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Cristophe Colomb, je leur demandais encore une heure, une minute, un instant de marche; m'animant par degrès, je leur prodiguais les noms de lâches, et, pour donner plus de poids à mes paroles, j'avais soin de tirer de ma poche une petite lanterne volée à mon père, laquelle devait nous guider dans les profondeurs ténébreuses que nous allions visiter. Je la montrais solennellement, et surtout les petites bougies héroïquement achetées de nos propres et rares deniers; ordinairement mon éloquence ébranlait mes compagnons et j'avais la satisfaction de voir triompher ma cause. Oh! que j'étais heureux et fier !.... Je regrette ce temps.

Jean-Jacques confesse que l'aspect d'une simple fleur bleue, l'inouda de joie par la ressouvenance du passé, et lui fit crier avec enivrement :

C'est une pervenche!...

Quelque chose d'analogue m'arrive chaque fois que le hasard, plaçant la main d'un enfant dans la mienne, me donne l'occasion de le conduire à la campagne où nous attendent ses parens : alors je l'épie, j'attends le moment où, découvrant sa maison à demi cachée sous le feuillage, il batte des mains, fasse une cabriole, et s'écrie :

Nous y voilà!

J'accueille avec émotion ces trois mots échappés de sa bouche enfantine; ils font vibrer la corde de mes souvenirs, et font revivre, pour quelques instans, tout un délicieux passé auprès duquel le présent s'efface, ou se contracte comme un bout de parchemin au contact d'une flamme violente.

Plus tard, quand ma mémoire se fut meublée, que mes idées eurent grandi avec mon imagination, mon ambition devint aussi plus grande : mes désirs allèrent au-delà de la plus haute montagne, et plongèrent en deçà d'une mer bleue, éloignée seulement de quelques lieues, et qui m'envoyait de sa vaste surface ondée, des étincelles d'or, de diamans et d'enthousiasme.

J'étais né, oui, je le sens, pour être voyageur!

Je le sens!... à cette agitation fébrile qui me saisit en évoquant mes souvenirs; je le sens !... aux battemens de mon cœur ; je le comprends !... au malaise inexprimable qui me fait crisper les doigts en écrivant ces lignes. J'étais né pour courir, vagabonder, me perdre dans les bois, et me retrouver encore pour le raconter.

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J'avais faim de sites, comme un antiquaire a faim de tout ce qui est antique, comme l'enfant a faim de lait, comme la jeune fille a faim d'amour, comme l'avare a faim d'argent, comme le riche a faim de grandeurs, comme le mendiant a faim du pain qui lui manque.

J'étais né pour être voyageur, et je ne le fus point. Les plus belles années de ma jeunesse se dépensèrent dans une sorte de couvent, où mon ardente curiosité dut se borner à contempler un cimetière voisin, garni de croix noires comme un champ l'est de blanches marguerites; clôturé d'un côté par un mur noir et triste; entouré de l'autre par la marne silencieuse, toujours trouble comme après un orage, et d'une physionomie aussi sèche que les cadavres dormant à ses - Et quand un peu de liberté me fut donnée, helas...! je me trouvais trop pauvre pour satisfaire mon MOSAÏQUE DU MIDI.

côtés.

5o Année.

amour des voyages; mais s'il ne me fut pas permis d'explorer en grand, de traverser les mers, de parcourir les quatre parties du monde, je voulus du moins tromper mon appetit dévorant, en circonscrivant le cercle de mes désirs; j'étais, certes, bien loin de deviner les jouissances qui m'attendaient.

Un bâton, un carnier, un chapeau à l'épreuve de tous les accidens atmosphériques, et une paire de bottines solidement serrées composèrent tout mou équipage. -Le lieu natal fut mon point de départ, et partout où mes pressentimens me disaient d'aller, le but de mes courses.

D'abord je visitai de petites chapelles, de saints ermitages, de miraculeuses notre-dames enrichies d'offrandes et surchargées d'ex-voto, et rien de ce qui dans le voisinage, avait un atôme de renommée ne put m'échapper.-Puis... quand, sans calculer la lougueur du jour, ni me soucier d'un gîte pour la nuit, j'osai dépasser ces limites trop restreintes et déja connues, je vis des solitudes à faire naître l'envie de se faire anachorète; des déserts à vous donner l'audace de peser la vie comme un bien nous appartenant, et à vous inspirer l'idée d'un suicide sans remords.-J'entendis le vent courir mystérieusement dans le cœur des forêts inabordables, et mourant de vieillesse; de la lisière où je m'étais arrêté, j'ai vu de nouvelles générations verdoyer sous leurs påles squelettes; je les ai vues, impatientes de voir le jour comine des parricides impatiens de jouir du bien paternel, étouffer sans pitié les arbres vieillards dont la semence leur donna l'être.Forêts moins riches que celles qui ont été décrites par Châteaubriand, mais vierges comme la fleur du matin, et sévères comme une statue antique mutilée par la foudre.

Je découvris et partageai des misères à faire douter de la bonté de Dieu; je mis ma main dans la main d'un prêtre aussi pauvre que le dernier de ses paroissiens; les aimant comme ses enfans, vêtu plus misérablement qu'eux, aussi respecté et plus adoré qu'un évêque mitre en tête et diamant au doigt; ne se servant de son autorité que paternellement; portant un visage halé et des joues creuses; travaillant aux champs, revenant le soir avec un fágot sur la tête; enfin parlant à ses ouailles, beaucoup du ciel et très peu de l'enfer.

et

J'atteignis des rocs sur la cime blanchie desquels je cherchai vainement la trace de l'aigle; je sautai à pieds joints, dans des crevasses qui ne servirent jamais de tannière au renard; je me laissai couler dans des abimes où toute végétation était interdite, et où le bruit des cailloux que j'entraînais après moi, se répercutant comme dans un vase d'airain, prenait l'éclat et la majesté du tonnerre. Une torche d'une main, et me traînant sur l'autre, je rampai, comme un reptile immonde, dans des trous, dans des boyaux salis de fange, pour aller regarder les gouttes d'eau tombant des fissures d'une caverne... pour toucher quelques stalagmites de plus, et m'écrier après :

Beau!... trois fois beau !...

Tout cela s'est passé à quelques pas d'un monde, bourdonnant dans ses cités, jouissant de tout, pendant que la faim, la soif, le vent, la neige, la pluie et la peur des loups me livraient la guerre.

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Quelques sites me plurent tellement que je criai: infamie!... de ne pouvoir en faire ma propriété. J'essavai de les dessiner, mais je n'en obtins qu'une représentation décolorée et insuffisante. Je sentais trop vivement alors pour songer à coucher mes sensations sur le papier, aussi les ai-je toujours enfouies au dedans de moi, excepté quelquefois où j'en ai vidé le trop plein dans des épanchemens d'artiste ou de voyageur. Aujourd'hui qu'un peu de calme a succédé à cette vie d'agitation; je me suis senti pris du désir qu'éprouve le soldat rentré dans ses foyers, celui de parler de ses batailles. Je vais donc essayer de retracer des sites déja connus, et d'autres qui ne le sont pas encore. Le tout sans plus de prétentions que le portier qui, devinant par instinct les hommes avides de science, ler arrête au passage, et du doigt leur montre le muséum auprès duquel ils passaient, sans en deviner les richesses.

Heureux! si ma tentative fait tressaillir une plume telle que je voudrais la posséder, pour parler dignement du sujet qui va nous occuper.

Plus heureux encore !... si, s'animant à mon pâle racontage, elle veut voir par elle-mème, faire peut-être de nouvelles découvertes, et les jeter en style de feu, à la curiosité de nos lecteurs.

Je commence, sans choisir, mais prenant au hasard dans l'ample mosaïque de mes souvenirs.

LA VALLÉE DE BAGARELLES ET CHATEAU-VERT.

Il est entre Brignolles et Draguignan, non loin d'un

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joli petit village appelé Carcès, plus près d'un autre qui a nom Montfort, et tout près de celui de Gorrens, un endroit appelé vulgairement la vallée de Bagarelles.

De tous les chemins qui y conduisent, nul n'est plus agréable pour l'artiste, que celui que nous venons d'indiquer. La variété et les accidens de la route la font trouver moins longue, et la préparent par gradation au spectacle qui est le but de la course.-C'est Carces avec son pont svelte, ses moulius baignés d'eau, son château d'historique fondation (1), et sa rivière de Carami (2) qui, se hâtant de franchir une digue, va attendre Argens au passage, l'arrête un instant, s'y attache, et la suit comme une sœur, qui, se pendant au bras de son ainée, se laisse guider par elle à travers les prairies. C'est Montfort au front blème, avec ses maisons échelonnées et ses vertes et jolies prairies. -C'est puis ensuite, Argens que l'on côtoyejusqu'à Gorrens, toujours capricieuse, vagabonde, destructive, sauteuse comme un poulin, et empiétant constamment sur le terrain de ses deux rives. Gorrens est un village singulièrement båti, et d'un aspect plus singulier encore. On peut en passant admirer de magnifiques arbres plantés majestueusement devant l'église.

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(1) Ce château, ou du moins les événemens qui s'y sont passés, ont inspiré un long poëme à M. Denys député et auteur d'un ouvrage sur la provence, orné de lithographies dues au crayon de M. Cordouan. Cet ouvrage a subi le sort que nous signalions tout-à-l'heure.

(2) On a pu voir l'étymologie de ce nom, dans une pièce de vers, renfermée dans la livraison dé mai 1839.

A partir de là, la solitude commence, même en traversant des campagnes fort bien cultivées; Argens se montre par rares intervalles, puis disparaît tout-àfait. Le site commence alors à prendre un aspect plus sauvage; les terres sont cultivées avec moins de soin; les murs qui les soutiennent sont plus grossiers; les croix que l'on rencontre, sont d'un bois à peine équarri, et les niches des Santons (1) sont livrées à un dépérissement déplorable. Le chemin depuis long-temps est devenu sentier; depuis peu le sentier lui-même se retrécit de plus en plus, et des montagnes commencent à profiler, à droite, leurs groupes rongeâtres, incultes, caillouteuses, ou rarement ombrées par des touffes d'arbres, qui semblent se serrer les uns contre les autres, pour se défendre mutuellement de l'aridité environnante.

L'aspect change ensuite : le sentier disparaît de distance en distance sous une herbe menue et hérissée; un ruisseau profond porte la fécondité de ses eaux dans le talweg de la campagne, et à mesure que l'on avance, on passe graduellement par toutes les transitions d'une localité fortement accidentée.

Un murmure sacadé, pareil au bruit du champagne s'échappant du goulot d'une bouteille, se fait entendre, et bientôt après l'on découvre Argens muselée par une digue, qui la contraint de donner une partie de ses eaux au ruisseau dont nous avons parlé, -On lui préterait presque une volonté, tant elle paraît animée, et rebelle à l'obstacle que l'homme lui a imposé. On dirait une nymphe au front indigné, aux lèvres contractées de dépit, et se hâtant de fuir en secouant la chevelure argentée de ses flots roulés en inombrables spirales, et éblouissant la vue par des effets d'optique variés.

Sur la rive droite s'élève un mur, et du côté de la gauche commence à s'en élever un autre: masses verticales, immensément hautes, image presque de l'infini, et qui, dans la main puissante qui les a plantées, n'ont jamais été que de minces dalles retournées sur le parvis irrégulier du monde. Ces murs sont à pic, mais parvenus à une certaine élévation, ils se divisent, s'échelonnent comme les gradins d'un cirque ruiné. A mesure que l'on avance, leurs pointes semblent monter plus haut, et le spectacle en prend un aspect plus grandiose.

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beaucoup trop élevées pour craindre un pareil accident.

Que de beautés dans le désordre qui apparaît! ici le mur, inexorable partout ailleurs, a senti craquer ses fondemens sous la force d'une catastrophe; ses flancs se sont déchirés violemment et ont livré passage à la lumière il s'est formé une espèce de rue, dont le sol commençant à la racine des rochers, monte insensiblement jusqu'au sommet d'une montagne. Les roches déplacées ont été dans leur chûte, triturées en si petites parcelles que le vent a pu en emporter une grande partie, et que ce qui reste encore a disparu sous une couche de terre végétale : quelques blocs pourtant ont dû à leur masse puissante de rester debout sur un lit de destruction. L'un d'entr'eux est tombé verticalement. Le froissement de sa chute, ou d'autres causes inconnues l'ont taillé, arrondi en forme de tronc de cône, et le hasard, ce grand faiseur de choses admirables, a jeté sur sa partie supérieure et plane, une autre pierre parallélipipédique, chargée de cassures ressemblant à des moulures informes... puis un autre rocher a été placé en travers, destiné à représenter l'entablement de cet édifice sauvage; mais l'ouvrier invisible qui a remué ces masses énormes, semblerait avoir laissé son ouvrage imparfait ou avoir mal pris ses mesures. L'entablement (puisqu'à un entablement nous l'avons comparé) n'est point horizontal: il est obliquement placé, et une entaille régulière, faite on le dirait, à dessein, au lieu de s'adapter contre une des faces du rocher inférieur, brise ses angles à sa surface.

A gauche c'est un autre rocher presque pareil pour la forme à celui dont nous venons de parler. Il a été précipité des hauteurs au pied desquelles il est maintenant adossé obliquement, et sa tête, qui jadis recevait dans le courant de l'année quelques rayons du soleil, est maintenant enterrée sous les débris qui l'entourent.

Un pin croissait dans ses flancs; comme un ami dans le malheur, il l'a suivi dans sa chute, et l'on croirait presque qu'une divinité tutélaire a voulu récompenser son dévouement, en la préservant miraculeusement d'une destruction imminente. Placé contradictoirement aux lois de la végétation, sa chevelure resta violemment inclinée vers le sol; il a réussi à la relever plus fière que jamais; mais un coude fortement prononcé lui est resté, comme le signe ignoble d'un forçat libéré. Ne pourrait-on pas comparer le rocher à un géant

avec rage, et le pin ne semblerait-il pas un de ses bras mutilés qui, se redressant par un mouvement nerveux, menace encore la puissance qui l'a terrassé, et lui envoie sa malédiction dernière ?

Argens, il y a un instant, objet principal, devient à peine un détail insignifiant de l'inconcevable pano-foudroyé, cachant sa tête dans la poussière qu'il mord rama qui se déploie aux regards étonnés. Sa largeur déja très modeste, paraît mesquine en face des immenses proportions dont elle est environnée : et, singulier effet d'hallucination! on se surprend à vouloir l'enjamber comme si elle n'était qu'un petit ruisseau. De même Gulliver, à son retour de l'île des géans, se baissait pour embrasser sa femme aussi grande que lui, et prenait toutes les précautions imaginables, pour ne pas se briser la tête au haut des portes qui étaient

(1) On appelle en langage du pays, Santon, ou petits saints, des images grossières, peintes sur bois ou sur fer blanc, et placées dans la partie creuse d'un pilier de maçonnerie, que l'on bâtit ordinairement sur le bord de la route et le plus souvent à la rencontre de deux chemins. A mesure que l'on approche de Nice ces signes de croyance se multiplient singulièrement.

Nous n'en finirions pas, si nous voulions consacrer un mot seulement à toutes les beautés de détails qui se fondent dans l'ensemble.

A mesure que l'on avance dans le défilé, la solitude en devient plus grande, et ne contribue pas peu à imprimer à ces lieux un caractère de sévérité, auquel İ'ame la moins impressionnable ne saurait échapper. Leur majesté sauvage ne saurait être tempérée par le gazon que l'on foule continuellement sous les pieds, par la richesse des accidens des rochers tantôt inclinés vers la terre, comme des voyageurs penchés sur le bord d'un alime pour en sonder les profondeurs, tantôt verticaux,

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décorés de mousses, festonnés de lierre, et distillant goutte à goutte, des eaux chargées de matières étrangères, qui les bariolent de teintes rougeâtres comme des taches d'oxide de fer, ou de lignes zig-zaguées, et noirâtres comme les veines du charbon de terre.

La largeur que ces murs naturels laissent entr'eux, est, en certains endroits, tout au plus de 45 à 50m. tout s'y est réuni pour en faire un site admirable, non point de ceux qu'auraient aimés Gesner ou Florian, mais un peu satanique.... et tel que l'auraient choisi, Callot, Hoffman, et Byron.

Et en effet l'ame du voyageur se sent comme à l'étroit, oppressée par le manque d'air, et péniblement af

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fectée du lourd silence qui pèse sur elle, et qu'interrompt à peine le cri de quelque geai fourvoyé. Tout est muet.... et paraît l'être sous l'effet d'un charme féerique! les arbres paraissent (on le dirait) tristes: le soleil éclaire à peine le sommet des plus hauts rochers de ses rayons, qui, d'en-bas, paraissent pâles et livides. Argens,..... Argens elle-même, naguère si bruyante, si pétulante et si agaçante dans sa course, s'est voués à un silence religieux, et paraît craindre de troubler la profonde méditation, imprimée sur le front de tous les objets environnans.

Ses eaux sont mortes, immobiles et comme tassées sous une main de fer!

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Seul être vivant devant un spectacle si grandiosement sauvage, l'émotion que l'on éprouve à son aspect, a aussi quelque chose de noble, mais sa trop longue durée vous fatigue: aussi, quand on est sur le point d'atteindre Château-Vert, on ne saurait mieux comparer la sensation que l'on éprouve, qu'à celle d'un homme venant de visiter une prison obscure, et qui sent l'air lui fouetter la figure, sur le seuil de la porte où il s'est arrété un instant pour respirer.

Alors les rochers s'affaissent, la vallée s'élargit avec joie, le ciel n'est plus le même, l'air est plus tiède, la végétation est moins sombre, quelques oiseaux se font entendre, Argens reprend sa folle gaité, et le soleil, libre enfin, vient animer le paysage, et répandre une bienfaisante chaleur sur vos membres moites d'humidité.

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Si c'est la rive gauche que vous suivez, vous apercevrez de l'autre côté un petit puits en tuf, et un peu plus loin une modeste croix que l'on dirait y avoir été placée comme un jalon d'espoir sur la route du voyageur attristé. A droite se dresse une unique maison, largement entourée de belles eaux, et à l'abri d'une colline verdoyante. Elle représente le quart du village de Château-Vert, et communique avec le restant placé de l'autre côté de la rive, par un pont en tuf jeté sur la

rivière. Avant de le franchir, asseyons-nous sur un de ses parapets, et donnons un coup-d'œil au paysage qui se déploie du côté opposé.

D'abord à gauche et se perdant dans le lointain, le chemin de Barjols; puis de gauche, se prolongeant indéfiniment à droite, s'élève une colline rude, rocailleuse et chagrine, au sommet de laquelle les restes d'un antique manoir se dressent misérables, et éparpillés comme les membres d'une famille proscrite. Si le temps a touché rudement la demeure féodale de son aile destructive, on comprend que la main de l'homme y a pris une large part et c'est pitié et charme en mêmetemps, que de songer au passé, devant ces ruines, image du néant des ouvrages et de la puissance des hommes !

Si vous ramenez votre vue du côté du chemin de Barjols, vous apercevrez une tour servant de pigeonnier, un peu plus à droite la maison curiale; entr'elle et la tour un rocher pyramidal, abrité par la colline à la hauteur de laquelle, il paraît vouloir s'élancer. Audessus de lui tout est ruine; son pied plonge dans le cimetière; le fossoyeur en attaque les racines chaque fois qu'il creuse une fosse, et pourtant son attitude est fière autant que sa tête est aiguë. Si vous le regardez au

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