L'Angleterre, à la paix générale, fera reconnaître la république sicilienne par toutes les puissances du con>> tinent. n

En adoptant ce projet, le cabinet de Londres se promit bien de le modifier. Il n'entrait nullement dans ses vues d'établir en Sicile un pouvoir systématiquement organisé, de fonder un gouvernement que ses principes et cette sorte d'énergie, qui est la suite nécessaire d'une entreprise heureuse pouvaient porter à l'indépendance, et de substituer un tel gouvernement à une monarchie soumise dès long tems à son influence; mais il prévoyait que les passions, l'inexpérience, les ambitions individuelles diviseraient aisément des conjurés qu'aucune vue d'intérêt public n'avait réunis. Il fondait à cet égard de justes espérances sur un étranger réfugié à la cour de Palerme, allié de la famille royale, héritier d'un nom fameux dans les fastes révolutionnaires, et dont le caractère inconstant et l'esprit vague et irrésolu promettaient aux ministres anglais qu'il ne démentirait pas sa malheureuse origine : cette conjecture, en effet, était trop fondée. Le réfugié, docile. aux instigations de ses maîtres, se montra tout disposé à précipiter du trône le prince infortuné qui l'avait accueilli, et donna tête baissée dans un piége qui ne devait avoir d'autre issue que son déshonneur.

Cette intrigue contribua puissamment à affaiblir le parti révolutionnaire en le divisant. Dès-lors il n'y eut plus. moyen d'adopter dans son ensemble le premier plan de régénération. Lord Bentinck était à Palerme : il proposa des correctifs qu'il fallut approuver, et les barons complètement désappointés se consolèrent en donnant un libre cours à la haine qu'ils avaient jurée à la famille royale; sous ce rapport, ils trouvèrent dans lord Bentiuck un auxiliaire aussi ardent que dévoué. On sait à quels excès les uns et les autres ont osé se porter.

Je vous ai fait connaître ces excès dans mes lettres précédentes : vous y avez vu comment lord Bentick estparvenu à régner depostiquement sous le nom du fils de Ferdinand; mais, quand son pouvoir a été affermi, il ne s'est pas montré aussi empressé qu'on l'eût souhaité de se débarrasser de ce prince. Le choix du nouveau régent devait être laissé à la nation, c'est-à-dire au parlement, et, pour effrayer le parti de la cour, on devait en même. tems faire le procès de la reine; mais il paraît qu'on a senti tout le danger qui pouvait être attaché à une mesure aussi

extrême. Jusqu'à présent, lord Bentinck s'est refusé le plaisir de porter l'anarchie à son dernier période'; il n'a pas cru pouvoir encore livrer les familles nobles aux violences que doit enfanter une assemblée élective. Il est sans doute satisfait de l'état actuel des choses: son pouvoir est sans bornes; il exploite la Sicile pour le compte de l'Angleterre; il a mis toutes les passions en mouvement; et il emploie tous ses soins à les contenir, en les opposant les unes aux autres. Toutefois sa position est plus périlleuse `qu'il ne le pense: : si sa vigilance était un moment en défaut, et s'il laissait prendre un degré de plus de chaleur et d'énergie à toutes les fureurs concentrées qu'il cherche à maîtriser, peut-être perdrait-il un jour le fruit de tant d'heureuses perfidies. Lord Bentinck ne doit pas oublier qu'il marche sur un sol couvert de laves mal éteintes, que l'Eina est près de lui, et que ce volcan n'est pas le seul recèle la Sicile. n

que

Nous devons ajouter que depuis que cette lettre est écrite, les échecs éprouvés par le général Murray sur la côte de Catalogne, ont exigé des dispositions nouvelles. Lord Bentinck est arrivé à Alicante le 1 juillet, et il y a pris le commandement des troupes que le général Murray y avait ramenées après sa malheureuse expédition. Ce même général Murray paraît avoir été envoyé en Sicile à la place de lord Bentinck. Ils ont ainsi échangé leurs missions réciproques. Nous avons lieu d'espérer que lord Bentinck suivra, sur le continent, les erremens de son prédécesseur, et qu'il ne sera pas plus heureux. Les Siciliens de leur côté ont lieu de craindre que le général Murray trouve plus facile de suivre en Sicile les instructions de lord Bentinck que de vaincre sur le continent les troupes du duc d'Albufera.

Ce même général a adressé à Londres le rapport de son expédition; il ne dissimule pas ce que son résultat a eu de funeste, mais il établit qu'il n'a pu mieux faire; jamais nos ennemis n'ont mis plus en évidence la supériorité de tactique et l'activité qui préside à nos mouvemens militaires. Le général Murray convient qu'il lui a été impossible de lutter contre le duc d'Albufera, numériquement plus fort que lui, et doublant le nombre de ses soldats par la célérité prodigieuse de leurs marches. Les feuilles anglaises donnent a penser que la conduite de cet officier général sera l'objet d'une enquête. Il y a lieu de croire que les prochaines feuilles de ce pays nous apprendront que le duc de Bruns

wick et le duc de Cumberland, las de leur inactivité, forcés sur le continent, seront revenus à Londres. Déjà les équipages de ce dernier étaient réunis pour s'embarquer sur les côtes de Poméranie. S.....

ANNONCES.

Lettres de Cicéron à Quintus. Latin et français en regard. Traduction nouvelle avec des notes par M. le Deisf de Botidoux, exconstituant. Un vol. in-12 de 460 pages. Prix, 4 fr., et 5 fr. franc de port. Chez H. Nicolle, à la librairie stéréotype, rue de Seine, n° 12, et chez Eberhart, rue du Foin-Saint-Jacques, no 12.

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par ce motif, ne sera peut-être pas jugée indigne de l'examen et de l'approbation des amis de l'enfance et de l'humanité, et pourrait être essayée par des pères de famille tendres et éclairés, et par des instituteurs habiles, avec des jeunes gens de l'âge de seize à dix-huit ans, qu'on formerait ainsi, d'une manière insensible mais sûre, à l'esprit d'ordre, germe fécond de toutes les bonnes habitudes et de toutes les

vertus.

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GRAVURE. - Portrait de Jacques Delille, gravé en couleurs par P. M. Alix, de forme ovale, hauteur de neuf pouces sur sept et demi. Prix, 5 fr., et 10 fr. avant la lettre. Chez l'Auteur, rue de Sèvre, no 6, près le boulevard, et chez Bance aîné, rue SaintDenis, no 214.

Le portrait que nous annonçons joint à la plus parfaite ressemblance le charme d'une exécution très-soignée; tous les amis des lettres et des arts s'empresseront sans doute d'orner leur cabinet du portrait d'un homme aussi cher aux lettres qu'à l'amitié.

ON vient de mettre en vente une carte militaire qui présente le tableau figuré des opérations depuis le 10 mars 1813 'jusqu'à l'armistice du 4 juin. Cette carte fait suite à celles qui ont été publiées l'année dernière par Lenormant. Elle est composée d'après la même mé thode, 1o elle est accompagnée d'un précis historique des événemens militaires; 2° tous les noms des lieux mentionnés dans les rapports officiels y sont écrits en lettres romaines et capitales, tandis que le reste de la carte est en italique ; 3° on y donne le tracé des marches et des positions de troupes, ainsi que l'indication des dates, des lieux de combats et des quartiers-généraux. Prix, 1 fr., et 1 fr. 25 c. frane de port. Chez Lenormant, imprimeur-libraire, rue de Seine, no 8; au dépôt, rue de Thionville, no 31, et rue Saint-Honoré, n° 159; Magimel, rue de Thionville, no 9; Delaunay, Palais-Royal, gale ries de bois, no 243; Pillet, rue Christine ; et chez Goujon, rue da Bac, no 6.

Le MERCURE DE FRANCE paraît le Samedi de chaque semaine, par cahier de trois feuilles. Le prix de la souscription est de 48 francs pour l'année, de 25 francs pour six mois, et de 13 francs pour un trimestre.

par

Le MERCURE ÉTRANGER paraît à la fin de chaque mois, cahier de quatre feuilles. Le prix de la souscription est de 20 francs pour l'année, et de II francs pour six mois. (Les abonnés at Mercure de France, ne paient que 18 fr. pour l'année, et 10 fr. pour six mois de souscription au Mercure Etranger,)

On souscrit tant pour le Mercure de France que pour le Mercure Étranger, au Bureau du Mercure, rue Hautefeuille, no 23; et ches les principaux libraires de Paris, des départemens et de l'étranger, ainsi que chez tous les directeurs des postes.

Les Ouvrages que l'on voudra faire annoncer dans l'un ou l'autre de ces Journaux, et les Articles dont on désirera l'insertion, devront être adressés, francs de port, à M. le Directeur-Général du Mercure »