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lui a découvert que le cœur de Théonie n'est point à elle; que depuis long-tems elle soupire.... La reine l'interrompt; la belle Théonie nomme son vainqueur; c'est ce même proscrit que poursuit la colère de Catherine; mais elle jure en même tems qu'il n'est pas coupable. Le magicien est consulté de nouveau; il fait des révélations extraordinaires; la reine en est frappée ; Alcippe, auteur de la proscription est confondu, il se jette aux pieds de la reine ; il avoue qu'il a calomnié son ennemi ; Catherine révoque l'arrêt de proscription, et il se trouve que le proscrit est le devin lui-même, qui n'a pris ce déguisement que dans l'espoir de revoir sa chère Théonie. Le devin se justifie si bien, parle avec tant de grâce, de chaleur et de générosité, que la reine lui rend toute sa faveur, le fait son premier astrologue, et lui accorde la main de Théonie.

Il y a dans ces dernières scènes, dů mouvement, de l'intérêt et des effets dramatiques conçus avec chaleur et habileté.

S'il convenait d'appliquer les principes d'une critique sévère à des productions aussi légères que des proverbes dramatiques, on pourrait peut-être demander à l'auteur des Soirées de Société, plus de verve et d'intentions comiques, un tableau plus animé des ridicules de la société; elle peint avec beaucoup de vérité, souvent avec beaucoup de grâce; mais sa gaîté est plus dans le dialogue que dans les situations; dans le caractère des personnages que dans leurs actions. J'en excepte néanmoins la petite pièce sur la mesméromanie; c'est une critique agréable et plaisante d'une folie qu'on croyait guérie depuis long-tems, mais dont les accès se sont renouvellés tout recemment dans les mêmes classes de la société et par les mêmes moyens.

En général, les Soirées de Société font honneur au talent de Mme Victorine M***. Elles annoncent de l'esprit, et, ce qui est préférable à tout, un esprit juste sage et éclairé. Elles peuvent très-bien se soutenir à côté de celles de Carmontelle, et ce n'est pas pour elles une médiocre recommandation que d'avoir obtenu le suffrage d'une grande princesse, aussi distinguée par l'élévation

de son rang que par son goût pour les arts et les lettres, et l'honorable protection qu'elle leur accorde.

SALGUES.

VARIÉTÉS.

INSTITUT IMPÉRIAL DE FRANCE..

Classe d'Histoire et de Littérature ancienne. publique du vendredi 2 juillet 1813.

Séance

La séance a commencé par la distribution des prix obtenus dans les deux concours ouverts pour cette année. Le sujet d'un de ces prix, remis l'année dernière au concours et renvoyé à celle-ci, était la question suivante : Quel fut l'état de la poésie française dans les douzième » et treizième siècles? Quels genres de poésie furent le plus > cultivés ? "

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Parmi les Mémoires envoyés au concours pour ce prix, celui qui est enregistré sous le n° 2, a fixé particulièrement l'attention de la Classe par l'étendue des recherches qu'il renferme. La matière y est traitée avec l'érudition qu'elle exigeait; on y trouve plusieurs vues nouvelles relativement à l'influence des poëtes anglo-normands sur l'origine et les premiers progrès de notre langue et de notre poésie; et la question proposée y est complètement résolue.

Le prix a été adjugé à ce Mémoire, qui a pour épigraphe:

Sainz Pox li mestres de la gent

Nos dit en son enseignement,
Que quanqui est en livre escrit,
Y est tot por nostre profit;

Que nus escriz n'est tant frarins,

Ne devices as Sarrazins,

Dont l'an ne puisse exemple traire,

De mal laisser et de bien faire.

(Roman de Partonopex de Blois, MSS. de la Bibl. impér., no 1830, S. G.

L'auteur est M. de Roquefort, de la Société royale de Goettingen et de plusieurs autres Sociétés savantes.

"

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La Classe a cru devoir distinguer le Mémoire no 1, qui a pour épigraphe :

On le peut, je l'essaie; un plus savant le fasse.

Le sujet de l'autre prix était « De rechercher tout ce que " les auteurs anciens et les monumens peuvent nous apprendre sur l'histoire de l'établissement des colonies » grecques, tant de celles qui, sorties de quelques villes de » la Grèce, se sont fixées dans le même pays, que de celles qui se sont établies dans d'autres contrées; d'indiquer l'époque et les circonstances des établissemens de ces > colonies; de faire connaître celles qui out été renouvelées » ou augmentées par de secondes émigrations, celles qui ont » été fournies par différentes villes, soit à la même époque, » soit dans des tems postérieurs, et enfin les colonies des » colonies.

» Dans le cas où l'on regarderait la ville de Rome comme " une colonie grecque, on est dispensé de parler des colo

"nies sorties de son sein. "

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La Classe a pareillement reçu pour ce concours plusieurs Mémoires, entre lesquels elle a distingué celui qui est enregistré sous le n° 2, et qui a pour épigraphe :

Μάλιςα μὲν οὖν κατὰ τὰ Τρωϊκά, etc.

Ce Mémoire annonce des connaissances aussi profondes qu'étendues, et suppose un grand travail. L'auteur n'a rien négligé pour rassembler tout ce qu'on peut trouver dans les écrivains et les monumens anciens sur la fondation et l'histoire des colonies grecques. Les nombreux matériaux qu'il a recueillis sont disposés dans un très-bon ordre, et sa critique est toujours saine et éclairée.

La Classe, en décernant le prix à ce Mémoire, doit se féliciter d'avoir proposé cet important sujet, puisqu'elle a procuré à la littérature un ouvrage qui manquait, et qui sera d'une très-grande utilité pour l'histoire ancienne.

L'auteur est M. Raoul-Rochette, professeur au lycée impérial.

M. Ginguené a lu un rapport sur les travaux de la Classe pendant l'année qui vient de s'écouler. (Nous en donnons . un extrait dans ce No. )

On a ensuite entendu, 1° une Notice sur la vie et les ouvrages de M. Ameilhon, par M. Dacier, chevalier de l'Empire, secrétaire perpétuel.

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2o. Un Mémoire sur les usages et les mœurs des chevaliers pendant le moyen âge en Allemagne, par M. le comte de Laborde.

3o. Un Mémoire sur la satire attribuée à Sulpitia, précédé de quelques recherches sur les femmes qui ont cultivé les lettres et sur-tout la poésie à Rome sous les premiers empereurs, par M. Amaury-Duval.

4°. Un Mémoire sur l'origine des jeux scéniques et sur les lois concernant la discipline des théâtres à Rome, par M. Bernardi (1).

L'heure trop avancée n'a pas permis à M. Boissonnade de lire un Mémoire sur les lettres de Diogène le Cynique, qui avait été annoncé dans le programme.

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Prix proposé au concours pour les années 1814 et 1815. La Classe d'Histoire et de Littérature ancienne propose pour sujet du prix qu'elle doit adjuger dans la séance publique du premier vendredi de juillet 1815, « l'Histoire de » l'Ecole d'Alexandrie depuis ses commencemens jusqu'aux premières années du troisième siècle de l'ère chrétienne. » Les auteurs compareront l'état des sciences, des lettres et de la philosophie dans cette école, pendant le période » de tems indiqué, avec l'état de ces mêmes connaissances dans la Grèce et dans les diverses parties de l'Empire fondé par Alexandre. Ils rechercheront aussi les causes des différences qui caractérisent l'Ecole d'Alexandrie, et » feront voir comment ces causes ont préparé la doctrine. » des nouveaux Platoniciens.”

Ce prix sera de la valeur d'une médaille d'or de 1500 fr.

(1) De tous ces mémoires, il n'a été lu que des extraits dans la séance publique. attendu que chaque lecteur ne peut guères disposer que d'une demi-heure. Aussi M. le comte de Laborde a été obligé de supprimer plusieurs faits très-piquans que contenait son mémoire sur les mœurs des chevaliers en Allemagne ; M. Amaury-Duval n'a pu citer qu'une partie des femmes auteurs qui se distinguèrent à Rome; il a dû retrancher les traits satiriques de Juvénal contre ces femmes, et le tableau qu'il avait tracé d'après Perse et Tacite, de l'une de ces lectures publiques que les poëtes faisaient de leurs ouvrages; enɓn M. Bernardi avait été obligé de réduire son mémoire des deux tiers au moins. Il serait donc injuste de reprocher aux membres qui lisent dans ces séances publiques, de ne pas traiter les sujets qu'ils ont choisis avec assez d'étendue.

1

Les ouvrages envoyés au concours devront être écrits en français ou en latin, et ne seront reçus que jusqu'au 1 avril 1815.

Le terme est de rigueur.

Ils devront être adressés, francs de port, au secrétariat de l'Institut, avant le terme prescrit, et porter chacun une épigraphe ou devise qui sera répétée dans un billet cacheté joint au Mémoire, et contenant le nom de l'auteur.

Les concurrens sont prévenus que l'Institut ne rendra aucun des ouvrages qui auront été envoyés au concours; mais les auteurs auront la liberté d'en faire prendre des copies, s'ils en ont besoin.

NÉCROLOGIE. M. Cailhava (Jean-François ), auteur dramatique, est mort à Sceaux, près Paris, le 29 juin dernier. Une députation de l'Institut Impérial a assisté aux funérailles de M. Cailhava, qui était membre de la Classe de la Langue et de la Littérature françaises. Le convoi étant arrivé au lieu de la sépulture, M. Picard, vice-président de la Classe, a prononcé le discours suivant :

Messieurs, avec quelle effrayante rapidité les coups de la mort se succèdent Depuis que celui qui vous préside encore a été porté par vos suffrages à cette fonction qu'il a rendue si difficile à remplir après lui deux d'entre nous sont descendus dans la tombe. Pourquoi faut-il qu'en ce moment l'exercice de ses hautes magistratures prive du tribut de sa douleur la mémoire du collègue dont nous accompagnons les restes! Si l'expression de vos regrets, Messieurs . est confiée à une voix peu familiarisée à en être l'interprête, je crois du moins sentir dans toute son étendue la perte qui les cause.

Habile dans l'art pour lequel j'ai fait éclater plus d'amour que de talent, M. Cailhava, à une époque où la comédie était dénaturée par le jargon et l'enluminure du froid bel-esprit. eut le mérite et le courage (car il en fallait alors) de vouloir composer des ouvrages dans le genre des premières pièces de Molière. Molière fut l'objet de son culte assidu. Une de ses productions est consacrée à l'examen des comédies de ce grand maître ; et ne faut-il pas voir encore des études sur Molière dans son Traité de l'Art de la Comédie, puisque la comédie et Molière sont deux choses à jamais inséparables, on pourrait dire, sont une seule et même chose? M. Cailhava, dans ses pièces de théâtre, n'a jamais dérogé aux principes de son' excellente doctrine. Enfin, par sa théorie et par sa pratique, il s'est marqué une place honorable parmi les restaurateurs de la comédie

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