer, quelquefois en y apportant des modifications, et particulièrement en faisant briser des scellés apposés, sans autre formalité que sa propre volonté;

■ Pour avoir provoqué l'anarchie, en détruisant la confiance pour le gouvernement, soit en dénonçant calomnieusement des proclamations qu'il avait signé lui-même, soit par des instructions particulières qui ont mis souvent les commissaires nationaux en danger, le but de ces attentats étant de ramener sur lui seul toute la puissance du conseil exécutif;

» Pour avoir violé le secret de la poste, intercepté et falsifié les correspondances patriotiques;

Pour avoir provoqué une force armée qui tendait visiblement à rétablir la tyrannie et à créer la guerre civile, l'avoir mise en mouvement sans qu'aucune loi l'y ait autorisé;

› Pour avoir publié des écrits pseudonymes, et notamment la lettre d'un Anglais aux Parisiens, qui tendait à ruiner une partie de la République ;

Pour avoir méprisé et insulté les citoyens qui lui portaient les plus légitimes réclamations;

› Pour avoir voulu, par sa correspondance avec les directoires des départemens, rétablir l'ancienne corvée ;

Pour avoir essayé de rebuter et décourager les habitans des frontières du Nord, par une correspondance insultante avec ceux de Lille et par le refus des secours accordés à ceux de Thionville;

› Pour avoir, de son autorité, rétabli dans leurs fonctions

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