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racontent longuement les campagnes d'Hichâm Ier et d'ElHakam contre Alphonse II, parce que ce dernier prince eut à subir de très rudes assauts; mais, en revanche, lorsque les Asturiens, prenant l'offensive, inaugurèrent le temps des conquêtes, soudain les textes arabes gardent un silence impressionnant nul écho des campagnes d'Alphonse III en Portugal, de la prise de Porto et de Coïmbre, de l'établissement d'une marche en ces régions; nul écho de la campagne de 881, qui mena Alphonse III jusqu'aux portes de Mérida; nulle trace non plus des expéditions de 878 ou de 883, au cours desquelles les Musulmans éprouvèrent tant d'insuccès 1. Bref, si nous n'avions que les sources arabes, nous ne pourrions même pas nous douter que le dernier roi des Asturies résista victorieusement aux attaques, étendit au loin ses possessions, et consolida à tout jamais la situation des Chrétiens 2.

qu'Ibn el-Athîr a plus tendance qu'Ibn Adhari à accuser les pertes des Musulmans; cf., trad. Fagnan, Annales, a. 178, 240, 264.

1. Comparer aussi le récit de la campagne de 882 que donnent, d'une part, le Chron. Albeldense, ch. 66-70, d'autre part, Ibn Adhari, trad. Fagnan, II, p. 172 et Ibn el-Athîr, trad. Fagnan, Annales, pp. 258-259. Les trois récits se complètent ; mais les historiens arabes tournent court, au moment où ils auraient dû enregistrer les victoires chrétiennes.

2. Outre les chroniques et compilations citées dans ce chapitre, il resterait encore à signaler, sinon à étudier, les histoires des rois chrétiens d'Espagne que nous ont laissées: 1o Ibn Khaldoun, IV, pp. 179-185 (cf. Dozy, Recherches, 3e éd., I, app. III, pp. x-xxiv, texte, et pp. 89-116, commentaire et traduction); 2o Ibn el-Khatîb, Ilam, ms. d'Alger, fol. 185 r. et suiv. ; ms. de Madrid, fol. 283 v-291 v. Nous croyons inutile d'examiner ces textes, curieux en tant que manifestations érudites, mais dépourvus d'autorité. Quant à l'Historia Arabum de Rodrigue de Tolède (Schott, Hispaniae illustratae, II, pp. 162-186), il suffira de noter que, pour la période envisagée ici, elle repose sur une tradition très voisine de celle qu'a utilisée Ibn el-Athîr.

CHAPITRE IV

LES DOCUMENTS DIPLOMATIQUES ET CONCILIAIRES

En dehors des sources narratives, les documents dont on dispose sont: 1o des pièces d'archives, diplômes royaux, chartes privées, lettre d'Alphonse III à Saint-Martin de Tours; 2o des actes de conciles. Mentionnons aussi, pour mémoire, quelques inscriptions 1.

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Nous ne reviendrons pas longuement sur les diplômes royaux, auxquels nous avons consacré un travail spécial 2. Toutefois, certains points seront rappelés ici.

A) Des soixante-huit documents dont on a soit le texte,

1. Voir Aem. Hübner, Inscriptiones Hispaniae Christianae. Berolini, 1871, in-4o; Supplementum, 1900, in-4o.

2. Voir notre Étude sur les actes des rois asturiens (718-910), dans Revue Hispanique, XLVI (1919), pp. 1-192. L'abréviation Cat., que nous emploierons ci-dessous, renvoie au Catalogue d'actes qui occupe les pp. 109-168 de cette Étude.

soit des analyses suffisamment explicites, dix-neuf au plus sont authentiques 1. Or, à l'exception d'un jugement 2, tous ces actes sont des actes gracieux, et généralement des donations pieuses, donc des textes empreints d'une grande banalité. D'autre part, hormis deux diplômes émanés l'un de Silo (23 août 775), l'autre d'Ordoño Ier (28 juin 860) 3, tous ces diplômes ont été octroyés par le dernier roi des Asturies, et sont circonscrits entre les dates extrêmes de 867 et 909 *. Ajoutons que la majorité de ces actes ne concerne, directement ou non, que quatre établissements, soit l'église d'IriaCompostelle, celle de Leon, celle d'Astorga et le monastère de Sahagun 5.

B) Abstraction faite de documents interpolés, dont les plus notoires intéressent l'église d'Orense et le monastère de Santo Adriano de Tuñon ; de documents suspects, parmi lesquels on rangera notamment tous ceux qui proviennent

1. Étude, p. 4. Sept d'entre eux nous sont parvenus sous forme d'originaux nous en avions signalé cinq (ibid., p. 5); le P. García Villada, Catálogo de los códices y documentos de León, p. 73, no 2 et p. 119, no 807, a retrouvé ceux des diplômes des 10 juillet 875 et 3 avril 905.

2. Cat., no 37 (6 juin 878).

3. Cat., nos 5 et 26.

4. Étude, p. 4.

5. Pour Iria-Compostelle, voir Cat., nos 30 (20 janvier 867), 31 (15 avril 869), 32 (14 février 874), 44 (885), 45 (24 juin 886), 48 (25 juillet 893), 52 (25 novembre 895) et 58 (30 décembre 899); pour Léon, nos 5 (23 août 775), 26 (28 juin 860) et 34 (10 juillet 875); pour Astorga, nos 37 (6 juin 878) et 50 (29 janvier ou 2 février 895); pour Sahagun, nos 60 (22 octobre 904), 61 (30 novembre 904), 64 (30 novembre 905) et 68 (28 avril 909). A part ces quatre séries, on ne trouve qu'un diplôme pour le monastère de San Cosme y San Damian, près Leon (no 63; 3 avril 905), et un autre diplôme que nous a transmis le Tumbo de Celanova (no 66; 22 septembre ? 907).

6. Cat., nos 46 (28 août 886) et 47 (24 janvier 891); voir aussi no 40 (9 août 883).

du monastère de Samos, et de documents de teneur douteuse2, il existe une masse imposante de textes nettement apocryphes. Attribués à Pélage, Alphonse Ier, Alphonse II et Ramire Ier; relatifs aux monastères de Santillana, Santa Maria de Covadonga, San Pedro de Villanueva, San Cipriano de Calogo et Lorvão 3, certains de ces faux constituent de grossières supercheries et n'ont trompé que des érudits crédules. D'autres, au contraire, forgés ou récrits au xie et au XIIe siècle, ont égaré la plupart des savants; à cette catégorie appartiennent l'unique diplôme d'Alphonse II pour Valpuesta; tous les diplômes d'Alphonse II, Ordoño Ier et Alphonse III pour Oviedo 5; plusieurs actes des mêmes princes (et de Ramire [er), pour Iria-Compostelle ; tous les diplômes d'Alphonse II et d'Alphonse III pour Lugo ou pour Braga; tous les diplômes d'Alphonse III pour Mondoñedo . Quelle que soit leur ancienneté relative, les actes qui viennent d'être énu

1. Cat., nos 9 (11 juin 811), 20 (17 avril 852), 21 (13 juillet 853) et 23 (20 mai 856). — Voir aussi divers actes provenant d'Iria-Compostelle nos 39 (880-910), 41 (17 août 883), 42 (25 septembre 883), 43 (25 septembre 883).

2. Voir Cat., nos 33 (1er mars 875), 49 (25 janvier 894), 51 (11 juil let 895), 59 (1er janvier 902) et 67 (10 août 908).

3. Cat., nos 1 (26 ou 27 février 718-737), 2 (31 octobre 740), 3 (11 no、 vembre 741), 4 (21 février 746), 6 (791-842) et 19 (mars 848).

4. Cat., no 8 (21 décembre 804).

5. Cat., no 7 (791-842), 10 (16 ou 25 novembre 812), 11 (16 novembre 812), 24 (20 avril 857), 25 (mai 857), 53 (5 septembre 896), 62 (20 janvier 905) et 65 (11 avril 906).

6. Cat., nos 12 (4 septembre 829), 22 (854), 27 (862), 28 (18 juin 866), 38 (30 juin 880), 55 (6 mai 899), 56 (6 mai 899). Le fameux Privilegio de los Votos (Cat., no 18; 25 mai 844), doit être annexé à cette série ; car il a été forgé d'assez bonne heure, puisqu'il en existe une copie du XIIe siècle. Inutile de répéter que c'est du reste un faux grossier.

7. Cat., nos 13 (831-871), 14 (27 mars 832), 15 (27 avril 832), 16 (28 janvier 835), 17 (1er janvier 841), 54 (30 juin 897), 57 (6 juillet 899). 8. Cat., nos 29 (28 août 866 ou 867), 35 (10 février 877), 36 (27 février ou 29 avril 877).

REVUE HISPANIQUE.

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mérés en dernier lieu, ne sauraient être employés, même partiellement 1.

2o Les chartes privées.

Les chartes privées sont trop rares pour permettre l'étude de la condition des biens et des personnes ; elles n'apportent que par hasard des données chronologiques vraiment utiles 3; en fait, ces chartes qui sont, en très grande majorité, des donations ou des contrats de vente 4, ne nous serviront guère qu'à marquer, dans la mesure du possible, les progrès de la colonisation et le développement des établissements religieux, des monastères en particulier. D'ailleurs, même à ce point de vue restreint, elles ne fournissent pas toujours les informations précises que l'on serait tenté de leur demander.

Beaucoup de dates ont été mal transcrites par les compilateurs de cartulaires, ou mal interprétées par les éditeurs modernes 5; or, si maintes corrections semblent légitimes, il

1. Les faussaires ont eu parfois à leur disposition des actes authentiques. Mais jusqu'à quel point ont-ils respecté les originaux qu'ils avaient sous les yeux ? Il est impossible de le dire, tout criterium faisant défaut ; et l'on n'est même pas sûr qu'ils aient reproduit avec exactitude les souscriptions que portaient les modèles employés.

2. En chiffres ronds, on n'a guère qu'une centaine de chartes privées, dont une dizaine remonterait, du moins en apparence, au VIIIe siècle, et vingt environ à la première moitié du IX®.

3. Ces chartes ne portent pas toutes mention du prince régnant ; de plus, le hasard veut qu'il n'y en ait pour ainsi dire pas dont les dates coïncident avec les changements de règne.

4. Remarquer toutefois que ces chartes offrent infiniment plus de variété que les diplômes royaux. Citons, à titre d'exemples, l'acte du 13 décembre 863 (Bol. de la R. Acad. de la Hist., LXXIII, 1918, Pp. 421-422), qui mentionne une sentence rendue par le tribunal du comte, et un véritable mandement (Esp. Sagr., XXXIV, p. 432), adressé, vers 878, par l'évêque de Leon Mauro à un certain Betoti.

5. Dans certains cartulaires, comme celui de Santo Toribio de Liébana, les erreurs de date sont, en quelque sorte, de règle. Pour certains

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