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en présent, un Horace et quelques autres livres qui sont encore enfermés dans notre armoire (1).

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On remarquera ce cadeau de livres, Hedwige lisait aussi Virgile. Il ne serait pas surprenant qu'elle eût copié de sa main ces auteurs; on sait que les religieuses de différents monastères se sont signalées dans ce travail pieux, par une grande élégance (2).

(1)« Altera die, cum diluculo ut ibi solebant, silentium regulæ, cujus et ipsa exactrix erat sollicita, de more persolvisset-jam monasterium in monte statuere cœperat magistrum lectura adiit, et cum sedisset, ad quid puer ille venerit, ipso astante, inter cætera quæsivit. Propter græcismum, ille ait, Domina mi! ut ab ore vestro aliquid raperet, alias sciolum vobis illum attuli. Puer autem ipse pulcher aspectu, metro cum esset paratissimus, sic intulit:

Esse velim græcus cum sim vix, Domua, latinus.

In quo illa, sicut novarum rerum cupida, adeo est delectata ut ad se tractum osculata scabello pedum proximius (sic) locaret; a quo, ut repentinos sibi adhuc faceret, curiosa exegerat. Puer vero magistros ambos intuitus, quasi talis osculi insuetus, hæc intulit:

Non possum prorsus dignos componere versus;
Nam nimis expavi duce me libante suavi.

Illa vero extra solitam severitatem in cachinnos versa, tandem puerum coram se statuit et eum antiphonam, Maria et flumina, quam ipsa in græcum transtulit, canere docuit ita:

Thalassi, ke potami, eulogiton Kyrion.
Ymnite pigonton Kyrion, alleluia.

Crebroque illum postea, cum vacasset, ad se vocatum repentinis ab eo versibus exactis grecissare docuit, et unice dilexit. Tandem quoque abeuntem Oratio et quibusdam aliis quos hodie armarium nostrum habet, donavit libris. >

(2) Martin Crusius. Ann. Suev. 1. II, p. 25, rapporte ceci à l'année 819: Conventus Aquisgrani exstant passim in bibliothecis cujus generis libri, in membranis: quos Virgines sanctæ scripserunt. Sic in vicini nobis Rotenburgi Carmelitana bibliotheca, hodie sacrorum bibliorum antiquus codex est virginea manu elegantissime scriptus.

Nous relevons, à titre de singularité, que des écrivains allemands et italiens aient cru pouvoir écrire sur la prétendue papesse Jeanne qu'elle avait fait des études à Athènes : Errando una fanciulla, nata ne l'isola d'Anglia, e di quivi partita, vene in Atene, vestita da huomo; e dandosi a gli studi, diventò molto dotta, e di maniera che venuta d'Atene a Roma, in questa citta legendo, disputando, insegnando, acquistò tanta benivolenza, che dopo la morte di Papa Leone, di tal nome quarto, essendo stata la chiesa quindeci giorni senza pastore, fu eletta in luogo suo. (Marcus Guazzus, in chrenico Venetiis 1553 edito) l'aventure s'était, disait-on, passée en 854.

Si nous portons maintenant nos regards sur l'école du Palais et sur celles des couvents qui participent au mouvement imprimé par Charlemagne aux études, nous voyons apparaître des traces manifestes d'hellénisme. Ce n'est pas parce que, dans l'Académie palatine, Angilbert s'appelle Homère, et Richbod, plus tard évêque de Trèves, Macarius, que nous croyons le grec admis au programme de ces écoles, nous en avons d'autres preuves.

Alcuin, le principal agent de Charlemagne dans cette rénovation littéraire, n'est pas non plus le mieux instruit dans cette langue. S'il fallait en juger par l'étymologie qu'il donne au mot epistola, «quæ, dit-il, ab ènì et oτóλa (1) derivat," il faudrait croire qu'il n'était pas un grand grec. On le voit d'ailleurs dans son école du couvent de Tours beaucoup plus occupé de l'enseignement du latin. Dans la lettre qu'il écrit à Charlemagne il ne s'exprime pas de manière à faire penser qu'il exerçât ses moines à la connaissance de la langue de Platon Ego Flaccus vester, lui dit-il, alios vetere antiquarum disciplinarum mero inebriare studeo, alios grammaticæ subtilitatis enutrire incipiam ". Nous avons remarqué plus haut quel mécontentement il exprima lorsqu'après une absence assez longue de la cour de Charlemagne, il y trouva installés les docteurs hiberniens plus portés à étudier le grec par les traditions

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de leur école.

Alcuin pourtant était sorti d'une famille AngloSaxonne (735); il avait été élevé à York, dans la plus renomméé des écoles de l'Angleterre. Il n'avait pas pu demeurer étranger à la langue grecque. On sait que cette école, enrichie des dépouilles des bibliothèques

(1) Epist. 143. T. I. p. 205, éd. Frobenii.

romaines (1) rangeait dans ses armoires non seulement les écrits des Pères et des docteurs, mais ceux des philosophes et des poètes païens; on y trouvait Aristote, Cicéron, Pline, Virgile, Stace, Lucain. Les manuscrits grecs n'y manquaient pas; on peut voir dans la pièce d'Alcuin, de Pontificibus Ecclesiæ Eboracensis, le catalogue de cette bibliothèque. Les écrits et les efforts d'Alcuin propagent donc la tradition des anciens. Les auteurs de l'Histoire littéraire de la France (2), nous apprennent qu'à l'école de Tours, dirigée par lui, Sigulfe enseignait les arts libéraux, et Théophile la langue grecque; ils n'hésitent pas à dire d'Alcuin : « C'était un homme habile dans le grec comme dans le latin et versé dans toutes les sciences divines et humaines qu'il avait apprises sous Egbert archevêque d'York en Angleterre.» Ozanam répète le même éloge relativement au grec. Il en croit trouver la justification dans ses divers écrits; mais il remarque surtout une lettre à Angilbert où Alcuin lui conseille de corriger un exemplaire du psautier sur le texte des Septante (3). Nous pensons toutefois avec Ampère, "que dans tous ses ouvrages Alcuin se montre l'homme de la science et de la culture latines. » Il cite Ovide, Horace, Térence, Cicéron, Virgile; il adresse un jour à Adalard, abbé de Corbie, pour se plaindre de son silence, une épître dans laquelle on trouve cette réminiscence assez étrange de la seconde églogue de Virgile:

Invenies alium si te hic fastidit Alexim (1).

(1) Cosi troviamo presso il Mabillon (Ann. Bened. t. I, 1. XVII no 72) che Benedetto, abbate del monastero di Wirmuth in Inghilterra morendo l'anno 689, raccommandò a suoi monaci, che avessero grande cura della copiosissima e sceltissima bibliotheca, che seco avea portata da Roma, talchè i libri ne s'imbrattassero per negligenza, nè si dissipassero. Tiraboschi. Storia della litt. Italiana, t. III, p. 100.

(2) T. IV, 14, 48, 301.

(3) T. II, p. 521.

(4) Amp. t. III, p. 73.

Cave. Hist. Litt. p. I. Sæc, VIII, p. 420. Vir ubique pius, doctus, gravis theologorum suæ ætatis, ut recte de eo Ba

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et

Il a en réalité, moins d'affinité avec le génie grec, s'il ne fut pas tout-à-fait étranger à l'hellénisme des écoles anglo-saxonnes où il fut élevé, il faut avouer qu'en Italie, qu'en France, il suivit plutôt le courant latin. C'est donc en d'assez étroites limites qu'il faut enfermer ce qu'Alcuin dut à la science grecque, et ce que les études helléniques lui durent au commencement du IX® siècle. On peut accepter là-dessus l'opinion de M. Cramer: Quum vero in Britannia esset natus atque educatus, ubi tunc præter Italiam et in ingenuis artibus et in Græcis versabantur maxime, fieri potuit ut Græca latine reddita legeret et quamvis minus in græcam incumberet grammaticam et lectionem, Græca quadam natura Græcoque ingenio afflaretur(1). » Faut-il voir une imitation de Platon et de Socrate, faut-il reconnaître le souffle grec dans la composition de ses dialogues sur la grammaire, la rhétorique et la dialectique? Ampère et Ozanam se sont plu à retrouver surtout le génie anglo-saxon dans « un dialogue fort singulier entre Alcuin et Pépin l'un des fils de Charlemagne (*). »

Bien mieux qu'Alcuin, Paul Diacre connut le grec. On peut dire qu'il naquit et vécut, jusqu'à son séjour en France, sous l'influence de l'hellénisme. C'était un Lombard, fils de Warnefrid et de Theudelinde. On sait que ce peuple qui paraissait d'abord rebelle à toute littérature prit un goût très-vif pour les lettres et les cultiva avec quelque distinction. Paul vit le jour à Pavie,

leus, immo omnium Anglorum ab initio, post Bedam et Aldhelmum, longe eruditissimus, latine, græce, et hebraïce peritus. Et quidquid politioris litteratura isto et sequentibus sæculis Gallia ostentat, totum acceptum referri debet. Pitsæus, citante Blounto p. m. 343.... erat singularis eruditionis, tersi sermonis Polite tum versu, tum prosa scripsit. Cum latinarum litterarum scientia, græcarum etiam et hebraicarum cognitionem conjunxit. Nam has linguas et perfecte calluit, et publice docuit. Hederiche, p. 883.

(1) Cramer, p. 19.

...

(2) Ampère. Hist. Litt. t. III. chap. 4. Ozanam. t. II, p. 523.

au temps où Ratchis était sur le trône (744-749). Ce prince continuait à favoriser les études comme l'avaient fait ses prédécesseurs et surtout Luitprand. Paul, apprit le grec à la cour du roi, sous la direction d'un maître du nom de Flavien. Plus tard, il devint maître luimême et enseigna à Bénévent, sous le règne d'Arichi et d'Adilperge fille de Didier, pleine d'ardeur pour les lettres. Nous avons vu que Bénévent était dans une contrée remplie de Grecs qui parlaient leur langue et y avaient apporté avec eux leurs livres et leurs études. Les Lombards en relations continuelles de commerce avec eux ne pouvaient manquer d'apprendre le grec et de s'en servir. Le Duc de Bénévent lui même, Arichi, se distinguait par son savoir, il recevait de Paul Diacre écrivant à sa femme cet éloge précieux, d'être le plus éclairé des princes, « ut nostræ ætatis pæne principum sapientiæ palmam teneret." Le même écrivain dans l'épitaphe de ce prince a également dit:

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Facundus, sapiens, luxque decorque fuit.

Quod logos et physis, moderansque quod ethica pangit
Omnia condiderat mentis in arce ŝua (').

Adilperge elle-même, ne le cédait pas en savoir à son mari, elle avait été si bien élevée, dit Paul Diacre, qu'elle avait à sa disposition les sentences dorées des philosophes et les brillants des poètes. «Ut philosophorum aurata eloquia poetarumque gemmea ei dicta in promptu essent." Son fils Romuald ne déparait pas sa famille, le même apologiste nous le présente,

Grammatica pollens mundana lege togatus.

A Bénévent, le duc Arichi avait fondé un couvent et une église du nom de Sainte Sophie, agian Sophian, ce qui fait bien voir que la langue grecque était dans ce pays d'un usage vulgaire. D'ailleurs les Grecs, en plus

(1) Pertz. Mon. Germ. Scrip. III. 482.

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