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eut-il développé son talent, que le surintendan Fouquet, l'un des plus généreux et des plus malheu reux hommes qui aient jamais été, lui donna une pension de vingt-quatre mille livres de notre monnaie d'aujourd'hui. Il est à remarquer que son tableau de la famille de Darius, qui est à Versailles, n'est point: effacé par le coloris du tableau de Paul Véronèse, qu'on voit à côté, et le surpasse beaucoup par le dessin, la composition, la dignité, l'expression et la fidélité du costume. Les estampes de ses tableaux des batailles d Alexandre, sont encore plus recherchées que les batailles de Constantin par Raphaël et par Jules Romain. Mort en 1690.

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MIGNARD, (Pierre) né à Troyes en Champagne en 1610, fut le rival de le Brun pendant quelque temps; mais il ne l'est pas aux yeux de la postérité, Mort en 1695.

GELÉE, (Claude) dit Claude LORRAIN. Son père, qui en voulait faire un garçon pâtissier, ne prévoyait pas qu'un jour son fils ferait des tableaux qui seraient regardés comme ceux d'un des premiers paysagistes de l'Europe. Mort à Rome en 1678.

CASE. On a de lui des tableaux qui commencent à être d'un grand prix. On rend trop tard justice, en France, aux bons artistes. Leurs ouvrages médiocres font trop tort à leurs chefs-d'œuvre. Les Italiens au contraire, passent chez eux le médiocre en faveur de l'excellent. Chaque nation cherche à se faire valoir. Les Français font valoir les autres nations en tout genre.

PARROCEL, (Joseph ) né en 1648, bon peintre, et surpassé par son fils : mort en 1704.

JOUVENET, (Jean) né à Rouen en 1644, élève de le Brun, inférieur à son maître, quoique bon peintre. Il a peint presque tous les objets d'une couleur un peu jaune. Il les voyait de cette couleur par une singulière conformation d'organes. Devenu paralytique du bras droit, il s'exerça à peindre de la main gauche, et on a de lui de grandes compositions exécutées de cette manière. Mort en 1717.

SANTERRE. (Jean-Baptiste) Il y a de lui des tableaux de chevalet admirables, d'un coloris vrai et tendre. Son tableau d'Adam et d'Eve est un des plus beaux qu'il y ait en Europe. Celui de Sainte Thérèse, dans la chapelle de Versailles, est un chef-d'œuvre de gràces, et on ne lui a reproché que d'être trop voluptueux pour un tableau d'autel.

LA FOSSE s'est distingué par un mérite à peu près semblable.

BOULOGNE, (Bon) excellent peintre ; la preuve en est que ses tableaux sont vendus fort cher.

BOULOGNE. (Louis) Ses tableaux, qui ne sont pas sans mérite, sont moins recherchés que ceux de son frère.

RAOUS, peintre inégal; mais, quand il a réussi, il a égalé le Rembrand.

RIGAUD, né à Perpignan en 1663. Quoiqu'il n'ait guère de réputation que dans le portrait, le grand tableau où il a représenté le cardinal de Bouillon ouvrant

Tannée sainte, est un chef-d'œuvre égal aux plus beaux ouvrages de Rubens. Mort en 1743.

DE TROY a travaillé dans le goût de Rigaud. On a de son fils des tableaux d'histoire estimés.

VATEAU a été dans le gracieux à peu près ce que Téniers a été dans le grotesque. Il a fait des disciples dont les tableaux sont recherchés.

LE MOINE, né à Paris en 1688, a peut-être surpassé tous ces peintres par la composition du sallon dHercule, à Versailles. Cette apothéose d'Hercule était une flatterie pour le cardinal Hercule de Fleuri, qui n'avait rien de commun avec l'Hercule de la fable. Il eût mieux valu, dans le sallon d'un roi de France, représenter l'apothéose de Henri IV. Le Moine, envié de ses confrères, et se croyant mal récompensé du cardinal, se tua de désespoir en 1737.

Quelques autres ont excellé à peindre des animaux, comme DESPORTES et OUDRY; d'autres ont réussi dans la miniature; plusieurs dans le portrait. Quelques peintres, et surtout le célèbre VANLOO, se sont distingués depuis dans de plus grands genres: et il est à croire que cet art ne périra pas.

SCULPTEURS, ARCHITECTES, GRAVEURS, etc.

La sculpture a été poussée à sa perfection sous Louis XIV et s'est soutenue dans sa force sous Louis XV.

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SARASIN, (Jacques) né en 1598, fit des chefsd'oeuvre à Rome pour le pape Clément VIII. II

travailla à Paris avec le même succès. Mort en

1660.

PUGET, (Pierre) né en 1623, architecte, sculpteur et peintre : célèbre par plusieurs chefs-d'oeuvre qu'on voit à Marseille et à Versailles. Mort en 1695.

LE GROS et THEODON öat embelli l'Italie de leurs ouvrages. Ils firent chacun, à Rome, deux modèles qui l'emportèrent au concours sur tous les autres, et sont comptés parmi les chefs-d'œuvre. Le Gros mourut à Rome en 1719.

GIRARDON, (François) né en 1617, a égalé tout ce que l'antiquité a de plus beau, par les baius d'Apollon et par le tombeau du cardinal de Richelieu, Mort en 1715.

Les COISEVOX et les CousTou, et beaucoup d'autres, se sont très distingués, et sont encore surpassés aujourd'hui pár quatre ou cinq de nos sculpteurs modernės.

CHAUVEAU, NANTEUIL, MELLAN, AUDRAN, HEDELING, LE CLERC, les DREVET, POILLY, PICART, DUCHANGE, suivis encore par de meilleurs artistes, ont réussi dans les tailles-douces, et leurs estampes ornent, dans l'Europe, les cabinets de ceux qui ne peuvent avoir des tableaux.

2.

De simples orfèvres, tels que BALIN et GERMAIN, ont mérité d'être mis au rang des plus célèbres artistes, par la beauté de leur dessin et par l'élégance de leur

exécution.

Il n'est pas aussi facile à un génie né avec le bon goût de l'architecture, de faire valoir ses talents qu'

tout autre artiste. Il ne peut élever de grands monuments, que quand des princes les ordonnent. Plus d'un bon architecte a eu des talents inutiles.

MANSARD (François) a été un des meilleurs architectes de l'Europe. Le château ou plutôt le palais de Maisons, auprès de Saint-Germain, est un chefd'oeuvre, parce qu'il eut la liberté entière de se livrer à son génie.

MANSARD, (Jules- Hardouin) son neveu, fit une fortune immense sous Louis XIV, et fut surintendant des bâtiments. La belle chapelle des Invalides est de lui. Il ne put déployer tous ses talents dans celle de Versailles, où il fut gêné par le terrain et par la disposition du petit château qu'il fallut conserver.

On reproche à la ville de Paris de n'avoir que deux fontaines dans le bon goût; l'ancienne, de Jean Gougeon; et la nouvelle, de Bouchardon : encore sontelles toutes deux mal placées. On lui reproche de n'avoir d'autre théâtre magnifique que celui du Louvre, dont on ne fait point usage, et de ne s'assembler que Zans des salles de spectacle sans goût, sans proportion, sans ornement, et aussi défectueuses ns l'emplacement que dans la construction; tandis que les villes de provinces donnent à la capitale des exemples qu'elle L'a pas encore suivis.

La France a été distinguée par d'autres ouvrages publics d'une plus grande importance; ce sont les vastes hôpitaux, les magasins, les ponts de pierre, les quais, les immenses levées qui retiennent les rivières dans leur lit, les canaux, les écluses, les ports, et surtout l'architecture militaire de tant de places frontières, où la solidité se joint à la beauté. On connaît

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