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réservé seulement meurtre d'aguet appensé, ravissement et violence de femmes, boutemens de feuz et sacrelège. Et quant à ce, imposons scilence perpétuel à nostre procureur et à tous autres. Sy donnons en mandement par ces mesmes présentes au bailli de Saint-Pierre le Moustier, etc., etc. Donné à Rasilly-lezChinon, ou mois de juillet l'an de grâce mil cccc XLVI, et de nostre règne le xxiiije. Ainsi signées : Par le Roy, le conte de Foix, Vous, les sires de la Varenne et de Précigny, et autres présens. DE LA LOERE. Visa. Contentor. J. DU BAN.

XV

Récit déguisé de la détrousse des Ponts-de-Cé dans le Roman du Jouvencel. Mss. fr. de la Bibliothèque nationale no 192, fol. 269, et 24381, f. 153.

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(Septembre 1432.)

Le Jeuvencel s'en part, et print congié du roy Amydas, son père, et de toute la compaignie, avecques ung nombre de gens pour chevauchier devant, ainsi que requis avoit, par une manière d'avant garde, et le roy Amydas après; et tant chemina par ses petiz, qu'il arriva à une ville tenant leur party, assez près de là où estoit ce cappitaine.

Et ainsi qu'il fut arrivé à la ville, ne voullut point se donner de séjour, affin que ce cappitaine ne peust estre advisé de sa puissance. Il arriva de nuit à la ville : par quoy les ennemiz ne peurent avoir congnoissance du nombre qu'il pouoit avoir.

Et au matin, dès ce que le jour apparut, il ouyt messe et saillit aux champs. Et pour ce que le cappitaine estoit estrangier, il envoya ung poursuivant le sommer et requerir de vuyder le pays du roy Amydas, et qu'il luy feroit bailler passaige pour s'en aller en son pays. Et il respondit qu'il n'estoit pas venu pour cela faire, et que dedans xv jours il assembleroit son conseil et qu'il en parleroit. Et fut sa response, qui estoit par une manière de mocquerie.

Le Jeuvencel, qui marchoit tousjours aprez le poursuivant sur les champs, oyt la response dudit poursuivant telle comme avez ouye; sur quoy le Jeuvencel conclud et delibera de le aller coinbattre. Et ainsi qu'il arriva au logeis du cappitaine, il le vit avecques ses gens d'armes en une rue du logeis, et touz ses gens

armez à cheval, la lance sur la cuisse, et devant culx une grant barrière bien espesse, faicte de charrettes liées les unes avecques les autres.

Et le Jeuvencel se tourna et dist à ses gens : « Seigneurs, véez vous bien ces gens là? Il me semble que nous n'avons garde d'eulx, car ceste barrière est entre eulx et nous. Or sus, tost à pied!» Le Jeuvencel n'avoit pas si grant nombre de gens que ce cappitaine avoit, mais il avoit meilleur traict, et pour ce voulut bien estre à pié. Il marcha lui et tous ses gens droit à celle barrière; et en marchant il disait tousjours: « Ilz sont nostres; ilz ne voleront pas par dessus la barrière pour venir à nous. »

Ainsi marcha le Jeuvencel à pied lui et tous ses gens, fors ung petit tropelet de gens à cheval qu'il mist à part, pour leur donner par darrière aucune affaire, ou par costé. Et quant il fut à celle barrière, il la gaingna et vint chargier de traict et de poux de lance parmy ces gens qui estoient en celle rue. Ung estant à cheval avoit d'une fleische par la teste, et son cheval une par le flanc, et ruoit, et faisoit perdre la lance à son maistre. Les hommes d'armes à cheval ne pouoient donner dedans les archiers pour ce qu'ilz ne pouoient passer oultre les barrières; et se gens de cheval donnent dedans gens de pié, et ilz n'ont point d'issue, ilz font leur dommaige.

Et pour ce est-ce forte chose que gens de cheval se puissent bien aider en rue ne en chemin estroit, et doibvent querir le large à leur pouoir. J'ay ouy dire que à Jannes, à la desconfiture que fist Mgr de Calabre sur messire Perrin, les gens de pied servirent bien, pour les rues estroictes qui y estoient1.

Et pour vous dire la conclusion de ceste besoigne, le Jeuvencel desconfit ce cappitaine accompaigné de six cens lances, et le Jeuvencel n'en avoit que cent et huit et trois cens archiers. La desconfiture de ce cappitaine fut en partie pour la barrière qu'il avoit faicte devant luy; car gens de cheval ne doivent mettre ne barrière, ne fossez, ne nulle fortification devant eulx, pour ce que la fureur des chevaulx rompt les gens, et se font faire place; et pour ce ne doivent querir que le large.

1 L'auteur veut parler du combat que les Français, sous le commandement de Jean d'Anjou, soutinrent dans les rues de Gênes, pendant la nuit du 14 au 15 septembre 1459, contre Pierre Fregose et ses partisans.

XVI

Extraits, relatifs à Rodrigue de Villandrando, du Commentaire composé sur le Jouvencel par Guillaume Tringant, secrétaire de Jean de Beuil. — Ms. fr. de la bibliothèque de l'Arsenal, no 3059, signalé par M. Camille Favre.

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Il y eut ung grant cappitaine nommé Rodigues, conte de Rybegicux, d'Espaigne, qui vint loger au Pont-de-Sel à tout six cens hommes d'armes et leur sequelle; lequel courut devant Angiers et recouvrit tout le pays. Et demandoit à la royne Yolant et monseigneur Charles d'Anjou, son filz, grant somme de deniers; lesquelz dame et seigneur mandèrent querir le sire de Bueil (ce qu'ilz faisoient à toutes les neccessitez et affaires) qu'il vint devers eulx. Ce qu'il fist; et combatit ledict conte de Rybegieux, qui est le cappitaine estrangier que vous troverez escript ou Jouvencel. Et n'avoit que cent huit lances et troys cens archiers. Et morut en la besongne le frère dudict conte de Ribegieux.

Or retournons à parler de Rodigues. Aucuns ne furent pas content de la destrousse dudict Rodigues conte de Ribedyeux, estant en auctorité autour du Roy, et envoyèrent Poncet de Rivière et Lyonnet, capitaines de gens d'armes, courre à Myrebeau pourceque le Jouvencel le tenoit, et là prindrent buefz, vaches, mulles et tout ce qu'ilz purent en revanche de la destrousse de Rodigues. Ilz estoient grant compaignie et trois foys plus que n'estoit le Jouvencel qui estoit dans la ville de Myrebeau. Et pour ce faillut qu'il leur laissast faire ce jour à leur plaisir; mais au lendemain, fut au point du jour à leur lever et récouyt toute leur proye à Uncières près la Haye en Thoraine, et emporta leurs enseignes et cstandartz de ceulx qui les y avoient.

XVII

Extraits du registre des comptes de la ville de Tours, n° 25, et du registre des délibérations du corps municipal de la même ville pour l'année 1432, concernant les démarches de Rodrigue de Villandrando après la détrousse des Ponts-de-Cé. - Archives communales de Tours.

(Octobre 1432.)

1o A Michelet le Marié, chevaucheur d'escuerie du roy nostre sire, paié par mandement desditz esleuz donné le xve jour d'oc

tobre, l'an mil шe xxx, cy rendu avec quictance sur ce, la somme de vi livres tournois pour sa peine, salaire et despens de luy et de son cheval, de vj jours qu'il a vacqué à aller, venir et séjourner de la ville d'Amboise jusques à la Haye en Touraine où le roy nostre dit seigneur l'a envoyé, à la requeste des gens de ladicte ville, devers Rodigo de Villendrado, conte de Ribedieu en Espaigne et cappitaine de très grant compaignie de gens d'armes, porter lettres closes de par le roy nostre dit seigneur, par lesquelles il luy rescripvoit qu'il ne demandast aucune chose aux gens de ladicte ville de Tours d'ung courcier qu'il leur avoit demandé ou fait demander à doner pour lui aider à remonter, pour se remettre sus de la destrousse qu'il disoit lui avoir esté faicte ou païs d'Anjou.

A honnorable homme maistre Jehan Farineau, paié par mandement desdiz esleuz, donné le derrenier jour d'octobre, etc., la somme de vi livres t. pour troys journées de lui deuxiesme à cheval, qu'il a vacqué en ce present moys à aller, venir et séjourner de ceste ville à Amboise, où il a esté envoyé par deliberacion et ordonnance des gens d'égli-e, bourgoys et habitans de ladicte ville devers le roy, nostre sire, pour lui supplier et requerir qu'il lui pleust d'escripre et mander à Rodigo de Villendrado, etc., qu'il laissast en paix lesdictz gens d'église, bourgoys et habitans, d'ung courcier qu'il leur demandoit pour lui aider à remonter, pour ce que, ou païs d'Anjou, il disoit avoir esté destroussé.

A honnorables hommes maistre Martin Berruier, chanoyne des deux églises de Tours, et Jehan Farineau, bourgoys d'icelle ville, la somme de xvI 1. tournois pour leurs voyages d'estre allez à Amboise par l'ordonnance des gens d'église, etc., devers le roy. nostre sire, qui estoit audit lieu d'Amboise, pour lui remonstrer les grans et innumérables maulx et dommages que font chascun jour les gens d'armes et de trait estans de la compaignie de Rodigo de Villendrado, leur cappitaine, qui sont logiés environ ladicte ville de Tours, oultre la rivière de Loyre, et prennent gens à très grosse rançon, gastent les blez, destorent les vignes estans prestes à vandangier, et autres maulx innumérables; et aussi lui requerir et supplier que les monstres des gens d'armes ne fassent point près de ladicte ville, ne que leur passage ne fust point par icelle; lesquelx ont tant fait que le roy, nostre dit seigneur, promist tant qu'il envoyroit le seigneur de la Borde devers ledit

Rodigo pour le faire deslogier, et qu'il n'i auroit nulles monstres de près la dicte ville. Et avecques ce ont obtenu lettres du roy, nostre dit seigneur, par lesquelles il est mandé aux gens de ladicte ville qu'il ne laissent entrer nulles gens d'armes plus fors que eulx en ladicte ville de Tours, excepté ledit seigneur et monseigneur le Daulphin. Et oudit voyage ont esté lesdiz maistres Martin Berruier et Jehan Farineau chascun III jours, et leur a esté tauxé à chacun d'eulx XL s. par jour, qui valent la somme de xvil. t. à eulx paiée par mandement donné le derrier jour d'octobre, l'an mil cccc XXXII.

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2. Le xxje jour du dit mois (de novembre), assemblez les esleuz de par et en présence de monseigneur le Bailli (le sire de Cussé).

Ledit mons. le Bailli a dit qu'il a bien sceu les oultraiges et oppressions que plusieurs cappitaines, comme Rodigues et autres plusieurs, qui ont esté logez environ ceste ville, depuis que de derrenier se partit de ceste ville de Tours, ont faitz à la ditte ville et au pays, et desquelles choses il est très déplaisant, et voulentiers y eust donné toute la meilleure provision qu'il eust pu; mais obstant l'occupation du mariage de mademoiselle, fille de madame sa femme, avec Loys de Bueil, mesme aussi que mons. Charles d'Anjou l'a retenu pour le fait du débat de Rodigues, il n'y a peu aller et n'a peu avoir congé dudit mons. Charles.

En tout ce qui touche à cest article, il a esté remercié par les gens d'église et de la ville de la bonne amour et affection qu'il dit avoir à la ville et au pays.

XVIII

Obligation par le chancelier de la Marche de rembourser Rodrigue de Villandrando d'une somme de deux cents écus d'or prêtée aux seigneurs de SaintSébastien père et fils. Copie authentique des Archives nationales, P 13782, cote 3103.

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(2 janvier 143 .)

Nos Marcialis Bryal, in legibus licenciatus, custos sigilli auctentici domini nostri Francie regis in baylivia Lemovici constituti, notum facimus universis quod coram fideli commissario nostro dictique sigilli jurato subscripto, ad hoc depputato, per

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