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LE PANACHE DE HENRI IV.

ROMANCE.

CHERS compagnons, disait à ses soldats
Notre Henri quatre, au milieu des combats;
Si des ligueurs, la force triomphante,
Intimidait un jour votre valeur,
Regardez tous mon aigrette brillante,
Vous la verrez au sentier de l'honneur.

Nous te suivrons au milieu des dangers,
Lui répondaient tous ses braves guerriers;
Du Vatican nous punirons l'esclave.
Pour rallier des escadrons épars,
Dans les combats le panache du brave
Est le plus sûr de tous les étendards.

Mais vient un jour où tes fiers ennemis
Font reculer nos escadrons surpris ;
Chacun disait, frappé par l'épouvante :
Qu'est devenu le roi toujours vainqueur ?
Je cherche en vain son aigrette brillante,
Elle n'est plus au sentier de l'honneur.

Un vieux guerrier leur dit en soupirant:
De la beauté le charme séduisant

Lui fait hélas oublier la victoire ;

Henri lui-même, a trouvé son vainqueur,
Le beau panache infidèle à la gloire
Ne paraît plus au sentier de l'honneur.

Amour, amour, que ton charme est puissant!
Pour l'enchaîner, oh trop perfide enfant !
Au brave Henri, tu montras Gabrielle....

Adieu combats, adieu couronne honneur!

Le beau panache est aux pieds d'une belle,
Tout s'épouvante, et Mayenne est vainqueur.

C'en était fait le héros a paru,

:

Et le rebelle aussitôt est vaincu ;
Tous répétaient : gage de la victoire,
Noble guidon, panache du vainqueur,
Ne sois donc plus infidèle à la gloire,
Parais toujours au sentier de l'honneur.
Par M. ELISÉE SULEAU.

LE TROUBADOUR ET LA BERGÈRE.

STANCES IMITÉES DE L'ESPAGNOL.

POURQUOI de la fleur printanière
L'éclat ne dure-t-il qu'un jour?
Disait une jeune bergère

A vieux et vaillant troubadour.

Pourquoi cette rose si belle,
D'où s'exhale un parfum divin,
Ne brille-t-elle qu'un matin?
Elle devrait être immortelle.

Le troubadour, avec douceur,
Répond alors à la bergère :
Mon enfant, comme cette fleur,
Tout est passager sur la terre.

Image de la volupté,

Son bouton qu'un rien décolore,
Est souvent moins fragile encore
Que l'incarnat de la beauté.

Le frélon, dès qu'elle est éclose,
Sur sa feuille vient se poser;
Et, sous son avide baiser,

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Bientôt on voit mourir la rose.

Toi-même apprends d'un vieux soldat,
Que, si de cette fleur nouvelle

Le ciel t'a départi l'éclat,

Tu dois passer aussi comme elle.

Car la nature l'a voulu ;

Il faut qu'ainsi tout se flétrisse :
Du teins la faulx dévastatrice

Ne respecte que la vertu.

AUGUSTE MOUFLE (de Chartres').

ÉNIGME.

D'ORDINAIRE je suis flasque et sans énergie,
Souvent l'on dit de moi que je suis éventé,
Pour-tant, lecteur, c'est une vérité

Que flasque et qu'éventé n'ont pas de sympathie.

Quoiqu'il en soit lorsque l'acier brille à mes yeux,
Et que sur moi tombent ses feux,

Ma faible ardeur, à l'objet qui m'approche,.
Se communique au même instant,
Je l'électrise, et j'en fais une torche
Qui peut causer un grand embrâsement (*).

S..

LOGOGRIPHE.

NEUF pieds en tout, c'est ma construction:
A Rome j'en menais deux cents à la victoire;
Rollin l'a dit en son histoire,

Ainsi ce fait est très-notoire.
Mais si par transposition

On fait prendre à mon pied septième
Le rang qu'occupe le troisième,

Je deviens un objet qui dans les escadrons
Presse les flancs des chasseurs et dragons.

V. B. (d'Agen.)

CHARADE.

MON premier est un mot peu doux de sa nature,
Qui jamais d'un discours ne fera l'ouverture;
Mon second préparé peut faire un vêtement.
Mon tout j'adis fort rare et commun à présent,
Dans le siècle dernier, aux rives de la Seine,
Parut avec éclat, et brilla sur la scène.

Par le même.

Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme est Noud.

Celui du Logogriphe est Anacréon, dans lequel on trouve : ana,

посе

> or, âne, nacre, crâne, Craon, Acre, ronce et Néron. Celui de la Charade est Pressoir.

(*) Quam magnam sylvam incendis! JAC, 8, 6, 5.

1

LITTÉRATURE ET BEAUX-ARTS.

LES VERS DORÉS DE PYTHAGORE, expliqués et traduits pour la première fois en vers eumolpiques français, précédés d'un Discours sur l'essence et la forme de la poésie, etc.; par FABRE D'OLIVET. In-8°. Α Paris, chez Treutell et Würtz, libraires, rue de Lille, n° 17.

(SUITE ET FIN.)

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L'EXPLICATION qui suit les Kers dorés, l'examen de ces vers, embrasse des objets importans et vastes. En former un tableau resserré dans le cadre étroit qu'il faudrait adopter, ce serait le réduire à quelques vaines phrases. Il me semble plus convenable d'en indiquer sommairement les principales parties dans leur ordre successif. Un précis de cette nature sera moins incomplet et moins inutile à ceux qui voudront lire l'ouvrage, à ceux qui ne négligent point la recherche des vérités dont la connaissance ou l'oubli changent l'état du genre humain. Sans doute il n'y a aucune difficulté, aucun effort d'esprit dans la première disposition d'une sorte de table raisonnée; mais ce moyen supprime des mots inutiles et prouve du moins que l'on connaît le livre dont on parle, ce qui n'est pas toujours prouvé dans les articles les plus agréables à lire.

Dans ces examens, l'auteur se propose, d'après ses propres termes, de donner sur le sens intime des Vers dorés, toutes les explications nécessaires à leur entier développement ; et bien que ces remarques sur les soixante et onze (ou soixante-treize) vers grecs occupent deux-cent vingt pages, on voit qu'il a évité le plus souvent les digressions qu'il lui eût été facile de multiplier sans qu'on y pût trouver de véritables longueurs, je veux dire des observations peu dignes d'être lues.

Second Examen. Tolérance entière des pythagori

ciens, fondée sur ce que les formes diverses sous lesquelles les peuples adoraient la puissance divine, n'étaient toutes que des particularisations de l'Etre universel susceptibles d'être modifiées à l'infini, des personnifications de ses attributs et de ses facultés. Nul autre que Moyse n'avait voulu présenter à l'adoration du peuple Dieu dans son universalité ineffable.

Troisième Examen. Intelligences divines répandues dans l'univers. Unité, principe du monde. La Duité infinie en émane, et y est enfin ramenée. Autres bases de la science des nombres chez les Pythagoriciens, les Chaldéens les Indiens, etc. Sphères concentriques des anciens. Êtres intermédiaires, Eons, Verbes,

produits par une diffusion de lumière dont la source est l'unité créatrice ou Dieu, et qui s'affaiblit en proportion de l'éloignement du principe. Les nombres adoptés comme un moyen de rendre sensibles les proportions harmoniques. L'univers composé de trois mondes, formant avec l'unité créatrice, la tétrade sacrée.

Quatrième Examen. Division des Vers dorés en deux parties, conformément au double but de la doctrine de Pythagore. Piété filiale, principal lien des sociétés importance qu'y mirent Pythagore, Moyse et les Chinois. Le mot sublime Jehovah, ou mieux IнÔAH, rendu exactement par Sera-etant-été. Le mot Elohi-cha, tes Dieux (dans lequel on a vu la Trinité), expliqué d'une manière que je crois beaucoup plus juste, et que, dans une note communiquée à quelques personnes, j'avais proposée, mais avec le doute convenable à mon ignorance entière de la langue hébraïque. Explication nouvelle de l'expression ha-adamah, d'où il résulterait peut-être que des idées analogues à ce que nous désignons par l'immortalité de l'ame n'auraient pas été étrangères aux disciples de Moyse. Si par ce mot, la region d'Adam, il faut entendre autre chose que la terre, ne serait-ce point alors la partie du monde où l'homme doit subir plusieurs épreuves dans ces existences successives qu'admettait Pythagore, lequel, selon l'observation de l'auteur, puisa dans les mêmes

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