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lon l'expression d'un poète moderne, sema des temples en passant sur le sol des Tectosages, et qui reçut la palme du martyre au pied du Capitole de cette ville antique. On lisait sur le bas-relief ces deux vers léonins :

ECCE SATVRNINVS QVEM MISERAT ORDO LATINVS,
PRO POPVLI Cvra concessit et sva Jvra.

On doit remarquer en passant que le premier de ces vers était aussi inscrit sur un bas-relief qui représentait ce saint évêque, au-dessus de l'une des portes de l'admirable basilique qui lui est consacrée (1), ce qui pourrait porter à croire que l'un et l'autre monument dataient de la même époque. Au-dessous des pieds de saint Saturnin, qui tenait une crosse dans sa main gauche, on lisait :

CVRVA TRAHIT QVOS RECTA REGIT PARS VLTIMA PVNGIT.

Sur un autre pilier on avait représenté saint Exupère, l'un des successeurs de saint-Saturnin, et de l'autre côté un diacre tenant dans ses mains un calice avec un voile; au-dessus étaient ces deux vers:

SACRAMENTA PARAT PIA PONTIFICIQVE MINISTRAT OFFERT VAS VITREVM, VIMINEVMQUE CANISTRVM. Dans la galerie de l'est s'ouvrait un magnifique portail à plein-ceintre, orné de larges bas-reliefs qui représentaient les apôtres, et qui donnait entrée dans des chapelles décorées avec luxe et dans des bâtimens où étaient placés et la chancellerie et le réfectoire. Les sculptures de ce portail, et le portail lui-même, étaient l'ouvrage d'un artiste nommé Gilabert. Sur le plinthe de la figure de saint Thomas il avait gravé ces mots : Gilabertus me feCIT, et sur celle de l'image de saint André on lit encore:

VIR NON INCERTVS ME CELAVIT GILABERTVS (2).

J'ai pu pénétrer pour la première fois, en 1804, dans le vaste cloître de Saint-Etienne. J'étais bien jeune encore, mais le sentiment que j'éprouvai est encore présent à ma pensée. Des colonnes et des arcs abattus jonchaient la terre et se mêlaient à de tristes restes arrachés à des sépulcres entr'ouverts. Les images de la destruction et de la mort se multipliaient devant moi, et je n'eus pas d'abord assez de résolution pour esquisser l'étrange spectacle qui s'offrait à mes regards attristés.

L'aspect de ces vastes ruines était à la fois mélancolique et majestueux; les toitures n'existaient plus, des fleurs brillaient sur les chapiteaux mutilés, ainsi que sur les arcs à plem-ceintre, ornés d'oves, de perles et de symboles religieux; leurs teintes variées contrastaient avec les teintes sombres imprimées par le temps sur les feuilles monumentales de l'achante et

(1) On lisait sur ce monument :

Ecce Saturninus quem miserat ordo latinus,
Cùm docet Antonium, non timet exitium.

(2) Ces différentes sculptures ont été rétablies en leur état primitif dans l'une des galeries du Musée de Toulouse, d'après les dessins de l'auteur de ce Mémoire.

MOSAIQUE DU MIDI. 5 Année.

sur les saintes images. Des excavations, pratiquées en 1794 dans les quatre galeries, en avaient ébranlé les élégantes colonnades. On avait alors troublé la paix des tombeaux, pour y rechercher les cercueils en plomb que l'on y croyait déposés, et que le génie révolutionnaire voulait transformer en projectiles meurtriers. A l'heure même où je parcourais cette enceinte désolée, on enlevait les terres voisines de la surface. Soumises à une opération chimique, on allait en retirer le salpêtre qui devait lancer la mort dans les rangs ennemis.

Et les ossemens? oh! jamais l'atroce oubli de ce que l'homme vivant doit à l'homme qui n'est plus, n'a autant affligé mon cœur; et néanmoins j'ai vu, pendant trente années, briser les sépulcres et disperser au loin les derniers restes des générations éteintes. Tout le sol du préau qui, autrefois, reçut aussi d'innombrables sépultures, était couvert d'ossemens. Ils formaient des monticules; et, semblables à je ne sais quels fossoyeurs introduits dans l'une des compositions de Shakespeare, les ouvriers employés aux fouilles des galeries, chantaient d'horribles refrains, en jetant des crânes desséchés sur ces autres débris, que pendant huit siècles la religion avait confiés à la terre consacrée.

Une longue suite de tableaux, curieux pour l'histoire de l'art, étaient peints sur les murs et environnés de larges cadres en pierre ou en briques. La plu-. part représentaient des scènes tirées des livres saints. Ici c'était le Sauveur trahi par l'un de ses apôtres, qu'environnait dans le Jardin des oliviers une troupe de guerriers dont les armures rappelaient celles des chevaliers du quinzième siècle. Plus loin Jésus-Christ terminait son douloureux sacrifice sa mère et le disciple bien-aimé étaient au pied de la croix; au loin on voyait le mont de Sion, les tours et les palais de la cité déicide; le soleil se voilait, et les témoins du supplice du juste revenaient vers leurs demeures, frappant leurs poitrines et en disant comme le Centenier: «En vérité, celui-là était le fils de Dieu (1).

:

en

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Sur le mur, au-dessus duquel s'élève la Bibliothèque du Clergé, on remarquait surtout deux vastes tableaux. Le premier avait déja beaucoup souffert; il représentait un choc de cavalerie; les combattans portaient aussi les armes en usage au 15 siècle : les enseignes de l'un des deux partis étaient blanches et chargées d'un aigle noir surmonté d'une croix d'or. Sur les étendards de couleur de pourpre de l'autre parti, était peinte une louve. Une rivière traversait le champ de bataille, un pont joignait les deux rives; mais ce pont s'écroulait sous les pieds des fuyards. Au loin, sur des montagnes, était une ville. Il n'était pas difficile de reconnaître dans ce tableau le combat de Constantin contre Maxence. L'aigle surmonté de la croix, qui était apparue au premier empereur chrétien environnée des mots In hoc signo vinces, indiquait parfaitement l'armée du fils de Constance Chlore; la louve, dessinée sur les autres drapeaux, annonçait celle de Maxence. Le fleuve qui traversait le champ de bataille était le Tibre; le pont brisé sous les pieds des vaincus,

(1) St. Math. XXXVII, 54; St. Marc xv, 39: St. Luc XXIII, 47, 48.

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était le pont Milvius, et la ville dont les tours et les temples paraissaient à l'horizon, était Rome. Il y avait du grandiose dans cette composition les têtes étaient peintes avec soin, les détails d'un fini précieux (1).

L'autre tableau, du même côté, avait encore plus souffert des mutilations modernes que des outrages du temps: des parties entières étaient effacées. On y voyait aussi des guerriers à cheval, et dans le lointain une ville dont l'enceinte était défendue par de hautes tours.

De nombreuses épitaphes formaient une zone funèbre autour des murs du cloître. Les unes, et c'étaient en général les plus anciennes, étaient gravées sur de petites tablettes de marbre, et d'autres sur de simples briques. Celles qui appartenaient au 15, 16 et 17 siècles avaient des cadres élégans; les dernières étaient, presque toutes, inscrites sur de larges dalles de marbre noir.

L'une de celles qui devait le plus exciter la curiosité était dédiée à la mémoire de Raymond Scriptor, prêtre et chanoine de la cathédrale de Toulouse. On disait qu'avant d'entrer dans l'ordre des frères prècheurs, il était connu sous le nom de Costiran, qu'il avait fait des vers en langue romane et que c'était à cause de ses écrits que dans la suite il fut nommé Scriptor. Etant allé à Avignonet, suivi de trois autres Inquisiteurs et de quelques particuliers, il fut assailli, dans le château du Comte, par le bailli du lieu, nommé Raymond d'Alfaro, qui l'égorgea, ainsi que ceux qui l'avaient accompagné. Ce meurtre fut commis en 1242. Le corps de Raymond Scriptor, porté à Toulouse avec ceux des autres martyrs, fut enseveli avec honneur. On mit Bernard, clerc de Raymond, dans le tombeau de celui-ci (2).

Parmi les plus curieux monumens des ecclésiastiques qui avaient reçu la sépulture dans ce cloître, je pus distinguer l'épitaphe du chanoine Bernard, mort en 1117 (3), et le petit bas-relief inscrit d'Aymeric, chanoine, chancelier et maitre de l'œuvre, ou Operarius de l'église de Toulouse, décédé le 14 des kalendes d'août 1282. Sur ce dernier marbre (4) on a représenté

(1) Une partie de ce tableau existait encore il y a six ou sept années; on a achevé de le détruire en perçant une fenêtre dans le mur sur lequel il était peint.

(2) Voici l'inscription gravée sur la petite tablette de marbre placée au-dessus du tombeau :

III: KAL: IVNII: OBIIT : R: SCRIPTOR : SACERDOS ET: CANONICVS ISTIVS LOCI ; ET: ARCHIDIACONVS VILLE LONGÆ : QVI : FVIT: INTEFECTVS: CVM INQVISITORIB: HÆRETICOR: APVD: AVI GNONET: ANNO : DOMINI : M : CC : XLII : ET : CVM BERNARDO : EIVS: CLERICO : QVI : SEPELITVR CVM IPSO.

(3) La voici : Anno ab incarnatione Domini millesimo centesimo decimo septimo V, idus septembris, luna vigegima prima, obiit Bernardus, sacrista, canonicus sancti Stephani,

Hic sunt in fossa Bernardi corporis, ossa,
Quid petiit lite cœlestis præmia vitæ,

Quid fuerim, quondam, non quid sim si bene cernis,
Fallexis, ô lector, qui Christo vivere spernis,
Est tibi mors lucrum si moriendo socieris,
Feliciter vives iterum....

(4) Il est, ainsi que le précédent, conservé dans le Musée d'antiquités de Toulouse, créé par l'auteur de cet article.

le Christ placé dans une gloire et tenant le globe du monde. A sa gauche est Aymeric, accompagné de son ange gardien; à droite l'âme d'Aymeric, sous la forme d'un enfant, est offerte au Seigneur par le mème ange; dans la partie inférieure du monument, Aymeric est étendu dans l'attitude de la mort. Ce bas-relief est l'un des mieux conservés qui nous restent du XII. siècle.

Un tombeau en pierre, chargé d'une longue inscription, et qui renfermait les restes de Bertrand du Clusel, chanoine de St.-Etienne et prieur de Sauvimont, était placé près du petit monument d'Aymeric: il datait du 15 siècle, et le style emphatique de l'inscription indique à peu près la même époque où l'on donnait aussi, dans une épitaphe, le titre de Prince des poètes à l'évêque de Toulouse, Pierre du Moulin (1). Ici du Clusel est nommé Prince ou Monarque dans le droit civil et le droit canon (2). C'était alors une manière d'exprimer le vrai talent ou les grandes connaissances de ceux dont on voulait célébrer les louanges. On crut d'ailleurs ne pas avoir assez fait pour ce savant, et un cénotaphe lui fut élevé dans la chapelle de la Sainte Croix. L'inscription gravée sur le tombeau l'avait été aussi sur ce cénotaphe que l'on a caché, il y a environ deux années, sous de nouvelles constructions.

Des mausolées recouverts de grandes figures en pierre apparaissaient encore çà et là. Dans la galerie de droite un chevalier, armé de toutes pièces, était couché sur un sépulcre en marbre des Pyrénées. Sur sa cotte d'armes était sculpté un écu de gueules, bordé d'azur à l'épée croisée d'or, en hande. C'était l'un de ces Villeneuve, si connus dès les temps les plus reculés du moyen-âge: preux chevaliers dans les guerres saintes, serviteurs dévoués des comtes de Toulouse, et dont la race, perpétuée jusqu'à nos jours, a donné tant de preuves de fidélité à la foi promise. Déja, en 1147, un Pons de Villeneuve était en même temps Sénéchal du souverain de Toulouse et Capitoul. Plus loin était une autre statue sépulcrale représentant Raymond de Puibusque, armé de toutes pièces. Il était sorti de cette ancienne famille qui subsiste honorablement encore, et qui est entrée 49 fois dans le Capitculat. Comme les Villeneuve, les Roaix, les Isalguier, elle montra tout le cas que l'on faisait au moyen âge de la magistrature municipale, destinée à défendre les droits du peuple

(1) Le monument sur lequel cet évêque est représenté a été arraché par nos soins à la destruction, et est conservé dans le Musée on y lit cette inscription:

:

Hoc quiescit tumulo urbis Tolosæ dignissimus archipræsul Petrus de Molendino, nobilis genere, artium magister, utroque jure licentiatus.... ac Lingue Occitanæ Regis vice cancelJarius et Poëtarum monarcha, qui, anno Domini CCCC. LI. Dominus in X PO (Christo) tertia octobris beato fine quievit.

(2) Voici l'inscription de Bertrand du Clusel:

Clauditur astricto. Doctor Bertrandus in antro.
Salvimonte prior. Sedis canonicus hujus,
Religione sacer. Cluselli clara propago.
Cujus fama viget scriptis. Legum ille monarcha,
Canonis et sacri. Sed pape auditor et annis
Bis denis fulsit. Studii decus ille legendo.
Canonis edocuit seriem preclara suorum
Nobilitas et fama manet celebranda per orbem.

contre les invasions du pouvoir. La cotte d'armes de Raymond de Puibusque était chargée d'un écu de gucules au lévrier passant, d'argent, accolé de sable. Sa lance avait été long-temps attachée à la muraille, derrière le tombeau: en 1705 elle n'y paraissait plus. Mais d'autres illustrations réclamaient aussi le respect et le culte des souvenirs dans ce cloître où les grandeurs de la terre recevaient la consécration de la religion et du temps. Du côté où l'on avait peint l'image de Saint-Etienne, était l'épitaphe du savant commentateur de Vitruve, de ce Guillaume Philander qui, par ses profondes connaissances et ses écrits, a tant contribué à cette révolution artistique, qui nous a donné, par l'étude et l'imitation heureuse et libre des anciens, le style gracieux que l'on remarque dans tous les monumens de la Renaissance. Protégé par George d'Armagnac, évêque de Rhodez, et depuis cardinal, il le suivit dans son ambassade à Venise. Il mourut à Toulouse en 1565. près de son Mécène, et le cardinal lui fit élever un monument que nous avons sauvé de la destruction (1). Là étaient aussi l'historien de Henri II, l'ierre Paschal, mort dans nos murs la même année ou Thilander cessa de vivre (2), et l'historiographe de Henri IV et de Louis XIII, Pierre Mathieu, qui avait, en 1621, accompagné son prince au siége de Montauban (3).

Un autre monument, placé dans le mur du côté de la bibliothèque, près de la porte du cloître et non loin

(1) Voici l'épitaphe placée sur ce monument :

Guillelmo Philandro Castilonæo, civi Romano eximiâ,
Eruditione, ac doctrinâ singulari. Virtute nobili. Scientià
Claro, pietate insigni. Religione non aliena. Morum
Suavitate facili. Animi candore conspicuo. Sensu et
Omnes probo. Antiquitatis et architectura peritiss
Famaq. celebritate etiam exteris noto. Quin in studiis
Litterarum multis annis consumptis. Dum antiquorum
Monumenta evolveret. Ac se anagnosten illust.
Card. Armeniaco præberet. Tandem attritis virib.
Corporis leni suspirio vitam efflavit. Georg.
Card. Armeniaco fideliss. anagnosta suâ spe futuræ
Resurrectionis hoc monumentum mæstiss. P. C.

Vix

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Fato vero suo functus X. kl. Mar. An. Do. M. D. LXV.

(2) On lisait sur son tombeau :

Petro Paschalio rerum gestarum ab

Henrico II Galliarum Rege

Scriptori politissimo antiquæ

Virtutis, et Romanae cloquent.
Emulatori praestentiss amici

Moerentes B. M. P. Vixit annos XLV. Obiit XIIII kl. Mar.
An. Post Christum natum M.DLXV.

(3) L'épitaphe de Pierre Mathieu était placée entre les deux précédentes:

Hospites acque galli, atque externi
En vobis adest Petrus ille Mathacus

Historiae Gallicae decus, scriptorum suavissimus,
Jurisconsultorum prudentiss, vir tanta pietate
Ac mentis integritate quanta vix concipi possit.
Qui res observandi studio Ludovici XII.
Castra secutus ad Montalbanam expeditionem
Pestifera febre extinstecus hic terreo deposito
Corpore; immortalis transfert animum

Supra sidera ann. LVII. aet. id. octok. M. DC. XX.
Jo. Baptista fil moestiss. P.

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du tombeau de Raymond Scriptor, avait été élevé les Toulousains au célèbre prédicateur Jean Albin de Seres, « auquel, après Dieu, est deuë, dit Catel (1), la conservation de la religion catholicque dans Telose, s'estant il tousiours opposé, par ses doctes et pieuses prédications, à l'effort de l'hérésie qui commençoit pour lors à letter son venin dans la ville. Sa réputation esteit si grande par toute la France, que j'ay ouy dire à feu M. Genebrard, lorsqu'il m'instituoit aux bonnes lettres, durant ma jeunesse, dans sa maison à Paris, que tant luy que messire Arnaud de Pontac, qui fust depuis evesque de Bazas, deux des grands hommes de leur siècle, ayant entendu la grande réputation de ce véné-rable personnage, ils vindrent exprès en la ville de Tolose pour le voir, sans qu'ils y eussent autres affaires et aduint qu'ils le treuuerent et virent mort. Tellement que s'en estant retournés à Paris, ils firent imprimer son tombeau tant en vers latins, grecs, que hébraïques.... Ledit feu sieur de Seres, avant que mourir, fist imprimer un livre en françois du Saint-Sacrement contre les Luthériens et les Calvinistes, qui fust bien reçeu de tous les hommes doctes. Il donna aussi au public quelques épistres escrites à des dames pour les confirmer en la religion catholicque, qui feurent si bien reçues dans Paris que j'ay ouy dire à Guillaume Chaudière, marchand-libraire, de Paris, qu'ils les avoiet faict imprimer huict diverses fois dans un an, ce qui ne lui estoit jamais arrivé en aucune autre sorte de livres. »

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Ce fut dans une chapelle de ce cloître, nommée do sainte Magdelaine, ou de Catel de la Campane, båtio par ses aïeux, que le savant historien dont je viens de rapporter quelques lignes, fut enseveli en 1626. J'ai vu son épitaphe encore placée au-dessus de son tombeau; mais en 1812, à mon retour d'au-delà des monts, jo ne trouvai plus que les ruines de ce sacellum. L'épitaphe seule avait été portée au Musée où on la voit encore (2).

(1) Voici l'inscription gravée sur ce monument :
Joanni Albino de Sere nobiliss. Valsergorum familia
Orto viro integerrimo, pauperum, aegrorumque
Pari pientiss. canonico et archidiacono. ac ccclesiastac
Tolosano sanctiss. qui Tolosanae cathedrae turbulentis
Temporibus præfectus haereticorum errores facunda
Praedicatione scriptisque immortalibus convinceus,
Catholicos confirmans periclitantem Tectosagum Rempub.
Sartam tectam conservavit septies septeno vitae anno
Cum omnium bonorum moerore, cunctorumq. ordinum
Luctu vivis erepto pii Cives suac hoc in illum
Pietatis et observantiae monumentum P. C.
Obiit XIII. cal. septem. M. D. LXVI.

(2) Guil. de Catell, senator. Virtute, eruditione justa ex
Genere nobilis justus maluit esse quam videri in Deum, fide
In regem. Obsequio in summos honore, benignitate in infimos
Pietate in patriam, charitate in suos, comitate in
Exteros, dignus longiori vita indignior sempiterna,
Occitaniæ in qua lucem acceperat historia lucem dedit.

Vixit ann. LXVI sine invidia, meritis cœlo quam ætate Maturior, vivere desiit nonis octobr. Quibus et pater Longa de stirpe, senator XL. Ab hine. annis tàin mei memor Que fatum. Sic extinctum est lumen patriæ lucet virTutis excmplum totam gentem capit unicus tumuLus in aversa muri parte sub fornicibus adis abea opuLente dotata. Hic ille jacet in pace.

Hoc monumentum posuere contra votam pio admodum Parenti, piæ filiæ, Jac. ct Marg. de Catel. Vale.

Aujourd'hui la place qu'occupait le vieux cloître de Saint-Etienne, rétrécie d'un côté par une nouvelle rue, envahie en partie par une construction moderne, a perdu tout son aspect monumental. Pendant 800 années, une notable portion des habitans de Toulouse a été ensevelie dans cette enceinte. On y retrouvait encore, vers la fin du XVIe siècle, les souvenirs de la fervente piété de nos pères, et une importante série de nonumens de l'histoire et des arts. Insensibles à tout ce qui fait palpiter les cœurs généreux, à tout ce qui entretient l'amour du vrai beau, à tout ce qui donne à Lame l'instinct de sa grandeur et les poétiques inspira-sées ne sont que des témoins authentiques de ce que tions, de nouveaux barbares ont paru. Ils ont souillé Je sanctuaire par leurs délirantes orgies; ils ont bu le ang de ceux qu'ils égorgaient, dans les crânes arrachés par eux au repos de la tombe; ils ont brisé les saintes

| images, abattu les arcs légers, les colonnes sveltes et élégantes, et effacé les moniteurs funéraires qui redisaient si bien le passé. Nous n'avons plus le droit d'accabler de nos mépris les fanatiques sectaires de l'Islam qui, pour défendre les Dardanelles, transformaient autrefois en projectiles les marbres sculptés d'e la Grèce antique. Ils ne faisaient disparaître du sol où ils étaient campés, que les monumens d'un culte qu'ils n'avaient point professé et d'une histoire qui n'était point celle de leurs pères. On a plus fait en France, et les rares sculptures que conservent encore nos mu

nous avons perdu, de ce qui a été mutilé sous nos yeux,
de ce que nous n'avons pu arracher aux iconoclastes de
notre âge.
Cheyer Alexandre DU MEGE.

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Le 10 juin 1632, année célèbre dans le midi de la France par la mort de Montmorency décapité à TouHouse, Fléchier, qu'on a surnommé depuis l'Isocrate français, naquit à Perney, petite ville du comtat Vénaissin. Sa famille, noble et distinguée, avait joué un grand rôle dans les guerres de Provence; mais le bisieul de l'orateur dont nous allons tracer succinctement la biographie, se mit à la tête des catholiques pendant les troubles occasionés par les guerres de religion: il combattit long-temps avec succès contre les protestans. Les frais de la guerre absorbèrent sa fortune; il se ruina complètement, et ses enfans, de gentilshommes qu'ils étaient, se virent réduits à faire un petit commerce pour subsister. Le père de Fléchier, simple artisan, fils d'un marchand de chandelles, ne put suffire long-temps aux frais d'éducation de son cher Esprit qui dans une simple école de village donnait déja les plus belles espérances. Heureusement, son beau-frère le père Hercule Audiffret, supérieur général de la doctrine chrétienne appela auprès de lui son neveu, et ne négligea rien pour développer les grandes dispositions du jeune Fléckier. Il lui donna pour maître le célèbre rhéteur Richesource, homme de mérite, mais si présomptueux qu'il se qualifiait:

« Modérateur de l'académie des philosophes rhéteurs. >>

Cet homme ridiculisé par ses contemporains, appelé par La Serre professeur de galimathias et de bassesse de style, jouissait pourtant d'une grande réputa

tion.

« Son cours d'éloquence, dit un écrivain du temps,

durait trois mois, pendant lesquels il donnait chaque
semaine trois leçons de deux heures chacune, à de
nombreux auditeurs; il se faisait payer trois louis.
Fléchier ne tarda pas à se faire distinguer parmi ses
élèves, et il s'établit entre lui et le maître un commerce
d'estime et d'amitié qui ne fut jamais interrompu. Le
futur panégyriste du grand Turenne, composa en l'hon-
neur de son professeur plusieurs petites pièces de vers;
j'ai trouvé le madrigal suivant dans un recueil d'anec-
dotes.

» Cette éloquence non parcille
Que ton livre fait voir avec tant d'appareil,
Donne aux prédicateurs un secret sans pareil,
De gagner les cœurs par l'oreille. »>

Assurément, si le jeune Fléchier s'était borné aux leçons du pédant Richesource, il n'aurait jamais conquis une place parmi les orateurs français. Doué des plus précieux dons de la nature, il se laissa bientôt guider par son propre instinct; l'éloquence de la chaire, n'avait encore rien produit, car on ne peut mettre au rang de nos célèbres prédicateurs, les auteurs des anciens sermons dont l'éloquence burlesque porte la malhcureuse empreinte des siècles de barbarie. La route n'était pas encore frayée; Fléchier y entra le premier, il devança les Bossuet, les Bourdaloue et les Massillon.

Entré à l'âge de seize ans dans la congrégation de la doctrine chrétienne, Fléchier fut d'abord employé à l'enseignement. Le jeune professeur ne tarda pas à acquérir des droits à la confiance de ses supérieurs, qui

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