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est des cas heureusement assez rares,

devant lesquels

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la critique hésite et le doute subsiste1. -- En outre, ces chartes, dont les dates sont parfois incertaines, se répartissent géographiquement de façon très inégale. Le tiers environ de celles. que nous connaissons, intéresse la Galice et le Portugal 2; un groupe assez compact provient de la Vieille-Castille 3 un autre groupe, déjà moins important, concerne des possessions de l'église de Leon . En revanche, pour les Asturies. proprement dites, soit pour la région qui fut le centre même du royaume, on possède à peine six documents 5, tandis que

groupes de documents, par exemple, pour ceux qui proviennent de San Millan de la Cogolla, les erreurs d'interprétation ont été fréquentes (voir Appendice VII). Même dans les recueils publiés de nos jours, telles erreurs de transcription ont été méconnues; comparer, notamment, Portugaliae Monumenta Historica. Dipl. et chartae, no v, PP. 3-4 et Tailhan, Bibliothèques, p. 317, n. 3.

1. Ainsi, les actes du 24 avril 785 (Esp. Sagr., XL, pp. 367-368), du 29 avril 787 (Huerta, Anales de Galicia, II, pp. 294-295), du 28 décembre 787 (ibid., escr. xv, pp. 401-402), n'auraient-ils pas été vieillis d'un siècle ? Nous verrons ailleurs que l'acte du 25 janvier 842 (Esp. Sagr., XL, app. xvш, pp. 381-383), soulève des difficultés : la date est certainement fautive, mais il est impossible de proposer une correction paléographiquement satisfaisante.

2. Presque tous ces actes, environ vingt-cinq pour la Galice et treize pour le Portugal, y compris les documents mal datés ou faux, - ont été publiés par Huerta, Anales de Galicia, II (Santiago, [1736], in-fol.), Risco, Esp. Sagr., XL (1796), López Ferreiro, Historia de la iglesia de Santiago, II (Santiago, 1899, in-8), et au fasc. 1 (1868) des Port. Mon. Hist. Dipl. et chartae.

3. Environ vingt-six, dont on trouvera le texte dans Berganza, Antigüedades de España, II (1721); Llorente, Noticias históricas de las tres provincias vascongadas, III (Madrid, 1807, pet. in-4o); Revue Hispanique, VII (1900), pp. 273 et suiv.; L. Serrano, Becerro gótico de Cardeña. Silos-Madrid, 1910, in-8°. Voir aussi Sota, Chronica de los principes de Asturias y Cantabria (Madrid, 1681, in-fol.), pp. 434, 450 et 450-451.

4. Voir Risco, Esp. Sagr., XXXIV (1784), PP. 154, 427, 429 et 432, et surtout García Villada, Catálogo de los códices y documentos de León, p. 77, nos 50-60 et p. 161, nos 1326, 1327 et 1329.

5. Quatre de ces documents nous sont intégralement parvenus :

l'on n'en compte pas moins de quinze pour le seul district de Liébana, dont le rôle politique fut nul et dont l'étendue était minime. Enfin, quoique les chartes privées soient en majeure partie authentiques, il ne faudrait cependant pas croire qu'il n'existe parmi elles ni documents apocryphes, ni documents suspects; bien au contraire les plus intéressantes de ces chartes seraient presque toutes à rejeter. Tel est le cas, par exemple, de quatre chartes de Lugo (1er février 745, 15 mai 747, 28 février 757 et vers 760, 5 juin), pleines de détails curieux qu'ont utilisés trop d'historiens de l'histoire politique, et surtout trop d'historiens du droit 3. Tel est également le cas de l'unique charte relative au monastère de San Vicente d'Oviedo (25 novembre 781), laquelle renferme un double récit de la fondation même de la ville d'Oviedo 4. Tel est encore le cas de la charte presque célèbre

voir Risco, Esp. Sagr., XXXVII (1789), p. 309 et 319; Vigil, Asturias monumental, epigráfica y diplomática (Oviedo, 1887, 2 vol. in-4o), Texte, p. 357, et P [ablo] R [odriguez], Diploma de Ramiro I, p. 314. Deux autres de ces documents ne sont connus que par des analyses : Yepes, Coronica general de la orden de San Benito, IV, fol. 158 r, et Vigil, op. cit., p. 551. Joindre à ces six documents deux chartes concernant les Asturies de Santillana; cf. M. Serrano y Sanz, Cartulario de la iglesia de Santa María del Puerto (Santoña), dans Bol. de la R. Acad. de la Hist., LXXIII (1918) et suiv. (voir au tome cité, p. 421), et Ed. Jusué, Libro de regla o cartulario de la antigua abadía de Santillana del Mar (Madrid, 1912, gr. in-8°), p. 3.

1. Voir les articles de M. Ed. Jusué, dans Bol. de la R. Acad. de la Hist., XLV (1904), PP. 409-421; XLVI (1905), pp. 69-76 et XLVIII (1906), pp. 131-139, et V. Vignau, Indice de los documentos de Sahagun (Madrid, 1874, in-8°), nos 436-440, pp. 107-108.

2. Il existe même des faux ridicules, tels que l'acte d'Alboacem, gouverneur de Coïmbre (Huerta, op. cit., II, escr. vI, pp. 389-390), celui du comte Theodus, gouverneur de Coïmbre également (ibid., escr. XI, pp. 397-398), la charte de Juan de Montemayor du 27 décembre 850 (cf. R. Menéndez Pidal, La leyenda del Abad Don Juan de Montemayor. Dresden, 1903, in-8°, p. LIX).

3. Sur ces quatre chartes et d'autres actes qui leur sont apparentés, voir ci-dessous, Appendice V.

4. Texte dans Risco, Esp. Sagr., XXXVII, app. vi, pp. 309-311.

I

de Quiza Gonteriquiz (26 février 788), qui, croyait-on naguère, nous révélait l'existence d'une dynastie de rois galiciens, mais dont on n'oserait sans doute plus invoquer le témoignage 1; du fuero de Brañosera, octroyé par le comte Nuño Nuñez le 13 octobre 824, acte qui serait le plus ancien spécimen de carta-puebla, si la date d'une part, et, d'autre part, l'emploi de certaines expressions ne nous mettaient en défiance; du « privilège de Monforte » (IXe siècle), qui est un faux manifeste, en liaison étroite avec l'histoire de l'église d'Oviedo 3, etc., etc.

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Cet acte, que Pélage n'a pas transcrit dans son Libro gótico, mais dont il y a une copie du début du XIIe siècle (cf. Vigil, op. cit., p. 120, B 12), est très maladroitement rédigé. Au début, le prêtre Montano, s'adressant au prêtre Máximo et à l'abbé Fromestano, rappelle que ceux-ci ont défriché l'emplacement d'Oviedo et bâti le monastère de San Vicente. Un peu plus loin, Fromestano certifie à son tour que, vingt ans auparavant, de concert avec son neveu Máximo, il a en effet opéré et ce défrichement et cette fondation. Pareil acte n'a que la valeur, fort minime, d'une tradition de basse époque.

1. Sur cet acte, étudié par M. V. H. Friedel, La plus ancienne charte de la Bibliothèque de l'Université Compostellane, dans Revista de Archivos, 3a época, III (1899), pp. 585-600, et plusieurs fois utilisé par les historiens de la Galice, voir les remarques décisives de M. A. Martínez Salazar, ¿Losdocumentos más antiguos de España? dans Galicia histórica (Santiago, 1901-03, in-8o, pp. 788-799).

2. Voir le texte donné par Llorente, Noticias, III, no 6, pp. 29-30. L'acte aurait été octroyé sous Alphonse II par un certain « Monnio << Nunnez ». Or, un comte de Castille, nommé Nuño Nuñez, contemporain d'Alphonse III, apparaît dans les dernières années du IXe siècle (cf. ci-dessous, Appendice VII); le fuero de Brañosera n'aurait-il donc pas été pour le moins antidaté ? Remarquer, d'autre part, l'incipit du dispositif, où on lit des propositions telles que « inter « ossibus et venationes facimus populacionem », « et adducimus ad « populando Valero et Felix... atque universa sua genealogia. » Remarquer aussi la formule comes qui fuerit in regno, qui est employée à deux reprises, l'expression habeant foro et les mentions de diverses redevances: montaticum, annubda, vigiliae, infurcion. Comparer les observations de M. F. Macho y Ortega, La Iglesia de Valpuesta en los siglos IX y X, dans Revista de Archivos, 3a época, XXXVI (1917), p. 384. 3. Texte dans Yepes, Coronica, IV, escr., XXIX, fol. 448 v-449 r.

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3o La lettre d'Alphonse III à Saint-Martin de Tours.

On sait qu'Alphonse II entretint des relations suivies avec Charlemagne ; mais que firent ses successeurs? Les documents francs, aussi bien que les documents espagnols sont muets à cet égard, et il faut descendre jusqu'en 906, date de la lettre d'Alphonse III, pour découvrir de nouvelles traces de rapports entre le royaume des Asturies et la France carolingienne. Publiée dès 1663 par Monsnyer, cette lettre, qui se trouvait aux folios 100-101 du cartulaire dit la Pancarte noire 2, a été généralement considérée comme authentique 3, mais parfois aussi qualifiée d'apocryphe .

Nous jugeons inutile de parler de ce document, dont la fausseté est évidente. Ajoutons que nous aurons l'occasion de signaler, particulièrement à l'Appendice V, d'autres documents apocryphes ou fort suspects.

1. Cf. 2o Partie, ch. II.

2. Voir E. Mabille, La Pancarte noire de Saint-Martin de Tours brûlée en 1793 et restituée d'après les textes imprimés et manuscrits, dans Mémoires de la Société archéologique de Touraine, XVII (1865), PP. 319-542; se reporter au no xc, pp. 430-431, où l'on trouvera, outre une analyse de la lettre, l'indication des textes manuscrits et imprimés. Cette lettre a été publiée de nouveau par López Ferreiro, Hist. de la iglesia de Santiago, II, app. no xxvII, pp. 57-60, d'après Florez, Esp. Sagr., XIX, pp. 346-349. Soit dit en passant, M. López Ferreiro, op. cit., p. 207, n. 2, cite une édition de Baluze, au tome VII des Miscellanea (Lutetiae Parisiorum, 1715, in-8°), qui n'existe point, et une édition de Cuypers au tome VI de juillet des Acta Sanctorum (p. 18), laquelle ne comporte que des extraits. 3. Cf. entre autres, Mabille, loc. cit. et Bibliothèque de l'École des Chartes, 30 année (1869), p. 190; López Ferreiro, op. cit., II, pp. 204 et suiv.; F. Fita, dans Bol. de la R. Acad. de la Hist., XLI (1902), P. 344; F. Lot, Études sur le règne de Hugues Capet (Paris, 1903, in-8°), p. 378 et Annales du Midi, XVI (1904), p. 517; E.-R. Vaucelle, La collégiale de Saint-Martin de Tours (Paris, 1908, in-8°), pp. 8, 83-84, 109 et 222.

4. Cf. entre autres Masdeu, Hist. crítica de España, XII (1793), pp. 183-184; Cuypers, dans AA. SS., t. VI de juillet, p. 18; L. Duchesne, dans Annales du Midi, XII (1900), p. 178, n. 1.

En faveur de l'authenticité, certaines remarques viennent naturellement à l'esprit. Le roi, au début de la lettre, rappelle les épreuves que les chanoines de Saint-Martin avaient récemment éprouvées, c'est-à-dire l'incendie allumé par les Normands. Or, d'irrécusables témoignages nous apprennent que le 30 juin 903, les Normands brûlèrent en effet Saint-Martin de Tours. D'un autre côté, le roi mentionne incidemment un duc ou comte de Bordeaux, qu'il dénomme Amalvinus, Amaugain, et appelle son ami : ce personnage, dont le nom n'a rien d'hispanique, n'est nullement fictif, à ce qu'il semble 2. Enfin, l'objet propre de la lettre n'offre en soi qu'un intérêt médiocre par l'intermédiaire de l'évêque Sisnando, les chanoines de Saint-Martin avaient proposé au roi des Asturies l'acquisition d'une couronne impériale enrichie d'or et de pierreries; agréant en principe cette offre, le roi annonce que sa flotte doit se rendre à Bordeaux en mai 906 3 et précise les conditions dans lesquelles la couronne pourra lui parvenir. Il n'y avait point là, selon toute apparence, un thème susceptible d'exciter la verve d'un imposteur.

Contre l'authenticité, deux arguments s'imposent d'euxmêmes. D'abord, l'acte renferme des formules insolites dans

1. E. Mabille, Les invasions normandes dans la Loire et les pérégrinations du corps de saint Martin, dans Bibliothèque de l'École des Chartes, 30° année (1869), pp. 148-194; voir p. 190. Cf. Vaucelle, op. cit., pp. 95-96 et W. Vogel, Die Normannen und das fränkische Reich (Heidelberg, 1906, in-8o), pp. 389-391.

2. Cf. F. Lot, Amauguin, comte de Bordeaux, dans Annales du Midi, XVI (1904), PP. 517-518. Un document limousin, daté de 887, est souscrit par un Amalvinus, lequel pourrait bien se confondre avec le comte de Bordeaux cité dans la lettre d'Alphonse III. Observons en outre que le mariage d'Alphonse III avec une princesse navarraise expliquerait, dans une certaine mesure, ces relations avec la France méridionale.

3. Dès le vie siècle, des relations maritimes existaient entre la Gaule et la Galice; cf. Grégoire de Tours, Historia Francorum, VIII, ch. 35 (éd. Arndt et Krusch, Mon. Germ. Script. rer. merov., I, 1885, p. 351).

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