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Comme sous mille aspects nouveaux
La beauté plaît dans ses caprices.
Filles du jour, pourquoi gémir?
Un matin efface vos traces,
Un seul vous voit naître et mourir;
Mais vous naissez pour le plaisir
Et mourez sur le sein des grâces.
Quand l'éclat de votre beauté
N'affranchissait pas la nature
De sa triste uniformité,
En vain, fière de sa parure,
La terre étalait ses forêts,
Et ses longs tapis de verdure,
Et l'or flottant de ses guérets:
Tous ces monotones reflets
Fatiguaient, attristaient la vue ;
La terre sans fleurs était nue:
L'Amour réclamait son tribut,
L'Amitié sa légère offrande,
Et l'Innocence un attribut,
Et les Grâces une guirlande.
Vénus sourit à leurs désirs ;
Un matin la Déesse appelle
Les Grâces, les Ris, les Plaisirs,
Et toute sa cour immortelle :
Allez, parcourez, leur dit-elle,
Et les plaines et les vallons,
Volez jusqu'au sommet des monts,
Rajeunir le front de Cybèle.
Au reveil de ce jour charmant,
Qu'un peuple léger l'environne,
Tresse sa changeante couronne
Et soit son plus bel ornement.
Fleurs, qu'Iris de feux vous colore;
Fleurs, parfumez le firmament;
Buvez les larmes de l'Aurore,
Naissez, mourez en un moment.
Je donne votre empire à Flore;
Zéphyre sera votre amant. »

Elle a dit, sa troupe fidèle
Parcourant les prés et les bois,

:1

Nuance ta robe, ô Cybèle !
De mille couleurs à-la-fois.
Alors Thémire, beauté fière
Au port noble et majestueux,
Commande, et le lis orgueilleux
A bálancé sa tête altière,
Et bravé le flambeau des cieux;
Tandis qu'au pied du lis superbe
La violette, en sa candeur,
S'ensevelit au sein de l'herbe,
Sans penser qu'une chaste odeur
Trahira sa modeste fleur.

Toi qui cachais ta bienfaisance,
Ainsi, ma sœur, toi qui n'es plus,
Toi qui charmas tant ma souffrance,
Le doux parfum de tes vertus
Seul révéla ton existence.

O combien ce jour à-la-fois
Vit naître de riches vermeilles !
Près de ces trésors les abeilles
Hésitent long-tems sur le choix.
L'œillet étale sa nuance,
Le frais jasmin l'or le plus pur,
La fleur du soleil sa puissance,
Et l'hyacinthe son azur.

Le pourpre, l'orange, l'opale,
Par-tout de leur vive couleur
Ont mêlé la teinte inégale ;
Chaque Nymphe crée une fleur,
Et la formant sur son modèle,
Croyait sourire à la plus belle.

Mais dans ce bosquet écarté
De ses sœurs évitant les traces
Quelle est cette divinité ?

Je le devine à sa beauté :
Oui, c'est la plus jeune des Grâces.
Le mystère conduit ses pas,
Et sous sa garde elle dépose

A l'ombre un frais bouton de rose

Formé sous ses doigts délicats.

Au lis sa blancheur est égale ;
Il semble se développer;
Et de sa couche virginale
Impatient de s'échapper,
Comme la vierge fortunée
Aime à parer modestement
L'ivoire de son front charmant
Au doux matin de l'hyménée.

Alors qu'au fond de ce bosquet
Eglé sourit à son ouvrage,

Ce Dieu, des Dieux le plus volage,
Suit ses pas d'un œil indiscret.
Percé d'une flèche inconnue,
Il voudrait, d'un doigt libertin,
Effleurant sa peau de satin
Ravir à la vierge ingénue
Le voile de son chaste sein :
Mais, s'opposant à ce larcin,
Le dard d'une agrafe l'arrête,
Blesse son imprudente main,
Et son cri trahit sa défaite.
Eglé lève un œil menaçant;
L'amour s'envole, et sur la rose
Une goutte du plus beau sang
Tombe, et rougit la fleur mi-close.
« Va, dit le Dieu plein de douleur
Garde ta couleur purpurine,
Et comme un sein trop séducteur,
Toujours sois armé d'une épine.
Je veux que la main du plaisir
Expiant l'excès d'un tel crime,
Tremble à jamais de te cueillir,
Ou de ton dard soit la victime. »

Ta vengeance, fils de Vénus,
Sur ce dard en vain se repose;
L'épine est un attrait de plus
Pour cueillir un bouton de rose.

M. CH. L. MOLLEVAUT.

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ÉNIGME.

Je suis un tout petit ballon,

Qui n'est pas complètement rond;

Que l'on élève avec adresse ;

Qu'il faut savoir, quand il s'abaisse,

Relever à propos, avec dextérité,

Par le secours de l'élasticité.

Quoique tout emplumé, je ne suis pas oiseau ;
Je voltige et je n'ai pas d'aile.

Mon ventre est recouvert de peau.
Sur l'instrument de gentille pucelle,
Je vas, je viens, c'est vraiment un plaisir
De me voir sautiller au gré de son désir.

S........

LOGOGRIPHE

J'AI sept pieds bien comptés, le cas n'est pas douteux,

Avec mes sœurs je puis en porter plus de mille; Mon service est fort doux près des hommes gouteux Ainsi qu'auprès des gens d'une santé débile.

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