Imágenes de página
PDF
ePub

.

il n'en jouit pas long-temps; le bénéfice lui fut difputé, & il n'en retira pour tout fruit qu'un procès, que ni lui ni fes Juges n'entendirent jamais, comme il le dit dans la Préface de fa Comédie des Plaideurs, dont ce procès fut en partie l'occafion; auffi abandonna-t-il & le bénéfice & le procès. Il donna les Plaideurs, en 1668; Britannicus, Tragédie, en 1670; Bérénice, Tragédie, en 1671; Baja. gct, Tragédie, en 1672; Mithridate, Tragédie, en 1673; Iphigénie, Tragédie, en 1675; Phédre, Tragédie, en 1677. Ce fut fa dernière Piéce, & il renonça dès-lors à la Poëfie, Il époufa la même année la fille d'un Tréforier de France d'Amiens, nommée Catherine Romanet. Il penfa alors à fe réconcilier avec fa tante la Religieufe, & Meffieurs de Port-Royal, qui n'avoient plus voulu le voir depuis qu'il eut commencé à travailler pour le Théâtre, & avec lesquels même il avoit eu une querelle perfonnelle, dont voici le fujet. M. Nicole ayant, dans une de ses Lettres vifionnaires, fait une critique contre les Roans & les Piéces de Théâtre en général,

M. Racine, que cela ne regardoit pas plus que les autres Auteurs de ces genres d'Ouvrages, & qui d'ailleurs ignoroit que cette critique générale regardoit particulièrement Defmarêts de Saint-Sorlin, s'avifa de prendre lui feul le parti de tous fes Confrères. Il écrivit d'abord une Lettre contre ces Mef |fieurs, qui fit grand bruit dans le monde, pleine d'efprit, mais peu exacte dans plufieurs faits. M, Nicole négligea d'y répon dre, mais deux autres perfonnes le firent pour lui, La première de ces deux Réponfes eft datée du 22 Mars 1666, & attribuée à Barbier d'Aucourt; la feconde eft du premier d'Avril fuivant, & on la donne à M. du Bois. M. Racine répliqua à ces deux Répon fes par une feconde Lettre, mais qu'il fup prima par le confeil de M, Defpréaux, parmi les Œuvres duquel elle fe trouve dans l'édition de Hollande de 1722. Auffi-tôt après fon mariage, le Roi le choifit avec M. Def préaux pour écrire fon Histoire. Cette occupation acheva de l'arracher tout-à-fait à la Poëfie, qu'il n'eut peut-être jamais reprise,

fi, pour obéir aux ordres du Roi & de Ma dame de Maintenon, il n'avoit été engagé de compofer pour les Demoifelles de SaintCyr la Tragédie d'Efther, imprimée en 1689, & celle d'Athalie en 1691, & des Cantiques Spirituels en 1689. Le Roi, qui avoit fait communiquer à M. Racine tous les Mémoires néceffaires pour la compofition de fon Hiftoire, voulut encore qu'il l'accompagnât dans fes campagnes, pour être témoin luimême des chofes qu'il devoit confier à la poftérité; mais les morceaux de cette Hiftoire, qu'il en avoit compofés, périrent dans l'incendie total de la maifon de M. de Valincour à Saint Cloud, à qui M. Defpréaux avoit remis en manufcrit ces papiers. L'Hiftoire de Port-Royal n'a pas eu un fort plus heureux. M. Racine deux jours avant fa mort remit l'Ouvrage entier qu'il venoit d'achever entre les mains d'un ami, lequel eft mort auffi, & depuis on n'a jamais fçu ce que l'Ouvrage étoit devenu*. Mais on a oui dire

* Elle a été retrouvée, & eile eft imprimée entière

11767.

¡M. Defpréaux, que c'étoit le plus parfait morceau d'Hiftoire que nous euffions dans notre Langue. M. Racine mourut le 21 d'Avril 1699. Son corps fut d'abord porté à Saint Sulpice, fa Paroiffe, & mis en dépôt toute la nuit dans le Chœur de cette Eglife, & tranfporté le jour fuivant à Port-Royal des Champs, où il fut enterré le 23, non aux pieds de M. Hamon, comme il l'avoit demandé dans fon Teftament, mais au-deffus, parce qu'il ne fe trouva point de place audeffous. Il laiffa aux Religieufes de PortRoyal une fomme de 800 livres par fon Teftament daté de fon Cabinet à Paris le 10 Octobre 1698. Après la deftruction de PortRoyal, fa veuve obtint la permiffion de faire exhumer le corps de fon mari le 2 Décembre 1711, & le fit apporter à Paris en l'Eglife de Saint Etienne du Mont, pour-lors fa Paroiffe, où il repofe auprès de la Tombe de M. Pascal, derrière le maître Autel, en face de la Chapelle de la Vierge, où elle repose auffi elle-même, ayant été mise auprès de fon mari. Elle mourut le.... No

Tome I.

b

1

xxvj Ext. des Mém. fur la vie de J. Racine.

vembre 1732, ayant eu de M. Racine fept enfans, deux garçons & cinq filles. L'aîné, à qui le Roi avoit donné la furvivance de la charge de Gentilhomme Ordinaire de fon! père, l'a exercée long-temps; le cadet, quia été de l'Académie des Belles-Lettres, eft Au teur du Poëme de la Grace; de deux Lettres en vers fur l'Ame des Bêtes ; d'une Ode & d'une Épître à M. de Valincour, où le Public a trouvé avec plaifir le génie du père. Il a fait outre cela un Poëme fur la vérité de la Religion Chrétienne. Il eft encore Auteur de plufieurs Differtations écrites avec autant de folidité que d'agrément, recueillies dans les derniers volumes des Mémoires de l'Aca démie,

« AnteriorContinuar »