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huit ans. On lui doit fept volumes d'anciens monumens. Exilé pour avoir foutenu les prétentions du cardinal de Bouillon, qui fe croyait indépendant du roi, et qui fondait fon droit fur ce qu'il était né d'une maison fouveraine, et dans la principauté de Sédan, avant que l'échange de cette fouveraineté avec le roi eût été consommé. Mort en 1718.

BALZAC, (Jean-Louis) né en 1594. Homme éloquent et le premier qui fonda un prix d'éloquence. Il eut le brevet d'hiftoriographe de France et de confeiller d'Etat, qu'il appelait de magnifiques bagatelles. La langue française lui a une très-grande obligation. Il donna le premier du nombre et de l'harmonie à la profe. Il eut de fon vivant tant de réputation, qu'un nommé Goulu, général des feuillans, écrivit contre lui deux volumes d'injures. Mort en 1654.

BARATIER, le plus fingulier peut-être de tous les enfans célèbres. Il doit être compté parmi les Français, quoique né en Allemagne. Son père était un prédicant réfugié. Il fut le grec à fix ans, et l'hébreu à neuf. C'est à lui que nous devons la traduction des voyages du juif Benjamin de Tudelle avec des differtations curieufes. Le jeune Baratier était déjà favant en hiftoire, en philofophie, en mathématique. Il étonna tous ceux qui le connurent pendant fa vie, et en fut regretté à fa mort; il n'avait que dix-neuf ans lorfqu'il fut ravi au monde; il eft vrai que fon père travailla beaucoup aux ouvrages de cet enfant.

BARBEYRAC, (Jean) né à Béziers, en 1674. Calvinifte, profeffeur en droit et en hiftoire à Laufanne, traducteur et commentateur de Puffendorf et de Grotius. Il femble que ces Traités du Droit des Gens de la Guerre et de la Paix, qui n'ont jamais fervi ni à aucun traité de paix, ni à aucune déclaration de guerre, ni à affurer le droit d'aucun homme, foient une confolation pour les peuples, des maux qu'ont fait la politique et la force. Ils donnent l'idée de

la juftice, comme on a les portraits des perfonnes célèbres qu'on ne peut voir. Sa préface de Puffendorf mérite d'être lue: il y prouve que la morale des pères eft fort inférieure à celle des philofophes modernes. Mort en 1729.

BARBIER D'AU COUR, (Jean) connu chez les jéfuites fous le nom de l'Avocat Sacrus, et dans le monde par fa Critique des entretiens du père Bouhours, et par l'excellent plaidoyer pour un homme innocent appliqué à la question et mort dans ce fupplice; il fut long-temps protégé par Colbert, qui le fit contrôleur des bâtimens du roi ; mais ayant perdu fon protecteur, il mourut dans la misère, en 1694.

BARBIER, ( Mademoiselle) a fait quelques tragédies. BARON. (Michel) On ne croit pas que les pièces qu'il donna fous fon nom foient de lui. Son mérite plus reconnu était dans la perfection de l'art du comédien, perfection très-rare et qui n'appartint qu'à lui. Cet art demande tous les dons de la nature, une grande intelligence, un travail affidu, une mémoire imperturbable, et fur-tout cet art fi rare de fe transformer en la perfonne qu'on représente. Voilà pourtant ce qu'on s'obstine à méprifer. Les prédicateurs venaient fouvent à la comédie dans une loge grillée étudier Baron, et de-là ils allaient déclamer contre la comédie. C'est la coutume que les confeffeurs exigent des comédiens mourans qu'ils renoncent à leur profeffion. Baron avait quitté le théâtre en 1691 par dégoût. Il y avait remonté en 1720, à l'âge de foixante-huit ans, et il y fut encore admiré jufqu'en l'année 1729. Il était alors âgé de près de foixante et dix-huit ans ; il fe retira encore, et mourut la même année, en proteftant qu'il n'avait jamais eu le moindre fcrupule d'avoir déclamé devant le public les chefs-d'œuvre de génie et de morale des grands auteurs de la nation; et que rien n'eft plus impertinent que d'attacher de la honte à réciter ce qu'il eft glorieux de compofer.

BARREAUX (Jacques de la Vallée, feigneur des) eft connu des gens de lettres et de goût par plufieurs petites pièces de vers agréables dans le goût de Sarafin et de Chapelle. Il était confeiller au parlement. On fait qu'ennuyé d'un procès dont il était rapporteur, il paya de son argent ce que le demandeur exigeait, jeta le procès au feu et fe démit de fa charge. Ses petites pièces de poëfies font encore entre les mains des curieux; elles font toutes affez hardies. La voix publique lui attribua un fonnet auffi médiocre que fameux, qui finit par ces vers:

Tonne, frappe, il eft temps, rends-moi guerre pour guerre :
J'adore en périffant la raifon qui t'aigrit;

Mais deffus quel endroit tombera ton tonnerre,
Qui ne foit tout couvert du fang de Jesus-Christ?

Il eft très-faux que ce fonnet foit de des Barreaux, il était très-fâché qu'on le lui imputât. Il eft de l'abbé de Lavau, qui était alors jeune et inconsidéré; j'en ai vu la preuve dans une lettre de Lavau à l'abbé Servien. Des Barreaux mort en 1673.

BASNAGE, (Jacques) né à Rouen, en 1653. Calvinifte, pafteur à la Haie, plus propre à être miniftre d'Etat que d'une paroiffe. De tous fes livres, fon Hiftoire des Juifs, celle des Provinces Unies et de l'Eglife, font les plus eftimés. Les livres fur les affaires du temps meurent avec les affaires; les ouvrages d'une utilité générale fubfiftent. Mort en 1723.

BASNAGE DE BEAUVAL, Henri) de Rouen, avocat en Hollande, mais encore plus philofophe, qui a écrit de la tolérance des Religions. Il était laborieux; et nous avons de lui le Dictionnaire de Furetière augmenté. Mort en 1710.

BASSOMPIERRE. ( François, maréchal de) Quoique fes mémoires appartiennent au fiècle précédent, on peut compier dans cette lifte, étant mort en 1646.

le

BAUDRAND, (Michel) né à Paris en 1633, géographe, moins eftimé que Samfon. Mort en 1700.

BAYLE, (Pierre) né au Carlat, dans le comté de Foix, en 1647, retiré en Hollande plutôt comme philosophe que comme calvinifte, perfécuté pendant fa vie par Jurieu, et après fa mort par les ennemis de la philofophie. Ce favant, que Louis Racine appelle un homme affreux, donnait aux pauvres fon fuperflu; et quand Jurieu, lui eut fait retrancher sa pension, il refusa une augmentation de l'honoraire que lui donnait Reiniers Leers, fon imprimeur. S'il avait prévu combien fon Dictionnaire ferait. recherché, il l'aurait rendu encore plus utile, en retranchant les noms obscurs, et en y ajoutant plus de noms illuftres. C'est par fon excellente manière de raisonner qu'il eft fur tout recommandable, non par fa manière d'écrire trop fouvent diffuse, lâche, incorrecte, et d'une familiarité qui tombe quelquefois dans la baffeffe ; dialecticien admirable, plus que profond philosophe : il ne favait prefque rien en phyfique. Il ignorait les découvertes du grand Newton. Prefque tous fes articles philofophiques fuppofent ou combattent un cartéfianisme qui ne fubfifte plus. Il ne connaiffait d'autre définition de la matière que l'étendue. Ses autres propriétés reconnues ou soupçonnées ont fait naître enfin la vraie philosophie. On a eu des démonftrations nouvelles, et des doutes nouveaux: de forte qu'en plus d'un endroit le sceptique Bayle n'est pas encore affez fceptique. Il a vécu et il est mort en sage. Defmaifeaux a écrit fa vie en un gros volume; elle ne devait pas contenir fix pages: la vie d'un écrivain fédentaire eft dans fes écrits. Mort en 1706.

Il ne faut jamais oublier la perfécution que le fanatique Jurieu fufcita dans un pays libre à ce philosophe. Il arma contre lui le confiftoire calvinifte fous plusieurs prétextes, et fur-tout à l'occafion du fameux article de David. Bayle avait fortement relevé les excès, les trahisons et les barbaries que ce prince juif avait commises dans

les temps où la grâce de DIEU l'abandonnait. Il n'eût pas été indécent à ce confiftoire d'engager Bayle à célébrer ce prince juif qui fit une fi belle pénitence, et qui obtint de DIEU que foixante et dix mille de fes fujets mouruffent de la pefte, pour expier le crime de leur roi qui avait ofé faire le dénombrement du peuple. Mais ce qui doit être foigneufement observé, c'est que ces pafteurs dans leur cenfure le reprennent d'avoir quelquefois donné des éloges à des papes gens de bien, et lui enjoignent de ne jamais juftifier aucun pape, parce que, difent-ils expreffément, ils ne font pas de leur Eglife. Ce trait eft un de ceux qui caractérisent le mieux l'efprit de parti. Au refte on a voulu continuer fon dictionnaire; mais on n'a pu l'imiter. Les continuateurs ont cru qu'il ne s'agisfait que de compiler. Il fallait avoir le génie et la dialectique de Bayle pour ofer travailler dans le même genre.

BEAUMONT DE PÉRÉFIXE, (Hardouin) précepteur de Louis XIV, archevêque de Paris. Son Hiftoire de Henri IV, qui n'eft qu'un abrégé, fait aimer ce grand prince, et eft propre à former un bon roi. Il la compofa pour fon élève. On crut que Mézerai y avait eu part; en effet il s'y trouve beaucoup de fes manières de parler ; mais Mėzerai n'avait pas ce ftyle touchant et digne en plufieurs endroits du prince dont Péréfixe écrivait la vie, et de celui à qui il l'adreffait. Les excellens confeils qui s'y trouvent pour gouverner par foi-même ne furent inférés que dans la feconde édition, après la mort du cardinal Mazarin. On apprend d'ailleurs à connaître Henri IV beaucoup plus dans cette hifloire que dans celle de Daniel, écrite un peu sèchement, et où il eft trop parlé du père Coton, et trop peu des grandes qualités de Henri IV et des particularités de la vie de ce bon roi. Péréfixe émeut tout cœur né fenfible, et fait adorer la mémoire de ce prince, dont les faibleffes n'étaient que celles d'un homme aimable, et dont les vertus étaient celles d'un grand homme. Mort en 1670.

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