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Et le soir était là, avec son crépuscule sombre, qui annonçait la nuit prochaine, la nuit que la lune ne devait pas éclairer; et les jeunes bergers n'arrivaient point, et une chevêche faisait entendre son chant lugabre, perchée sur la cime desséchée d'un peuplier, et les chiens, ce soir, hurlaient aussi, plus tristement, sur les flancs de la vallée.

Ils arrivèrent enfin. A l'empressement de Rose à leur demander s'ils n'avaient point fait de mauvaise rencontre, les deux garçons montrèrent, en souriant, leurs bâtons ferrés et leurs deux chiens vigoureux.

Eh, bien! il faut retourner de suite au chalet de ton père, dit-elle à celui qui n'était pas son frère, et prendre un autre sentier que celui que tu suis d'habitude: tu tourneras le rocher, et...... puis....., tu ne reviendras plus..... et elle se prit à pleurer.

Et pourquoi cela sœur? dit le frère de Rose, revenu de sa première surprise. L'autre baissait timidement les yeux, et n'entendait plus qu'un affreux bourdonnement qui tintait dans sa tête.

- le faut, mes enfans, dit la mère. Rose a ses raisons que je partage; vous irez toujours ensemble garder les troupeaux; mais Raymond ne doit pas venir ici de quelque temps. Entends-tu Raymond? si tu nous aimes, et je le crois comme je crois à la bonté de Dieu, parts de suite, en suivant le sentier que ma fille vient de t'indiquer.

Et puis, ajouta Rose, bien bas: si tu rencontres Pierre, le vacher, évite-le, détourne-toi de ton chemin, dusses-tu franchir un abîme.

Enfin, mon cœur est allégé! ce n'est donc pas toi qui me chasses: c'est Pierre, c'est lui..... ah! tant mieux, j'ai acquis maintenant le droit de lui rendre haine pour haine.

Et comme il élevait sa voix :

— Tais-toi, mon ami, lui dit Rose, s'il nous écotait, tu serais perdu; nous serions tous perdus. N'avezvous rien entendu ?

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Demain, tous les jours, tu m'enverras des fleurs. -Oui! oui! tous les jours.....

On crut avoir entendu comme un ricanement mal comprimé au dehors; mais les chiens se turent. Et tristement, les deux bergers sortirent de la cabane pour suivre le chemin que Rose venait de leur désigner. Elle, assise sur le seuil de la porte, cherchait à saisir, au milieu des murmures du torrent, qu'une légère brise lui apportait, le premier signal si impatiemment attendu.

On était en été, et la nuit était sombre, quoique le ciel fut étoilé; mais les astres n'avaient point cette vivacité de lumière qu'un temps serein leur donne; et déja comme une couche nuageuse, formée d'épais brouillards, s'élevait en grandissant du fond de la vallée.

Le premier hillet se fit entendre. Ce cri sauvage qui, la nuit, réveille en sursaut le voyageur étonné, retentit long-temps.

Ils ont tourné le rocher, se dit Rose; puisse le bon Dieu les conduire à bon port! Et son âme croyante, car il y a de la ferveur dans le cœur de la femme qui aime, les lui fit recommander à sa bonne patrone. Sa prière fut interrompue par le second hillet:

Allons, dit-elle, leur hon ange les a pris sous sa sainte protection, et elle se mit à prier de nouveau. Le troisième cri se fit entendre assez long-temps; les bergers avaient eu, en effet, à éviter ou à surmonter de grands dangers; enfin il arriva, faible, mais bien distinct. Rose tomba à genoux :

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Merci, maintenant, ô mon Dieu, car ils sont sauvés! Et le même cri fut répété, mais plus fort, plus prolongé.

Alors, elle ferma exactement la porte de la cabane, et vint se réjouir avec sa mère du succès de leur entreprise.

Cependant les deux jeunes bergers s'étaient trouvés en présence d'un homme au bout de la cascade, au moment même où Raymond avait fait entendre le dernier hillet qui avait si doucement retenti au fond du cœur de son amante. C'était Pierre qui avait tout entendu, au dehors du chalet, et qui les avait précédés à ce passage dangereux, que rendaient plus effrayant encore les croyances superstitieuses.

Que se passa-t-il entre ces trois hommes, sur cette étroite plate-forme qui domine le gouffre que l'œil scul de l'oiseau ose mesurer en planant au-dessus de lui? personne ne l'a jamais su. Sans doute, que le terrible vacher avait renversé par surprise, au fond de l'abime, ces deux infortunés, au moment même où ils venaient d'annoncer qu'ils ne couraient plus de danger; sans doute aussi que, par une amère dérision, il avait, à son tour, après ce double et làche assassinat, poussé ce cri, qui était venu après les autres tromper le cœur de l'amante et de la sœur.

Le lendemain deux cadavres étaient roulés par les caux à travers les pentes rapides du torrent. Des chasseurs qui les découvrirent, furent épouvantés, crai- · gnant peut-etre d'attirer sur eux quelque soupçon.

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Bientôt pourtant une rumeur vague se répandit dans la vallée on racontait que deux imprudens bergers s'étaient perdus au saut de la cascade, en se hasardant à le franchir au milieu de la nuit. Pierre, le premier, prononça le nom des deux bergers; moins timide que les chasseurs, il s'était, racontait-il, approché d'eux

au moment où ils s'étaient arrêtés à des blocs de rochers qui encombraient le lit du torrent, et il lui avait été facile de les reconnaître.

La foule, avide d'émotions, couvrait le rivage; on s'apprêtait déja à attirer sur la rive les corps de ces malheureux, lorsque Pierre, s'appuyant sur une fausse interprétation de la loi, fit remarquer que nul n'avait le droit de les toucher avant que leurs parens ne fussent venus les reconnaître.

On accourut au chalet de la cascade. On trouva la fille secourant la mère évanouie. Elle accepta la nouvelle épreuve qui était offerte à son malheur, dans l'espoir, sans doute, de voir encore une dernière fois

ceux qu'elle avait tant aimés. Dominée par ce sentiment, elle trouva assez de force pour venir sur les bords de ce torrent, dont le sang de son frère et de son amant rougissait encore les eaux. Elle arrivait l'œil sec, le regard fixe, la respiration haletante et entrecoupée, lorsque tout à coup sa figure si pale, s'anima d'un rouge de feu; elle s'arrêta, et les mains et les yeux dirigés vers le vacher, qui, debout comme une statue de marbre, considérait impassible ses victimes, elle tira de sa poitrine péniblement, avec une expression effrayante, ce cri accusateur: Tu es leur

assassin.

Et comme tous les regards se portaient sur lui, la vacher, toujours calme, laissa tomber ces paroles: La douleur la rend folle.

Oh oui, folle! elle l'était; elle l'est encore; mais sa folie n'a rien d'outrageant pour sa belle ame; elle exprime la sublimité des deux amours qui la remplissaient. Denuis, elle va de village en village, accom

pagnée de sa mère, bien vieille, bien malheureuse, mendiant pour vivre; s'informant partout si on n'a pas vu passer deux beaux jeunes hommes, son frère et son amant. Si vous la pressez, elle vous dira son histoire touchante, vraie jusqu'au hillet du saut de la cascade. Mais, ni son frère, ni son amant ne sont

morts; de grâce, ne cherchez pas à la dissuader; sa folie lui est plus douce que la raison; laissez-la à ses erreurs, et lorsque vous la rencontrerez, faites l'aumône à la Folle de la montagne.

J. MARK.

HECTOR DE BEAULIEU.

C'est de Beaulieu, au bas pays Limousin, qu'est tiré le surnom d'Eustorge de Beaulieu, qu'il changea ensuite en celui d'Hector. En 1522 il était organiste à l'église de Lectoure. On ne sait comment, de prêtre, il quitta son poste pour se faire recevoir ministre à Genève. Il était musicien; il composa les paroles et les airs de trente-neuf chansons qui sont restées inédites, outre celles qu'il fit imprimer en 1546, sous le titre : Chrétienne réjouissance, et y joignit le Pater et l'Ave, les Solliciteurs de procès. En 1537, il avait publié à Lyon, le recueil de ses poésies, qui renferme plusieurs ballades et plusieurs rondeaux, qui méritent que sa mémoire soit conservée. Il ne serait pas étrange que le passage suivant eùt fourni à La Bruyère un fragment célebre, imité depuis en vers par Sedaine, dans une épître commençant ainsi :

O mon habit que je vous remercie.

Voici le morceau d'Eustorge de Beaulieu :

Veut-on savoir qui aujourd'hui
A les honneurs parmi le monde,
Et qui trouve partout appui ?
D'abord ceux où richesse abonde.

Plusieurs disent communément
Que l'habit ne fait point le moine ;
Mais aussi voit on bien comment
Sous riche habit, nul n'est idoine (1);
Fût-on si bon que saint Antoine
Et aussi doux qu'une brebis,
Sans être en ordre on perd sa peine :
Chacun porte honneur aux habits.

Il était si persuadé que, parmi les hommes, fortune fait tout le mérite, qu'il écrivit ce joli rondeau d'une mesure particulière:

Argent fait beaucoup en amours,
Si fait jeunesse et bonne grace:
Mais argent en bien peu d'espace
Y fait plus qu'un autre en cent jours.
Beau parler, gambades et tours,
Ny valent. (pour bien qu'on les fasse)
Argent.

(1) N'est idoine, n'est bon à rien.

Beauté, pour avoir beaux atours, Entre souvent dedans la nasse : Mais dessus tout, amour fait place, Et loge au plus haut de ses tours, Argent.

Cet argent qui est le dieu du siècle, lui avait appris. par expérience, que Clément Marot avait eu raison d'écrire que Crédit était mort, et que les créanciers ne se contentaient, ni d'épigrammes, ni de madrigaux. Beaulieu nous confirme à son tour, que:

Crédit n'est plus, pour ce que les detteurs
Rongeant la foi envers leurs créditeurs,
Dont ne faut point que nul fort s'émerveille,
L'on ne veut plus donner à la pareille
Ne prêter rien à un tas de flatteurs,

De babillards, gaillards et grands vanteurs
Le monde est plein, mêmement de menteurs,
Dont maint pauvre homme oit dire à son oreille,
Crédit n'est plus.

Vous trouverez de ces grands emprunteurs,
Qui même ayant pour payer leurs prêteurs
Songeant plutôt à vider la bouteille,

A jeux, banquets et chère nompareille :
Or aujourd'hui, pour tels dissipateurs,
Crédit n'est plus.

Je suis surpris que dans cette pièce, il n'ait pas mis les usuriers en ligne de compte. C'est auprès d'eux surtout que Crédit n'existe plus. Ils ne prètent que sur de gros gages ou de riches hypothèques.

Dans cette même année 1537, Eustorge de Beaulieu composa deux prologues pour deux Moralités; la première intitulée: Murmurement et fin de Choré. La seconde ayant pour titre : l'Enfant Prodigue; Beauchamp croit qu'il est aussi l'auteur de ces deux pièces. Le père de l'Enfant Prodigue fait cette prière :

Prince du ciel, veuillez permettre
Mon fils venir à meilleur port :
Car si toujours est en tel être,
Il sera cause de ma mort.

Cette plainte touchante est digre d'un cœur paternel. En 1567, on publia de lui : La Boctrine et Instruction des Filles chrétiennes désirant vivre selon la parole de Dieu, avec la Repentance de l'Homme pécheur, in-8°.

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(Tradition du XIIIe siècle. )

S'il faut en croire les traditions en vigueur dans le pays Minervois, Béatrix de Grave, l'héroïne de ce récit merveilleux, était une jeune damoiselle, blonde et svelte, aussi fraîche que les haies écarlates, qui, au retour de l'automne, rougissent les tiges de l'églantier.

Elle habitait avec les siens, le château de Peyriac, manoir formidable, dont le donjon surmonté de la bannière aux armoiries de Grave, dominant de sa hauteur féodale, les toits de chaume des vassaux et les cimes frémissantes des trembles, indiquait à deux jets d'arc, le cours sinueux de l'Argentdouble.

Malgré la beauté proverbiale de l'antique lignage de Béatrix, la troupe des sentinelles, perchées comme des aigles, à l'angle des tours, signalait rarement l'approche d'un gentilhomme; plus rarement encore s'abaissait le pont-levis. Aux tendres sollicitations de son père, Béatrix avait répondu qu'elle refuserait pour époux, le plus brave et le plus courtois chevalier de la chrétienté, devrait-il déposer à ses pieds la couronne princière d'Alphonse, comte de Poitou et de Toulouse, ou le sceptre fleurdelisé du roi de France, Louis le

neuvième.

De pareilles déterminations ont toujours une apparence d'étrangeté mystérieuse. Celle de Béatrix fut, ainsi que tant d'autres, soumise à de longs commentaires; et, à la fin chacun demeura persuadé que la jolie châtelaine ne mettait cette persistance dans ses refus, que parce qu'elle s'était éprise d'un violent amour pour messire Raoul, fils du noble Lambert de Touri, seigneur de Puycheric.

Pourquoi Béatrix ne confiait-elle pas son secret à

son père? cela s'expliquait naturellement par la présence de Jourdain, héritier de la maison de Grave, que des blessures, reçues à la Massoure, retenaient au château de Peyriac. Croyant entrevoir, sous une froideur calculée, la cause réelle de l'obstination de sa sœur, il jura, dès l'abord, par le blason de ses ancètres et l'âme d'Eléasar, son oncle, cet intrépide défenseur de Rieux, que jamais de son vivant, Béatrix, fille et nièce d'Albigeois, ne deviendrait la bru d'un croisé spoliateur, compagnon d'armes de Simon de Montfort.

A quelque tems de là, vers l'époque de l'entière convalescence de Jourdain, le vestibule du manoir retentit tout-à-coup d'un bruit inaccoutumé. Les sentinelles quittèrent précipitamment leurs postes, les vilains franchirent le pont-levis et se répandirent dans les cours intérieures; tous entouraient leur vieux seigneur, qui pleurait et sanglotait, en pressant de ses lèvres un front décoloré.

Des bûcherons, occupés de leurs travaux, avaient près du confluent de l'Alsouque et de l'Argentdouble découvert le corps de Jourdain, percé d'une flèche; pales, l'œil humide, ils venaient de l'apporter sur une civiere de branches d'arbres, parsemée de feuilles.

Un mire voisin (1) et le supérieur de l'abbaye de Caunes ayant été mandés, regardèrent le ciel, puis, sans prononcer un mot, ils étreignirent les mains du père infortunć.

Les gentilshommes Minervois, instruits de ce trépas inattendu, assistèrent à la cérémonie des funérailles;

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quand le cercueil passa devant un chevalier, qui, seul parmi eux, cachait ses traits sous sa visière, la plaie du cadavre se rouvrit, et il s'en échappa des gouttes de sang.

Si le casque se fut détaché, on aurait reconnu dans ce chevalier immobile et muet, messire Raoul, fils de Lambert de Touri, seigneur de Puycheric.

II.

Quatre mois s'écoulèrent. Le château de Peyriac, troublé par ce déplorable événement, revêtit peu-à-peu sa physionomie habituelle; le désespoir du vieux seigneur commença à se calmer, il parla moins souvent de Jourdain, et parfois un rayon de joie illuminait sa face ridée, lorsque ses doigts caressaient la blonde chevelure de sa fille, compagne dévouée dé sa solitude.

Un jour, Béatrix, après avoir livré son front aux baisers de son père, devint plus vermeille qu'une rose, et cachant son visage sur le sein du vieillard, s'écria :

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« Qu'il soit fait suivant ta volonté ! »

Les préparatifs du mariage ne furent pas longs; Béatrix, encore en habits de deuil, engagea sa foi à Raoul de Touri.

Dès que les époux sortirent de la nef, la foule, pressée aux environs, les accueillit par un morne silence. Quelques-uns songèrent sans doute à Jourdain, dont le corps était à peine refroidi sous le marbre funèbre. La tête de pierre sculptée dans l'écusson seigneurial (1), à l'extérieur de la chapelle, parut s'animer un instant et ricaner d'une façon satanique.

On s'assit aux tables du festin: des mets exquis fumaient dans les plats de vermell; les vins de Grèce et d'Espagne montaient, en pétillant, au bord des coupes; mais un manteau de plomb sembla peser sur les épaules des convives: les mets restèrent intacts, aucune coupe ne se vida.

Une tempête affreuse désolait l'atmosphère; les arbres pliaient comme de faibles herbes, le grésil bondissait contre les vitraux ébranlés dans leurs douEles châssis.

A 1 heure où les candelabres d'argent, allumés par des pages, rendirent à la salle obscurcie un peu de sa première clarté, un écuyer tranchant s'approcha du sire de Grave et lui demanda la permission d'introduire un ménestrel, expert en l'art des vers.

-« Qu'il entre! s'écria Racul de Touri qui avait

́ †) « Mathieu de Grave, chovalier et seigneur de Leucate en 1130, mérita par sa bravoure la ville et le château de Peyriac, pour en avoir chassé le seigneur ‹i était un homme inquiet, cruel, qui tyrannisait ses vassaux et persécutait ses voisins. En mémoire de cette action, il lui fut permis et à ses descendans de porter pour cinier, en ses armes, une tête de géant au bout d'une lance, tel qu'on le voit gravé sur Véglise de Peyriac. » Histoire de Carcassonne, par le R. P. Bouges, in-4o, p. 144 et 115.

entendu les paroles de l'ecuyer: et, s'il est tel que tu nous l'annonces, il aura ici de quoi étancher sa soif et appaiser sa faim. »>

L'étranger ne tarda pas à paraître; il préluda sur un mode plaintif, en fixant ses yeux ardens vers l'assemblée.

- « Quel lai vas-tu nous donner là, suppôt d'enfer? - Mets une autre corde à ton luth, si tu veux boire à l'épousée, » fit Raoul, pourpre d'indignation.

Le ménestrel, sans s'émouvoir, chanta les principaux couplets de sa complainte; les convives frissonnaient, plusieurs échangèrent un rapide regard tandis qu'il débita le passage suivant :

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A cet instant l'orage redoubla de fureur, l'orfraie poussa un cri lugubre sur les tourelles, les limiers hurlèrent dans leurs chenils, les chevaux hennirent en frappant violemment la terre du pied.

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« Ecoute, Raoul! dit Béatrix, dont tous ces bruits sinistres augmentaient l'angoisse: oh! j'ai peur, j'ai peur, ajouta-t-elle, à moitié ensevelie sous les courtines de soie à franges d'or.

-«Enfant! chasse ces craintes superstitieuses; N'est-tu pas avec ton époux? N'as-tu pas son sein pour te servir d'asile, et son bras pour te protéger ?

- «Oh! j'ai peur, continua la jeune femme, en s'efforçant de ne plus entendre.

-Vienne le premier rayon de l'aube, mon amie! Ces palefrois, qui piaffent d'impatience, nous transporteront au manoir de Puycheric, et je présenterai sa nouvelle fille au noble Lambert de Touri. »

Racul tendit les bras à Béatrix; celle-ci, le repoussant, contempla ces longs voiles de deuil et poursuivit : «Je suis trop coupable! »

-

Le chevalier recula d'un pas; ses sourcils se contractèrent. Il se remit promptement et répliqua, le front haut:

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