Images de page
PDF
ePub
[blocks in formation]

La nourrice et les matrones déposèrent le berceau aux pieds de Guillaume de Ruffec qui s'agenouilla et pria en tenant ses deux mains étendues sur la tête de l'enfant.

- Quel jour avez-vous fixé pour la célébration du baptême? dit-il après avoir terminé sa prière.

Pas plus tard que demain, répondit la comtesse. Et quel nom voulez-vous donner au nouveau né? · Francois.

- Comme il vous plaira, madame de Savoie ; mais il me semble que vous devriez l'appeler Jean, en mémoire des vertus de Jean d'Angoulême, son aïeul.

Non, seigneur abbé; ma détermination est prise. Eh bien, messeigneurs! s'écria Guillaume de Ruffec, en se tournant vers les gentilshommes qui étaient entrés après lui dans la chambre de la comtesse, gloire et longue vie à François d'Angoulême!

Ce cri fut répété avec tant d'enthousiasme par tous les assistans que le comte Charles en fut ému jusqu'aux larmes; madame de Savoie remercia l'abbé de la Couronne avec l'effusion de la reconnaissance la plus vive, et on se retira pour faire les préparatifs de la cérémonie du lendemain.

Plusieurs gentilshommes de l'Aunis, de la Saintonge, de l'Angoumois et de Périgord se rendirent à l'invitation du comte Charles, et jamais on n'avait vu dans le château de Cognac plus nombreuse et plus brillante réunion. Guillaume de Ruffec baptisa l'enfant, et pendant plusieurs jours les fêtes se renouvellèrent sans interruption; tous les gentilshommes en rentrant dans leurs castels répétèrent à l'envi, que Charles d'Angoulème avait déployé une magnificence royale.

IV.

L'ÉPAGNEUL HAPEGUAY ET LA HAQUENÉE DU MARECHAL DE GYÉ.

Madame de Savoie, seule avec son époux au château de Cognac, s'enivrait de l'ineffable bonheur d'être mère; la santé du petit François était des plus prospères, lorsque le comte Charles décéda presque subitement en 1496. Cette perte fut pour le cœur de Louise de Savoie un coup si terrible, que pendant plusieurs jours on désespéra de sa vie; sa douleur se calma enfin, et les soins qu'elle prodiguait à l'enfance de son fils furent pour son âme la plus douce des consolations.

Le petit François grandit à vue d'œil, et à peine âgé de quatre ans, il se fesait remarquer parmi les fils des gentilshommes par la pétulance de son caractère, la grâce de ses manières et la bonté de son cœur. Le sire de Barbezieux lui avait donné un jeune épagneul qui devint en peu de temps le compagnon inseparable de ses jeux et de ses repas.

Cet épagneul avait nom Hapeguay.

Son poil soyeux était aussi blanc que la laine d'un agneau qui vient de naître; ses yeux brillaient d'un plus vif éclat lorsque son jeune maitre l'appelait pour jouer avec lui dans le parc.

-Hapeguay, Hapeguay, répétait à chaque instant le petit comte d'Angoulême.

Et l'épagneul toujours caressant se couchait aux pieds de l'enfant, caressait ses petites mains, et le portait sur son dos d'une extrémité du parc à l'autre.

Un soir le jeune comte et l'épagneul rentrèrent tristes au château; Hapeguay n'aboyait plus de joie et de plaisir; François ne fesait plus claquer son petit fouet: dès qu'il aperçut la comtesse qui allait à sa rencontre, il s'écria avec douleur :

-

Madame ma mère, Hapeguay est bien malade.
Ton épagneul est malade, mon fils!

Il va mourir, madame d'Angoulême, et votro petit François n'aura plus d'ami.

-Hapeguay ne mourra pas, te dis-je; Joseph, le grand-veneur, le soignera si bien que demain vous pourrez jouer ensemble dans le parc.

-Joseph, le grand-veneur, s'écria François, en ma qualité de comte d'Angoulême, de votre seigneur et maître, je vous ordonne de guérir Hapeguay.

- J'aurai recours à tous les moyens, à tous les secrets de mon art, mais je suis persuadé que je ne pourrai sauver Hapeguay; votre épagneul a été empoisonné.

Grande fut la douleur de François qui pendant plusieurs jours ne cessa de parler de son épagneul; il fallut enfin se déterminer à lui annoncer qu'Hapeguay avait été enterré dans le parc (1).

Le jeune comte parut inconsolable, et sa mère pour le distraire de ce chagrin, partit avec lui pour faire un voyage dans la Touraine; le maréchal de Gyé donnait alors des fêtes au château d'Amboise. Le jeune comte d'Angoulême fut reçu avec tous les honneurs dus à son rang; prince du sang royal, héritier présomptif de la couronne, au cas ou Louis XII décédât sans enfans måles, il avait droit à toutes les prérogatives dont jouissaient les grands feudataires du royaume, au seizième siècle. Le maréchal de Gyé fit une brillante réception à madame de Savoie et à son fils; plusieurs gentilshommes de la Touraine et du Poitou se trouvèrent réunis au château d'Amboise et le jeune comte fut l'unique objet de leurs prévenances et de leurs soins empressés.

Le maréchal avait amené de Normandie une haquenée de grand prix; Pieds-Légers était son nom.

- Madame, dit-il à la comtesse d'Angoulême, j'ai dans les écuries du château d'Amboise une haquenée que ne dédaignerait pas la plus puissante des châtelaines, et, à mon avis, elle vaut cent pièces d'or de plus que la mule grise de Louis douzième, notre sire. Je l'ai achetée pour en faire don à monseigneur François d'Angoulême.

-Seigneur maréchal, répondit madame de Savoie, je vous remercie au nom de mon fils; mais je ne puis accepter; le jeune comte est si turbulent, si téméraire, que mal lui en adviendrait.

[blocks in formation]
[graphic][subsumed][ocr errors][ocr errors][merged small]
[merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

La haquenée partit au galop, et, quelques instans après, elle était bien loin d'Amboise. Madame de Savoie qui voyait tout, d'une fenêtre du château, poussa de grands cris; elle s'évanouit de frayeur, et ne recouvra ses sens qu'au moment où le maréchal de Gyé rentra dans sa chambre tenant par la main le jeune comte d'Angoulême.

- Mon fils! mon fils! répéta-t-elle plusieurs fois en serrant le petit François contre son sein.

Vous aviez peur, madame ma mère, dit l'enfant en embrassant à plusieurs reprises Louise de Savoie. Ah! monsieur le comte, ne faites plus semblable folie, si vous ne voulez que je meure de douleur.

[ocr errors]

Elle a eu peur, dit François en riant... Rassurez-la, monsieur le maréchal, et dites-lui que François d'Angoulême se tient ferme à cheval comme un des coureurs du roi de France.

Il est vrai, répondit le maréchal, que jamais on ne trouva plus d'adresse, plus de sang-froid dans un enfant de six ans.

[ocr errors][merged small]

>> que si cas fortuit m'eut si soudainement privée de » mon amour, j'eusse été trop infortunée (1). »

- Le ciel ne veille-t-il pas d'une manière spéciale sur les jours de votre fils? répliqua le maréchal de Gyé; si jamais il monte sur le trône, il se souviendra peut-être des fêtes d'Amboise.

Et de la haquenée de monsieur le maréchal, ajouta Louise de Savoie.

Ce petit accident ne fit qu'interrompre momentanément les réjouissances des gentilshommes de la Touraine. La comtesse d'Angoulême et son fils séjournèrent quinze jours au château d'Amboise, et, à leur départ, une magnifique cavalcade leur fit cortége jusqu'aux frontières de l'Angoumois.

V.

LE SIRE ARTUS DE GOUFFIER-BOISY.

Louis d'Orléans venait de monter sur le trône de France après la mort de Charles VIII.

« Ce prince, dit l'historien Gaillard, père du peuple, ne fut pas moins le père des princes orphelins; il se croyait responsable des lumières et des vertus que l'éducation pouvait leur procurer; il les accoutuma de bonne heure à tout voir par leurs yeux, à tout régler par eux-mêmes; il leur fesait ouvrir, lire, discuter, rapporter au conseil toutes les dépêches; il les exerçait à délibérer, à prendre les voix, à les compter, à les peser.

Parmi les jeunes seigneurs qu'il appela à sa cour, il chérissait par-dessus tous le jeune François d'Angoulême il confia son éducation à un sage gentilhomme, qui jouissait dans toute la France d'une grande réputation de science et de vertu.

Ce gentilhomme s'appelait Artus de Gouffi.r-Boisy. Issu d'une des plus anciennes familles de Poitou, il ne rougissait pas d'être savant dans un siècle où la noblesse mettait encore l'ignorance au nombre des titres dont elle était jalouse.

Sire Artus de Gouffier-Boisy, lui dit le roi Louis XII, les cent bouches de la renommée m'ont tant vanté votre savoir en toutes choses, que je vous ai nommé gouverneur du comte François d'Angoulême. Sire, à moi cet honneur n'est pas dû, répondit le gentilhomme Poitevin.

Pourtant ainsi sera fait; car telle est notre volonté royale.

-Si mes prières peuvent quelque chose sur vous, ajouta Louise de Savoie, présente à cet entretien, je vous conjure, en ma qualité de mère, d'obéir grerieusement à Louis douzième, votre sire, et de rendra François d'Angoulême, mon fils, expert en toutes sciences et vertus.

[blocks in formation]

cour de France; il n'était bruit parmi les dames, les gentilshommes et les pages, que des belles manières, de la physionomie haute et majestueuse, et de la galanterie du jeune comte. Le roi Louis XII voulut le voir; il le fit interroger par des maîtres-ès-arts : le prince répondit à toutes leurs questions avec une si grande présence d'esprit, que le roi le serra à plusieurs reprises contre son sein, et s'écria, en pleurant de joie :

-François d'Angoulême, si malheur ne t'arrive, tu seras un jour l'honneur et la gloire de ce beau royaume de France. Ah! sire Artus de Gouffier-Boisy, que je suis aise de vous avoir nommé gouverneur du jeune d'Angoulême; vous en ferez un prince accompli.

- C'est à ce but que doivent tendre mes efforts et mes soins.

- Aussi, je vous prie d'accepter cette chaîne d'or, comme un gage de ma reconnaissance et de ma satisfaction.

Et le bon roi passa lui-même la chaîne d'or autour du cou de Gouffier-Boisy, qui pleurait d'émotion. Venez, lui dit-il ensuite, en l'entraînant loin des groupes des gentilshommes de la cour; j'ai à vous parler en particulier. Dites-moi, sire de Gouffier Boisy, que pensez-vous du naturel de monseigneur d'Angoulême ?

-Sire, le jeune comte a de grands défauts, mais il s'en corrigera avec le temps; je suis parvenu à calmer son tempérament presque fougueux.

-Bien, bien, sire de Gouffier-Boisy; tempérez son ardeur méridionale; les hommes de cette trempe là sont capables de toutes les vertus; mais il est à craindre qu'ils ne se livrent à la fougue des passions déréglées.

Soyez tranquille, sire; je saurai donner une heureuse impulsion au caractère de monseigneur d'Angoulême.

Il faut pour cela tantôt l'amortir, tantôt l'irriter, dit Louis XII.

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

Ce que vous venez de dire, est mal à vous, sire de Gouffier-Boisy, répliqua Louis XII. Vous savez que Louis d'Orléans se venge par des bienfaits; d'ailleurs l'archiduc au lit de mort me confia son fils; dois-je abandonner mon pupille?

Le sire de Gouffier-Boisy ne trouva aucune réponse aux nobles paroles du roi, et ils se promenèrent pendant quelques instans sans proférer une parole.

[ocr errors]

Messire gouverneur, dit Louis XII, au détour d'une allée, ne parlons plus de François d'Angoulême ni du prince Charles, car voici venir à nous Guillaume

[ocr errors]
[blocks in formation]

En quittant la cour de France pour se rendre à leur château de Cognac, madame de Savoie et le comte son fils, recurent de riches présens du roi Louis XII ; le jeune français fut surtout l'objet des prévenances des gentilshommes qui le citaient pour exemple à leurs enfans.

« L'élite de la noblesse française élevée avec lui, (1) le prenait pour modèle, s'empressait à le suivre, à lui plaire; s'attachait à lui par les douces chaînes de l'égalité. L'éducation de François d'Angoulême ne fut pas tournée du côté des affaires, comme celle de l'archiduc Charles, soit parce que Louis XII, ayant ou pouvant avoir des fils, le comte d'Angoulême paraissait moins destiné à porter la couronne; soit parce que ce même Louis XII, et surtout Anne de Bretagne, étant trop jaloux du gouvernement pour en communiquer les mystères, les occasions manquaient à Boisy pour instruire son élève dans ce genre. Il fit prendre une autre route à sa pénétration, à sa vivacité, à cet instinct curieux, avide, qui volait au devant de l'instruction, qui dévorait tous les objets. Il tourna ses dispositions du côté de l'amour et de la gloire; il cultiva en lui cette vérité, cette valeur, cette générosité, caractères héroïques de la chevalerie française; il lui apprit à répandre sur toutes ses actions, sur toutes ses manières, le vernis de l'affabilité; il lui fit sentir surtout, que la barbarie seule avait pu attacher de l'honneur à l'ignorance, et de l'avilissement aux talens; il lui fit aimer tous les arts; il le disposa de bonne heure à cette protection éclatante qu'il leur accorda dans la suite, et en faveur de laquelle il fut appelé plus tard le père des lettres.

>>> Les exercices de l'esprit ne nuisaient point à ceux du corps toujours si utiles, alors absolument nécessaires. Le jeune prince adroit, léger, d'une taille élégante, d'un tempéramment robuste, brillait dans les tournois, excellait à la course, à la joûte, au maniement des armes, et personne ne conduisait un cheval avec plus de grâce. »

Le sire Artus de Gouffier-Boisy, retiré avec son

(1) Gaillard, Histoire de François Ier, tom. 1.

élève dans le château de Cognac, redoubla de soins et de vigilance; les deux fils de Louis XI venaient de mourir au berceau, et madame de Savoie répétait sans cesse au gouverneur que le jeune comte monterait un jour sur le trône.

Mon fils est déja grand, lui dit-elle après un long entretien, dans lequel elle avait développé ses projets d'ambition; il a paru avec distinction dans plusieurs tournois, quoiqu'il ne soit pas encore armé chevalier quand lui donnerez-vous une devise?

Vous tenez donc beaucoup à cet usage qui nous vient d'Italie, madame la comtesse? répondit le sire Artus de Gouffier-Boisy.

[ocr errors]

Ne faut-il pas qu'un prince du sang ait un cri de ralliement? une devise particulière en lettres d'or sur sa bannière ?

- Vous voulez faire allusion au porc-épic de Louis XII, autour duquel le bon roi a fait graver ces mots :

[blocks in formation]

l'entour.

NUTRISCO ET EXTINGUO

Je m'en nourris et je l'éteins (1) .

Bien, bien, sire Gouffier-Boisy, s'écria la comtesse; les mots seront gravés en lettres d'or sur une bannière de soie.

Puisse ce drapeau conduire un jour les bataillons français à la victoire, s'écria le gouverneur.

Au même instant survint le jeune comte qui arrivait de la chasse, suivi de ses pages et de ses Piqueurs. Il était fatigué, haletant, et le sire de Gouffier-Boisy lui dit d'un ton sévère :

– Vous avez couru comme un chasseur poitevin, montagnard; vos habits sont humides de sueur, et si

(1) Le sens allégorique de la devise de François Ier est presque inintelligible; les auteurs l'ont interprêté chacun à sa manière.

Le père Bouhours, dans ses entretiens d'Ariste et d'Eugerie, dit que François Ier voulut par cette devise, montrer son courage ou plutôt son amour. Nutrisco, dit-il, montre qu'il se fesait un plaisir de sa passion; mais extinguo peut signifier qu'il était le maître, et qu'il pouvait l'éteindre quand il voulait. Le père Bouhours ajoute que François Ier choisit lui-même sa devise; Guicherin affirme au contraire que cette devise avait été celle de Louise de Savoie mère de François Ier. Cette princesse, dit-il, avait fait graver sur ses armes ces mots italiens:

NUDRISCO IL BUONO, EFFRENGO IL REO.

JE MAINTIENS Les gens de BIEN EN PUNISSANT LES MÉCHANS.

L'historien Mezerai rapporte qu'Artus de Goufficr-Boisy, voulant faire connaître à son élève qu'il devait appliquer la vivacité de son génie aux bonnes choses, non pas à la vanité, ni à la violence, il lui choisit cette devise.

Le père Daniel, beaucoup plus sage, avance qu'il n'a pas compris le sens de la devise de François Ier, qu'on retrouve sur tous les édifices du temps.

une pareille chose vous arrivait une seconde fois, je vous défendrais de sortir du parc du château.

Ne vous fâchez pas, sire Gouffier-Boisy, répondit le comte, en serrant affectueusement les deux mains de son vieux gouverneur; nous avons poursuivi un sanglier à outrance; c'est moi qui lui ai porté le premier et dernier coup,

Les piqueurs déposèrent aux pieds de la comtesse et du gouverneur, un sanglier énorme; madame de Savoie frémit d'abord du danger qu'avait couru son fils; puis se laissant entraîner par l'enthousiasme de Tadmiration, elle l'embrassa en pleurant.

-Vous voyez, sire de Gouffier-Boisy, s'écria-t-elle, que François d'Angoulême est intrépide comme un yieux chevalier; n'était-il pas temps de lui choisir une devise?

J'aurai donc une devise! s'écria le jeune comte: ah! sire de Gouffier je vous remercie de grand cœur...

VII.

UNE HOTELLERIE A ANGOULÊME.

dans toutes les rues de la capitale de l'Angoumois. La réunion fut des plus brillantes; François se fit remarquer par sa galanterie et les prévenances qu'il prodigua à ses nombreux amis. A la fin du repas, lorsque le vin eut échauffé toutes les têtes, exalté l'imagination de tous les convives, l'entretien devint tout à coup des plus bruyans.

-François d'Angoulême, s'écria le sire de Barbezieux, que nous accorderez-vous lorsque vous serez roi de France?

-Désirez seulement, répondit le jeune comte, et soyez sûrs de tout obtenir.

[ocr errors]

Quant à moi, je ne veux rien, dit le sire de Bar

[merged small][ocr errors][merged small][merged small]

- Je veux être amiral, dit le jeune Brion.

Cousin Brion, je vous ferai roi de toutes les

-Je ne suis pas si ambitieux que vous, mes cousins, dit Pierre de Montchenu, je borne mes désirs à être premier maître-d'hôtel.

[ocr errors]

mandes rien?

Vous serez mon premier maître-d'hôtel, le jour Un chevaucheur arrivé à franc étrier d'Angoulême, où on me proclamera roi de France, répondit le comte porta le lendemain des dépêches du roi de France adres-d'Angoulême et toi, Gaston de Foix, tu ne me desées à la comtesse de grandes choses venaient de se passer à la cour. Le roi si long-temps traversé dans son ambition et dans sa tendresse, avait répudié Jeanne de France, et replacé la veuve de Charles VIII sur le trône; la noblesse française approuva cette détermination qui rappelait au pouvoir une femme si belle, si vertueuse, qu'un historien du temps s'écriait :

« Qu'en la voyant on croyait voir la reine du monde. » Pour sa vie décrire, comme elle a mérité, ajoutait-il, faudrait que Dieu fit ressusciter Ciceron pour le >> latin, et inaître Jéhan de Meung pour le français ; » car les modernes ne saurait atteindre. »

Le bon roi Louis après avoir ainsi satisfait au pressant besoin de la cour, sentit renaître toute son affection pour le comte d'Agoulême; et, dès ce moment, il résolut de donner Claude de France, sa fille, pour épouse à l'héritier présomptif de la couronne.

Madame de Savoie reçut avec des transports de joie les nouvelles de la cour et se hâta de faire ses prépa tifs de départ. En perdant son mari, elle avait aussi perdu le goût de la retraite, et elle ne désirait rien tant que d'habiter le Louvre où elle pourrait développer son caractère souple et altier, fait pour l'intrigue et la domination.

Le comte François réunit un grand nombre de gentilshommes Angoumois pour leur faire ses adieux; il leur assigna pour lieu de rendez-vous l'hôtellerie de la Croix-de-Jérusalem à Angoulème. Aucun des convives ne fit défaut, et, au jour marqué, les palefrois piétinaient

-Rien, monseigneur d'Angoulême : je pars pour l'Italie; si je meurs au champ d'honneur vous ferez dire des messes pour le repos de mon âme (1).

- Ne dirait-on pas que notre cousin d'Angoulême est déja roi de France, dit Pierre de Jarnac.... il prodigue les places et les honneurs; cela ne lui coûte

rien.

Vous riez, Jarnac... vous doutez de ma destinée; mais on verra plus tard si François d'Angoulême sait tenir ses promesses.

Buvons tous à la royauté du comte François ! s'écria Montmorency.

- A la royauté du comte François! répétèrent tous les convives; et le vin coula plus abondamment dans les coupes. Le festin se prolongea bien avant dans la nuit au point du jour, François d'Angoulême partit avec sa mère pour Paris: il épousa à son arrivée la princesse Claude de France et entra dans la carrière qu'il devait parcourir avec tant d'éclat.

Ici finit la tâche du chroniqueur :

C'est à l'histoire qu'il appartient de révéler les innombrables faits d'armes et la gloire du roi-chevalier. J.-M. CAYLA.

(1) Ce conte qui parait fait après coup, est rapporté dans le journal de Louise de Savoie.

[graphic]
« PrécédentContinuer »