AVERTISSEMENT DE L'ÉDITION DE 1818.* tout éditeur doit compte au public des soins qu'il a donnés à la nouvelle édition d'un ouvrage, c'est surtout quand cet ouvrage est consacré depuis long-temps par l'estime universelle, et mis au rang des richesses littéraires et des titres de gloire d'une nation. Comme c'est le cas des Essais de Montaigne, nous allons nous acquitter de ce devoir, en peu de mots, pour la nouvelle édition que nous en publions. Nous ne parlerons pas du mérite de cet ouvrage : il a passé par le creuset des siècles, et il est aujourd'hui audessus de nos éloges comme de nos critiques. Ce qu'il a de particulier, c'est que, comme le dit Laharpe, « ce n'est pas « un livre qu'on lit, c'est une conversation qu'on écoute; › c'est que l'auteur a peint l'homme tel qu'il est, en se peignant lui-même; c'est qu'il a pénétré dans tous les replis du cœur humain, qu'il en a sondé toutes les profondeurs, en nous faisant lire dans tous les replis du sien; c'est qu'il nous apprend, par son scepticisme, par sa seule devise que sais-je, à peser tout dans la balance de la raison; c'est que, malgré l'atmosphère nébuleuse des préjugés religieux et politiques au milieu de laquelle il a vécu, il semble avoir été à la fois le contemporain de tous les sages de l'antiquité et de tous les philosophes du dernier siècle. « Ie n'enseigne * Cette réimpression étant, en général, conforme à l'édition de 1818, on a cru devoir conserver aussi l'Avertissement d'Éditeur qui étoit placé en tête de cette édition. 1. |