Répand fur mes discours le venin qui la tue ; Qu'il fonge qui des deux il veut rendre, ou garder. SCENE III. ORESTE feul. Oui, oui, vous me fuivrez, n'en doutez nullement, UI, Je vous réponds déja de fon confentement, Je ne crains pas enfin que Pyrrhus la retienne. Sauve tout ce qui refte & de Troye & d'Hector, Garde fon fils, sa veuve, & mille autres encor Épire, c'eft affez qu'Hermione rendue Perde à jamais tes bords, & ton Prince de vue. Mais un heureux deftin le conduit en ces lieux. Parlons. A tant d'attraits, Amour, ferme les yeux. SCENE IV. PYRRHUS, ORESTE, PHENIX. PYRRHUS. JE vous cherchois, Seigneur. Un peu de violence M'a fait de vos raifons combattre la puiffance, J'ai fongé, comme vous, qu'à la Grèce, à mon père OREST E. Seigneur, par ce confeil prudent & rigoureux, PYRRHUS. Oui, mais je veux, Seigneur, l'affurer davantage. Je l'époufe. Il fembloit qu'un fpectacle si doux Vous y représentez tous les Grecs & fon père, Ah, Dieux! SCENE V. PYRRHUS, PHENIX. PYRRH US. HÉ bien, Phoenix, l'amour est-il le maître ? Tes yeux refusent-ils encor de me connoître? PHONI X. Ah, je vous reconnois ; & ce jufte courroux, PYRRH US. Dis plutôt qu'aujourd'hui commence ma victoire. Que d'amis, de devoirs j'allois facrifier, PHONI X. Oui, je bénis, Seigneur, l'heureuse cruauté PYRRH US. Tu l'as vu comme elle m'a traité. Je penfois, en voyant fa tendreffe allarmée, Que fon fils me la dût renvoyer défarmée. J'allois voir le fuccès de fes embraffemens. Je n'ai trouvé que pleurs mêlés d'emportemens. Sa mifere l'aigrit; &, toujours plus farouche, Cent fois le nom d'Hector eft forti de fa bouche. Vainement à fon fils j'affurois mon fecours : C'est Hector, difoit-elle, en l'embraffant toujours; Voilà fes yeux, fa bouche, & déja son audace : C'eft lui-même ; c'eft toi, cher époux, que j'embraffe. Et quelle eft fa pensée ? Attend-elle, en ce jour, Que je lui laiffe un fils pour nourrir fon amour? PHŒNI X. Sans doute, c'est le prix que vous gardoit l'ingrate. PYRRH U S. Je voi ce qui la flatte. Sa beauté la raffure, &, malgré mon courroux Je la verrois aux miens, Phoenix, d'un œil tranquille. PHEN I X. Commencez donc, Seigneur, à ne m'en parler plus, Vous-même à cet hymen venez la disposer. Quoi, toujours Andromaque occupe votre esprit? Que vous importe, ô Dieux, fa joie ou son dépit ? Quel charme, malgré vous, vers elle vous attire ? PYRRH U S. Non, je n'ai pas bien dit tout ce qu'il faut lui dire. PHENI X. Allez, Seigneur, vous jetter à ses pieds. Allez, en lui jurant que votre ame l'adore, |