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voir des Autrichiens le véritable boulevard, la barrière de l'Italie; cette convention, conclue précipitamment, avait été fortement improuvée par le général en chef de l'armée des Grisons, Macdonald, dont elle paralysait les mouvemens, et qu'elle resserrait dans la plus mauvaise partie du pays. Bonaparte, au lieu de faire connaître aux plénipotentiaires l'avis qu'il venait de recevoir de cette transaction, profita de l'avance qu'avaient ses courriers sur ceux qui devaient passer par Vienne pour venir ensuite informer M. de Cobentzl à Lunéville; il y envoya une prétendue lettre du général Brune, écrite dans un sens différent et toute dilatoire; il menaça de rompre l'armistice de Steyer, et de dissoudre le congrès, si les troupes impériales « n'évacuaient sur-le» champ toutes les places qu'elles occupaient » à la droite de l'Adige, et notamment » Mantoue, Peschiera, Porto - Legnago, » Ferrare et Ancóne ».

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Le moment était pressant, les ordres pour la reprise générale des hostilités étaient ex

pédiés M. de Cobentzl crut devoir souscrire à ces dures conditions, et signa avec le plénipotentiaire français, Joseph Bonaparte, une convention qui comprit dans le même armistice l'Italie et l'Allemagne. Le courrier qui apportait au comte de Cobentzl l'armistice de Trévise n'arriva qu'après la signature de la convention du 26 janvier : Mantoue fut évacuée et remise aux troupes françaises.

Ce premier sacrifice ouvrit aux négociations une marche plus rapide; il restait cependant à discuter un point de forme d'une grande importance : l'Empire devait supporter collectivement les pertes résultantes des indemnités à accorder aux souverains héréditaires dont les possessions se trouvaient comprises dans les cessions faites à la France, et dans les échanges de territoire entre les parties contractantes. Le principeavait été reconnu au dernier congrès de Rastadt; mais les constitutions de l'Empire ne permettaient point à l'Empereur de con clure la paix sans le concours des princes

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et états de l'Empire, et cette disposition, seule garantie de l'organisation du Corps germanique, avait été l'origine des débats que le congrès de Rastadt n'avait pu terminer. Bonaparte, plus puissant cette fois, ne voulut point, selon sa tranchante politique, livrer les destinées du nouveau traité aux discussions interminables qui avaient fait évanouir celui de Campo- Formio. Il exigea de l'Empereur qu'il s'affranchît des liens de la constitution, et qu'il déclarât, comme base du traité, qu'il stipulait au nom du Corps germanique.

Cette loi fondamentale, principe conservateur des droits des princes et des états de l'Empire, n'avait jamais été violée. Le cabinet de Vienne essaya vainement de se retrancher derrière les anciennes formes; il fallut céder. Cette foule de princes, si jaloux. de leurs votes et de leur influence aux diètes. de l'Empire, purent voir, par cette innovation, le peu d'importance que le premier Consul attachait à leur existence politique, et combien, dès ce moment, elle était mena-,

cée. Cette concession que, dans d'autres circonstances, ils eussent considéré de la part de l'empereur d'Autriche comme un acte de despotisme, ne fut cependant attribuée qu'à l'impérieuse nécessité.

Après un pareil ébranlement donné sans résistance à la constitution germanique, il est aisé de juger de la facilité que les négociateurs français trouvèrent sur les autres points mis en discussion. Le cabinet de Vienne accéda à toutes les bases du traité de Campo - Formio : l'incorporation de la Belgique fut une seconde fois consentie, et la cession des pays de la rive gauche du Rhin fut définitivement consacrée. Tout en déplorant les malheurs d'une guerre qui n'avait d'autre résultat que de ramener les deux peuples au point de départ, on aurait pu applaudir encore à la modération du vainqueur, si les nouvelles stipulations ajoutées à celles de Campo-Formio n'avaient dévoilé sa politique, et fait apercevoir le germe de nouvelles querelles, au lieu de la volonté franche de fonder une paix durable.

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La cession du grand duché de Toscane fut une des clauses les plus remarquables du traité de Lunéville. Le premier Consul y trouvait un gage du rétablissement de la prépondérance maritime de la France dans la Méditerranée: il ne voulut point d'abord effrayer l'Europe en s'appropriant brusquement cette clef de l'Italie méridionale ; il déguisa les vues qu'il avait sur ce duché, il présenta l'érection du nouveau royaume d'Étrurie, comme le prix de la fidélité de l'Espagne et de son opposition constante au système anglais. La couronne offerte à l'infant duc de Parme ne fut qu'une mesure provisoire; ce trône, élevé entre les deux Italies, achevait d'enlever à l'Autriche toute espérance de ressaisir ses anciennes conquêtes, et rendait désormais inutiles les ef forts d'une alliance avec le royaume de Naples qui se trouvait lui-même contenu et menacé. Enfin la perte du grand duché dépossédait un frère de l'Empereur, le laissait sans couronne, et livrait aux intrigues et aux jalousies de la diète, le soin de fixer un dé

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