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Et sachons borner nos vœux
A rire à chanter sans cesse.
Du bon vin, de la gaité, etc.

A Bacchus, au Dieu d'amour,
Ne soyons point infidèles,
S'ils nous offrent chaque jour
Vins vieux et femmes nouvelles.
Du bon vin, de la gaîté, etc.

Qu'importe qu'il faille un jour
Que nous passions l'onde noire,
Si jusqu'alors, tour-à-tour,
Nous pouvons aimer et boire !
Du bon vin, de la gaîté, etc.

Puisqu'à la faulx du trépas,
Personne, dit-on, n'échappé ;
C'est dans un joyeux repas
Qu'il faut que la mort nous happe.
Du bon vin, de la gaîté,

San's cesse

Éprouvons l'ivresse ;

Le bon vin et la gaîté

Entretiennent la santé.

ARMAND-SEVILLE,

Convive des soupers de Momus.

ÉNIGME.

MON aspect est souvent contraire ou favorable,
Nouveau Caméléon, ma forme est variable:
Avec le même nom, mon sens est différent,
L'amant me chante en vers, le gouteux en jurant.
Me rend-on correctif, je chagrine l'enfance ;
Avec le criminel, je monte à la potence.
Lise de ses deux mains me fait en s'amusant.
Je
Je couvre aussi le sein de la beauté timide.

pare le héros et son fer homicide;

Me prend-elle au moral? je cause son tourment.

Par un membre de la Société littéraire de Loeles.

LOGOGRIPHE.

ON trouve aisément dans mon sein

Mille bons mots, mille anecdotes,

Qui sont contre l'ennui d'excellens antidotes;
Une cérémonie où préside l'hymen ;
D'un sordide intérêt le principal mobile;
Un stupide animal, d'ailleurs assez utile;
Un coquillage précieux;

Du corps de l'animal un os qui fait partie ;
Une ville de France, une ville d'Asie,
Ainsi qu'un arbuste épineux;
Un empereur d'exécrable mémoire,
Et dont le nom a jamais odieux
Devrait être ôté de l'histoire.

Peintre heureux, des plaisirs et de la volupté,
Plein de sagesse et de philosophie,

Mon entier consacra chaque instant de sa vie
A chanter les amours, les grâces, la beauté.
Dans son art il fut un grand maître

Qu'on ne sut égaler jamais.

C'en est trop, à ces derniers traits

On ne saurait me méconnaître.

ACHILLE BÉLOT, vérificateur de l'enregistrement.

CHARADE.

Si mon premier n'est jamais loin,
Mon second n'est jamais matin;
Mon tout comprime dans son sein

Un fruit délicieux d'où sort un jus divin.

S.......

Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme-Logogriphe est Gaule, où l'on trouve gale. Celui du Logogriphe est Lièvre, dans lequel on trouve : lipre, rive, ivre, vie, ver et rẻ.

Celui de la Charade est Millionaire.

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LITTÉRATURE ET BEAUX-ARTS.

LA GAULE POÉTIQUE, ou l'Histoire de France considérée dans ses rapports avec la poésie, l'éloquence et les beaux-arts; par M. F. MARCHANGY.-Première époque.

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Deux volumes in-8°. - Prix, 10 fr., et 13 fr. franc de port. A Paris, chez Joseph Chaumerot, libraire, place Saint-André-des-Arcs, no 11; Chaumerot jeune, libraire, Palais-Royal, galeries de bois, n° 188; et Alexis Eymery, rue Mazarine, no 30.

(DEUXIÈME ET DERNIER ARTICLE.)

DES circonstances imprévues m'ont, forcé de retarder cet article. L'auteur et son ouvrage n'y ont rien perdu. L'ouvrage a été rapidement enlevé, et il en reste fort peu d'exemplaires. L'auteur, encouragé par les suffrages du public, a continué son travail, et la seconde époque de la Gaule Poétique ne tardera pas sans-doute à paraître. C'est donc plutôt pour acquitter une promesse que pour contribuer à un succès depuis long-tems décidé, que je vais continuer une analyse trop long-tems interrompue. La première époque de la Gaule Poétique est divisée en dix récits. J'ai fait connaître les cinq premiers dans le Mercure du 20 février, il me reste à dire mon opinion sur les autres.

Il est facile de reconnaître que l'auteur est toujours peintre et poëte quand il indique des sujets à la poésie et à la peinture. Il a dû consulter avant tout l'intérêt de son livre. Le peintre murmurera de trouver un tableau fini où il ne voudrait qu'une esquisse; le poëte se plaindra, en cherchant le sujet d'un poëme, de trouver un poëme tout fait; mais il fallait que M. Marchangy optât entre le mérite de proposer et la gloire d'exécuter. Il a donc préféré une belle galerie de tableaux à un portefeuille de plans et d'esquisses. Peu importe au public qu'il ne puisse fournir à l'artiste et au poëte des sujets à

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traiter d'après sa manière, puisque cette manière ne laisse souvent rien à désirer. Il suffit d'ailleurs que ceux qui cultivent les muses et les arts puissent trouver dans son ouvrage de l'enthousiasme, des idées, des images, des inspirations: c'est tout ce que Bossuet et Bouchardon cherchaient, dit-on, dans l'Iliade. Enfin, l'auteur de la Gaule Poétique devait-il et pouvait-il se borner à dessiner des patrons pour les brodeurs? et lui reprocheraiton d'avoir brodé presque tout lui-même, sur un riche fond, avec beaucoup d'art, et avec un talent trèsremarquable?

Le sixième récit a pour titre : les Successeurs de Clovis. L'auteur indique, pour sujet d'un petit poëme national, l'histoire de Radegonde et de Clotaire, et il donne le poëme tout fait. Il peint Radegonde « qui fut successi»vement idolâtre, chrétienne, princesse, orpheline, » captive, reine, religieuse et sainte.» Les crimes de la cour de Clotaire épouvantèrent son innocence et sa vertu. « Dieu de bonté, vous la fites paraître au milieu >> des orages publics, de même que vous fites briller >> l'arc-en-ciel au milieu des nuages bruyans, et rayon >>ner l'étoile tutélaire au fatal instant du naufrage. » Voilà qui est déjà très-poétique; ce qui suit ne l'est pas moins. Radegonde, volontairement descendue du trône, fonda dans Poitiers un monastère de vierges, et s'y consacra au service du seigneur. « Ainsi cette colombe » du ciel, égarée par hasard ici bas, et ne voulant point >> reposer ses aîles sur un trône sanglant qui en eût » souillé la pureté, `prit son vol vers la solitude, » attendit sur le rameau de la paisible forêt l'aurore du » jour éternel. » Voilà une de ces phrases ambitieuses qui ont fait croire à quelques lecteurs que M. Marchangy imitait quelquefois la manière d'un de nos grands écrivains; mais il est vrai de dire qu'on trouve dans la Gaule Poétique peu de ces images qui paraissent trop recherchées.

et

C'est en se livrant tout entier à l'inspiration d'un beau talent, que M. Marchangy s'égare quelquefois. La médiocrité a une marche plus sûre; elle tombe rarement parce qu'elle ne s'élève jamais. L'auteur de la Gaule

Poétique peint ainsi le farouche Clotaire: Dieu qui punit » souvent mieux les hommes par une longue vie que par » un prompt trépas, avait permis qu'il vécût plus long» tems que ses trois frères, et qu'il remplit ses avides » mains des moissons de la tombe, afin de livrer une » plus grande victime aux remords et au désespoir. >> Ce trait ne semblerait-il pas appartenir à Corneille ou à Bossuet, et il y en a beaucoup d'aussi remarquables dans l'ouvrage de M. Marchangy.

Il propose ensuite, pour sujet d'un poëme, Clotilde, fille de Clovis, qu'Amalaric, roi des Visigoths, «< fit << monter en épouse et en reine sur le trône de la Septimanie. » Ce tableau est parfait; il faudrait le citer tout entier. Clotilde fut malheureuse. Amalaric la retenait captive dans une des tours de son palais. Un jour, elle aperçut un pâtre qui la regardait, attendri, incliné avec respect. Elle détacha son voile, et sut y écrire, avec son sang, ces mots : A mes frères. Elle abandonna ce voile dans les airs, le berger le ramassa, Childebert le reçut, et « poussa un cri de guerre et de vengeance.»> Il vainquit Amalaric dans les champs de Narbonne. « Parmi les trésors qui furent sa conquête, se trouvèrent » soixante-douze vases d'or, d'un travail admirable et >> d'une précieuse antiquité. On rapportait qu'ils avaient » orné le temple de Salomon.... Il n'était pas rare, » ce tems-là, de trouver de pareils trésors dans les camps » des barbares qui avaient bouleversé l'Europe et l'Asie; » leurs hordes errantes traînaient avec elles les dépouilles » du monde entier ; des candelabres, des vases, des » coupes enrichies de pierreries, des simulacres d'or et » d'argent, mille objets précieux qui naguères avaient » peut-être orné les temples et les palais d'Athènes, de » Delphes, de Bysance, de Rome, tombaient de con» quête en conquête dans les mains d'un vandale stupide, » qui les changeait pour le fer d'une lance ou pour un » cheval de bataille. » C'est ainsi que l'auteur de la Gaule Poétique sait, à-la-fois, instruire et plaire.

en

Le sixième récit offre encore un chant danois plein de verve et de poésie, et cette charmante peinture des amours de Caribert : « Un jour il s'égara à la chasse et

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