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AU MOMENT Où PHAETON EMBRASE LE MONDE.

Sujet tiré du II livre des Métamorphose d'Ovide.

DE ses vœux imprudens et du serment d'un père
Victime déplorable et pourtant volontaire,
Phaeton sous son char voyant déjà la mort,
Las d'opposer sa force à la force du sort,
Avait abandonné les rênes éternelles,

Et perdu dans les cieux les traces paternelles.
Ses coursiers, l'œil en feu, dans leur noble fierté,
Sous le bras d'un mortel sentant leur liberté,
Loin des lieux qu'en son tour le Zodiaque embrasse,
Essayaient des chemins et dévoraient l'espace.
Phaéton emporté dans ces nouveaux déserts
De feux désordonnés embrasait l'univers.

Tout brûlait, et les bois, et les monts, et les plaines.
Resserrant par degrés ses bornes incertaines,

L'Océan s'abaissait ; et l'haleine des airs

-Pompait les flots brûlans dans le gouffre des mers.

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Le front enveloppé d'une sombre tristesse,
Cette épouse du ciel, cette antique déesse,
Qui porta dans ses flancs le souverain des cieux,
Et qui comptait cent fils assis au rang des Dieux,
La terre sort enfin de la grotte féconde

D'où ses soins vigilans alimentent le monde.

Ses traits sont abattus; mais en versant des pleurs
C'est une reine encor grande au sein des douleurs.
Elle lève les yeux vers la voûte éthérée,
Sa main voile son front, et de sa voix sacrée
Au maître de l'Olympe elle adressé ces mots :
« O mon fils! si j'ai pu mériter tant de maux
» Frappe, je t'en conjure, et d'un coup de tonnerre
» Satisfait par ma chute à ta juste colère !

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>> Je mourrai ; mais du moins sous ton bras irrité

;

» L'on doute sans rougir de l'immortalité :

» Je mourrai ; mais un fils en punissant sa mère
» Ne l'outragera pas à son heure dernière :
» Je mourrai; mais tranquille et l'univers sauvé
» Des traits qui m'attindront se verra préservé.
>> Cependant l'insensé de qui l'orgueil funeste
» Ose du Dieu du jour tenter l'emploi céleste,
» Qui croit t'amener l'heure où ton règne est fini;
>> Ce mortel ou ce dieu sera-t-il impuni?

>> Le monde en feu l'accuse, et si dans ma détresse
>> J'attire de tes yeux un regard de tendresse,
>> Vois sur mon sein noirci l'effet de ses fureurs.
» C'est donc là tout le prix de mes longues faveurs.
>> Secourable aux humains, par des travaux faciles
>> Leur laissant déchirer mes entrailles fertiles,

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Ma bonté, tour-à-tour, des plus heureux présens, » Enrichit à leur gré l'automne et le printems.

» Sous leurs pas, en tous lieux, je répands l'abondance,

>> Et mon sein, qui nourrit cette famille immense,

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Prodigue encor pour vous, paisibles immortels!

>> Nourrit l'encens sacré dont fument vos autels.

» Inutiles bienfaits.... La flamme m'environne,

» Et je sens sur mon front s'embraser ma couronne. » Hélas! où sont ces jours d'un rapide bonheur, » Où, d'un fils qui m'aimait empruntant son honneur, >> Ce front resplendissait des rayons de sa gloire ? » Beaux jours n'êtes vous plus qu'en ma triste mémoire ?

» Sais-je près de périr, pendant qu'au haut des cieux
» Mon fils boit le nectar à la table des Dieux ?

> Mais si le fils ingrat abandonne sa mère,
» Frère injuste, apprends-moi le crime de ton frère.
» Au fond de ces Etats que lui donna le sort

→ Pourquoi sent-il descendre et la flamme et la mort ?
> Que si ton intérêt est le seul qui t'anime,
»Tremble, ton trône même est au bord d'un abime.
>> Regarde à tes côtés, vois les pôles fumans;
» L'incendie a rongé leurs appuis chancelans;
>> Sous leur axe enflammé le vieil Atlas succombe :
» Un seul instant de plus, sa force meurt, il tombe,
> Eupar son choc brisé, le monde avec effroi

>> Fléchissant sous les cieux qui fléchiront sous toi,
» Va voir en expirant crouler du rang suprême

» Tes palais, ton olympe, et tes Dieux, et toi-même.
>> Le chaos nous attend. Un jour sur ton cercueil

» Un lâche usurpateur dira dans son orgueil :

» Il fut un Jupiter et je règne en sa place.
» Ah! dans sa bouche impie étouffe sa menace!
» Il en est tems encore, arrête un furieux.
>> Qu'entraînant avec lui son char ambitieux,
» L'insolent à tes pieds tombe réduit en poudre.

» Pour de plus grands forfaits réserve-tu ta foudre ?
PROSPER ENJELVIN.

ÉLÉGIE

Sur la mort de Mme DE PARNY (née CONTAT LOUISE).

ELLE n'est plus cette actrice chérie,

Qui du théâtre assurait les beaux jours;
Qui fut sa gloire et l'amour de Thalie,
Et que l'hymen regrettera toujours!
Ah! partagez notre douleur amère,
Venez, venez consoler notre cœur ;
Pleurez Amour, vous n'avez plus de mère,
Grâces pleurez vous n'avez plus de sœur !
Muses, Contat n'est plus ! la parque inexorable
A dicté sans retour l'arrêt qui nous accable;
Malgré nos vœux ardens pour prolonger ses jours,
L'art n'a su nous offrir que d'impuissans secours !

Ces marbres, ces tombeaux, et cette vaste enceinte,

Tout répète en ce lieu ma douloureuse plainte ;
Tout ici retentit de nos gémissemens,

Et l'écho porte au loin nos lugubres accens!

O toi qui fus l'objet de nos tendres allarmes,

Ombre chère à nos cœurs, qui ne peux voir nos larmes,
Aux champs Elyséens, Molière désolé,

S'empresse de t'offrir aux regards de Molé ;
Marivaux, Beaumarchais, et le bon d'Harleville,
Te suivent en triomphe auprès de Dangeville;
Ils vont te couronner de lauriers toujours verds,
Ils chanteront ton nom dans leurs divins concerts;
Ah! je crois les entendre, en chœur ils t'applaudissent
Tandis qu'autour de moi tes vrais amis gémissent.

Mais quel rayon brillant ranime mes esprits,
Un Dieu consolateur est sensible à mes cris,
Je l'entends, il leur dit : « Cesse ta plainte amère,
» Louise eut des vertus: un astre tutélaire,
» Sur elle fait jaillir sa céleste clarté.

» Louise a pris son vol vers l'immortalité.

>> Oui, tel est son destin! que ton cœur se console,
>> La Gloire sur son front fait briller l'auréole. »
A ces mots il se tait.... Je sentis dans mon cœur,
L'espérance renaître et calmer ma douleur ; ·
L'air que je respirai m'offrit de nouveaux charmes,
Je regardai le ciel, et j'essuyai mes larmes.

Sur la scène où du goût tu prescrivis tes lois,
Je n'entendrai donc plus ta séduisante voix ?
Celle de tes amis aujourd'hui te rappelle,
Que ton génie encor leur serve de modèle !
Lorsque tu paraissais, les Grâces et l'Amour
Te servaient de cortège et composaient ta cour;
La finesse, l'esprit, la raison, la folie,

Sous tes traits enchanteurs nous retraçaient Thalie ;
Tu meurs, tout est en deuil!... Disons de toutes parts,
Muses, Contat n'est plus, pleurez amis des arts!

Ah partagez notre douleur amère,
Venez, venez consoler notre cœur ;

Pleurez Amour, vous n'avez plus de mère,
Grâces pleurez vous n'avez plus de sœur.

DUSAUSOIR.

LE VER-A-SOIE ET L'ABEILLE. FABLE.

LE ver-à-soie, un jour, criait merveille
Sur ses travaux de son côté, l'abeille
Vantait son miel. ( Ainsi que les humains,
Les animaux à l'orgueil sont enclins.)

Qui, món savoir, plus que le vôtré,
Est utile, dit celui-là :

Ce n'est pas vous qui prouverez cela
Insolemment, répondit l'autre.

On s'emporte, et de mots en mots,
On s'injurie, on fait le diable à quatre;
Même on dit qu'ils allaient se battre,
Quand la fourmi passa fort à

propos.
Chacun sait qu'en fait de morale,
Elle vaut bien certains docteurs.

Votre conduite est un scandale,

Leur dit la ménagère : à quoî bon ces claméurs ?
Réprimez les accès de votre jalousie ;

Et sachez tous deux, je vous prie,

Que les mortels, dans vos travaux,

Remarquent, chaque jour, des chefs-d'œuvre nouveaux
Auxquels ne peut encor suppléer leur génie.
Vous êtes l'un et l'autre utiles aux humains,
Et les productions qui sortent de vos mains
Seront à jamais étonnantes.

Rappelez-vous ce mot, tant de fois répété :
On peut aller à la célébrité

Par mille routes différentes.

AUGUSTE MOUFLE (de Chartres).

LES DERNIÈRES PAROLES DU DUC DE FRIOUL.

J'AI vécu pour servir mon maître et mon ami,

Et mes derniers regards ont vu fuir l'ennemi.

>> Il est une autre vie. » Qui ; j'ai dû vous entendre.

» Õui... nous nous rejoindrons ». En quels lieux? en quel tems? Si l'avenir, sans voile, apparaît aux mourans,

>> L'olive naîtra sur ma cendre.

>> Vous me survivrez cinquante ans,

» Et le siècle, rempli de vos faits éclatans,
>> Sera mis au-dessus du siècle d'Alexandre. »

XIMÉNÈS.

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